Derrière le mot barbare de « désintermédiation », mot ultra-technique qui signifie la suppression des intermédiaires, se cache une véritable nouvelle manière de penser des PME qui, pour leur croissance, sont à la recherche de capitaux. Mais avec la crise économique et des banques de plus en plus réticentes à prêter de l’argent pour des projets qu’elles perçoivent peut-être plus risqués qu’ils ne le sont, trouver des capitaux n’est pas simple pour les entreprises de taille réduite, les PME, les ETI, et les TPE. Pourtant, tout le monde le sait, l’investissement est l’ami de la croissance, si ce n’est sa condition nécessaire.




 Les crédits accordés aux PME reculent

 

Entrepreneurs et banques se rejettent la faute mais les faits sont là, les crédits accordés aux TPE et aux PME sont en reculEn fait, si 72% des projets ont été financés par les banques au second trimestre 2013, seuls 60% de ces crédits accordés étaient du montant effectivement demandé. De quoi mettre en péril le projet d’investissement initial.


Les banques sont-elles en cause ? Pour les entrepreneurs, oui. Ils se sont plaints, dans une étude KPMG de 2013 réalisée pour la CPGME, des lignes de crédit qui ne correspondent pas à leurs attentes ainsi que des « frais élevés » que demandent les banques. Or, pour ces dernières, le problème est ailleurs : il est chez les entreprises.

 

Les banques, au contraire, estiment bien faire leur travail et accorder les prêts comme il se doit. Mais si les entreprises n’ont pas le financement nécessaire ce serait une question d’autocensure : elles ne demanderaient pas assez d’argent lors de leur demande.

 

Que ce soit la faute aux banques ou aux entreprises, plus probablement aux deux, cela ne change rien au problème : le besoin de financement est bien là. Selon l’étude KPMG, deux PME sur trois auraient besoin d’un crédit pour relancer ou affirmer leur croissance. La question du crédit aux PME et aux TPE, qui représentent plus de 99% des entreprises en France, est donc un sujet plus que fondamental en cette période de croissance en berne.

 

Ce n’est donc pas étonnant que les nouveaux circuits se fassent de plus en plus de place dans l’esprit des entrepreneurs. Et deux circuits bien différents sont aujourd’hui les plus prisés : le crowdfunding et la désintermédiation.

 

Mais si le crowdfunding nécessite une sorte de buzz médiatique sur Internet, la plupart du temps, il s’accompagne également du risque de voir le projet tomber à l’eau faute de support de la communauté web. 


C’est donc vers la désintermédiation que les PME vont se diriger, car elle permet d’ouvrir le capital à des investisseurs. C’est ainsi qu’Euronext, principal opérateur financier de la zone euro, a lancé depuis près d’un an EnterNext, le marché boursier des PME-ETI. Il permet de réaliser des levées de fonds auprès d’investisseurs et donc, de fait, de trouver les financements nécessaires à la croissance de l’entreprise.

 

Et le succès est au rendez-vous, comme l’explique Dominique Cerutti, directeur général d’Euronext : « C’est un mouvement incontestable. Notre vivier d’introductions à venir de PME-ETI se mesure dorénavant en dizaines par trimestre. » Pour lui, l’enjeu ne se trouve pas uniquement dans le financement des entreprises : « Cet attrait pour la Bourse va permettre de rééquilibrer financement bancaire et financement par les marchés ».

Un rééquilibrage qui devrait permettre, à terme, de relancer l’investissement en France de manière générale et avec lui l’emploi et la croissance.