RIP LOU REED

 

                                                  LOU REED.

 

Lou Reed est incontestablement un artiste majeur, du Velvet Underground à une carrière chaotique mais néanmoins ponctuée par des albums indispensables.

Comme nombre d’artistes de la scène rock des seventies, Lou Reed véhiculait une image mortifère : « Sex, Drugs and Rock & Roll ». Malgré ses addictions, le saltimbanque newyorkais a su déjouer les plans de la grande faucheuse pour finalement s’éteindre à l’âge de 71 ans !

Je ne vais pas me lancer dans une chronique nécrologique, je préfère mettre l’accent sur deux œuvres indispensables.  Je ne vais pas occulter la carrière du Velvet, leur intégration à la Factory, mais là il me faudrait m’étendre sur John Cale, Sterling Morrison, et autres Nico (imposée d’ailleurs par Andy Warhol). De ce premier album et la fameuse pochette illustrée par la banane d’Andy Warhol.

 

Il est incontestable que le Velvet a eu une influence majeure sur le mouvement punk et incidemment sur le « rock moderne ». Bien évidemment pas d’un point de vue musical, mais par le comportement et les attitudes de ces membres, prônant la liberté artistique tout en dépeignant tous les côtés sombres de l’être humain.

Je ne réduis pas l’œuvre de Lu Reed aux deux albums dont je vais vous entreprendre, mais pour moi ce sont deux opus indispensables et qui ont le mérite de bien refléter ce qu’était Lou Reed, au-delà de cette impression de dandy narquois qui lui collait à la peau. C’est vrai il n’était pas commode, jamais souriant, cabochard à l’extrême, l’une des facettes de sa personnalité tourmentée, il est vrai hérité d’une jeunesse plutôt sombre pour ne pas dire crépusculaire.  Et d’un autre côté l’artiste impliqué, de Greenpeace en passant par Amnesty International et autres Farm Aid.

 

1972- TRANSFORMER.

 

L’album qui a réellement lancé la carrière de Lou Reed, car il ne faut pas oublier que depuis son départ du Velvet (en 1970) il n’est « rien ». Un simple album solo éponyme (Lou Reed) qui est sorti au début de l’année 1972 et qui se révèle un bide. Sa rencontre avec David Bowie va s’avérer décisive, en lui proposant de lui produire un album complet. L’opus sera enregistré à Londres, et Bowie va s’occuper de tout, de la logistique à l’hébergement ! Libéré de ses contraintes, notre saltimbanque se met à l’écriture et compose toutes les chansons de cet album mythique, jusqu’à la magnifique pochette de Mick Rock (pour la photographie) et Ernst Thormallen (pour le design).

La marque de fabrique de Lou Reed est omniprésente, entre dealers, paumés, putes et travelos, gigolos, gays et voyous en tout genre. Un album à l’atmosphère décadente surtout pour l’époque.

Qui n’a pas entendu « Walk On The Wild Side », un saxo inoubliable tout comme le refrain en vocalise (Too-toodoo-toodoo…). Un succès monumental malgré le thème abordé et parlant aussi crûment de sexe et perversions, le bonheur des ondes FM de l’époque ! Tout simplement une date dans l’histoire du Rock.

« Satellite Of Love » un classique absolu, des arrangements somptueux, des chœurs sublimes (Bowie et Ronson), le tout agrémenté d’un piano tout simplement dantesque !

« Perfect Day », idem, des arrangements flirtant avec la perfection, et devenant encore un peu plus culte lorsque Danny Boyle, en 1996, l’utilisera dans son film « Trainspotting ».

Le tuba inoubliable du morceau « Goodnight Ladies », tout simplement imparable pour conclure l’album. Lou Reed dans la peau d’un clown triste à souhait.

Transformer va apporter gloire et célébrité à Lou Reed, ce qui aura le mérite d’exacerber le côté tourmenté de l’artiste qui visiblement ne cherchait pas une entrée vers le système commercial de l’industrie du disque, d’où cette envie de brise cette nouvelle image qu’il ne supporte pas.

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1973-BERLIN.

 

Attention chef d’œuvre !

Berlin est une sorte d’autoportrait de Lou Reed : décadence, misère, drogues, drames et j’en passe des meilleurs.

Pour la production, Lou Reed fait appel à Bob Ezrin, et une brochette de musiciens exceptionnels. Les frères Brecker (trompette et saxo), Aynsley Dunbar à la batterie, Steve Hunter à la guitare, Tony Levin à la basse ainsi que Jack Bruce, Steve Winwood (orgue et harmonium), excusez du peu !

Ce troisième disque est un album « concept », une histoire complète racontée au fil des morceaux, d’ailleurs à l’origine il était prévu en double-album.

L’errance de Caroline et de Jim, artistes, toxicos, parents indignes aussi, à qui l’on retirera la garde des enfants. Lou Reed nous fait plonger en apnée aux confins des tourments et de la mort. On suit leur déchéance jusqu’au suicide de Caroline.

Dire que cet album représente la période la plus sombre de Lou Reed est un peu court, on ne sait pas qu’il en ait jamais connu de joyeuse. Plutôt l’une des plus sombres de sa carrière. Cette époque où il apparait sur scène en véritable « zombie » shooté, tout en cuir noir et maquillé comme la mort…

Berlin est à l’opposé du glam-rock de Transformer, la chronique d’un drame humain avec ses relents de caniveau et de vomi. Un album qui reste mal-aimé, l’exploration des recoins les plus obscurs et les plus sales de notre esprit ne nous laisse pas intact. Pourtant sans doute jamais Lou Reed n’a-t-il était aussi proche de la perfection. Une grande claque !

Chaque chanson nous monte en tension, on suit fébrilement cette descente aux enfers, devinant déjà l’issue fatale.

Certes les détracteurs ont reproché ce côté « trip artiste maudit » accouchant d’une œuvre magnifique, un cliché qui a un peu vécu…

Mais l’intensité de cet album flirte avec le paroxysme. Malgré toute la noirceur Berlin reste une œuvre d’une rare beauté véhiculant une émotion intense.

On ne peut décemment faire ressortir une chanson de cet album étant donné le côté concept du disque. Chaque morceau s’imbrique, nous imprègne les esgourdes jusqu’à la conclusion qui ne pouvait qu’être sublime.

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