En qualifiant l'instrumentalisation de l'immigration par le mot "dégueulasse", à propos de l'amendement visant à instaurer des tests ADN pour les candidats au regroupement familial, Fadela Amara a déclenché la fureur des députés UMP, mais le grand chef a appelé tout le monde à "s'apaiser" et le Premier ministre François Fillon a emmené sa secrétaire d'Etat à la politique de la ville en visite dans la Sarthe, avec force démonstration d'affection, pour bien prouver que la page était tournée.
Voilà donc un membre du gouvernement qui qualifie le comportement de ses collègues de "dégueulasse" sans qu'on lui demande de revenir sur son propos ni qu'on remette en question sa participation à ce gouvernement. Dans une interview accordée à Aujourd'hui en France, Amara explique ainsi sa déclaration : "c'était spontané (…) Ce jour-là, j'ai dit ce que je pensais au fond de mon coeur."
On voit bien ainsi qu'elle persiste. Ce qui est louable, bien qu'on soit en droit de lui reprocher de faire mine de ne pas savoir que cette instrumentalisation de l'immigration qu'elle dénonce est constante, depuis des années, au sein du camp qu'elle a rallié. Ce que nous ne manquions pas d'épingler dans Fadela Amara tombe de la Lune. Mais bon, admettons qu'elle s'en aperçoive aujourd'hui, son tardif courage l'honore. "Derrière ce débat, il y a des hommes et des femmes, des destins brisés, tant de souffrances", explique-t-elle pour justifier sa position. Et en effet, l'Obscénité de la politique des quotas d'expulsions instaurée par…
… le tandem Sarkozy-Hortefeux est patente. Avec son cortège de défenestrations d'étrangers qui cherchent à échapper à la police ou encore les arrestations d'enfants au sein même des établissements scolaires ! Le jour où l'ancienne présidente de "Ni putes ni soumises" avait pronocé le mot "dégueulasse", elle avait aussi annoncé : "le jour vraiment où ce sera trop insupportable, le jour où ce sera trop dur, eh bien je partirai !" Admettons encore que l'instant ne soit pas venu – voyez si nous sommes magnanime… On aurait pu croire que ce fameux jour correspondrait à l'adoption définitive de l'amendement ADN, puisque c'est ce sujet qui avait provoqué sa "prise de conscience". Eh bien pas du tout ! "Si l'amendement est confirmé, oui, je resterai. (…) Je n'ai jamais pensé à démissionner du gouvernement", a-t-elle déclaré hier sur France 2. Ben voyons. La soupe est trop bonne, même si l'on crache dedans. On ne peut ressentir que du mépris face à l'attitude de celle qui renie ce qu'elle a "au fond de son coeur" pour conserver un poste lucratif et prestigieux. "Ni pute", prétendait-elle ?