Angela Merkel affaiblie ?

C’est un coup dur pour Angela Markel. Le parti conservateur CDU qu’elle représente a perdu le scrutin régional le plus important du pays puisqu’il concernait le Land le plus peuplé d’Allemagne (18 millions d’habitants), la Rhénanie du Nord-Westphalie. La CDU n’a obtenu que 26% des suffrages contre 39% pour les sociaux-démocrates du SPD. Il s’agit du pire score historique de la CDU dans cette région. C’est une situation qui s’avère inquiétante pour le chancelière dont la dynamique semble en panne depuis plusieurs semaines. A 16 mois des élections législatives, cette défaite résonne comme une alerte importante, dans un contexte marqué par une contestation de plus en plus forte des politiques d’austérité qu’elle a voulu imposer dans toute l’Europe. Ces politiques, elles les a instaurées avec Nicolas Sarkozy, battu par François Hollande il y a 8 jours. La montée de l’opposition pourrait compliquer la ratification du pacte budgétaire puisqu’il faut une majorité aux deux tiers des députés pour ratifier le texte, ardemment défendu par Angela Merkel. Cette défaite intervient à la veille de la rencontre entre la chancelière allemande et le nouveau président François Hollande.Ce dernier a promis qu’il essaierait d’imposer un volet croissance au pacte de stabilité voté en décembre dernier. Et même si les prévisions de la Commission Européenne sont décevantes pour 2013, François Hollande conserve le même cap. D’abord très réticente, la chancelière semble avoir pris un virage depuis quelques semaines. Le gouvernement allemand a d’ailleur publié un plan en six points pour soutenir la croissance : rôle accru de la Banque Européenne d’Investissement, grands travaux, meilleure utilisation des fonds structurels, renforcement des accords de libre-échange… Mais tous ces points ont en commun qu’ils ne touchent absolument la dépense publique. Sur ce point, l’Allemagne garde la même lignée : pas question de financer la croissance par de la dette supplémentaire, et les objectifs budgétaires doivent être tenus. 

 

Grèce : pas de problème pour les banques françaises

Si les deux partenaires européens n’arrivent pas à se mettre d’accord de suite sur la croissance, ils pourraient parler du point chaud de la zone euro, la Grèce. L’impossibilité des partis politiques grecs à former un gouvernement pourrait déboucher sur de nouvelles élections qui conduiraient à un renforcement encore plus massif des partis extrêmes, qui s’opposent à toute forme d’austérité. La situation inquiète les marchés qui finissent en chute libre ce lundi. L’hypothèse d’une sortie de la zone euro est de moins en moins improbable. Mais selon Christian Noyer, le président de l’Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP), les banques françaises ne risquent rien, même en cas du pire scénario en Grèce. Tout simplement car elles ont déjà provisionné 75% leurs titres de dette souveraine grecque et n’en possède désormais que quelques centaines de millions d’euros. Une exposition qui serait largement gérable. Les établissement bancaires français ont également réduit leur bilan et possèdent des ratios de fonds propres supérieurs à 9%, au-dessus du seuil fixé par Bâle III et l’Autorité Bancaire Européenne.  C’est le Crédit Agricole qui serait le plus exposé car le groupe possède une filiale en Grèce, Emporiki, la cinquième banque du pays. Mais sur ce point, pas de souci non plus, d’après Christian Noyer.

S’il y a un secteur qui pourrait se réjouir d’une sortie de la Grèce de la zone euro, c’est celui du tourisme. Selon les spécialistes, la destination d’Athènes est moins courtisée depuis 2001, à cause d’un euro trop fort. Par conséquent, les destinations concurrentes, comme la Tunisie ou le Maroc, sont plus en vogue. Une sortie de la zone euro et le retour à une monnaie nationale rendraient la destination plus accessible.