Réinventer TAHT ESSOUR

Réinventer TAHT ESSOUR

Nous devons travailler à la sémantique culturelle, le signifiant et le signifié, de l’économie, du politique, et du social de la société tunisienne, qui sera une véritable rupture avec les stratégies passéistes, celles qui ont permis à la dictature de glacer les consciences, de figer les envies dans la virtuelle procuration, et de détruire à petit feu, l’âme et le génie tunisien.
La culture transmet une conscience qui œuvre dans le sens de la cohésion sociale, la cohésion sociale est par essence le summum de la conscience collective d’un peuple, un absolu radical contre toute forme d’imposture et d’usurpation.

Partant de là, nous pouvons constater que, la socialisation en Tunisie reste essentiellement, de nos jours, grâce à une pauvreté intellectuelle imposée par la dictature, non pas un processus d' apprentissage et de pratiques exemplaires , comme dans toute démocratie qui permet à un individu d'acquérir les modèles culturels de la société dans laquelle il vit et agit, une contrainte imposée au tunisien par une interaction entre lui et son environnement . Donc elle ne favorise pas la reproduction sociale, et elle élimine les possibilités de changement social. Tout cela forge de façon simpliste l'identité du tunisien au point de le soumettre , totalement , à un conditionnement déviant qui n’a même pas besoin de planification, le tunisien ainsi acculturé n’est dans aucun processus par lequel, il intériorise les valeurs et les normes de sa société, ou tout simplement de son quotidien Il est de l’urgence des démocrates tunisiens, et de la pensée libre de se battre pour une culture tunisienne qui définit l'ensemble des manières d'agir, de penser et de sentir, communes à tous les tunisiens libres et à tous les militants démocratiques, pour faire face efficacement aux dogmes destructeurs des extrêmes, le net est un moyen efficace pour penser des actions culturelles qui donnent une profondeur et un sens au combat politique, mais ses canevas doivent être diffusés et débattus dans une large mesure, pour espérer lier l’acquis et le substantiel. L’art comme la culture, au jour d’aujourd’hui, surtout dans un pays comme le nôtre, qui n’ont pas pour un objectif et une finalité politique, dans son sens le plus noble, c'est-à-dire la libération de l’Homme, ne répondent sur l’essentiel , n’ont aucune vérité et sont condamnés à perpétuer le mortel statuquo, dans un pays comme la Tunisie.
La socialisation de la Tunisie , sera à partir de sa Reconquista culturelle ou ne sera pas, il est vital de transmettre les nouvelles règles du monde moderne pour se donner les moyens de participer à son évolution, ce monde moderne d’où nous exclu la dictature.
 La règle fondamentale de ce modernisme est une culture du vivre ensemble, de l’alternative, du débat et du consensus pour l’intérêt collectif et général, et aussi, il s’agit donc de prétendre, d’exiger et de favoriser la connaissance d'une culture libre, déterminé par la tolérance, le libre choix, la créativité, le rêve, l’excès de vie et de poésie, de réalisme, de pragmatisme et de curiosité, sans aucun tabou, et sans aucune autre limite que la responsabilité individuel devant l’outil constitutionnel et institutionnel, uniques gardiens des valeurs républicaines.
C’est de cela dans le fond qu’il s’agit, une politique culturelle déterminée par les libertés publiques, le droit et la loi qui fera, sans aucune forme de turbulences, de violences et de déchirures, la cohésion sociale d’une Tunisie moderne, une société tunisienne majeure et à l’abri des errements et de la tentation de l’extrémisme. Une Tunisie à des milles lieues des postulats dictatoriaux qui ruinent le pays et le nation tunisienne depuis si longtemps, une Tunisie où les tunisiens sont unis par des liens sociaux et par une solidarité choisis par la raison, et par le cœur aussi. Cette culture de la chose publique, de la vie, cette socialisation nous apportera , à tous, grâce à nos différences et nos singularités surtout, grâce à l’universalité et à la communication, une identité sociale, qui est aujourd’hui totalement ruinée par les forfaitures et les crimes de la dictature ; cette identité sociale définira d’une façon naturelle, nos comportements civiques et publiques, nos valeurs communes et collectives dans notre manière d’agir, de penser et de sentir notre patrie dans son sens national et universelle. Une Tunisie où la seule norme absolue est la règle de conduite construite à partir de nos valeurs propres imposées par notre constitution, et notre capacité à nous surpasser en toute circonstance.
Car comme dirait WEBER
« Les valeurs sont importantes, elles servent à comprendre les comportements individuels. Les valeurs orientent les comportements individuels » .Cette société tunisienne plurielle, démocratique pour laquelle les consciences libres se battent, ne peut se reposer à mon humble avis, du moins dans sa période de transition, pour penser sa pérennisation sur des normes sociales dites "normales", c'est-à-dire culturelles et profondément refoulés dans le subconscient collectif des tunisiens, par soixante ans de dictature, car, il ne faut jamais oublier et le reconnaître sans aucune fausse pudeur, ni démagogie d’ailleurs ; pendant la colonisation, le mouvement des idées, le mouvement culturel, existait bel et bien et avait un rôle majeur dans la société tunisienne, d’où TAALBI, HADDAD, CHABBI et des dizaines d’autres tunisiens dans toutes les spécialités ; cette société tunisienne plurielle doit se reposer aussi sur des normes juridiques dites "légales" , afin de donner aux institutions tout le pouvoir qui leur est dû pour protéger les tunisiens , les encourager à se définir par rapport au devenir humain et matériel de leur pays, se prendre en charge prévenir et influencer l’événement, plutôt que de le subir. La sécurité des tunisiens dans le fond, a plus besoin de savants, de professeurs, d’hommes de droit, d’artistes, de pièces de théâtre, de critique , de droit, de légalité, de journaux libres, de théâtres libres, de médias libres, de politiques libres, de justice et de juges souverains, plus que de tortionnaires, de délateurs, de policiers politiques, de spéculateurs, de voleurs et de criminels, les premiers tarissent le dégoût et le haine de soi, les second sont la source et l’alibi, de toute forme de déviance.
Dans tout état de figure, notre progrès et notre modernisation, ceux de notre TUNISIE, ne peuvent avoir comme référence obligée à la base, pour rattraper le temps perdu, et établir une feuille de route consensuelle, où personne ne doit être exclu, pour divergences d’opinions ou de point de vue, que la culture dans toute sa diversité, elle est un modèle de conduite, elle propose un code établi, permettant de bien réagir dans toutes les situations. La culture donne une certaine liberté autour des modèles de conduite. Sans culture la vie en société ne serait pas possible (BOURDIEU), nous tombons dans le désordre dictatorial. Et dans la question spécifiquement tunisienne , elle doit , je le pense sincèrement, pour une question d’efficacité, se confondre avec la socialisation de la société tunisienne par le bas, car , le mal est si profond dans notre société laminée par la médiocrité, élevée, par la dictature, au niveau d’une idéologie officielle, que nous sommes dans l’obligation , pour une raison nationale et universelle, d’être dans la reconquête de nous nous-mêmes et de notre humanité, dans l’intégration sociale et le processus d'acquisition progressif des normes et des valeurs de notre Être . Cela se fera de façon étale dans le temps, si et seulement si, ceux qui viendront à chasser la dictature resteront, au-delà de toute considération, dans l’éthique et la vérité républicaines et démocratiques, qui feront que chaque tunisien, et à tous les niveaux, pour la construction d’une TUNISIE nouvelle, aura son mot à dire. Cette socialisation culturelle, appelons là ainsi, passe des implications explicites comme l’école, la famille. La famille tunisienne doit être absolument impliquée et appelée à jouer un rôle essentiel dans la socialisation, car elle seule peut transmettre des valeurs et des normes qui intègrent l'individu à une société apaisée et apaisante, c’est une simple question d’équilibre psychique et psychologique.Et les lieues de loisirs et de rencontres qu’ils soient laïques ou religieux, dans le cadre d’institutions libres, il ne s’agit pas de marginaliser, de diaboliser ou d’exclure qui que ce soit, c’est l’honneur de la république d’être pour l’expression et les modes de vie ou de pensée de toute la nation. Et puis il y’a les implications implicites comme l'entreprise, les ONG, les syndicats. Il est essentiel de comprendre qu’on le veuille ou pas que l’implicite comme l’explicite doit être impliqué dans le mouvement citoyen et républicain par l’éducation et par son autorité naturelle supportée, plébiscitée et choisie, car l’autorité républicaine est garante des libertés individuelles et collective, et l’autoritarisme que nous subissons aujourd’hui ne garantit que les intérêts privés d’un certaine caste, celle de l’illégitime dictature
La culture dans tous ses états ( dans cet article, ne perdons pas de vue, que le mot Culture englobe, toutes les aspects de la vie courantes, qui va de l’économie, jusqu’à l’animation et les comités de quartiers, en passant par la mode, la musique ect..), revient au politique, c'est-à-dire la gestion légitime et collective de la cité, avec un pouvoir et une opposition tenus par la légalité constitutionnelle, car, elle est pour une vision pluraliste et démocratique d’un pays libéré de ses angoisses et sa terreur, de ses chaînes et de ses archaïsmes, un Terrain de consensus, elle est aussi enjeu de luttes politiques et idéologiques, et ne peut exprimer une réalité que dans la pluralité, elle s’impose aujourd’hui aux démocrates tunisiens, aux consciences et aux esprits sains comme concept fédérateur. Entre recherche identitaire et valeur d’échange ou lieu de partage, elle est sur tous les plans le seul avenir pragmatique de notre pays qui refuse l’arbitraire, l’unanimisme et la confrontation schizophrènes des rapports de force anticonstitutionnels. Elle doit jouer un rôle décisif dans l’émergence et la mise en œuvre du concept économique et social de la nouvelle république des valeurs.
La culture est par essence vecteur d'identité et de lien social, dans la dictature de ben Ali, elle est réduite à un vulgaire rôle de conditionnement et de propagande, elle est cantonnée dans le rôle mercenaire et milicien de l’éloge du prince et de son système, elle est la dynamique essentielle d’un dérive et d’une aberration qui exclue l’âme d’une nation millénaire par l’abrutissement , le mensonge, les contre-vérités, et la valorisation de la médiocrité et des bas instincts. Elle est, en TUNISIE, dilapidée, alors que dans son expression naturelle et démocratique, elle est la source de libre expression et d'émotion partagées. Elle permet de comprendre d'où l'on vient, où l'on va. La pratique citoyenne, dans ce qu’elle a d’évident, est la marque de cette richesse. Chaque génération doit se l'approprier pour la faire vivre et l'enrichir à son tour, or depuis des générations , elle fut soumise à la machine destructrice de la dictature tunisienne pour mieux spolier et dominer les tunisiens, le véritable danger pour le régime de BEN ALI, ce sont des tunisiens cultivés dans tous les domaines, ceux-là, n’accepteront jamais les faits accomplis. Les jeunes tunisiens d’aujourd’hui, ceux de l’ère BEN ALI ,résidant dans le pays, ont plus de difficultés que leurs aînés à y accéder, pour des raisons matérielles, mais aussi psychologiques, liées à une image souvent négative de la politique, tellement la dictature a saturé le génie et l’esprit d’initiative des tunisiens, il suffit d’analyser les programmes de l’éducation nationale, les auteurs censurés ect…sans parler de la production artistique, de l’opacité des projets sociaux et économiques. L'éducation culturelle est donc indispensable dès le plus jeune âge pour éveiller la curiosité, elle est indispensable pour toute forme de pratique démocratique et citoyenne, et à ce titre, ne peut-être considérée, que comme subversive par toute forme de despotisme.

Un projet progressiste et humaniste a besoin d'animation pour séduire, créer la surprise, provoquer l'échange, c’est de cela que la TUNISIE a besoin, un pays en état de composition avancé qui survit dans la fournaise des spoliations, des renoncements, du népotisme et de la dégénérescence. Notre pays a besoin pour sa modernisation et le progrès qu’elle suppose d’une vie culturelle qui est à la croisée d'influences variées, où les libertés sont garanties, pour entreprendre et dépasser toutes les formes d’entraves dogmatiques et tous les dogmatismes passéistes. En ce sens, l'identité plurielle de la TUNISIE et son esprit d'ouverture sont une richesse que l'évènementiel peut mettre en scène. Il est un support essentiel du rayonnement, il reflète les valeurs des références historique, pathologiquement culturel, il fédère les acteurs sociaux dans la pratique saines de leur libre arbitre, il mobilise la population par un engagement volontaire et déterminé. Les jeunes seront beaucoup plus impliqués dans ce mouvement d'animation, de transmission et de renouvellement de leur vision et leurs attentes naturelles vis-à-vis du modèle social dont dépend leur avenir et celui de leur pays.

Toute ambition d'une vie culturelle foisonnante responsable et qui tend vers l’efficacité, doit impliquer largement la jeunesse, et doit se concrétiser à toutes les échelles du pays, du quartier, à tout le territoire de la république en passant par les régions. L'action publique doit être décisive, réformée en ce sens pour éviter un élitisme sélectif et un cloisonnement administratif du quotidien des gens. Elle doit plutôt s'appuyer sur une logique de projets, en lien avec les multiples identités culturelles de la Tunisie. Un projet culturel attractif et rayonnant est un projet approprié et non sacralisé, il s’agit en cela de renforcer le lien social par la somme des singularités, et non le limiter , donc l’appauvrir par le conformisme de l’uniformisation. La pluralité culturelle consolide l'identité d’un pays jeune et libéré par l'échange, et le bouillonnement créatif, et non pas par les diktats technocratiques
Beaucoup d’obstacles se dressent devant l’avènement de cette Tunisie moderne. Le premier est la fuite en avant suicidaire d’une dictature totalement aveugle et décalée, le second reste une grande inconnu et porteur de tant de dangers pour les démocrates tunisiens, c’est l’héritage humain et matérielle que les forces vives de la nation tunisienne auront à « gérer » après l’éradication philosophique et physique de cette dictature criminelle, ce challenge pour les démocrates sera aussi terrible que celui d’avoir résisté et défait la dictature, car la Tunisie est appauvrie sur tous les plans, à cette étape, le redressement sur le plan matériel est plus que possible, même facile par rapport aux combat que nous aurons à mener contre les habitudes et les traumatismes subis pendant tant d’année par les tunisiens ; c’est en cela que l’action culturelle doit être active et présente dans le projet politique global de toutes les forces démocratiques tunisiennes, c’est un fondement séculaire de notre Histoire, nous sommes une nation millénaire, et un outil précieux dans l’élaboration de ce vivre ensemble, dans l’acceptation de l’autre et dans l’espace collectif des institutions et des règles constitutionnelles, dans l’acquisition de l’esprit citoyen et tout ce que cela comporte de civisme. Au jour d’aujourd’hui pour arriver à mettre en branle toutes ses idées et ses prétentions, sommes toute évidentes et simples, le bloc démocratique tunisien doit être visible et lisible, leur culture démocratique doit obliger, les démocrates tunisiens, à la formulation unitaire de leur projet, ne serais ce que pour convaincre et mobiliser la masse tunisienne. Ce peuple tunisien plongé par la force des choses, la violence de la dictature, et aussi notre suffisance d’opposants démocrates, dans l’attentisme et la mort lente ; aujourd’hui en Tunisie, le parti de l’indifférentisme est un franc succès pour la dictature, c’est son meilleur allié, elle qui, est dans la forfaiture, la désinformation, et nous, dans notre permanence des échecs, pour mettre un terme justement à cette permanence de l’échec et porter un coup historique au régime despotique et illégitime de BEN ALI, nous devons conquérir cette majorité tunisienne pire que silencieuse, indifférentiste, il ne s’agit plus aujourd’hui de provoquer sa prise de conscience, on a largement dépassé ce stade, mais la pousser à son examen de conscience ; cette nuance, ne peut-être traitée politiquement, que par une profonde révolution culturelle