Les villes du futur seront, dit-on, « intelligentes ». À Dijon, le projet OnDijon préfigure cette réalité. Portrait-robot d’une smart city en développement.

 

Démarche inédite en France, Dijon s’est lancé il y a un an dans l’aventure de la « ville intelligente », ou smart city. C’est un groupement composé de Bouygues Energies Services, Citelum (filiale d’EDF), en partenariat avec Suez et Capgemini qui, en mars 2018, a remporté un contrat (d’un montant de 105 millions d’euros, dont 53 millions d’investissements) portant entre autres sur la « conception, exploitation et maintenance » pendant douze ans d’un système de gestion connectée de l’espace public. En d’autres termes, il s’agit de simplifier et d’optimiser le pilotage des infrastructures des vingt-quatre communes du territoire de la métropole dijonnaise et de réaliser des économies d’énergie qui en feront une référence écologique.

Pilotage centralisé des infrastructures

Le contrat regroupe la gestion de l’éclairage public et de l’énergie associée, des services de voirie, de la vidéosurveillance, ainsi que les alarmes des bâtiments publics, des capteurs de stationnement etc. À terme, le pilotage de ce réseau unifié se fera à partir d’un poste de commandement unique. Ce poste de gestion centralisé des infrastructures sera opérationnel début 2019 et remplacera les six postes de contrôle actuels (PC Sécurité, PC Police Municipale, Centre de Supervision Urbaine, PC Circulation, Allo Mairie et PC Neige). D’importantes économies d’échelle en perspective, les entreprises signataires s’étant engagées à respecter des « clauses de performance » qui portent sur les économies d’énergie, la disponibilité des systèmes informatiques et les délais d’intervention sur la voirie.

34 000 luminaires seront remplacés par des versions LED (soit 93 % des points lumineux de la métropole), 269 caméras vont être changées, 205 véhicules de la flotte municipale seront géolocalisés. La plupart des équipements publics seront équipés de capteurs communicants, de type LoRa (1) qui permettront de contrôler des données environnementales comme le bruit, la pollution ou la température. Les différents points du réseau seront reliés par 140 kilomètres de fibre optique, de telle sorte que, dans un délai de quatre ans, les habitants de la métropole auront accès au très haut débit. Près de quarante-cinq emplois directs devraient être créés, dont la moitié sur place.

« La ville intelligente ne pourra se construire qu’en transformant sa propre structure, son squelette et en devenant plus agile », affirme François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole (2). Conformément à cette vision avant-gardiste, ce sera la première fois qu’un poste de pilotage couvre un périmètre aussi large de services, de la mobilité à la sûreté, en passant par l’éclairage, la voirie et la communication interactive avec les usagers. Et son édile est « fier d’imaginer que Dijon métropole est en train de rendre opérationnelle la ville 3.0, une nouvelle génération de ville, volontariste en matière d’ouverture des données publiques, une ville qui développe une approche intégrée de l’espace public au service de la qualité de vie des citoyens » (3).

Une référence en matière de transition énergétique

Pour concrétiser cette vision, Dijon adopte le système MUSE proposé par Citelum, entreprise pionnière dans l’éclairage « intelligent » qui n’en est pas à son premier coup d’essai : « Si Citelum travaille essentiellement à l’intégration des innovations, l’entreprise développe aussi des solutions, comme la plateforme Muse pour piloter l’ensemble des données de chaque projet, de chaque installation. Du point de vue client, c’est un pas de plus vers la “ville intelligente”, comme l’ont bien compris Copenhague, Palma de Majorque et beaucoup d’autres villes », explique sa directrice générale, Carmen Munoz-Dormoy (4).

Grâce à cette plateforme de pilotage centralisé, la métropole devrait augmenter considérablement son efficacité opérationnelle. Comme l’affirme Carmen Munoz-Dormoy, « pour le projet smart city de la métropole de Dijon, qui fait la part belle à l’innovation autour de l’open data et des services aux citoyens, une grande partie de l’équilibre financier du projet est assuré par les économies d’énergie de 65 % réalisées sur l’éclairage» (5).

Dévoilant son modèle économique, cette dernière se dit convaincue que pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique « le signal le plus pertinent, c’est la taxation des externalités négatives et notamment l’augmentation du prix du CO2. En conséquence, « si le prix du carbone évolue effectivement à la hausse, les infrastructures que nous réalisons et qui permettent de réaliser des économies d’énergie seront de plus en plus rentables. » Une preuve d’optimisme raisonnable qui s’inscrit parfaitement dans la stratégie du groupe EDF en matière de transition énergétique.

Reste maintenant à vérifier comment la métropole dijonnaise se saisira des enjeux sous-jacents, à savoir : la réinvention du service public et la modernisation des administrations. À suivre donc !

(1) www.journaldunet.com/ebusiness/internet-mobile/1197635-lora-reseau-differences-sigfox/

(2) www.usine-digitale.fr/editorial/projet-ondijon-pas-de-smart-city-sans-une-reinvention-du-service-public.N696784

(3) www.villeintelligente-mag.fr/%C2%A0On-Dijon%C2%A0–le-chef-d-orchestre-de-la-qualite-de-vie-de-la-metropole-dijonnaise_a522.html

(4) www.leparisien.fr/economie/citelum-eclaire-votre-vi-ll-e-13-11-2017-7390530.php

(5) www.rse-magazine.com/Une-strategie-de-RSE-eclairee-entretien-avec-Carmen-Munoz-Dormoy-directrice-generale-de-Citelum_a2754.html