Au Brésil, le Pape dérape…

En se rendant le mercredi 9 Mai au Brésil, le Pape Benoît XVI a réalisé sa première visite en Amérique latine.

Par ses récentes déclarations ayant trait à l’avortement, à la politique régionale et à l’évangélisation, il n’a pas manqué de susciter la polémique.

 

Fidèle à la tradition de l’Eglise catholique, Benoît XVI a réaffirmé son opposition à l’IVG (la défense du « droit à la vie »), dans un pays où le ministre de la Santé, José Gomes Temporao, s’est déclaré favorable à l'organisation d'un référendum sur la dépénalisation d’une telle pratique. Cette nouvelle offensive du Pape intervient après la menace d’excommunication proférée par l’Eglise mexicaine à l’encontre des personnages politiques s’étant prononcés en faveur de la légalisation de l’IVG à Mexico.

Joseph Ratzinger a par ailleurs déclaré que l’Eglise « n'est pas une idéologie politique, ni un mouvement social, ni un système économique », fustigeant en cela les tenants de la théologie de la libération. Un courant qui pourtant a souvent su répondre au désarroi social des plus pauvres et des populations autochtones en Amérique latine.
Pis, il a exprimé sa préoccupation face à « (…) des formes de gouvernement autoritaires ou assujetties à des idéologies que l'on croyait dépassées », tout en recommandant aux partisans de l'économie libérale de prôner « l'équité ». Une lecture de la géopolitique régionale qui paraît aussi bien politique que largement partiale !

Mais enfin, et surtout, le Pape s’est aventuré à affirmer que « l'annonce de Jésus et de son Evangile n'a comporté à aucun moment une aliénation des cultures précolombiennes et n'a pas imposé une culture étrangère », suscitant de nombreuses réactions d’indignation. Au titre de celles-ci, on retiendra celle de l’historien Waldir Rampinelli (Université fédérale de Santa Catarina) qui a renvoyé Benoît XVI à la lecture des récits de Fray Bartolomé de las casas…[*]

[*] Fray Bartolomé de Las Casas, né à Seville le 24 août 1474 et décédé à Madrid, le18 juillet 1566. Frère dominicain espagnol, théologue et évêque du Chiapas (Mexique).
Il est l’auteur de la « Brevísima relación de la destrucción de las Indias » (1552) où il décrit la violence avec laquelle l’évangélisation s’est faite à l’égard des indiens de Méso-Amérique.

 

Une réflexion sur « Au Brésil, le Pape dérape… »

  1. Eh ben!
    Merci de me donner l’envie de réécrire un article sur ce sujet! C’est déplorable à quel point on tord ce que dit le pape pour le prendre en défaut, lui qui est bien plus fin et plus mesuré que ses adversaires!

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