DUB INC le reggae dans la peau

DUB INC est un groupe de reggae français actif depuis 1997. Le groupe a créé sont label indépendant lui donnant une liberté artistique totale.

Le métissage à tous les niveaux

Autant sur le plan du multiculturalisme des divers membres du groupe, qu’au niveau des sonorités ou des textes, le maître mot de DUB INC est: diversité. Les paroles prônent un monde plus égalitaire et qui accepte l’autre sans pré-jugés tandis que la musique nous offre des consonances  venues de tous horizons en restant toujours sur un fond reggae-ragga.

Une réussite sans l’aide des médias

Si vous parlez à des connaisseurs de reggae ou des intéressés par le sujet le nom DUB INC sonnera comme une évidence, mais ce groupe reste encore inconnu pour la plus-part du grand public.

En effet, nous ne les entendons presque jamais à la télévision ou à la radio, et c’est volontaire. Le groupe ne désire pas entrer dans un système financier qu’il combat ouvertement, préférant le bouche à oreille et l’impact de leurs performances scéniques pour accroître leur notoriété. On peut d’ailleurs entendre dans le titre « bang bang »: « Certains font des disques d’or, nous on est sur tous les disques durs ».

DUB INC ou l’amour de la scène

On parle donc d’un groupe avec une énergie débordante sur scène et qui n’hésite pas à prendre le public à parti pour que l’ambiance monte à son zénith.  DUB INC multiplie les dates de concert en France mais aussi sur la scène internationale. Ce qui n’altère pas la vision des choses du groupe, ainsi il fût par exemple possible de les voir gratuitement pour les fêtes de la ville de Gérone en Espagne en 2009 alors que l’année suivante on les retrouvaient sur la scène des Francofolies à La Rochelle. L’écart médiatique entre ces deux événements est énorme, ce qui prouve que DUB INC sait garder ses valeurs au fil du temps.

DUB INC nous offre des musicalités étonnantes associées à des textes conscients du monde d’aujourd’hui, alors ouvrez vos oreilles…

https://www.dub-inc.com/

L’UE à 27 : salutaire ou mortifère ?

Le Brexit va considérablement modifier les équilibres politiques en Angleterre et Pays de Galles. Mais certainement aussi dans divers pays. Il serait grand temps qu’émergent des formations politiques résolues à ne plus opposer Europe des nations et Europe fédérale, et qu’elles puissent prendre des initiatives communes, que ce soit à six ou sept, ou à 27.

Qu’adviendra-t-il du Brexit, s’il était jamais implémenté ? Selon David Cameron, la rupture n’est pas réversible (ce qu’il reste à vérifier), et le Royaume-Uni doit trancher entre trois voies. Soit un statut d’État commercialement associé, ou en passe de l’être, tel le Canada. L’accord EU-Canada, qui n’est pas encore ratifié, prévoit un libre-échange encadré excluant les transactions financières. Soit un statut similaire à celui de la Norvège. Dans ce cas, la contribution britannique augmenterait, et ce serait pratiquement le seul changement, les Britanniques poussant leurs intérêts en entretenant des groupes de pression à Bruxelles, mais n’ayant plus ni veto, ni représentants officiels. Soit l’association de type suisse : contribution moindre, liberté de circulation des personnes, comme pour la Norvège, mais pas des transactions financières. Bref, les deux points de clivage se rapportent à l’immigration infra-communautaire et au sort de la City et des banques britanniques. La Royal Bank of Scotland, Lloyds, Barclays’, et les autres institutions financières, ne pourraient plus opérer comme actuellement sur le continent, c’est-à-dire en toute liberté.

Le remodelage des partis politiques britanniques est en voie d’accélération. Les conservateurs ne seront plus tout à fait sur la même ligne si Boris Johnson l’emporte ou non sur Teresa May (ou une, un autre candidat). Les travaillistes soient se scinderont, soit se purgeront en éjectant Jeremy Corbin ou, si ce dernier pouvait se maintenir, en se coupant d’une large majorité parlementaire dont la réinvestiture n’irait pas de soi. Un troisième larron pourrait aussi fortement évoluer : l’Ukip. Son principal donateur, Arron Banks, un assureur multimillionnaire (tiens, comme c’est étrange…), pourrait refonder le parti pour attirer les déçus conservateurs ou travaillistes, réservant à Nigel Farage un statut honorifique proche de celui dont aurait pu se contenter Jean-Marie Le Pen.

En Écosse, peu de changement, si ce n’est un rapprochement entre une partie du Labour écossais et le SNP indépendantiste, lequel devrait se renforcer considérablement si le Brexit finissait par s’appliquer (soit aux lendemains du 9 septembre, et la nomination de la ou du futur Premier ministre britannique). Sauf que le SNP se retrouverait dans une impasse s’il ne pouvait obtenir quoi que ce soit de l’UE. Or, l’Espagne, qui n’a pas envie de voir la Catalogne s’emparer d’un précédent, opposera un veto à toute initiative institutionnelle associant mieux l’Écosse à l’UE des 27.

Le modèle d’une UE fédérale fait figure d’épouvantail pour les partisans de l’Europe des nations (dont le Royaume-Uni, celui des conservateurs comme celui des travaillistes). Mais ce modèle, appliqué par l’Allemagne ou la Confédération helvétique, n’a rien d’un repoussoir. En revanche, si l’on se tourne vers les royaumes de Belgique ou de Grande-Bretagne, on en voit les failles. Le modèle de l’Europe des nations est de fait, quoi que puissent en dire les souverainistes, l’actuel : l’Allemagne en profite le plus en raison de la cherté de l’euro pour la France, les pays du Sud et ceux de l’Est, mais aussi du fait de l’imposition et du bas coût des salaires pour les postes peu ou pas qualifiés. Elle bénéficie de prêts à taux négatifs, fonde sa compétitivité et ses excédents commerciaux sur de bas niveaux de salaires.

Il existe pourtant des voies médianes entre les deux modèles, et elles pourraient être développées, soit à 27, soit entre pays fondateurs s’élargissant à ceux disposés à les rejoindre.

L’un des textes les plus éclairants du moment est la contribution Reconstruire l’Euope, de Thomas Piketty (en accès libre sur le site des blogues-notes du Monde). Son analyse des causes du Brexit n’apporte pratiquement rien de nouveau ou d’inconnu du lectorat de Come4News (en tout cas, celui qui consulte mes contributions). Pour résumer, les torts sont partagés entre partis de droite, du centre et de gauche européens, et les partis britanniques, qui se sont opposés à toute avancée fédéraliste. Les partis français, pour que la France bénéficie de taux d’emprunt proches de ceux de l’Allemagne, ont collé aux vues germano-britanniques.

Piketty préconise que des sanctions soient appliquées aux « paradis fiscaux de la couronne britannique » (qui alimentent très fortement la City) et qu’intervienne un « moratoire sur les dettes européennes ». Mais il faudra aussi envisager des réformes structurelles, et entamer une « refondation démocratique ».

Parmi les démarches qu’il envisage figure la remise en cause des rôles respectifs du Conseil européen (ou plus largement, des conseils, celui des chefs d’État ou de gouvernement, celui des ministres par catégories sectorielles : finances, agriculture, transports…) et du Parlement européen. On le sait, c’est le Conseil qui prédomine largement et tout ce qui a été le plus reproché par les Britanniques à l’Europe découle des décisions de leurs gouvernements successifs. La règle de l’unanimité s’impose au Conseil pour toutes les questions importantes (fiscalité, règles budgétaires, degré d’autonomie des régions…) qui peuvent être écartées par un veto.

On pourrait inverser les rôles, le Conseil n’ayant plus qu’une fonction consultative ou de mise en garde, et le Parlement devenant in fine décisionnaire (avec ou sans va-et-vient, comme, en France, entre l’Assemblée et le Sénat). Cela impliquerait aussi des règles claires quant à l’initiative des lois et réglementations (en France, le gouvernement détient de fait l’essentiel de l’initiative des lois). Il serait aussi envisageable d’instaurer un « bicaméralisme européen ». Nous aurions alors deux parlements, l’un élu au suffrage universel (soit l’actuel), l’autre désigné à la proportionnelle (Piketty n’indique pas si elle serait intégrale ou non) par les chambres parlementaires des divers pays.

Pourquoi pas ? Encore faudrait-il revoir les frais de fonctionnement de ces deux parlements, tant la Commission que le Conseil ou l’actuel parlement grèvent déjà copieusement les investissements du fait de rémunérations élevées, de frais considérables. Il faudrait aussi « imaginer (…) différentes règles de majorité qualifiée ».

Piketty n’aborde pas le problème de l’interrégionalité européenne. Elle existe déjà plus ou moins, pour des régions frontalières de part et d’autre des limites territoriales, aussi par le biais de jumelages sectoriels (par exemple, en matière de formation, entre le Banat ou Timis roumain et le Grand Lyon). Cela ne résoudrait sans doute pas l’épineuse question de l’intégrité territoriale (cas de l’Écosse, de la Catalogne, peut-être de l’Ulster pouvant désirer se rattacher à la république irlandaise, mais aussi, dans certains cas, de revendications nationales comme celles de la Hongrie accordant la double nationalité aux magyarophones roumains, &c.).

« Transformer progressivement les législateurs nationaux en colégislateurs européens » semble judicieux à Piketty. Lequel relève au passage qu’un souverainiste fort mitigé tel J.-P. Chevènement vient aujourd’hui plaider certes pour un parlement européen issu des nationaux, mais, ô paradoxe, pour un renforcement du Conseil. Pour conflictuel que cela semble, c’est au moins aborder autrement que les candidats à la primaire à droite, ou les frondeurs et hollandistes, et même les écologistes ou centristes français, la question fondamentale du devenir de l’UE.

Une autre hypothèse, évoquée par des parlementaires européens, consiste à constituer un parlement de la zone euro. Et pourquoi pas deux conseils, l’un de la zone, l’autre élargi ?

Pour en revenir au Brexit en lui-même, on constate un fort infléchissement (ou un flottement ?) de la position française. Après avoir laissé Emmanuel Macron appuyer le Project Fear des conservateurs pour le maintien (soit un alarmisme outrancier sur les conséquences du Brexit) sans le rappeler à l’ordre, voilà que Hollande et Valls laissent de nouveau Cazeneuve affirmer l’intangibilité des accords de Sangatte et du Touquet (sur le report de la frontière de Douvres à Calais). Laisser planer le doute n’aurait-il pas été plus conforme à la volonté proclamée de fermeté face aux exigences britanniques ?

Pire. Voilà que, sans le moindre démenti de l’Élysée ou de Matigon, Michel Sapin laisse entrevoir aux Britanniques que leurs vues sur un tri des immigrants communautaires pourraient être considérées lors des futures négociations. Cela suppose-t-il que, si des ressortissants européens entraient sans visa au Royaume-Uni, ils seraient renvoyés vers la France ? Faudra-t-il créer un « second Calais », y compris pour des Français ayant tenté de travailler outre-Manche et ne retrouvant pas de possibilité de logement en France ? Peut-être pourraient-ils s’employer à donner, dans leur jungle commune, des cours de français aux Baltes, Roumains, Polonais, &c., refoulés par la police ou les douanes de Sa Majesté ? Michel Sapin était-il soucieux d’offrir de nouveaux arguments au Front national pour qu’il devance les Républicains lors de la campagne présidentielle ?

Cet insolite indice d’un net repli de la position française a été formulé par le ministre français des finances devant les caméras de Newsnight, le bulletin vespéral de la BBC. C’est ainsi offrir des facilités à BoJo (Boris Johnson, candidat à la primature) qui a rassuré en déclarant que tout serait discuté, sans a priori, cela en contradiction totale avec les récentes affirmations des chefs d’État européens. C’est peut-être faire la nique à Macron, ou songer à remplacer Lagarde au FMI avec l’appui du Royaume-Uni, mais aussi conforter la place de Londres qui a recouvré ses pertes (en dépit du fléchissement de la livre, l’indice Footsie est remonté à son niveau d’avant le référendum).

Bref, au lieu d’évoquer une relance de la construction européenne, un ministre français de premier plan laisse entendre que tout peut s’arranger, se négocier, et qu’après tout, quitter l’Union n’est pas si dramatique. Les bons comptes continueront à faire les bons amis. Et les mêmes victimes, les mêmes mécontents, les futurs ralliés à un souverainisme s’amplifiant, les encore plus dégoutés du jeu politicien qui virent à l’abstentionnisme, &c. Ceux qui ne s’abstiendront pas se souviendront de l’attitude du PS lors des prochaines européennes.

Salutaire ou mortifère, le Brexit ? Ni l’un, ni l’autre dans l’immédiat. Pour le moyen et surtout le long terme, sans ressaisissement, il y a de quoi désespérer.

Conforter les conservateurs britanniques, c’est approfondir ce que dénonce le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’Onu qui vient de se prononcer sur la politique d’austérité au Royaume-Uni. Les inégalités se creusent, les indemnités d’assistance se réduisent tandis que grimpe la TVA mais que baissent les droits de succession et les taxes versées par les entreprises. Un véritable effet de ciseaux. Si c’est cela que veut importer Michel Sapin, qu’il le dise franchement.

P.-S. – Avant l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté européenne d’alors, j’étais étudiant en anglais et j’avais trouvé un job d’été (employé d’entretien) dans un hôpital écossais. Il fallait redescendre au Home Office demander un permis. Á peine avais-je ouvert la bouche que le fonctionnaire m’assena un No, Sir ! Je tentais de m’expliquer, ce fut Next, please… Je n’eus pas à rejoindre une « jungle de Calais » et j’ai filé vers Bremen où je fis la plonge. J’imagine que les descendants de Michel Sapin et de ses épouses successives trouveront sans problème à s’employer au Royaume-Uni : un courtois échange préalable suffira, quoi qu’il advienne.

 

NOS LUMIERES ETEINTES

La question identitaire est loin d’être nouvelle et ne laisse personne indifférent, le besoin d’appartenances figure à la troisième position dans la pyramide du bonheur, reste à savoir de quelle(s) appartenance(s) il s’agit ?

La question identitaire est un cancer qui répand ses métastases dans des esprits émotifs dont la raison est malade, bref,  mal-aidée, certaines vérités n’ont pas connues une ampleur ni même une légitimité qui leur revienne de jure. Être Amazigh, c’est le non-être ! Ce n’est qu’une illusion.

Tertullien, Saint Augustin, Térence, Apulée et autres, tant de personnalités Amazighs romanisés depuis la constitution de Caracalla de 202 (La pax Romana) leur apport est indéniable et indélébile. Ont-ils fait quelque chose pour leur appartenance Amazigh ? Non, rien de tout. Ils se sont intégrés et ont voulu participer à l’aventure humaine et aider l’Homme (pas un peuple distinct) par leur érudition à mieux se connaître comme  le fameux : connais-toi toi-même d’Apollon. Quand est-ce que la crise de l’Amazighité a-t-elle vu le jour ? Durant la moitie du XIX siècle selon les écrits de Ali Yahia Abdennour dans La crise berbère de 1949, mais Ali Guenoun, l’historien ne partage point cette optique, pour lui, il s’agit d’un conflit de leadership. Shlomo Sand, dans Comment j’ai cessé d’être juif ? Parlait de diverses identités qui professaient le clivage et le sacrifice, de l’identité religieuse d’antan à l’identité nationale. Ce qui nous incite à poser des questions et émettre des suppositions, avant la colonisation Française ce fût l’amnésie totale, pour quoi ? Alors qu’en lisant l’histoire d’un parjure de Michel Habart stipulant que les colonisés (Algériens) étaient plus instruits que les colonisateurs (Français). Le mot « Amazigh » a une étymologie infondée et bancale, il signifie « homme libre, parfois homme noble » donc dire être un Amazigh, juif, chrétien ou musulman est un oxymore très malsain, l’érudit Boissonnade a dit : « on est convenu d’appeler synonymes des mots dont le sens a plus de rapports que de différences » et le mot amazigh est plus proche du mot « athée » que de « théiste ». Mohand Akli Haddadou, dans son livre Défense et illustration de la langue berbère où il a favorisé l’appellation du mot Amazigh parce qu’elle avait une connotation méliorative, celle de liberté et de noblesse à l’autre, berbère, qui a donné barbare aux Grecs. Juba, le polythéiste Numide (le nom de Numidie lui-même est une qualification des Romains !), Dihia (alias Kahina), la juive Numide, J. E.M Amorouche, chrétien Algérien,   M. Arkoun le musulman Algérien et Boudjedra l’Athée Algérien ! Tous reliés, mais si différent l’un à l’autre, comme le résume si bien Sartre : « c’est en avançant dans la vie qu’il comprendra qu’il est et construire son identité » Et ce qu’a dit l’historien Marc Bloch : « les Hommes sont plus les fils de leur temps que de leurs pères » Le pire dans l’histoire c’est que certains kabyles qui se disent séparatistes (pour des raisons que la raisonne ne connaît pas toujours) qui aiment tant haïrent les dits Arabes ne sont pas sans savoir que le Tamazight ou le berbère est une langue chamito-sémitique (afro-asiatique) un sous groupe des langues dites sémitiques d’où dérive l’arabe. L’agent le plus corruptible est le politique (selon le classement de Cicéron) qui donne des cours d’ethnologie et d’histoire ? Ce sont les Romains à l’instar de Salluste qui nous apprennent qui était  Tacfarinas, Massinisa, Juba ou Jughurta. Comme si l’histoire de l’Algérie-Française nous est racontée par Jaques Chirac ou Jean M. Lepen ! Ça tournera au dérisoire de nos jours, Jean Ziegler a écrit un essai La victoire des vaincus qui ne concernent pas les Amazighs du moment qu’ils n’ont pas empêchés d’autres envahisseurs ; malheureusement ils n’ont pas connu cette victoire dont l’essayiste parle. Être Amazigh, c’est le non-être ! Chateaubriand nous apprend dans Histoire de France : « Toute révolution qui n’est pas accomplie dans les mœurs et dans les idées échoue ». Quand on  lit Du témoignage de Jean Norton Cru, on se rend compte que l’histoire a tant de versions, engendrant des vérités qui peuvent être contraires comme en a si bien parlé Pascal Blaise dans ses pensées.

En réalité, il n’y a jamais eu de ‘’nos’’ supposant l’existence d’un ‘’vos’’ (cette altérité fascisante), mais il y a des lumières qui  ne peuvent être orphelines seulement si personne ne s’y intéresse, malheureusement c’est la situation actuelle de bien des communautés « identitaristes »

A. C.

Le Brexit selon Macron : du machiavélisme de comptoir ?

Pour la seconde fois en trois mois, Emmanuel Macron, outrepassant son rôle et ses fonctions ministérielles, a évoqué un Royaume-Uni hors de l’Union européenne devenu aussi insignifiant mondialement que Guernesey. Malhabile provocation ou hypocrite volonté de faire gagner le camp du Brexit ?

En comparant le Royaume-Uni sorti de l’Union européenne à un comptoir commercial de l’importance de Guernesey, Emmanuel Macron s’est soit comporté en parfait crétin, soit en harangueur d’estrade. En plus, il récidive…

Il est fort probable que, si le Royaume-Uni se séparait de l’Union européenne, David Cameron (ou Boris Johnson ou tout autre conservateur pouvant le remplacer au 10 Downing Street) négociera avec Bruxelles – soit de fait avec les chefs d’État et les ministres des finances de l’UE – un statut proche de celui des pays hors union mais appartenant à l’Espace économique européen. Il s’agit de trois pays signataires de l’Association européenne de libre-échange (Norvège, Islande, Liechtenstein) auxquels on peut ajouter la Suisse, signataire elle-aussi mais n’ayant pas encore ratifié le traité de l’AELE.

Dans ce cas, il y a fort à parier que les pays membres de l’UE imposeront des conditions similaires à celles s’appliquant à ces pays.

Pour la majorité de la classe politique norvégienne, ficelée par les résultats de deux référendums rejetant l’adhésion à l’UE, ce statut n’est guère avantageux. Pour continuer à faire pression dans les coulisses de Bruxelles, le gouvernement, le patronat et les syndicats norvégiens s’accordent au moins sur la contrepartie : une contribution financière importante. La Première ministre norvégienne, Erna Solberg, s’exprimant récemment dans Politico, a conseillé aux électeurs britanniques de ne pas s’aventurer dans cette voie : la Norvège s’est vue contrainte d’intégrer l’espace de Schengen, s’acquitte d’une contribution proportionnelle à ses revenus qui est relativement plus importante que celle du Royaume-Uni – lequel bénéficie d’une dérogation obtenue par Margaret Thatcher –, et s’aligne sur la plupart des décisions juridiques de l’Union (environ les trois-quarts) sans pouvoir opposer un veto. En sus, son gouvernement entretien une cinquantaine de délégués permanents dans les couloirs bruxellois ; patronat et syndicats font de même.

Dans un entretien accordé au Monde, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, a précisé la position française : en cas de Brexit, la contribution britannique sera similaire à celles des pays de l’AELE. Mais il a assorti ce qui peut être pris pour une menace financière d’un insolite comparaison, déjà employée précédemment. Hors de l’UE, le Royaume-Uni se retrouverait dans la situation d’un comptoir commercial dont l’influence serait comparable à celle d’une île anglo-normande, Guernesey. Pourquoi pas Chausey ou Sercq, voire Sainte-Hélène (ou l’inhabitée Rockall, d’une superficie de 25 m²) ?

Une comparaison avec le Japon, qui est aussi, comme le serait le Royaume-Uni coupé de l’Union, « un petit pays à l’échelle du monde », aurait été concevable. Celle-ci est d’une outrance inconvenante et on peut se demander si Emmanuel Macron la formulée sciemment ou non.

Elle est de nature à inciter les eurosceptiques encore indécis à se rendre aux urnes pour lui adresser en retour l’équivalent du mot de Cambronne : F*** you ! De quoi renforcer la détermination des partisans du Brexit à ne surtout pas s’abstenir.

On feindra de croire qu’Emmanuel Macron, qui souhaite un renforcement de l’Union, et que se développe un sentiment d’appartenance à une Europe plus fédérale encore, et vaguement moins néolibérale (ben tiens, venant de lui…) considère que celle-ci gagnera à se conforter sur l’espace continental, ce qui implique que le Royaume-Uni largue ses amarres.

La provocation est toutefois quelque peu grossière, et même injurieuse. À trop vouloir copier les méthodes et les propos de Sarkozy, Emmanuel Macron s’expose à des dérapages que même l’ex-président sait mieux contrôler.

Les Britanniques, et surtout bien sûr les Anglais, ont été exaspérés par les exagérations, les arguments confinant au chantage, à l’alarmisme outré d’une large partie de la classe politique et des castes industrielles ou financières s’opposant au Brexit.

Pour le continent, les conséquences du Brexit ne seraient pas qu’économiques ou diplomatiques (puissance nucléaire, disposant d’un veto à l’Onu, le Royaume-Uni est aussi un partenaire précieux).

Les répercussions sur la politique intérieure des pays adhérents présenteront des similitudes avec ce qui risque de se produire au Royaume-Uni. Soit un renforcement de l’influence de l’Ukip, le parti de Nigel Farage. Un parti xénophobe, ultra-nationaliste, qui s’efforce de gagner en respectabilité (notamment en se rapprochant de Dupont-Aignan, infligeant ainsi un camouflet à Marine Le Pen et au FN).

Le nouveau chancelier autrichien, Christian Kern, est tout aussi inquiet des conséquences du Brexit : il encouragera les électorats populistes en Europe. Ceux-ci se sont notoirement renforcés en Autriche du fait de l’afflux d’immigrés et le candidat du FPÖ (parti de la liberté de l’Autriche), Norbert Hofer, a failli de très peu emporter l’élection présidentielle. Le chancelier autrichien estime que la dérive néolibérale de l’Union européenne facilite la montée en puissance des partis nationalistes et populistes.

L’exagération d’Emmanuelle Macron a été fraîchement reçue au Royaume-Uni. Même le lectorat du quotidien en ligne The Independent a majoritairement ironisé, ou s’est offusqué. Il a même été avancé que « l’élite politique française déteste le Royaume-Uni et se sentirait les coudées plus franches si le Brexit l’emportait… ». Ou que, ex-banquier d’affaires, il poussait l’électorat anglais vers la sortie afin de renforcer l’influence de la finance continentale. Sa pique révèle une vanité injurieuse et « ajoute de nombreux votes aux partisans du Brexit. ».

Les plus mesurés l’ont comparé au soldat français du film des Monty Python, Sacré Graal (soit un petit roquet finissant déconfit, et toussotant des cocoricos sur son tas de fumier).

On épargnera à Emmanuel Macron les commentaires glanés dans la presse populaire anglaise…

Un commentateur sur le site du Financial Times pose clairement la question : « serait-ce que le gouvernement français tente de saper le camp du Remain et de pousser au Brexit ? Ou que la France se considère toujours être le centre du monde ? ».

Un autre semble avoir été inspiré autrement par cette menace de représailles : « et si on mettait tous les produits consommables français en quarantaine aux îles Scilly ? » (avant de pouvoir être mis sur les rayons anglais). De quoi renforcer la réputation du pays des fromages « qui puent ».

Il est certain qu’en France, nombreux sont celles et ceux qui considèrent que la sortie du Royaume-Uni permettra de renforcer la coopération européenne. Günter Oettinger, le commissaire allemand à l’économie numérique (après avoir été chargé de l’énergie) est d’ailleurs de cet avis. Le seul contre-argument qu’il envisage tient au risque d’un « effet domino » que Macron a écarté d’un revers de main : les Pays-Bas ou le Danemark pourraient être tenté de suivre…

Dans ce cas, la crédibilité de partis comme le Front national serait raffermie. Macron roulant pour le FN ? On attend désormais les réactions de Jean-Marc Ayrault (Affaires étrangères) et d’Harlem Désir (Affaires européennes) ou même de Matthias Fekl (Commerce extérieur, promotion du tourisme… parmi les réactions suscitées par Macron outre-Manche figure le boycott des produits français). Jean-Marc Ayrault, en visite à Londres, avait su employer les mots confortant la position de David Cameron, « on ne demande pas aux Britanniques de nous suivre dans tout, chacun fait ce qu’il veut, l’Europe différenciée a été actée » (sous-entendu : ce référendum, imposé au Premier ministre britannique, n’a plus vraiment lieu d’être). Quant à la pertinence d’évoquer des renégociations financières en cas de Brexit, il revenait à Michel Sapin d’en décider.

Pourtant, Emmanuel Macron a réussi : à (re)faire parler de lui. C’est de plus, sur la question, un récidiviste. À la mi-avril dernière, en termes à peine mieux mesurés, devant Andrew Marr, de la BBC, il avait déjà évoqué Jersey et Guernesey, et même un renforcement des contrôles des porteurs de passeports britanniques. Le Daily Express avait alors donné largement la parole à des partisans du Brexit pour répliquer et lui dire son fait : « plus des ministres français parleront de la nécessité pour nous de rester dans l’Union européenne, mieux c’est car cela revient à inciter davantage d’électeurs à voter pour la sortie. ». Total ahuri ou politicard prêt à tout afin de se mettre en avant ?

Charitablement, on optera pour une troisième hypothèse : Macron prépare son retour dans le secteur bancaire français et parie sur un Brexit qui affaiblirait la City. Pari risqué et quelque peu cynique. Comme Siné avait pu le dire d’un fils de Sarkozy, « il ira loin, ce petit ».

À moins qu’il soit assez retors pour imaginer qu’un vote pro-Brexit ne serait pas entériné par le parlement britannique : 68 % des députés sont pour le maintien dans l’Union. Mais on voit mal celles et ceux craignant pour leur réélection s’aventurer à censurer une majorité de leurs électeurs. In fine, il est vain de supputer qu’Emmanuel Macron réfléchisse autant, si ce n’est à son propre destin…

Comment Daech adoucit la charia pour se financer

Le propre des religions, et de l’islam en particulier, c’est de se fonder, assènent les religieux, sur des principes décrétés intangibles, immuables… Tout historien des religions sait qu’il n’en est rien… Voici même que Daech, en mal de ressources, en vient à édulcorer la charia pour compenser la baisse de ses revenus budgétaires…

L’Islam, religion de paix, d’amour, &c., dont la devise pourrait être « soumission, inégalité, unanimisme », se targue souvent d’être la croyance la plus féministe au monde… On peut bien sûr l’interpréter différemment, mais les rigoristes que sont les dirigeants de l’État islamique, Daech, font preuve d’une certaine indulgence pour la gent féminine. Pour preuve, l’amende sur la détention de cigarettes les frappant est moitié moindre (l’équivalent de 23 USD) que celle dont les hommes doivent s’acquitter.

De nouveau, le cabinet anglo-saxon IHS, qui publie le célèbre Jane’s, consacré aux armements divers, s’est penché sur la vie quotidienne sous domination de Daech en Irak et Syrie.

Ce n’est pas tant les nouvelles taxes, sur un peu tout et n’importe quoi, qui retiennent l’attention. Mais ce tout récent, insolite, voire impie aménagement de la charia : désormais, certaines infractions, divers délits, voire crimes, entraînant châtiments corporels ou amputations, peuvent être punis sous forme de lourdes amendes.

La raison de reniement dont ne sait trop quel texte ou hadith tient à la chute des ressources de Daech.

Cela découle des contrôles financiers plus étroits qu’exercent les pays combattant l’État islamique, aux frappes visant les champs de pétrole, aux pertes de territoire, et surtout de population.

Mieux vaut un mécréant, une pécheresse, vivant et valide, et taxable, que mort ou sur le départ…

Adoucir la charia vaut mieux que de voir Daech (et surtout ses dirigeants) s’enfoncer dans la dèche.

Diviser par deux la solde des combattants n’a pas suffi. Il est désormais nécessaire d’accentuer le racket des populations civiles sous contrôle, ou ce qu’il en reste.

On ne sait si les familles des brigadistes internationaux de l’État islamique se verront bientôt réclamer rançons pour épargner la vie de leur progéniture estimée trop peu valeureuse au combat et naguère exécutée sur le champ.

La baisse de population est due aux pertes territoriales, mais surtout aux évasions (admettons-le aussi, les frappes aériennes peuvent provoquer des dommages collatéraux, mais, numériquement du moins, cela reste vraiment marginal, sauf, peut-être, lors des offensives russes et syriennes). La plupart des habitantes et habitants, en particulier les sunnites quelque peu moins stricts, et les non-sunnites rançonnés, prennent le large à la moindre occasion.

Sortir de Raqqa est devenu plus onéreux (800 $), s’en absenter plus de deux semaines entraîne la confiscation de tous les biens (les revendre, à toujours moins d’acquéreurs, rapporte peu, sauf pour les consommables).

Désormais, pour les hommes et grands adolescents, ne plus être glabre n’exempte pas d’une amende. La barbe doit être suffisamment hirsute. Si vous vous taillez le collier, c’est 50 $.

Aux péages aux points de contrôle s’ajoute un interrogatoire. Peu féru de coran, de charia ? C’est 20 USD par question restant sans réponse ou en cas de réponse insuffisamment détaillée. Il est fortement conseillé de s’inscrire à des cours (payants ?) de rattrapage…

Les extorsions et confiscations visant sunnites et surtout non-sunnites ne sont guère nouvelles. Les sunnites suspects d’avoir collaboré avec les autorités antérieures doivent aussi s’acquitter d’une taxe (variable) de repentance. Elle s’est alourdie et en conséquence, elle doit être réglée par mensualités.

Le Times of India et le Corriere della sera se sont penchés sur le rapport de l’IHS. Les manquements à la bonne tenue vestimentaire sont désormais, pour les hommes comme pour les femmes, plus lourdement taxés et les critères ont été étendus. Le tarif des péages pour les camions a plus que doublé, atteignant, selon les zones, les 700 dollars.

Le racket (taxes, amendes, contributions forcées) représenterait à présent près de la moitié des ressources de l’État islamique. Mais comme c’est intenable, les fuyards multiplient les risques, et les recettes s’amenuisent. Trop d’impôt tue l’impôt, même si l’évasion fiscale est faible (sauf, sans doute pour les dirigeants ou les traders mercenaires recrutés à de très hautes rémunérations : le boursicotage sur les devises contribue aussi aux revenus de Daech).

Certes, la mise à prix aux enchères des esclaves chrétiennes a fortement augmenté, du fait de leur raréfaction, mais la « qualité » baisse : mal nutries, souvent malades et privées de médicaments, de soins dentaires, ces victimes sont devenues d’un piètre retour sur investissement. De plus, certaines consignes nouvelles ont dû être mal répercutées à l’avant des lignes ou auprès des milices urbaines. Selon une source russe (répercutant une source kurde, et donc, admettons, susceptible d’être discutable), 19 habitantes de Mossoul auraient été, jeudi dernier, mises en cages puis brûlées vives en public. Leur valeur marchande n’a pas été précisée…

Tout est devenu bon pour pressurer : laisser la porte de sa demeure ouverte, même pour prendre l’air assis devant son seuil, expose à une amende.

Les territoires se rétrécissant et les fuites – mais aussi les exécutions – se poursuivant, la population civile sous contrôle a diminué de près d’un tiers (6 contre 9 millions auparavant).

Cela devrait s’aggraver : l’armée irakienne semble en bonne voie de reconquérir Falloujah (et a pris vivant un colosse de 20o kg surnommé l’Ogre ou le Bulldozer) ; l’armée syrienne, appuyée par des forces russes, sur un front, les rebelles syriens sur un second, font des percées dans la province de Raqqa.

L’artillerie et l’aviation russes n’ont pas trop de considération non plus pour les populations civiles. Quatre installations pétrolières de la province de Raqqa ont été détruites. Les coalisés des pays arabes et occidentaux visent aussi les installations pétrolières mais considèrent que les détruire totalement assécherait trop fortement Daesch, ce qui aurait des répercussions sur les achats alimentaires, de médicaments, &c., bénéficiant aussi, accessoirement, aux civils.

Daech riposte en lançant une offensive sur Deir Erzor, en voie d’être reprise par l’armée syrienne.

Il semble que l’État islamique devra mieux trier ses boucliers humains et ses kamikazes : ce serait dommage de sacrifier des contribuables ou des contrevenants susceptibles de régler des amendes…