En terminant huitième, l’EuroBasket 2007 fut un échec total. Les Jeux Olympiques ne seront vécus qu’à travers un écran de télévision. Le basket tricolore semble s’être enterré tout seul. Prochain objectif pour les bleus : les qualifications, l’été prochain, pour l’Euro 2009. D’ici là, le basket hexagonal doit faire son introspection et réussir enfin à construire un projet ambitieux et réaliste pour les années à venir. Tour d’horizon des clés et des solutions indispensables ainsi que des pistes à suivre…
Fiers. Voilà le sentiment qui ressortait avant tous les autres du Championnat du Monde des basketteurs français. Loin d’être immenses, les bleus de Claude Bergeaud n’avaient en tout cas pas à rougir de leur campagne nippone en 2006. Au Japon, ils terminèrent à une très encourageante cinquième place mondiale, performance d’autant plus intéressante que réalisée en l’absence de leur leader : Tony Parker. Pourtant, la France du basket n'a pas réussi à entrer définitivement dans une spirale de victoires…
Un an plus tard, en Espagne…les bleus paraissent inertes, à l’agonie, quasi-morts. Le 16 septembre aux alentours de 16 heures, la France vient de subire une ultime défaite face à la Slovénie (74-88) mettant ainsi fin à ses espoirs de qualification Olympique. L’Euro se termine sur une énième fausse note pour cette génération dorée qui, lors de ce tournoi, n’a jamais su trouver l’alchimie nécessaire pour défendre ses ambitions de podium. Pire encore, l’objectif minimum du sélectionneur : qualification pour le tournoi Pré-Olympique- compétition mettant aux prises des nations des cinq continents afin de délivrer les derniers tickets pour le tournoi final de Pékin- n’a pas été rempli. Pour cela, il aurait fallu terminer dans les sept premiers, la France finit huitième. D’où la frustration. D’où une reconstruction obligatoire.
La France vient de s’imposer une hibernation internationale de deux ans. «Un Championnat d’Europe ne tient à rien. Là, c’est un Championnat d’Europe raté», reconnaît Claude Bergeaud. Le doux euphémisme du sélectionneur ne peut cacher le courroux de la Fédération Française et des Grands du basket français. Pour Yvan Mainini, président de la FFBB, le jeu mis en place sur le parquet est aussi inquiétant que les résultats. « Ce qu’il faut reconnaître c’est qu’outre la place, la manière était particulièrement décevante » estimait Mainini une semaine après la compétition. Difficile de lui donner tort tant la défense et la combativité, les deux grandes forces de l’équipe en 2006, ont paru, cette année, absentes des rangs français.
Individuellement pourtant, le niveau des joueurs ne peut être remis en cause tant les français font les beaux jours de leurs clubs respectifs. Le plus bel exemple : Tony Parker. Le meneur des bleus n’est autre que le dernier MVP (meilleur joueur élu par les journalistes américains) de la Finale NBA. A ses côtés, plusieurs joueurs rôdés au niveau NBA. Le talent est donc là. Ce résultat humiliant atteste ainsi d’un mal bien plus profond pour le basket hexagonal qu’un malheureux concours de circonstances. La France doit repenser son équipe et son projet afin de proposer quelque chose en accord avec l’incroyable potentiel de ses joueurs. Le prochain objectif- qualifications pour l’Euro 2009- n’est pas des plus prestigieux. A ce jour pourtant, il apparaît comme primordial. Les français n’ont plus aucun droit à l’erreur. Un échec ne sonnerait pas seulement le glas de la « génération Parker » mais très certainement la mort médiatique d’un sport, déjà le parent pauvre pour les annonceurs en comparé au football ou même au rugby. La France du basket a donc un grand besoin de succès et donc de changement. L’équipe nationale aussi.
« Il faut désormais se concentrer sur les qualifications pour l’Euro 2009 et faire preuve d’ambition. Pas pour demain mais tout de suite », annonce d’ores et déjà Mainini. Pour lui aussi, les mauvais résultats ne font pas bonne pub.
L’équipe de France n’a plus le choix. Elle devra briller.
Le sélectionneur en question
Mais avant de rêver à des jours meilleurs, certains changements structurels semblent s’imposer.
Généralement en sport, le premier fusible à sauter est le coach. Pourtant, Claude Bergeaud est, à l’heure d’écrire ces lignes, encore le sélectionneur de l’équipe de France. Pourquoi ? D’abord, à l’inverse de beaucoup de ses homologues confrontés à un tel échec, lui n’a pas songé à démissionner. « Si la Fédération compte sur moi, je continuerai dans cette voie » affirmait-il sans hésiter peu après l’Euro. Ensuite, fait suffisamment rare pour être signalé, le technicien français jouit du soutien de tous ses joueurs. Lors des conférences de presse après l’Euro, jamais un membre de l’effectif ne souleva la moindre polémique ni le moindre grief envers le sélectionneur. Que tous les joueurs protègent à ce point leur entraîneur prouve qu’ils ont sans doute beaucoup à se faire pardonner mais surtout pose un véritable problème quant à sa succession pour la Fédération. Pour ne rien précipiter, Yvan Mainini et la Fédération ont créé une commission d’observation composée de grands noms du basket français. Ainsi, Richard Dacoury (ancien international français), Laurent Sciarra (actuel joueur de Dijon, et médaillé d’argent aux JO de Sydney en 2000), Bozidar Maljkovic (Entraîneur champion d’Europe avec Limoges en 1993), Philippe Restout (Vice-Président de la LNB et de la FFBB) et Jean-Pierre De Vincenzi (actuel Directeur Technique National) doivent réfléchir à l’avenir des Bleus et bien sur décider du futur proche en conservant ou non Claude Bergeaud.
Dans l’hypothèse où le sélectionneur ne serait pas conservé, tous les noms du milieu du basket circulent. Celui d’Antoine Rigaudeau, ancien capitaine emblématique de la sélection, revient avec insistance. Jacques Monclar, qui a presque tout connu (Paris, Dijon, Pau-Orthez notamment et l’été dernier la sélection Ivoirienne), pourrait également être appelé. Outre ces deux noms la piste étrangère, longtemps refusée, apparaît peu à peu dans les esprits de la fédération. La situation ne devrait en tout cas pas tarder à se décanter. Yvan Mainini affirmant, « L’Equipe de France doit avoir un coach en janvier afin de caler la préparation pour les prochaines échéances ».
Apprendre à dire non à la NBA
Un autre grand changement dans la gestion de l’équipe de France devra s’effectuer dans les relations entretenues par le sélectionneur avec les clubs NBA. Le fait est que plus de la moitié des internationaux français évoluent Outre-Atlantique. Claude Bergeaud et son anglais du Béarn n’a jamais réussi à nouer de vrais liens avec les employeurs de ses protégés. Ainsi, les clubs NBA ne se sont pas gênés pour agir à leurs guises et déranger totalement la préparation de l’équipe de France. Les Suns de Phoenix ont réussi à empêcher Boris Diaw de jouer pendant près d’un mois de préparation à cause d’un problème d’assurance qui ne couvrait pas les risques encourus par le joueur lors de la trêve estivale. Tony Parker a aussi eut droit à des remontrances de la part des Spurs de San Antonio. Prévenus d’une légère blessure de leur star, les dirigeants texans ont prié leur meneur de prendre le premier vol pour San Antonio. Pas le choix, Tony s’est exécuté et a perdu une semaine de préparation avec l’équipe. Additionnant tous ces petits soucis, Claude Bergeaud n’a pu compter son groupe au complet qu’à peine deux semaines sur près d’un mois et demi d’entraînement. Yvan Mainini ne cherche pas à nier le problème, « C’est vrai que la préparation a été tronquée… Les franchises NBA… Ce sont elles qui payent, c’est un peu normal… ». Le nouveau sélectionneur, s’il y en a un, devra obligatoirement se faire respecter des clubs NBA, tous puissants aux yeux des joueurs.
Réussir l’union de deux générations
Le dernier point est plus encourageant et, quel que soit l’homme à la tête de la sélection, il devrait s’en réjouir. Cet été, en marge de l’Euro calamiteux, le basket français a également pu voir éclore une nouvelle génération pleine de talents. Les jeunes français ont terminé troisième aux Championnats du Monde Juniors à Novi Sad. Un résultat plus qu’encourageant tant ces bleuets auraient pu venir à bout de l’équipe américaine en demi-finale. Cette génération « 88-89 » emmenée par Nicolas Batum, probablement sélectionné en NBA dés l’an prochain, possède du talent à tous les postes. Et bonne nouvelle, cette cuvée toute neuve arrivera à maturité alors que Tony Parker et ses potes occuperont encore le devant de la scène. Cela est sans doute la meilleure nouvelle pour le basket français depuis des années. Le sélectionneur devra alors à tous prix réussir l’amalgame entre les stars d’aujourd’hui et cette « génération Baum » trop talentueuse pour ne pas briller.
Mais, la terrible désillusion de l’Euro hispanique ne peut s’envoler qu’avec des projets ou des rêves. Il faut des résultats. En deux ans, les français doivent absolument construire une structure stable et sereine autour de la sélection nationale. Ils en ont les moyens. Et maintenant, le droit à l’erreur n’existe plus.
Antoine Ginekis