Le grand comédien syrien Yassine Bakouch, connu sous le nom de Yassino a tiré sa révérence le plus discrètement possible. Il a été touché par un tir d’obus alors qu’il était dans sa voiture au cœur de Damas, dans le quartier d’el-Aassali. Un de ces tirs d’obus inattendu qui sont légion pendant une guerre. Sans crier gare, ils viennent faucher la vie de X et pas celle de Y, juste par manque de pot, histoire de ne pas être au bon endroit au bon moment. Une règle à laquelle personne n’échappe, même pas Yassino ! Peu importe de connaître l’identité exacte du projectile qui lui a coûté la vie du moment qu’elle ne la lui rendra plus ! Mais comme d’habitude, rebelles et armée syrienne ne se lassent pas de se renvoyer la balle.

A l’inverse de ses compatriotes nantis qui ont fui leur pays, Yassine Bakouch n’a pas quitté sa maison du camp Yarmouk. Il aurait voulu, dit-on, « par solidarité envers les rebelles partager leurs joies et leurs peines ». Yassino appartenait à cette grande famille de comiques. 

« Sah el nom », incarne la série télévisée culte parmi tant d’autres qui l’a propulsé au firmament. Le cinéma aussi lui a souri surtout quand il a joué avec Doreid Laham tout en restant fidèle à son éternel rôle « d’idiot du village ». Son public n’appartient pas uniquement à la Syrie mais à tout le Croissant fertile ! 

Il avait tout pour faire rire : un caractère naturellement comique servi par un physique aux traits acquis à la cause. Maniant avec finesse le comique du langage auquel se prête aisément l’accent syrien, il avait l’art de créer des situations exceptionnelles de stigmatisation du ridicule. 

Les rediffusions de Sah el nom et de nombreuses de ses séries seront toujours là pour donner l’illusion qu’il est encore de ce monde. Et à tous ses fans de se dire : bon vent Yassino, Allah yirhamo ! 

Puis là-haut, Yassine doit garder les yeux rivés vers Damas à suivre de près les tergiversations des responsables politiques pour lesquels une vie de citoyen est si peu de chose. Alors que le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem annonçait en grande pompe que tous les responsables allaient se mettre autour de la table des négociations afin de tenter de sortir la Syrie de l’impasse, le projet vient encore une fois d‘avorter. Juste quelques effets d’annonce. Dommage que Yassino, de son nouveau lieu de domiciliation, ne puisse pas pistonner pour la paix…

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Les dernières images de Yassino.

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