Dictature en Tunisie: Etre ou se soumettre?

 


 

ÊTRE OU SE SOUMETTRE.
Par

Larbi Derbali.

 

Le dévoiement de la dictature tunisienne pousse  au néologisme et , l’accuser sans l’ombre d’un doute de dévoiement  criminel, pour qualifier de manière plus juste encore les pratiques de ses crimes , détournements,  spéculations et atteintes aux droits humains les plus élémentaires , sachant que la dérive  découle de sa seule logique , n’est pas un simple accident de l’histoire , sachant sa dérive maffieuse est sans fin , que sa propre perte et peut-être  le renvoi du pays à l’âge de pierre de la colonisation  , tellement il est défiguré et endetté jusqu’à la moelle , jusqu’au moindre taudis  de la région la plus déshéritée de la Tunisie , ne sont purement et simplement,  pour le système de ben Ali, qu’un abandon total,  à un mouvement spontané et actif, auquel il est plus que soumis.

Ce dévoiement , au delà de son désastre matériel , donne à la dictature sa seule raison d’être , il  lui donne une dimension immorale qui ne pourra prendre fin,  non seulement  avec la disparition politique et physique  , totale et radicale de ben Ali , mais aussi et surtout  de tout son système et ses places fortes ,  plus ancrés que jamais , tatoués à l’usure , dans les habitudes et les réflexes programmés par la nécessité de survivre  des tunisiens,  plus qu’on ne le croit .

Pour « nettoyer » le pays de ce cancer et cette calamité , de ces champs de mines,  et du venin social et humain transmis par toutes ces décennies de dictature , cela va être pharaonique sur le plan éducatif et la gestion des traumatismes ,     ceci sera une autre paire de manche et un grand défi moral et éthique à relever pour les forces démocratiques ,  qui , j’espère,  n’useront que des armes institutionnels , du droit , de la justice et de la loi, pour faire table rase du passé .

A un autre propos ,  mais la question fut maintes fois posée et se posera encore,  car elle est probablement  une des rares portes de sortie possible des tenants de la dictature , ben Ali d’ailleurs dans un récent discours vient de murer   bêtement cette porte ,  et de scier la branche sur laquelle ,  il est assis , avis aux  possibles « compromettants » genre R. GANNOUCHI , TARBOUCHI et les émirs de la semaine des 4 jeudi , les étoiles filantes Destouriens Démocrates et tous ces mendiants qui s’entassent dans les antichambre de la dictature ; il faut qu’ils renoncent  à cette stratégie  de la forfaiture ,et donner de faux espoirs aux prisonniers politiques qu’ils instrumentalisent plus qu’autre chose par ce genre d’action , nous savons tous  que le mot « réconciliation » n’a pas le même sens pour nous , pour les prisonniers politiques ( il ne s’agit pas de discuter à n’importe quel prix , mais surtout de porter la contradiction au sein même de la société tunisienne et des instances politiques en général) , ni pour eux , ni pour ben Ali et sa misérable dictature .Pour ce criminel de dictateur ,  pour lui et son clan, « réconciliation » , veut tout simplement dire « capitulation » totale et sans conditions pour les forces démocratiques , qui doivent admettre et se soumettre à leur  pouvoir absolu et barbare , rentrer dans les rangs et les plébisciter comme s’ils étaient des monarques de droit divin. Toute forme de réconciliation avec la dictature en Tunisie est à exclure , elle ne pourra jamais se faire  ni avec le criminel ben Ali , ni avec ses complices et ses sbires  , ceux qui ont torturé , servis  à la folie le régime criminel , ceux qui ont pillé , pervertis  , violé et tué devront répondre un jour de leurs crimes, devant une justice tunisienne libre et souveraine , même aujourd’hui , les démocrates doivent être clairs , transparents et déterminés sur ce sujet justement , ne pas jouer sur les termes  , passer des pactes avec le diable et passer aux yeux des tunisiens souvent floués,  pour une caste d’individus  calculateurs sans aucun principe , ni morale ni dignité . Une politique libératrice de notre pays sans aucune morale n’a aucune chance de réussir, tout au plus, elle nous donnera avec le temps des politiciens véreux  clonés sur le même modèle  du dictateur.

Donc qu’il s’agisse de dérive radical ou de dévoiement , il n’en demeure pas moins que les tunisiens sont toujours , hélas , mille fois hélas , des êtres réduits en esclavage subissant l’illégalité et l’immoralité la plus aveugle et morbide d’un système totalitaire , une dictature horrible qui fait ses courses, sans aucune restriction,  dans l’occident démocrate , et ce dernier ,ironie de sa déchéance ou de sa folie ,  voudrait que la masse arabe adhère à ses modes de pensée et à sa  philosophie. L’état de ben Ali , qui n’a jamais était l’état tunisien , c'est-à-dire l’émanation  du peuple et au service du peuple tunisien , l’état de ben Ali est une monarchie absolue , encore plus déterminée que celles des autres pays arabes , par quel miracle trouve –t- il,  cet état familial, cette maffia moyenâgeuse,  une écoute et un soutien dans l’occident démocratique ? Il faut croire que dans cet occident démocratique,  le poids des lobbys et des cercles d’influences sont plus puissants que les constitutions, les principes et les valeurs qui en surface seulement le régissent, ce qui revient à dire que la puissance du lobby sioniste ou affairiste, c’est très souvent les mêmes, et c’est bien de cela qu’il s’agit pour la question tunisienne,  aux USA, en France, Angleterre ect…pèse beaucoup plus que la volonté et les choix  des peuples  de ces pays.

En fait dans ce schéma, les tunisiens sont opprimés et tous les autres arabes aussi , mais les peuples de ces démocraties  ont leur liberté souvent confisquée et ils sont souvent pris en otage, par des lois d’exceptions ,  au service d’intérêts occultes , qu’ils courent le risque  de finir un jour à notre niveau. L’état partout dans les démocraties dignes de ce nom , dans le projet démocratique originel , à bien voir les choses de prés et même en surface , est une idée complètement abstraite .Cette idée permet à la collectivité de poser ses limites et de se civiliser , en donnant un support  acceptable , honorable et humain à la solidarité et aussi à l’obéissance , en mettent fin à une organisation construite autour d’une relation  de  maître à sujets qui conduit inéluctablement à des cabrages et à de violentes contestations de la part de ces derniers , c’est malheureusement vers cela que se dirigent les sociétés démocratiques d’aujourd’hui,   et leurs asservissement par ces forces occultes creusera encore plus  les ravins de notre désespoir où nous survivons à peine .

Aujourd’hui , il faut être irresponsable , aveugle et sourd pour ne pas comprendre qu’un pays comme la Tunisie, est  et sera,  de plus en plus au bord de la guerre civile  et court un danger de terrorisme urbain évident , avec tout ce que cela suppose de réaction encore plus meurtrière de la part du pouvoir fasciste de ben Ali .Mais au fond cette réalité là n’est-elle pas prise en compte dans les calculs des commanditaires de ben Ali et ses acolytes ? L’arpent de terre tunisienne, l’existence  d’un tunisien ne vaut rien à leurs yeux  à la bourse  de leurs investissements à tous les termes.

2 réflexions sur « Dictature en Tunisie: Etre ou se soumettre? »

  1. Je ne puis que dire un immense bravo pour le combat mené par Sonia
    [b]en faveur de la démocratie en Tunisie…

    Reste à savoir si les forces démocratiques tunisiennes en présence auront suffisamment de poids pour demander au Président Nicolas Sarkozy, [i]Président-fondateur de l’Union pour la Méditerranée (UPM)[/i], d’user, avec ses partenaires, de son influence pour demander au Président Ben Ali de ramener l’Etat de Droit et la Démocratie en Tunisie…

    Je reste toujours persuadé qu’une dictature peut en amener une autre, en bien pire, comme cela s’est passé en Iran ! [/b]

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