On croit vraiment très fort aux dénégations de l’intéressé et de l’UMP quant à sa candidature à la tête de Veolia. On est prié encore plus fort de le croire puisque Jean-Louis Borloo risque fort d’être le candidat (réélu sans doute) d’une future minorité parlementaire UMP-bis à Valenciennes. Tandis que Christian Vanneste (10e cir. du Nord) temporise, mais pourrait quand même se représenter, l’UMP, derrière un président qui se voudrait l’élu du peuple, apparaît encore mieux pour ce qu’elle est, non pas la formation des élites, mais des caciques.

Le maire de Valenciennes, Dominique Riquet, vient d’annoncer en toute hâte que Jean-Louis Borloo a été investi par le Parti radical et l’UMP (entendez, par l’UMP et sa filiale) dans la 21e circonscription du Nord. On admettra que « tout cela était prévu ». C’est surtout celui qui pensait la place de Borloo si celui-ci filait à Véolia qui a dû être surpris et même pris au dépourvu. De nouveau, l’avocat Borloo dément sa candidature, confirmée par diverses sources, à la tête de Véolia, mais ajoute cette fois que ces « supputations » pourraient ressortir de « la volonté de nuire ». La bonne blague. Personne n’a vraiment l’intention de nuire à Borloo, si ce n’est peut-être lui-même en se « radicalisant » contre Sarkozy pour mieux rentrer dans le rang, mais on a compris, dans les rédactions.
Pour qu’il y ait diffusion de fausse nouvelle, il faudrait que le siège de Véolia soit incendié, ou que l’ordre public soit fortement troublé par une affaire dont, finalement, tout le monde se contrefout. Mais pour la diffamation, la volonté de nuire doit être établie.

 

Comparer Jean-Louis Borloo à Jean-Pierre Soisson, élu et réélu depuis 1968 dans l’Yonne, passé de Chirac à Raymond Barre puis ministre de Rocard, Cresson et Bérégovoy, repassé à l’UMP, dont il fut dit qu’il s’accommoda du Front national en tant que président de la région Bourgogne, n’est sans doute diffamatoire qu’aux yeux de l’ex-maire d’Auxerre, et encore faudrait-il qu’il l’exprime. Cela ne saurait être tenu pour injurieux. Soisson cédera cette fois la place, victime de son âge, sans doute.

 

Tout ça, pour ça. Tout ce foin, ces énergies mobilisées, une Rama Yade larguée en pleine campagne, pour se retrouver réinvesti par l’UMP, faute de mieux. Borloo doit penser que l’étiquette UMP, compte tenu de son assise locale, ne sera pas un handicap. On verra bien s’il en met en bonne place (ou pas du tout en évidence) le sigle  sur ses affiches.

En tout cas, alors que le candidat Sarkozy fait mine d’envisager un regroupement de circonscriptions, donc une baisse du nombre des parlementaires, on a bien compris qu’un Vanneste pèse moins qu’un Borloo.

Revirement possible

Vanneste, qui ne porte pas trop l’homosexualité dans son cœur, avait fort mal formulé sa réfutation d’une extermination systématique des homos par l’hitlérisme (qui n’avait surtout purgé que ceux faisant de l’ombre à Hitler). De fait, sept déportés en zone occupée, peut-être aussi pour des raisons autres que leur mode de vie, cela fait peu. D’autre part, Violette Morris (voir, sur Come4News, la biographie de Marie-Jo Bonnet), lesbienne notoire, amie de Cocteau, &c., était bien dans les petits papiers du Reich. Les exemples ne manquent pas.

Mais Sarkozy a sans doute décidé de mettre sous le boisseau la Droite populaire, préférant que seule sa garde rapprochée, dont Guéant, cisèle seule les phrases censées lui valoir partir du vote utile de sympathisants (voire d’adhérents) du Front national. Prière de s’en tenir aux seuls éléments de langage d’une cellule riposte ou d’une autre, et de ne les proférer que dans la foulée d’un poids lourd. Vanneste, électron libre, a donc encouru les foudres verbales de Fillon, Copé, pourquoi pas bientôt Juppé. L’Humaniste de l’UMP (si, cela existe) Brigitte Barèges, qui soutient la préférence nationale et s’était demandée si, après le mariage des homosexuels, on ne pourrait s’allier avec des animaux (au risque de mécontenter Brigitte Bardot qui léguerait bien son domaine à ses compagnons à plumes et poils devenus époux), peut, elle, se retrouver réinvestie UMP à Montauban.

La page Wikipedia de Barrèges a été expurgée de la référence aux mariages avec les animaux. Celle de Vanneste semble en attente de complément (pas celle de discussion, abondant en commentaires). Vanneste, fortement implanté localement, serait donc remplacé (s’il se laisse faire) par un… dircab’ du ministre des Sports. Au temps pour le rejet des « élites » émaillant les discours de Sarkozy. Gérald Darmanin, juriste, aboyeur de Vanneste puis de Douillet, est un apparatchik issu de Sciences Po, qui n’a sans doute jamais travaillé que dans l’ombre de divers candidats, il mérite donc bien de devenir député. Mais Gustave Dassonville revendique aussi la place : « oui, je suis candidat (…) en cas de retrait de son investiture au député Vanneste, » indique-t-il. Avocat à éclipses pour mieux se consacrer à l’action électorale (je sais, on dit « politique »), Dassonville tiendrait sans doute mieux la route.

Vanneste n’a pas du tout l’intention de quitter la fonction politique… Mais le « marigot » UMP, si. En lâchant d’autres petites phrases comme, sur Copé, « il a un pois chiche dans la tête et pas la carrure d’un homme d’État. ». Un second Hollande, quoi… Comme s’il fallait avoir une carrure d’homme d’État pour progresser dans la fonction ; Sarkozy en est le meilleur exemple.

Vanneste, qui dispose aussi d’un micro-parti (l’Association de ses amis, cotisation : dix euros), d’un comité (« Les Jeunes avec Vanneste »), soutenu par Jeannette Bougrab et la Droite Populaire (et d’autres), se savait-il en passe d’être débarqué ? Dans ce cas, le coup est finement joué… Dénoncer un nébuleux « lobby gay » (quand même moins structuré que le Medef, non ?), c’était s’offrir une notoriété en cas de candidature libre.

Sarkozy a fait donner la meute (Copé, Nadine Morano, Éric Ciotti, Mariani, Xavier Bertrand, Christian Jacob…). Même Rama Yade, en mal de notoriété à retrouver, y est allée de son petit couplet.

Vanneste pourra-t-il se passer d’un autre « marigot » ? C’est fort possible, et on verra qui le Front national lui opposera (lors de futures élections, pas seulement pour la prochaine). Peut-être ne saura-t-on pas en échange de quoi sa concurrence sera faiblarde.

Scruter les investitures

Il y a le bilan de Sarkozy, les déclarations de Sarkozy, et les actes. Le parti « présidentiel » sera bien obligé de dévoiler des investitures avant ou pendant l’entre-deux tours. C’est souvent beaucoup plus parlant que tous les discours.

Tenez, qui présentera-t-on contre Arnaud Dassier, fils de Jean-Claude (LCI, OM), ex-sarkozyste bon teint, passé chez Bayrou, ex-adjoint d’un maire d’arrondissement de Paris, dans le Loiret ? Claude de Ganay, sur une circonscription promise au Parti radical. Mais comme il rejoint l’UMP, au moment il fallait torpiller la candidature présidentielle de Borloo, Dassier passe à l’as.

On verra qui succèdera à Étienne Pinte, Françoise de Pannafieu, ou Roselyne Bachelot et Dominique Perben. Environ 35 députés UMP auraient renoncé à se représenter, soit à peine davantage que le dixième du groupe à l’actuelle Assemblée. Sur ceux qui restent, il y en aura de débarqués. Voyez bien qui leur sera parachuté : s’il y a fort reclassement de personnels ministériels et autres, cela pourrait signifier que Sarkozy ne croit plus trop à sa victoire, et qu’il recase. D’autres interprétations seraient possibles. S’il tenait encore l’appareil en dépit de mauvais sondages, il pourrait envisager de se débarrasser de mous et de faiblement attachés à sa personne, en vue d’un retour en 2017. D’autres hypothèses ne sont pas à exclure, en cas de position gagnable.

À part cela, comme le relève Mélenchon, Sarkozy se pose en Berlusconi (pour l’instant, c’est du Berlusconiot) ou Viktor Orban. En instaurant un lien direct avec le peuple. Taratata… Là aussi, on y croit aussi fort qu’à l’attachement de Borloo à la cause publique.

À gauche, le même raisonnement reste valide. Qui décidera en fait, d’Aubry ou de Hollande, des investitures ? Selon cela, on en saura peut-être des orientations qu’entend donner Hollande à ses fonctions présidentielles.

Car pour ce qui est des discours… Tenez, voici encore peu, Borloo proposait « la fin de l’exonération totale des plus-values de cession des holdings. » Une position qu’il aurait certainement soutenue en coulisses s’il avait été désigné à la tête de Véolia.

Dernière anecdote en date : Nora Berra dénonce que ses origines algériennes lui vaudraient de ne pouvoir, aux yeux de l’UMP locale, briguer la succession de Perben dans la 4e circ. à Lyon. Bah, cela rappelle Rama Yade dans ce qui n’est plus son fief local (elle avait invoqué le racisme de ses adversaires). La réalité est peut-être que, si les UMP lyonnais étaient sûr qu’elle redevienne ministre, et que ce serait son ou sa suppléante, implanté localement, qui siège à l’Assemblée, elle aurait peut-être été facilement investie. Et puis, pour l’industrie pharmaceutique locale, elle en a peut-être trop appris au ministère de la Santé. 

Le prétexte invoqué par Nora est d’autant plus farce qu’elle avait d’abord brigué la 3e, moins à droite, et que son adversaire PS sera… Najat Vallaud-Belkacem. Ce serait Ange Sitbon (il est de quelles origines, celui-là, pas de l’autre côté de la Mare Nostrum ?) qui aurait trouvé, à l’UMP, que devant Najat Vallaud-Belkcacem, mieux valait placer Dominique Nachury. L’Auvergnat Hortefeux a bien sûr démenti qu’il ne trouvait pas Berra assez qualifiée, quelles que soient ses origines.
À présent, mieux vaudrait en effet que Berra soit escamotée. Elle a mis vent debout l’UMP locale contre elle.