« Une telle communication est très mauvaise. Cela montre que vous ne savez pas ce que vous faites… », un verdict sans appel prononcé par Dale Klein, ancien président de la Commission de régulation nucléaire des États-Unis et expert à la commission de l’énergie atomique, à l’adresse des responsables de Tokyo Electric Power, la compagnie d’électricité Tepco qui gère, tant bien que mal, mais plutôt mal que bien, les suites de l’accident nucléaire de Fukushima consécutif au séisme de Tohoku, de magnitude 9.0, du 11 Mars 2011 et au tsunami en découlant qui a ravagé la côte Nord-Est de Honshu, provoqué la destruction d’une partie de la centrale nucléaire de Fukushima et entrainé dans la mort près de 19.000 personnes.

Fukushima 1.jpgLe 11 Mars 2011, sous le choc de la vague atteignant plus de 20 mètres de haut, les systèmes de refroidissement tombent en panne, provoquant une fusion du combustible dans trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, située sur le littoral. Malheureusement la hauteur de la digue côtière sensée protéger les côtes Nord-Est de l’île de Honshu d’un tsunami, – une expression de la bêtise humaine de vouloir s’opposer aux forces incommensurables de la nature -, en ont été, tout au différent, le catalyseur essentiel de la catastrophe en multipliant la hauteur et la violence de la vague car, sans la présence inopportune de cet aberrant, extravagant et déraisonnable batardeau, la centrale nucléaire n’aurait pas subi d’aussi conséquentes dévastations.

De fait, Fukushima est la plus grave catastrophe nucléaire depuis 1986, Tchernobyl d’auguste mémoire… Deux années plus tard, où en est la situation ?

Fukushima 2.jpgLe mercredi 6 Mars 2013, des médias étrangers au Japon, triés sur le volet, mais dont quelques uns, après tirage au sort, ont été invités, par la Tokyo Electric Power Company, à se rendre dans la centrale de Fukushima afin d’y réaliser des interviews. Le taux de radioactivité, détecté à proximité du réacteur 4, est de 114 mSv/heure, – millisievert/heure ou millième de sievert/heure, le sievert étant une unité utilisée pour donner une évaluation de l’impact des rayonnements sur l’être humain , soit environ 1.000 fois le taux acceptable pour l’homme en un an. Pour les réacteurs 1, 2 et 3, de même impliqués dans l’accident nucléaire majeur classé au niveau 7, les données, afférentes au taux de radioactivité, ne sont pas communiquées. Les seuls éléments connus émanent de la compagnie électrique, propriétaire de la centrale, et de l’Autorité Nucléaire Japonaise qui soutiennent que la situation « s’est stabilisée dans la centrale » et qui affirment que « le démantèlement total des réacteurs devant prendre entre 30 et 40 ans, deux grands chantiers sont en cours, le premier visant à vider la piscine du réacteur 4, afin de sortir le combustible usé de la cuve, le retrait devant s’achever fin 2014, qui ne supporterait pas un deuxième séisme ; et le deuxième étant celui du réacteur 3, une structure de protection, autour du réacteur, en cours de construction, afin d’éviter les rejets… »

Avant le 11 Mars 2011, plus de deux millions d’habitants vivaient dans le département de Fukushima. Depuis, selon un rapport rendu public en Juin 2012, par l’Agence de la reconstruction japonaise, près de 160.000 d’entre eux ont été déplacées dont 100.000 installées ailleurs dans le département et 60.000 résidant dans le reste du Japon. Il est à savoir que ceux qui demeuraient dans un périmètre de 20 kilomètres autour de la centrale, secteur devenu « zone interdite » ou « zone d’évacuation forcée », dans un périmètre de 20 à 30 kilomètres, considéré comme « zone d’évacuation non obligatoire » et dans des « hot spots » ou « points à forte concentration radioactive », au-delà du périmètre de 30 kilomètres, autrement dénommés les « évacués », reçoivent, de Tepco, 1.000 à 1.200 euros par mois passé hors de chez eux.

Fukushima 3.jpgAu 01 Juillet 2013, les taux de radioactivité sont toujours anormalement élevés dans les zones périphériques de la centrale nucléaire de Fukushima. Si nous nous attachons aux conclusions émises dans un rapport publié le 28 Février 2013, par l’Organisation mondiale de la Santé, – OMS -, mais « sous-estimant honteusement l’impact des premières radiations de la catastrophe de Fukushima sur les personnes présentes à l’intérieur de la zone d’évacuation d’un rayon de 20 kilomètres et qui n’ont pas été capables de partir rapidement », le risque de contracter un cancer de la thyroïde, – cancer du sein pour les bébés-filles et leucémie pour les bébés-garçons -, pour les personnes résidant dans un rayon de plus de 50 kilomètres autour de la centrale délabrée et quasi ruinée, est permanent.

Fukushima 4.jpgMais comme l’absurdité humaine, – la connerie humaine en l’occurrence semblant plus appropriée -, n’a pas de nom, et comme l’argent n’a pas d’odeur, la saison hivernale 2012/2013, à quelques centaines d’hectomètres de la centrale de Fukushima, là où s’est produite l’une des plus abstruses catastrophes nucléaires, la saison des sports d’hiver y a battu son plein. La neige y étant abondante, les forfaits moins chers qu’ailleurs et la radioactivité, plaquée au sol, donnant la fausse apparence d’une diminution de son taux, en masse, les Japonais y sont venus skier en toute tranquillité.

 

Suite : Accident nucléaire de Fukushima : retour sur une catastrophe prévisible et annoncée…

 

Prochains articles : « A Fukushima, énormes inquiétudes autour des réacteurs 1, 2, 3 et 4 » et « Reprise de la vie autour de Fukushima. »


29 Juillet 2013 © Raymond Matabosch