Les choses ont bien changé depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale… Auparavant cantonnées à la maison pour s’occuper de leurs enfants, le mari se chargeant des revenus du ménage, les femmes ont acquis plus d’indépendance, tant financière que sociale ! 

Il n’est pas rare, aujourd’hui de voir beaucoup de ces femmes accéder à des postes à responsabilités, tant dans la fonction publique, que dans le secteur privé concurrentiel…

Faisant en sorte de gérer au mieux leur carrière professionnelle, ainsi que leur vie de couple, ces dernières sont confrontées à l’épineux problème de la prise en charge de leurs enfants…

 

 

 

Malheureusement, les grands-parents ne sont plus disponibles comme ils l’étaient dans le temps… Puis, les mentalités latines d’un grand nombre de citoyens français font qu’il est mal vu qu’un père de famille puisse faire le choix d’ « être un père au foyer », comme cela se passe dans les pays scandinaves…   

Parallèlement à ces deux situations, il n’y a pas assez de crèches… Et quand il y en a, il y a forcément un manque de place… 

Il semblerait qu’il n’y ait pas une véritable volonté d’asseoir une réelle politique de la famille… 

Alors, ces mères et ces pères de famille, qui ne peuvent guère laisser leur emploi pour des raisons financières et qui veulent préserver leur vie de couple, sont obligés de se tourner vers des personnes, qui veilleront sur leurs enfants… 

Parmi toutes les solutions qui s’offrent à eux, il en est une qui leur laisse le choix de se tourner vers une Auxiliaire parentale, chargée, elle, de veiller à la santé mentale, psychologique, psychique et physique de l’enfant, tout en l’aidant dans son épanouissement personnel !!! 

Auxiliaire parentale… Un métier ??? 

A dire vrai, qu’il me soit permis d’en douter…  

 

Il semble y avoir une anomalie que le Gouvernement devrait corriger, d’autant que les parents perçoivent des allocations, en plus de bénéficier de substantiels avantages fiscaux au titre d’ « emplois particuliers », pour pouvoir employer une Auxiliaire parentale !!!  

Déjà, est-il normal qu’une femme de ménage, qui, elle, n’aura pas la responsabilité d’un enfant, soit mieux payée qu’une auxiliaire parentale au domicile des parents, d’autant que sa rémunération est de 15 € nets de l’heure ? 

Puis, semble y avoir une grande confusion des fonctions : en effet, beaucoup de parents employeurs, qui se plaignent fort justement du coût exorbitant de leurs charges sociales patronales, n’hésitent pas à demander, à leurs auxiliaires parentales, d’effectuer, en plus de la charge de leur enfant, des heures de ménage (laver et repasser le linge des parents, passer l’aspirateur dans les pièces, faire du nettoyage…) !

Malheureusement, ces auxiliaires parentales ne perçoivent pour ainsi dire jamais aucune rémunération supplémentaire pour ce travail qui ne rentre pas du tout dans le champ de leurs compétences !

De plus, leur attention est, même pendant les ‘’heures responsables’’, détournée :

– Comment s’occuper de l’enfant, de manière à être attentionnée à ses moindres problèmes ?

– Comment assurer sa surveillance psychologique, psychique et physique ?

Ce n’est réellement pas possible !

C’est dire s’il y a vraiment un manque de reconnaissance sociale de ce métier ô combien important : en effet, bien trop souvent, l’Auxiliaire parentale est tout simplement considérée, à tort, comme une ‘’banale’’ employée de maison !  

Pourtant, être Auxiliaire parentale, cela demande beaucoup de psychologie, d’amour, de patience, d’attention, de respect, d’abnégation, de conscience professionnelle…

 « L’enfant est un être humain à part entière, pas un objet ! » : c’est ce message que Caroline(*) tente de faire passer, à travers cet entretien qu’elle a bien voulu m’accorder…  

Caroline est une jeune femme active, moderne et indépendante… Ayant, pour tout bagage, un bac et plus deux années universitaires tournées vers l’étude de sa langue maternelle, l’Italien, cette mère d’une jeune adolescente entrain d’entamer des études supérieures, a une passion en tête : l’enfance, principalement la petite enfance 

Lorsqu’une personne ose dire d’elle qu’elle est une « garde d’enfants », Caroline défend bec et ongle son métier en déclarant qu’ « elle est Auxiliaire parentale », et, « qu’elle n’est pas là pour garder l’enfant »… « L’enfant est une personne et non un objet », continue-t-elle d’un ton très passionné…

En fait, et elle le revendique haut et fort à qui veut bien l’entendre, « elle est, pour toute mère de famille qui le lui demande, une Assistante chargée de veiller à l’épanouissement psychologique, psychique, mental de l’enfant et à sa santé ! » 

 

 (*) Pour les besoins de cet entretien, le prénom de l’auxiliaire parentale a été changé.  

 

Caroline, pourquoi avez-vous choisi ce métier ? 

J’ai toujours été attirée par le monde de l’enfance.

Lorsque j’ai été enceinte de ma fille, je me suis mise à lire beaucoup de livres et magazines consacrés à l’évolution de la grossesse jusqu’à la naissance de l’enfant.

Je m’intéressais de près à mon état de santé. Mais, j’étais émerveillée devant le mystère de la grossesse ! Comme toute future maman, j’étais très émue mais également anxieuse.

Avant même la naissance de l’enfant, des relations étroites, fortes et intimes s’établissent entre la mère et son bébé tout au long de sa grossesse.

En effet, le bébé ressent fortement ce que sa mère éprouve pendant sa grossesse.

L’enfant est très sensible à l’environnement extérieur sonore de sa mère.

Personnellement, j’écoutais beaucoup Mozart et ma fille aime écouter Mozart encore maintenant ! Quand ma fille est née, j’étais passée du stade du petit être que j’ai conçu à celui de l’enfant qui va découvrir ce monde qui nous entoure !

Là aussi, en tant que maman inquiète face à son premier bébé et face à de nouvelles responsabilités,  je me suis passionnée par la psychologie de l’enfant mais aussi de la mère, qui, elle, découvre les joies et les difficultés de la maternité.

Je m’interrogeais, me posais beaucoup de questions et essayais de trouver les réponses dans des livres.

J’ai pu constater  qu’au fur et à mesure que ma fille grandissait, que cet enfant est un petit être humain qu’il fallait comprendre, respecter, aimer…En grandissant, un enfant peut avoir différents besoins que la mère doit savoir décrypter.

Voir mon enfant grandir et évoluer, cela m’a davantage aidée à me documenter sur le monde de la Petite Enfance et de l’adolescence, à le découvrir et à me passionner sur ce sujet. 

Je me suis toujours sentie plus proche des enfants que des adultes : sans doute ai-je gardé une âme d’enfant ?

Dans l’esprit de la plupart des  adultes, sommeille un enfant.

Ce sont les parents qui sont les modèles de leurs enfants, étant normalement leurs éducateurs.Ils les éduquent pour affronter le monde qui sera le leur quand ils deviendront à leur tour des adultes. Certains d’entre eux deviendront des êtres fermés, insensibles, tels des « robots » : sans doute ont-ils perdu leur âme d’enfant ? 

Leur spontanéité, leur fraîcheur, leur curiosité, leur naïveté me touchent, me sensibilisent. Les enfants vous apprennent beaucoup plus qu’on ne peut le croire ! Ce qui explique pourquoi j’aime être avec des enfants, travailler avec eux. J’ai voulu aborder dans ce métier le côté psychologique de l’enfant qui m’intéresse beaucoup. C’est en effet un métier qui est basé sur l’observation, sur l’écoute de l’enfant et sur la communication avec lui.  

 

Caroline, pourriez-vous nous dire en quoi consiste votre métier ? Que doit faire une jeune femme pour le pratiquer (formation…) ? Ne faut-il pas beaucoup de psychologie, de rigueur, d’éthique… pour l’exercice de votre profession ?  

 

Le rôle d’une auxiliaire parentale est une responsabilité par rapport à l’enfant, aux parents, à nous-mêmes, à la société, au médecin. Son travail s’articule essentiellement  autour des besoins de l’enfant. C’est pourquoi il est souhaitable au préalable que la jeune femme désirant exercer ce métier suive une formation. En effet, il est indispensable qu’elle apprenne à connaître et donc à déceler les besoins physiologiques et psychologiques en fonction de l’âge de l’enfant.

Le métier d’une auxiliaire parentale consiste à s’occuper d’un ou des enfants des parents à leur domicile.Elle se doit de transmettre toutes les informations sur l’enfant ou les enfants aux parents par le biais d’un cahier de transmission.

L’auxiliaire parentale est chargée d’assurer la sécurité, le bien-être des enfants et de proposer des activités durant toute la journée.La  jeune femme peut suivre une formation d’ « auxiliaire parentale ».

Elle pourra également suivre le stage de formation aux premiers secours afin d’obtenir l’Attestation aux Premiers Secours. 

Pour exercer cette profession, il faut énormément de rigueur et d’éthique.

D’une part, ce métier nous oblige à être très organisées ; d’autre part, il nous oblige à ne pas accepter de gifler ou de fesser  un enfant en cas de désobéissance ce, même si les parents le demandent expressément.

Dans sa formation, l’auxiliaire parentale doit apprendre nécessairement à être ferme face à un enfant et à lui imposer des limites lorsque cela s’avère nécessaire.

Cependant, pour être claire, je dois préciser que l’auxiliaire parentale ne doit pas appliquer les mêmes règles que ces employeurs concernant les sanctions corporelles.

Cela doit être spécifié aussi bien dans la Convention Collective ainsi que dans le contrat de travail signé entre l’employeur et sa salariée : l’auxiliaire parentale ne doit pas infliger de sanctions corporelles à l’enfant !Je préconise, là aussi, les contrôles dont je parlerai après.    

 

 

Au regard de votre longue expérience professionnelle, pourriez-vous brièvement nous décrire une journée de travail auprès de l’enfant dont vous avez la charge ? De plus, pourriez-vous nous dire quelles différences y a-t-il lorsqu’on a la charge d’un enfant en bas âge ou celle d’un enfant de 5 à 7 ans ? Gérer les fratries, n’est-ce pas difficile ? 

Une journée de travail auprès de l’enfant s’articule essentiellement autour des Besoins et des activités que je propose à celui-ci.Je prépare les repas de l’enfant, veille à sa sieste, le change, lui fait sa toilette, lui donne son bain, l'habille.Quand il n’est encore que tout petit (bébé), j’essaie de bien connaître ses habitudes dans sa maison à savoir

 ses habitudes de bain (heure de bain, le lieu dans la baignoire ou dans le lavabo)

  ses habitudes alimentaires (quand, à quel moment, dans la cuisine ou dans la chambre, la quantité, l’alimentation diversifiée ou pas)  le sommeil : quand, où, comment ? Combien de temps ? avec quoi, doudou, tétine, biberon ?

  la promenade : où, quand, comment ?  les maladies : que faire ?

Je prendrai donc un maximum d’informations dans la famille en ce qui concerne le l’enfant.Le bébé, ne sachant pas parler, ne peut s’exprimer que par les pleurs.

Par exemple, s’il a faim ou s’il a froid ou chaud ou s’il a besoin de câlins ou s’il se sent fatigué, le bébé le fera comprendre à sa mère par ses pleurs puisque c’est son seul mode de communication. 

Lorsque l’enfant est plus grand, mes activités professionnelles  vont quelque peu différer.

En effet, l’enfant âgé de 5 à 7 ans saura en principe déjà manger tout seul, ne fera plus forcément la sieste, sera scolarisé et parlera, lui !

Je pourrai lui apprendre à se laver tout seul, à manger proprement à table, à parler correctement, à lire et à écrire et je l’assisterai dans ses devoirs. Je lui proposerai des activités d’éveil qui correspondent à son âge. 

Gérer les fratries, c’est, en effet, assez difficile !

J’ai connu cette expérience moi-même.J’ai été amenée à m’occuper de deux filles qui sont sœurs et qui ont une différence d’âge de trois ans.

Il faut parvenir à s’occuper des deux enfants en même temps tout en sachant que du fait de leur différence d’âge, ces derniers n’auront pas les mêmes activités et les mêmes jeux. 

Je donne un exemple :

Un enfant de deux ans ne pourra pas jouer avec son frère ou sa sœur à un jeu de société !

L’enfant plus grand, donc scolarisé, aura des devoirs à faire.Je devrai alors occuper le petit pendant que j’assisterai  l’aîné dans ses devoirs.

Je leur propose donc des activités différentes qui correspondent à leur âge respectif.

En revanche, les deux filles? dont j’avais la charge? pouvaient de temps à autre jouer ensembleS dans la maison ou dans le parc (jeu avec des poupées, dessiner, peindre, danser ensemble, faire de la pâte à modeler, jeu avec les KAPLA, toboggan et balançoire etc.…).

Dans le cas d’une fratrie, je dois alors coordonner les activités de chaque enfant en fonction de leur âge, de leurs besoins et de leurs goûts respectifs.

Quand on a la charge de deux sœurs, il faut aussi savoir gérer les disputes, les jalousies entre elles qui sont relativement fréquentes.

Il faut leur apprendre la notion de partage et le respect de l’autre.

D’autre part, j’organisais parfois des goûters avec d’autres enfants ou camarades de classe, des fêtes et animais également des anniversaires.

En effet, j’estime que les enfants plus petits non scolarisés ont besoin d’être eux aussi, en contact avec d’autres enfants de leur âge : le but est de sociabiliser ces enfants.

Il faut aussi les surveiller attentivement lors de leurs querelles et si besoin, intervenir en les séparant et en les punissant éventuellement.    

 

 

Caroline, à vous voir, vous avez une conscience professionnelle dans l’exercice de votre métier… Pourtant, lorsque je me promène dans la rue, je m’aperçois que beaucoup de vos collègues, qui bavardent entre elles, semblent ne pas surveiller l’enfant dont elles ont la charge… Pire encore, certaines d’entre elles sont assez brutales avec ces enfants, qu’elles laissent, sans surveillance, leur criant dessus pour qu’ils cessent de pleurer… N’y a-t-il pas un certain manque de rigueur professionnelle dans votre profession ? Ne faudrait-il pas contrôler, aussi bien les Auxiliaires parentales, que les parents qui les emploient ?  

Un jour, en emmenant un enfant dont j’avais la charge dans un parc, je me suis trouvée en présence d’une de mes collègues. Cette dernière gardait deux enfants l’un bébé attaché à une poussette et l’autre plus âgé jouant dans le toboggan.Cette dame lisait un magazine en attendant ses « copines ». Elle n’arrêtait pas de houspiller l’enfant plus grand en lui criant dessus et en lui prononçant des paroles violentes « si tu n’arrête pas tes bêtises, tu vas voir comment je vais te fesser ! »;

Je me suis interposée en lui lançant un sale regard et en lui demandant de faire correctement son travail.

Elle m’a répondu de me mêler de mes affaires.

Je l’ai menacé d’aller voir ses employeurs que j’avais déjà vus.

Du coup, elle s’est calmée et est partie.

Une mère de famille m’a rapporté qu’elle a été témoin de la perte d’un petit enfant qui était censé être surveillé par l’auxiliaire parentale employée par son père : l’enfant ayant disparu, une déclaration à la police avec une procédure de recherche avait été faite. L’enfant a été retrouvé en pleurs par une passante au bout de deux heures !

L’auxiliaire parentale a été renvoyée, séance tenante pour faute grave !

Il y a tant d’autres exemples dont je pourrais vous parler et ils sont fort nombreux !

Il se peut qu’il existe des cas de maltraitance sur les enfants et ce à l’insu des parents : brutalité, parole vexatoire et insultante, menace, coups, bleus, négligence… Il se peut également qu’elle insulte un adulte devant l’enfant dont elle a la charge.

Or, ne l’oublions pas, l’auxiliaire parentale a un rôle très important dans l’éducation de l’enfant : c’est en cela qu’elle est la véritable assistante des parents !

De ce fait, on peut parler d’un manque de rigueur professionnelle dans ce métier. 

Les parents, qui nous emploient, sont par principe même des patrons. De ce fait, à partir du moment où il y a un contrat qui est établi et signé entre l’auxiliaire parentale et les parents, ces derniers, étant employeurs, sont responsables des agissements de leur employée.

L’auxiliaire est comptable, elle, des erreurs qu’elle peut commettre ou d’éventuelles maltraitances dont elle se serait rendue responsable à l’encontre de l’enfant dont elle a la charge.

C’est pour cette raison que je suis favorable à ces contrôles des parents et de leurs employés.

Citons comme exemple : à l’école, les enseignants sont contrôlés par des inspecteurs du Ministère de l'Education Nationale et ils peuvent recevoir des sanctions disciplinaires ou des notes d’appréciation.

Pourquoi ne pas créer un corps d’inspecteurs, dépendant soit de la Mairie, soit du Département, qui serait chargé d’effectuer des contrôles  réguliers mais inopinés auprès des auxiliaires parentales ainsi que de leurs employeurs ?   

 

 

Caroline, tout n’est pas rose dans votre métier… Beaucoup de parents vous demandent des heures de ménage (sans rajout salarial)… Votre métier, mal considéré, est peu rémunérateur… Pourtant, le Gouvernement fait une campagne pour les emplois aux particuliers… Que faudrait-il faire pour que votre métier soit enfin reconnu et mieux rémunérateur, sachant que les parents reçoivent des aides financières pour la prise en charge de leurs enfants ?N’y a-t-il pas, dans votre secteur professionnel, une concurrence ‘’déloyale’’ entre certaines de vos collègues qui acceptent de tout faire chez leurs employeurs (avec un salaire moindre), et d’autres, qui, comme vous, demandent à faire le travail pour lequel elles ont été formées, à savoir : Auxiliaire parentale ?Que faudrait-il faire pour que cela change ? Ne faudrait-il pas revoir le texte de la Convention Collective ?

 Il faudrait déjà que les employeurs particuliers, que sont les parents, cessent de mélanger les métiers :

  une femme de ménage est rétribuée 15 € nets de l’heure pour assurer l’entretien d’un appartement, de locaux d’habitation ou de bureau : c’est sa seule responsabilité.

  Une auxiliaire parentale, qui a des responsabilités aussi bien psychologiques que sanitaires, qu’affectifs,  doit s’occuper des enfants dont les parents lui ont confié la charge ; cela fait d’elle une assistante auprès des parents.

Les responsabilités, vous le voyez, ne sont pas les mêmes.

Les parents, qui demandent des heures de ménage à assurer pendant leur travail, ne sont pas conscients des risques qu’ils font courir aussi aux enfants qu’à l’auxiliaire parentale ! En effet, assurer l’entretien de la maison ne permet pas à l’auxiliaire parentale de surveiller l’enfant dont elle a la charge d’où inattention involontaire qui peut s’avérer grave !

Citons un exemple :

Des parents demandent à l’auxiliaire parentale d’effectuer des heures de repassage pendant  ses heures de travail. Pendant qu’elle repasse le linge, l’enfant en bas-âge sachant marcher touchera la prise de courant et s’amusera à tirer sur le fil du fer à repasser jusqu’à le faire tomber ! D’où risque grave d’électrocution ou de brûlure !! 

Et j’ajoute que même pendant les heures responsables, l’auxiliaire parentale, même si elle se repose, doit être attentive à ce que fait l’enfant pendant sa sieste : faire du ménage ou du repassage pendant ces heures-là, ne me paraît pas adapté au travail que je suis sensée faire.

De plus, de nombreux parents ne rémunèrent pas en fonction de travaux supplémentaires qu’ils demandent !

Quoi qu’il en soit, je considère que faire ce type d’activités n’entre pas dans les compétences professionnelles des auxiliaires parentales !

Je suis fermement opposée à ce que des parents demandent à leur auxiliaire parentale des heures de ménage : il faut interdire ces pratiques, les parents ayant la possibilité, s’ils le désirent, recruter une femme de ménage !  

 Aussi, est-il normal qu’une femme de ménage soit payée plus qu’une auxiliaire parentale ou une assistante maternelle agrée ?

Je pense que le Gouvernement devrait intervenir à ce sujet, sachant qu’il faut reconnaître ce métier d’auxiliaire parentale. 

Je pense que le Gouvernement devrait revoir la grille salariale aussi bien des auxiliaires parentales que des assistantes maternelles agréées :

– il faudrait la même grille salariale pour les deux,

– cela devrait être en fonction du nombre d’enfants à garder, mais au dessus du SMIC

– en cas de garde partagée, il faudrait prévoir deux salaires entiers de la part des deux parents employeurs.

Encore faudrait-il que le Gouvernement baisse ces lourdes charges salariales patronales versées par ces employeurs ‘’particulier’’, que sont les parents ! 

Simplifions les choses :

  Il faut revoir et réécrire la Convention Collective qui n’est pas claire et qui n’est pas adaptée à ces deux métiers, sachant qu’une auxiliaire parentale et une assistante maternelle agréée ne sont pas des employés de maison.

  Les indemnités repas devraient être obligatoirement rajoutés sur le bulletin de salaire et payées.

  L’obligation de payer en heures travaillées une auxiliaire parentale lorsque les parents lui imposent des vacances en dehors de ses congés payés

Il y a tant d’autres problèmes à revoir !   

 

 

Caroline, en observant vos collègues dans l’immeuble où j’habite, j’ai remarqué qu’elles n’avaient que, pour tout contact humain social, qu’un contact avec l’enfant dont  elles ont la charge, les parents étant partis au travail… Ne peut-on pas parler, dans ce cas précis, d’ « isolement social » ? Que faudrait-il faire pour que les choses changent ? 

En effet, le métier d’auxiliaire parentale consiste à passer du temps avec le ou les enfants dont elle a la charge.Le contact avec les parents est rapide et furtif : c’est le matin quand ils partent au bureau et le soir quand ils rentrent à la maison.

De plus, les échanges se font presque uniquement par le biais du cahier de transmission.

Quand l’enfant est en bas âge ou quand il n’est pas à l’école, on n’a aucun échange avec des adultes ou des collègues.

Dans les parcs, il y a très peu de contacts humains.

Dans ce cas-là, cela est tout autant préjudiciable pour l’auxiliaire parentale que pour l’enfant.

Et l’on sait que l’enfant, pour se construire, a lui aussi besoin de relations sociales. Mais tout dépend de l’âge de l’enfant : en effet, un enfant ira beaucoup plus facilement vers un autre vers l’âge de trois et quatre ans (âge des premières amitiés).

Pour les assistantes maternelles agrées, il existe des relais qui leur sont destinés : elles peuvent discuter avec leur collègue, proposer des activités collectives aux enfants. Elles peuvent échanger des idées, des conseils sur leur métier et parler de leur propre expérience professionnelle.

Alors, pourquoi les Mairies n’ont pas pensé à créer ce genre de structures pour les auxiliaires parentales ? 

Ne serait-il pas temps qu’elles le fassent ?

– Les auxiliaires parentales pourraient organiser des fêtes anniversaires, des sorties, des spectacles, des pique-niques, des activités artistiques : peinture, musique, cuisine, lecture en fonction de l’âge etc.…

Ainsi, les enfants en bas-âge ne seraient pas constamment toute la journée qu’avec leur auxiliaire parentale ; une adulte mais aussi avec d’autres enfants.  

 

 

Au fait, Caroline, pourquoi refusez-vous qu’on dise que vous êtes une garde d’enfants ? 

Je considère que je suis en effet une Auxiliaire parentale », et, que je ne suis pas là pour  ‘’ garder’’ l’enfant 

 Le terme « garde » me choque énormément. Pour moi, ce mot dévalorise en lui-même notre profession.

Si nous pouvons parler de « garde d’enfant », pourquoi ne pouvons-nous pas parler de « garde de personnes âgées » ?

En effet, une personne qui s’occupe de personnes âgées est une « Auxiliaire de vie ».

De plus, l’enfant est une personne et non un objet !

Alors pourquoi donner un terme si peu approprié comme « garde d’enfant » ??

Je pense que cette personne qui s’occupe d’enfants est avant tout, pour toute mère de famille, qui le lui demande, une assistante chargée de veiller à l’épanouissement psychologique, psychique, mental de l’enfant et à sa santé et sécurité. 

 

Caroline, ce matin, je suis allé sur le site Internet de l’ANPE… J’ai vu une annonce où il était demandé une « Bonne d’enfant »… Vous avez vu la même annonce que moi : elle vous a choquée profondément, ce, à juste titre, puisque être auxiliaire parentale ne signifie pas qu’on soit une employée de maison… Face à ce type d’annonce, que pourriez-vous dire à leurs rédacteurs ? 

Je dirai à ces rédacteurs de l’ANPE d’être à l’avenir plus vigilants quant à l’intitulé de la profession d’auxiliaire parentale.

Je leur conseillerai vivement de se renseigner sur tel et tel métier avant de rédiger leur annonce.

Quand on ne connaît pas la profession, on se documente, on se renseigne avant d’en parler et avant d’accepter une annonce émanant de parents employeurs.Cela évitera la confusion de deux métiers bien distincts et qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre : l’auxiliaire parentale et l’employée de maison !

Or que je sache, une bonne est une employée de maison au même titre qu’une femme de ménage !

Pour conclure, je dirai que l’ANPE fait preuve d’un manque de respect sachant qu’aucun métier n’est méprisable !

De ce fait, il y a un manque total de respect et de reconnaissance envers les métiers d’auxiliaire parentale et d’employée de maison ! 

 

 

Caroline, maintenant que vous nous avez parlé de votre métier, pourriez-vous nous expliquer en quoi il est différent de celui qui est pratiqué par une Assistante maternelle agréée ? 

Les compétences demandées sont les mêmes pour l’Assistante maternelle agrée et l’Auxiliaire parentale. Néanmoins, il existe quelques différences que je vais citer ci-dessous :

– l’Assistante maternelle agréée exerce son métier chez elle à son domicile (assez grand, rangé, propre et bien tenu) ; elle doit s’équiper d’un matériel de puériculture adapté aux enfants dont elle aura la charge ;

– l’Auxiliaire parentale exerce  au domicile des parents ; cependant, elle n’a pas ce genre de contraintes matérielles..

Les salaires sont  tous les deux différents. L’auxiliaire parentale est rémunérée au SMIC alors que l’assistante maternelle agréée est rémunérée en fonction du nombre d’enfants dont elle a la charge.   

 

 

Caroline, que faudrait-il faire pour que votre profession soit reconnue socialement et financièrement ? Que pourriez-vous dire au Gouvernement au sujet de la Convention Collective, au sujet des salaires, au sujet des conditions d’accès à d’autres métiers de votre secteur (notamment, grâce à votre expérience professionnelle, et, non grâce uniquement aux diplômes) ? 

Pour ma part, je considère que la Convention Collective est très mal faite !Elle n’est absolument pas claire, ni pour les employeurs, ni pour les auxiliaires parentales !

Il arrive, par ailleurs, que cette Convention est la conséquence même de malentendus et de conflits entre ces derniers ! Cela peut parfois se terminer devant le Conseil des Prud’hommes !

Je pense que ce texte est à revoir dans sa globalité, car des abus de part et d'autres apparaissent !

Beaucoup d'employeurs et beaucoup de salariées se permettent tout et n’importe quoi !! 

Personnellement, je souhaiterais vraiment évoluer dans ce métier et je me suis renseignée pour cela.

La seule possibilité pour moi d’espérer un changement c’est de passer par une Validation des Acquis de l’expérience (VAE).

Le Ministère de l’Education Nationale m’a alors soumis un dossier à remplir, qui lui aussi n’est pas clair du tout et est très abstrait.

Je l’ai commencé mais ne l’ai pas encore terminé vu sa complexité.

Je tiens également à préciser que l’on se retrouve seule chez soi à remplir ce dossier !

Mais je ne me décourage pas pour autant et j’espère bien la finir un jour !!

Je pense que là aussi, le Gouvernement devrait revoir cette VAE, les questions que l’on y pose, et proposer un dossier plus clair et donc plus simplifié !J

’aimerais exercer le métier d’Educateur de Jeunes Enfants !Mais pour y parvenir, je suis encore une fois confrontée à un véritable parcours du combattant :

il n’y a aucune formation rémunérée et gratuite qui est proposée pour les demandeurs d’emploi

–  il ne nous est proposé que des écoles privées payantes ou des écoles payantes dispensant des cours par correspondance !

Le Gouvernement devrait, dans sa politique en faveur de la famille, revoir tout ceci !  

 

 

Caroline,  c’est avec un dégoût profond, une lassitude et une démotivation que vous quittez ce métier d’Auxiliaire Parentale que vous aimiez pourtant ! Vous m’avez dit vouloir continuer dans le secteur de la petite enfance… Quel métier comptez-vous exercer ?  

Comment peut-on bien faire ce métier alors qu’il n’est même pas reconnu par les instances sociales, par le Gouvernement et par les parents ? 

J’ai longuement expliqué, tout au long de cet entretien, les raisons pour lesquelles je ne continuerai pas à faire ce métier. En revanche, je souhaiterais vraiment évoluer dans le secteur de la Petite Enfance.

La psychologie de l’enfant, un travail dans une structure collective et donc m’occuper de plusieurs enfants, un travail d’équipe avec mes collègues, je pense au métier d’éducateur de jeunes enfants

Pourquoi pas ? 

En guise de conclusion, je dirai que j’aurai enfin le sentiment d’exercer un métier !

En effet, le métier d’éducateur de jeunes enfants, lui au moins, est reconnu !!

Il devrait pourtant en être de même pour le métier d’Auxiliaire parentale !

Il serait vraiment temps d’y penser très sérieusement ne serait-ce que dans l’intérêt et le bien-être de l’enfant !