Droits de l’homme: la Libye dans la ligne de mire des ONGbye

La Libye est de retour sur la scène internationale mais les ONG dénoncent de nombreux cas de violations de droits de l’homme.

Tout en cajolant son fils, Shuaib Alabied, paraît absent. En réalité, il a l’esprit ailleurs. Ancien vendeur de voitures, il tente aujourd’hui d’obtenir l’asile politique en Grande Bretagne après avoir fui la Libye avec son épouse. Shuaib Alabied appartient à la communauté berbère, différente des Arabes qui, depuis des années, dirigent le pays. Il fut aussi membre du parti Amazighian qui prône l’autonomie culturelle des Berbères. Mais à l’image de beaucoup d’autres formations politiques, ce parti est interdit par les autorités.

En septembre dernier, il a été arrêté par la police qui voulait l’obliger à livrer les noms de tous ses camarades du parti. ‘‘Nous avons les moyens de te faire parler si tu n’obéis pas » lui a lancé un officier.  »Un nommé Washi devrait bientôt être là », préviennent les agents de sécurité. Washi est en fait un policier en civil en service à la prison de Ain Zara de Tripoli gérée par les services secrets. C’était un homme géant, musclé, aux cheveux ras.

Shuaib Alabied raconte qu’il l’a giflé, et l’a traîné ensuite dans une cellule où il l’a violé. Les allégations de Shuaib ont été confirmées par Commission médicale chargée des victimes de tortures. Il sera écroué pendant durant trois mois et demi dans une cellule insalubre. A sa sortie de prison, il n’avait qu’une envie : quitter son pays. Il se rend alors en Tunisie après avoir traversé le désert puis en Turquie, d’où il a rallié le Royaume-Uni avec son épouse.

Peine de Mort

Dès qu’elles ont appris la nouvelle de sa fuite, les autorités ont arrêté son père. Ce dernier qui s’appelle, Alebied, est toujours en détention dans un lieu secret et aucun membre de sa famille n’a pu lui rendre visite jusque là.

Hassan El Amin, un Libyen établi à Londres affirme que ce genre d’histoire est courant dans le pays. Il se souvient aussi que le 17 février dernier, il a reçu l’appel d’un compatriote. Depuis la ville de Gheryan, Jum’a Boufayed lui a raconté que son frère Idriss-un chirurgien et militant des droits de l’homme- avait été arrêté par les services de sécurité.

Douze autres personnes qui tentaient d’organiser une manifestation pacifique pour plus de démocratie le seront aussi. Leur procès est en cours devant un tribunal libyen. Accusés de complot contre la sureté de l’Etat, de détention d’armes à feu, ils risquent la peine de mort.

Disparutions mystérieuses

Mais ce qui inquiète surtout Hassan c’est la disparution d’un des manifestants. Quinze mois après cette marche avortée, Abd al-Rahman al-Qataiwi, étudiant en 4ème année de médecine n’a pas été revu par ses proches. « Ma crainte est que quelque chose a dû se passer durant l’interrogatoire » déplore Hassan. Juma’a qui a été arrêté en même temps qu’ Abd al-Rahman, a subitement bénéficié d’une remise en liberté.

Pourtant, la Fondation Khaddafi, une organisation non gouvernementale dirigée par le fils ainé du président libyen, déclare que ces cas d’abus sont rares. L’organisation a récemment négocié la libération de plusieurs détenus dont des membres de l’organisation des Frères musulmans. « La Libye dispose d’un réseau de renseignement très dense et c’est véritablement un climat de peur qui règne sur place« , souligne Fred Abrahams, spécialiste de la Libye à Human Rights Watch.

D’après le dernier rapport du Département d’Etat américain, les services de sécurité libyenne ont l’habitude de torturer les prisonniers lors de leur interrogatoire. Le rapport évoque aussi de nombreuses arrestations arbitraires et un nombre important de personnes qui seraient emprisonnées dans le plus grand secret. Mais en dépit de toutes ces violations des droits de l’homme, de nombreuses multinationales ont décidé d’investir des millions de dollars dans ce pays qui dispose des plus grandes réserves de pétrole du continent.

Source : BBC– 30 Mai 2008

Voir aussi le dernier communiqué de HRW:

La Libye est de retour sur la scène internationale mais les ONG dénoncent de nombreux cas de violations de droits de l’homme.

Tout en cajolant son fils, Shuaib Alabied, paraît absent. En réalité, il a l’esprit ailleurs. Ancien vendeur de voitures, il tente aujourd’hui d’obtenir l’asile politique en Grande Bretagne après avoir fui la Libye avec son épouse. Shuaib Alabied appartient à la communauté berbère, différente des Arabes qui, depuis des années, dirigent le pays. Il fut aussi membre du parti Amazighian qui prône l’autonomie culturelle des Berbères. Mais à l’image de beaucoup d’autres formations politiques, ce parti est interdit par les autorités.

En septembre dernier, il a été arrêté par la police qui voulait l’obliger à livrer les noms de tous ses camarades du parti. ‘‘Nous avons les moyens de te faire parler si tu n’obéis pas » lui a lancé un officier.  »Un nommé Washi devrait bientôt être là », préviennent les agents de sécurité. Washi est en fait un policier en civil en service à la prison de Ain Zara de Tripoli gérée par les services secrets. C’était un homme géant, musclé, aux cheveux ras.

Shuaib Alabied raconte qu’il l’a giflé, et l’a traîné ensuite dans une cellule où il l’a violé. Les allégations de Shuaib ont été confirmées par Commission médicale chargée des victimes de tortures. Il sera écroué pendant durant trois mois et demi dans une cellule insalubre. A sa sortie de prison, il n’avait qu’une envie : quitter son pays. Il se rend alors en Tunisie après avoir traversé le désert puis en Turquie, d’où il a rallié le Royaume-Uni avec son épouse.

Peine de Mort

Dès qu’elles ont appris la nouvelle de sa fuite, les autorités ont arrêté son père. Ce dernier qui s’appelle, Alebied, est toujours en détention dans un lieu secret et aucun membre de sa famille n’a pu lui rendre visite jusque là.

Hassan El Amin, un Libyen établi à Londres affirme que ce genre d’histoire est courant dans le pays. Il se souvient aussi que le 17 février dernier, il a reçu l’appel d’un compatriote. Depuis la ville de Gheryan, Jum’a Boufayed lui a raconté que son frère Idriss-un chirurgien et militant des droits de l’homme- avait été arrêté par les services de sécurité.

Douze autres personnes qui tentaient d’organiser une manifestation pacifique pour plus de démocratie le seront aussi. Leur procès est en cours devant un tribunal libyen. Accusés de complot contre la sureté de l’Etat, de détention d’armes à feu, ils risquent la peine de mort.

Disparutions mystérieuses

Mais ce qui inquiète surtout Hassan c’est la disparution d’un des manifestants. Quinze mois après cette marche avortée, Abd al-Rahman al-Qataiwi, étudiant en 4ème année de médecine n’a pas été revu par ses proches. « Ma crainte est que quelque chose a dû se passer durant l’interrogatoire » déplore Hassan. Juma’a qui a été arrêté en même temps qu’ Abd al-Rahman, a subitement bénéficié d’une remise en liberté.

Pourtant, la Fondation Khaddafi, une organisation non gouvernementale dirigée par le fils ainé du président libyen, déclare que ces cas d’abus sont rares. L’organisation a récemment négocié la libération de plusieurs détenus dont des membres de l’organisation des Frères musulmans. « La Libye dispose d’un réseau de renseignement très dense et c’est véritablement un climat de peur qui règne sur place« , souligne Fred Abrahams, spécialiste de la Libye à Human Rights Watch.

D’après le dernier rapport du Département d’Etat américain, les services de sécurité libyenne ont l’habitude de torturer les prisonniers lors de leur interrogatoire. Le rapport évoque aussi de nombreuses arrestations arbitraires et un nombre important de personnes qui seraient emprisonnées dans le plus grand secret. Mais en dépit de toutes ces violations des droits de l’homme, de nombreuses multinationales ont décidé d’investir des millions de dollars dans ce pays qui dispose des plus grandes réserves de pétrole du continent.

Source : BBC– 30 Mai 2008

Voir aussi le dernier communiqué de HRW:

Lire la suite : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/05/30/droits-de-l-homme-la-libye-dans-la-ligne-de-mire-des-ongbye.html.