Qu’attendent vraiment les Français de la part de politiciens de plus en plus désavoués par les bilans de leurs actions ? Quel président, ministre ou élu, aujourd’hui, ne souffre pas « d’erreurs de parcours » pointées par un peuple de plus en plus critique et qui de plus ne supporte jamais de payer pour ses erreurs ?

Est ce bien normal de devoir supporter des décisions contre-productives voir, contraires à l’intérêt commun, prises par celles et ceux que les électeurs ont porté au pinacle ?

   Tentons de remettre un peu les "pendules à l’heure" : Gouverner n’est certainement pas devenue chose facile dans la mesure où les administrés attendent de plus en plus, d’un système général, des réponses législatives précises qui ne les servent que mieux au plan individuel. Il suffit simplement, pour s’en convaincre, de constater l’évolution du nombre de prétendants candidats aux présidentielles depuis les années 80, tous représentatifs d’idées ou souhaits qui ne figurent pas dans les programmes des partis "institutionnels" mais qu’une frange d’électeurs voudraient pourtant bien voir abordées. 

   Et le phénomène n’a certainement pas fini de s’amplifier du fait de ne plus pouvoir ranger sagement les Français dans deux simples catégories idéologiques de gauche et de droite comme ce fut le cas durant des décennies… Ce sont les partis eux même qui ont introduit le renard dans le poulailler en permettant à des "petits chefs" de générer des "courants alternatifs", sur des désaccords souvent futiles, créant la division et parfois la scission dans leur propre appareil politique.

   Montrant l’exemple, ces "dissidents" ont ouvert la brèche aux électeurs qui ont profité de ce nouveau droit de "désobéissance" à la doctrine et à revendiquer d’autres valeurs… C’est ainsi par le mélange des genres que la gauche n’est plus vraiment de gauche et la droite n’est non plus vraiment de droite. Cependant, maintenant qu’il n’y a plus de réel idéal commun, comment tracer une ligne politique qui puisse le plus rassembler et faire le moins de mécontent possible ?

   18 millions de foyers Français, 18 millions de problèmes, au moins, tous autant différents les uns des autres… Et c’est là que l’exercice du gouvernement devient périlleux ! De quelle manière le gouvernant peut-il être informé de tel ou tel problème ? Comment hiérarchiser l’importance et la priorité de ces problèmes et qui peut en décider en toute équité ? De quel droit un président, ministre ou élu pourrait il favoriser une revendication plus qu’une autre pourtant d’importance légitimement égale aux yeux des demandeurs ?

   Sans parler des soucis des millions d’entrepreneurs, de contribuables, de chômeurs, de SDF, de fonctionnaires, de chasseurs, d’écologistes, d’automobilistes, de piétons, de malades, de consommateurs, de vacanciers, de sportifs, "d’insécurisés", de victimes en tout genre et même de candidats qui ne peuvent obtenir les parrainages de maires… Autant de catégories de revendications qui ne pourront jamais faire l’objet d’un ministère, soyons en sûrs…

   N’est ce pas le moment de reconnaître que la politique, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui ne peut plus tout régler malgré l’assurance de tous ces gentils candidats dont on se demande au passage comment ils peuvent être tant motivés à vouloir affronter une telle mélasse et quel miracle ils pourront faire pour y arriver… Et c’est ainsi pourtant depuis tant d’années, à voir des fins de mandats successifs d’orgueilleux hommes d’état qui laissent derrière eux tous les insatisfaits que nous sommes…

   N’est il pas temps d’en demander bien moins aux politiques et de nous impliquer nous même beaucoup plus dans ce qui concerne nos existences qu’en allant seulement de temps en temps aux urnes ? Et quand certains évoquent de plus en plus l’idée de pétitions citoyennes pour valider les candidatures, n’est-ce pas aussi un sujet de réflexion sur un nouveau système de gouvernement où le politique ne serait là que pour appliquer les décisions prises par l’acte référendaire d’une majorité d’entre nous ? N’est ce pas le moment, comme bon nombre commencent à le prétendre, de passer à une 6ème république où être politicien ne serait plus qu’une fonction au service de la vraie démocratie, au vrai service du peuple ?

   Au moment où l’impuissance politique sera tellement flagrante aux yeux de tous, que risque t-il de se produire ? Doit on attendre ce dernier moment pour se poser les vraies questions ? Et une promesse qu’on sait ne jamais pouvoir tenir, n’est-ce pas déjà là le mensonge ? Mais combien d’entre nous sont aussi capables d’accepter de voir bouleverser nos petites vies tranquilles sans nécessité ? Car, finalement, tant que le problème de l’autre ne nous touche pas, ça ne reste que son problème… non ?

   La politique ne doit plus être issue d’un concours entre celui ou celle qui aura le meilleur ramage et le plus beau plumage… Et le seul résultat d’une élection ne doit plus être que l’aboutissement de toute l’énergie dépensée à défendre un camp ou l’autre… Le véritable enjeu est de savoir ce qui restera au terme du mandat, puisse t-il nous être salutaire, confié à autre chose qu’une idole du "politic star’s show"… Mais pour que les choses changent, au profit dela démocratie, faut il encore que les peuples aient envie de pratiquer la politique eux même, soient prêts à participer d’avantage, non plus pour le soutiens d’appareils à carrières, mais au profit d’idées et projets sans avoir à passer par des représentants qui ne représentent qu’eux mêmes.