La « Question Juridique » du jour : est-ce qu’en France, il est autorisé de refuser de vendre (ou de louer) un bien ou un service à une personne, sous prétexte qu’il/elle provient d’un autre pays ?

 

Pour la majeure partie d’entre vous, il est fort probable que la réponse sera « non ». Et j’avoue que, moi-même, jusque ce samedi vers 17h, j’aurais mis ma tête à couper qu’il était interdit de refuser de servir quelqu’un en prenant comme prétexte sa nationalité.

Ne serait-ce que pour obéir à l’article 225-1 du Code Pénal (français) qui affirme « Constitue une discrimination toute distinction (…) appartenance à (…) une nation (…) déterminée. »

 

Mais … que s’est-il donc passé ce samedi huit septembre vers dix-sept heures ?

Laissez-moi vous narrer ma mésaventure…

 

 

De séjour à Paris durant quelques jours, et devant prolonger mon séjour inopinément sans avoir la possibilité de passer chez mon garagiste habituel (en Belgique) avant mon départ pour la Bretagne jeudi prochain, je décide, ce sept septembre après-midi (la veille du jour fatidique), de faire effectuer l’entretien des 80.000 kilomètres de ma voiture, en France…

Logique, non ?

Pas si sûr…

Me rappelant avoir vu une pub pour un entretien « toutes marques » à (relativement) bas prix dans une enseigne (que je ne citerai pas, me contentant d’affirmer que je préfère les chats noirs aux chats blancs, même s’ils ont les yeux verts), je téléphone à l’une des trois cents agences (située à 17 kilomètres au sud-est, à vol d’oiseau, du Père Lachaise) pour leur demander s’il était possible de procéder…

Réponse : oui, mais…

Mais…

–          Vu que je ne peux pas donner toutes les spécificités de ma voiture (vous connaissez par cœur le type de votre filtre à air, vous ?)…

–          Vu que, en donnant mon immatriculation (belge), il est évidemment impossible d’en savoir plus sur le modèle exact…

–          Vu que, de toute façon, il faudra commander des pièces…

Bref, vu tout cela, il m’est demandé de passer rapidement chez eux pour vérifier le modèle exact, et verser un acompte.

Pour moi, pas de problème … Et je promets donc de passer le lendemain, samedi, afin que, lundi matin, le gérant de cette féline enseigne puisse commander les pièces pour les recevoir mardi et procéder à l’entretien de ma voiture mercredi matin (ou peut-être déjà même mardi après-midi).

Ouf ! Une bonne chose de faite !

 

 

Et donc, ce samedi, je me rends dans le complexe commercial où se trouve l’atelier que j’ai contacté la veille, aux fins de montrer ma voiture et de donner un peu d’argent au « gentil monsieur » du téléphone.

Oui mais voilà…

Ce n’est plus, apparemment, le « gentil monsieur » en question, que je rencontre.

Et dès que je commence à expliquer que j’ai appelé la veille, etc. etc. etc., un « moins gentil monsieur » me rembarre immédiatement en me jetant sèchement un « si vous venez de Belgique, on ne sait pas faire votre entretien » !

Et vlan ! 

Soufflé, le n’Éric ! 

Tellement soufflé qu’il ne peut que balbutier un « vous auriez pu me le dire hier au téléphone, au lieu de me faire faire plus de cinquante bornes aller-retour et perdre presque trois heures ».

Un simple « excusez-nous » aurait été le bienvenu, mais apparemment, de nos jours, le client n’est plus « roi »…

 

Bref, ma voiture (qui affiche déjà 84.000 km) ne sera pas entretenue avant au moins trois-quatre mille kilomètres, parce que, si j’avais eu connaissance de cette différenciation dès vendredi après-midi, j’aurais eu tout mon temps pour contacter d’autres endroits afin de trouver un mécanicien pour l’entretenir avant le moment où je dois me mettre en route vers la Bretagne.

Faire ce genre de recherche un samedi soir, c’est tout de suite un peu plus compliqué !

 

 

Sinon, à part ça, que pensez-vous de cette « discrimination » ?

Légale ? Pas légale ? Un article de loi qui autoriserait ce genre de chose ?