En Afrique, la terre est sacrée. Elle appartient à la famille, au clan et nul corps qui n’en émane ne peut en disposer ainsi que l’a appris à ses dépens BIAGNE.

Installé chez son frère depuis quelques jours, BIAGNE ne réalise pas encore exactement ce qui lui arrive. Il en est encore à se demander comment en l’espace de quelques heures, le fruit de l’effort de toute une vie à pu s’effondrer comme un château de sable. En agro pasteur prospère exerçant ses activités dans le pays profond, BIAGNE est aujourd’hui réduit pratiquement à la mendicité. Et quand il revoit le film des circonstances douloureuses de sa ruine, il se dit que contrairement à d’autres, il a eu beaucoup de chance d’être toujours en vie.

Lui dont l’épouse et les enfants, la plantation et les bêtes se sont de nuit volatilisés sous  les flammes des feux incendiaires de pyromanes enragés. Que vaut ce paradis de vie sans les siens ni rien ?

Même s’il ne s’explique pas les mobiles des barbares qui ont fait cela, il comprend maintenant qu’un homme frustré est capable du pire. Des étrangers à qui l’on a offert l’hospitalité et des terres en guise de gagne pain. Des étrangers à qui l’on demande aujourd’hui de rétrocéder lesdites terres ; ce sont ceux-là même qui en représailles mènent des raids nocturnes pour tout détruire sur leur passage.

Ce qu’ils oublient c’est que la violence appelle la violence. On s’enferme dans un carcan dédaléen d’où il est impossible de se sortir. Plongé dans de telles élucubrations, BIAGNE sent la haine lui monter à la tête et son désir de vengeance s’en trouve plus accru. Il songe alors au retour.