Le Conseil constitutionnel va priver l’UMP de près de dix millions d’euros de remboursement des frais de la campagne présidentielle. Coup dur pour une formation grevée par un siège luxueux, et des frais d’organisations de primaires aux résultats, pour certaines et certains en son sein, suspects. Sans compter qu’avec Woerth et de Maistre renvoyés en correctionnelle, les donateurs des divers « cercles » et partis faisant office de filiales ne vont pas trop se bousculer. Mais puisque Sarkozy démissionne du Conseil constitutionnel pour sauver la démocratie menacée, tous les espoirs sont, c’est sûr, de nouveau permis.

« C’est à bon droit que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a rejeté le compte de campagne de M. Sarkozy » car le montant des dépenses a dépassé  le 19 décembre 2012. Il a été déclaré que le montant des dépenses électorales du candidat  «&nbs; de 466.118 euros, soit 2,1% », le plafond autorisé…

Le Conseil constitutionnel, de par sa composition, ne pouvant pas crédiblement être suspecté de rouler pour la majorité présidentielle actuelle, le coup est rude pour la formation de Jean-François Copé.

Sauf si Nicolas Sarkozy parvient à se faire inviter par de grands établissements financiers et concède de verser partie de ses cachets à la trésorerie de l’UMP, ce parti devra se transformer en Bernard Tapie du temps où les banques lui ouvraient des lignes de crédit illimitées (et sans trop d’espoir de se voir rembourser) pour se sauver de la panade.

Le luxueux siège pèse sur les comptes, les primaires ont occasionné des dépenses, personne ne donne cher des chances de NKM de lever des dons (surtout si les sondages continuent de la donner bonne seconde derrière Hidalgo), et les affaires Woerth-de Maistre ont trop fait désordre.

Parmi les membres de l’ancien Premier Cercle du temps où Woerth était le trésorier de l’UMP, peut-être pas d’évadés fiscaux, mais des « exonérés légaux », certainement. Dont certains sans doute attachés à quelques niches encore préservées, mais qui, sait-on jamais, pourraient être menacées.

S’affirmer ouvertement ou même discrètement trop proche d’une formation politique minée par diverses affaires dont les pans se dévoilent, ce n’est guère attirant, ni même, penseront d’aucuns, recommandé.

Les cotisations ne rentrent pas non plus massivement, les nouvelles peinant fort à compenser les non-renouvellements, et ce n’était pas seulement en vendant des t-shirts que Balladur avait pu financer sa campagne. Il est un peu trop tôt pour mettre sur le marché un calendrier avec Mmes Christine Boutin ou Tibéri et Tabarot nues, et le parti qui regorge d’idées pour redresser la France n’en a pas trop en réserver pour apurer ses comptes.

Selon Le Figaro, il y aurait près de onze millions d’euros de manque à percevoir. Ce sont des déplacements en province de Nicolas Sarkozy, réglés rubis sur l’ongle par le contribuable, ou en catastrophe directement par l’UMP (et non l’association ad hoc formée pour la campagne), qui sont en cause.

Nicolas Sarkozy a-t-il impulsivement tenté le tout pour le tout afin d’essayer de se faire réélire, se disant que l’affaire pourrait toujours s’arranger dans ce cas, où les financements de l’association ont-ils été pénibles à réunir après l’affaire Bettencourt ? On ne sait.

La moitié de la dépense engendrée par le meeting de Villepinte a aussi été réintégrée dans les comptes de campagne. Jean-Louis Debré va pouvoir distraire son ami Jacques Chirac. Il semble que le président du Conseil ait vaguement tenté de faire valoir mollement des arguments des avocats de l’UMP, mais en vain, ou, comme cela fut peut-être interprété, pour la forme…

Les candidates et candidats aux municipales, puis aux européennes, vont sans doute comprendre que faire la danse du ventre devant le buffet ne suffira pas. Certains vont devoir s’endetter, d’autres taper amis, famille et connaissances. Et limiter au maximum les risques en voyant quels arrangements passer avec le Front national. Le problème, c’est que c’est fratricide. Si le FN admet de présenter un troisième couteau dans telle ville, c’est pour obtenir que l’UMP fasse de même dans une autre. 

Il y a aussi la parfois juteuse distribution des postes d’adjointes ou adjoints : là encore, faire la place au FN, ou obtenir du FN des sièges, cela suppose d’être mieux offrant que le concurrent ou de sacrifier telle ou tel, qui risque fort d’aller siéger avec l’UDI, ou de fomenter un coup pour vous déposséder de votre belle écharpe en cours de mandat.

Déjà, l’entourage de Fillon, ou de Xavier Bertrand, voire d’autres, ne doit pas se précipiter à faire remonter les cotisations là où ils tiennent une ville ou une fédération. Cela promet des discussions houleuses.

Côté patronat, le gouvernement ne s’étant montré trop offensif, remettre en selle l’UMP peut susciter des divisions, des conflits intestins. 

L’UMP représente aussi une créance à risque alors que le monde bancaire doit apurer ses comptes (quitte à faire main basse sur partie des dépôts, ce qui semble se profiler). Avoir consenti un crédit irrecouvrable à l’UMP, dans de telles conditions, risque de faire désordre. Repousser le remboursement des emprunts après 2017, cela ferait l’effet de céder totalement à cette Grèce qu’est devenue l’UMP. 

Difficile aussi de refaire le coup de Kadhafi avec les frères musulmans égyptiens. Michèle Alliot-Marie n’a plus ses très larges entrées en Tunisie, où le pouvoir est vacillant. La voie malienne est à présent une impasse, d’autres en Afrique se rétrécissent : Bolloré a déjà obtenu ce qu’il convoitait.

Lagardère ne pense plus qu’à Jade et à sa nationalité belge. Alors quoi ? Poutine, pourquoi pas ?
Sauf que le Premier ministre et futur président russe est un fin renard, qui peut promettre et ne pas tenir. De plus, avec le conflit syrien, mieux vaudrait qu’il n’y ait pas de fuites.

Difficile aussi d’envisager de nouvelles opérations immobilières en Espagne par le truchement de la famille Tabarot. Le bras droit d’Estrosi, Benoît Kandel, et Henri Alonzo, leur obligé, sont empêtrés dans une affaire qui fait un peu tâche : on promettait des promotions, des bureaux individuels, des repas fins, &c., tout cela aux frais du contribuable, selon les termes de plaintes pour harcèlement sexuel. L’affaire aboutira ou non, mais il apparaîtra peut-être que certains menaient grand train à la mairie de Nice. Heureusement, le quotidien de Bernard Tapie ne rajoute pas d’huile sur le feu.

S’arranger, en régions, avec le PS ? Le FN, s’il en avait vent, se verrait offrir des arguments de choix.

L’UMP reçoit encore 21 millions de dotation publique. Une misère. Même pas la moitié des dettes. On pourra toujours retarder à 80 ans le départ en retraite des permanents et ce sans la moindre augmentation de salaire, ce sera insuffisant.

La seule solution semble de crier au martyre, en espérant que les plus catholiques comprennent le message. Problème : le Vatican est miné par des affaires de corruption, les catholiques dissidents vont exiger la tête de celles et ceux s’étant montré trop mous, trop timorés, dans l’affaire du mariage pour tous.

Et voilà que Come4News ne rémunérera plus tout le monde pour chaque article publié. Reverser l’euro à la trésorerie de l’UMP ne sera plus envisageable pour beaucoup. 

Je ne vois qu’une solution : de la publicité sur tous les sites de l’UMP. Pour des cures d’amincissement, peut-être pas, cela évoquerait un sujet qui fâche. Des trucs pour devenir trader, peut-être, alors… Pour des créations de sociétés offshore ? Passe encore que Come4News m’en affiche une à l’instant (celle de la SFM, avec un beau titre, « Paradis fiscal »), mais sur un site de l’UMP ? J’en vois aussi une de Zepelin.sk… Pour des dirigeables. Mais cela évoquerait une ligne politique incertaine, soumise à tous les vents.

La quête à la sortie des grand’ messes et la revente des boutons de culotte en Afrique ? Sarkozy avait promis qu’il n’y aurait plus le moindre SDF à la fin de son mandat, mais hélas, il en reste de teigneux qui s’en souviennent et n’apprécient guère la concurrence.

Un concert de Carla Bruni, même avec Morano chantant en duo, cela fera léger.

Je ne vois guère qu’une solution : remettre en selle Dominique Dord, ancien trésorier démissionnaire de l’UMP, avec pour mission de racler les fonds de tiroirs pour les jouer au poker avec l’ancienne bande à Woerth, qui a beaucoup fait pour les jeux en ligne. Sauf que le poker, ça eut payé, mais cela leur rapporte moins à présent. Le risque de se faire arnaquer n’est pas absent. Catherine Vautrin, l’actuelle trésorière, risque en sus de ne pas apprécier.

Resterait un numéro de comique de Sarkozy. Sur les traces de Nabila (allô, allô, non mais, vous me recevez), il vient de s’étonner, rapporte L’Express : « vous en connaissez, vous, des hommes qui se teignent les cheveux ? ». C’est d’un « petit gros ridicule » dont il parlait. Mais louer des talonnettes à Hollande est exclu, vu la différence de pointure. Mais il risque de se garder pour lui presque tout ses cachets (voir plus haut).
En sus on apprend que Mary-Kate Olsen et Olivier Sarkozy, eh ben, ce ne serait plus tout à fait le beau fixe. Cela a peu à voir, me rétorquerez-vous, mais c’est écrire pour Google. Et si les sites de l’UMP se mettent à la publicité, autant prendre les devants, et prévenir la concurrence.

Revenons au factuel :  le Conseil s’en est même pris à Sarkozy en personne. Il devra « restituer au Trésor public l’avance forfaitaire qui lui a été versée » (150 000 euros), et « le montant arrêté à 363 615 euros » correspondant au « dépassement du plafond » des dépenses. C’est trop injuste. Lui qui ne voulait pas y aller, désireux de faire de l’argent, mais qui a poussé l’abnégation jusqu’à faire campagne pour sauver des sièges de députés de l’UMP. Ce n’est pas pour la somme : 513 615 euros, ce n’est que le prix de quelques costumes, chaussures et boutons de manchettes, mais pour le symbole. On s’attend donc à ce que l’association des Amis de Nicolas Sarkozy organise une tombola. C’est Claude Guéant qui distribuera les prix (s’il est disponible à la date prévue et non pas réfugié sur le yacht de Tapie, loin de tout gendarme).

Bref, pour le moment, patience et détermination : récitons des neuvaines, et appelons-en au saint Esprit. Un miracle est toujours possible. Espérons. 

Ce jour, à l’instant ou presque, Nicolas Sarkozy vient de démissionner du Conseil constitutionnel, pour, paraît-il, retrouver sa liberté de parole. Sur les estrades pour lever des fonds ? Ah ben non, c’est pour « la démocratie » qui aurait été mise en danger. Bah, pas trop d’inquiétude là-dessus, l’UDI de Borloo est prête à accueillir tous les transfuges, y compris ceux qui lorgnent du côté du FN. Mais il va se lâcher, il n’a pas d’immunité parlementaire à perdre. Première tâche, se prononcer sur les billets d’avion de faveur de Carla Bruni… Eh, la démocratie, ce n’est pas faire voyager tout le monde en soute. On attend impatiemment que le petit maigre qui ne se teint pas les cheveux nous l’explique en long et large…