Abraham, Ismaël, Isaac … On ne nous dit pas tout !

 

A l’heure où l’on s’entretue, encore et toujours, au Moyen Orient je me suis remis à relire Flavius Joseph … ou plutôt à le lire car jusqu’alors je n’avais pu avoir accès qu’à quelques extraits de cet historien juif du premier siècle de notre ère.

J’ai le bonheur d’avoir entre les mains Son « Histoire ancienne des juifs » augmentée de « la guerre des juifs contre les romains », ouvrage paru aux éditions Lidis en 1968. Fort gros ouvrage de 954 pages.

Cet homme politique probablement formé chez les esséniens ( à l’époque, dit il, y avait trois sectes ou écoles religieuses , les pharisiens, les saducéens et les esséniens..) après avoir été un grand chef de guerre contre les romains, s’est pris d’amitié pour son vainqueur Vespasien, le fils de ce dernier Titus et son mentor Flavius, jusqu’à rejoindre leur parti.

Mais tout cela c’est de l’histoire quasi contemporaine et nous éloigne du sujet.

Ce qui est passionnant chez Flavius Joseph, c’est sa manière épique et journalistique de revisiter les Saintes Ecritures, autrement dit la Bible..Pas étonnant que son œuvre ait irrité dans les premiers temps de l’ère moderne aussi bien Rome que Jérusalem, Constantinople ou la Mecque.

Une chance pour nous … son œuvre, bien que mise sous le boisseau, voire à l’index, nous est parvenue à peu près entière, même si on peut supposer, par ci par là, quelques réécritures postérieures… Revenons à nos moutons et à l’épisode du jour, lequel est relatif à Abraham.

Abraham se désolait avec son épouse Sara de ne pouvoir avoir d’enfants. A Plus de quatre-vingts ans, même en ces temps de records de longévité, il ne lui restait que très peu d’espoir d’avoir une descendance, malgré la promesse divine.

Sara, son épouse lui permit donc de prendre sa servante Agar pour concubine, laquelle lui donna un fils Ismaël, qui fut accueilli comme une bénédiction divine.

Abraham avait alors quatre-vingt six ans. La treizième année d’Ismaël, Dieu fit savoir à Abraham qu’il serait bon de pratiquer la circoncision sur sa lignée pour la différencier des autres peuples. A la même époque et contre toute attente son épouse Sara lui donna un fils  Isaac.

Sara dans la crainte que l’ainé de la famille ne fasse valoir ses droits à la succession contre son propre fils Isaac, obtint d’Abraham qu’il bannisse, avec sa mère Agar, son fils ainé encore trop jeune pour subvenir à ses propres besoins.

Ces derniers manquèrent périr dans le désert mais un ange vint  à leur aide, puis Ismaël fit souche et donna naissance au peuple arabe…

Isaac, qui n’était, selon toute vraisemblance, qu’un tout jeune enfant  lors de l’éloignement de son ainé Ismaël grandit, prospéra et donna naissance au peuple hébreu…

Depuis donc près de 4000 ans, cette histoire de succession n’est toujours pas réglée et on s’entretue encore aujourd’hui aux quatre coins du monde et surtout au moyen Orient,… par exemple à Hébron…  

Hébron, justement, où fut enterré Abraham  à l’âge de cent soixante quinze ans, ses fils ainés en ayant respectivement quatre vingt neuf pour Ismaël et soixante quinze pour Isaac et étant donc fâchés, officiellement par cette histoire de succession depuis … environ soixante quinze ans !

Devinez qui a enterré Abraham, ce jour là, à Hébron, d’après Flavius Joseph ?

Ismaël et Isaac !

On comprend pourquoi Flavius Joseph n’était pas en odeur de sainteté auprès de Rome, Jérusalem, Constantinople ou la Mecque ! Pensez !  Ismaël et Isaac, l’arabe et le juif, réunis fraternellement et affectueusement, dans une prière vers le Très Haut, au bord du tombeau de leur père commun Abraham … en matière du politiquement et religieusement correct d’aujourd’hui, cela fait désordre !