J’ai tendance à zapper les infos, ces temps-ci. Difficile cependant de boycotter la presse écrite, et de couper le son de sa télé, de se couper du monde, perpétuellement. Inimaginable de se bander les yeux et de faire la sourde oreille toute la sainte journée. Trois millions de chômeurs, des prix qui grimpent et des skieurs qui chutent, une cascade de mauvaises nouvelles et c’est mon moral fond comme neige au soleil. Alors, lorsque j’ai cru entendre une bonne nouvelle, j’ai tenté une ouverture, décrispé mon oreille et je me suis dit que finalement, tout était possible, si on le voulait bien.
Ça ressemble à de la télé-réalité, mais c’est juste un brin de réalité et on en parle à la télé. Parce que c’est rare et parce qu’on a besoin de rêver, aussi. L’histoire se déroule dans un petit village de Vendée. Mais l’action aurait pu se situer n’importe où en France, enfin, je pense. Fred a 47 ans et vivait dans l’Oise. Un métier, une famille, et puis plus rien. Enfin, si : Un licenciement et un divorce. Femme et enfants s’en vont en Vendée. Lui suit le mouvement, pour rester au contact de sa famille. Il s’installe dans un mobil-home, un abri de fortune qui a bien failli s’envoler pendant la tempête de 2010 et travaille par ci, par là. Il vit avec parcimonie, seul, avec les Assédic, son poêle à bois souffreteux, ses poules et ses moutons. Il frôle l’expulsion, il en est à son quatrième hiver au même endroit. Pensez donc !
Mais les voisins sont là. Des gens avec qui il a sympathisé, car il est sociable, Fred, malgré tout, et tout le monde s’inquiète pour lui. Alors, les idées fusent, les manches se retroussent et la solidarité fait mouche. Deux associations s’unissent et vident leurs caisses. On contacte aussi TF1 et l’émission »tous ensemble », car les sous manquent. Mais le dossier n’est pas retenu. Qu’importe, tous ensemble, les villageois vont contacter les entrepreneurs du coin, et le bouche à oreilles fonctionne. Pas moins de cinquante partenaires répondent présents, autant de maillons forts pour une immense chaîne de solidarité. Ne jamais faire la sourde oreille, donc, la preuve ! La récolte est bonne. Une structure en béton, des meubles, des volontaires, et Fred a eu sa maison pour Noël !
Fred ne voulait pas qu’on l’aide. Il disait n’avoir besoin de rien. Et puis, il n’était pas « d’ici » et craignait les jalousies. Un jour, au café du coin, on lui a pourtant promis une « grosse surprise ». Une brève de comptoir comme on les aime.
Du mobil-home, il reste le châssis métallique, recyclé en barbecue géant. A Noël, ce fut méchoui pour tout le monde.
Qui a dit : « La vie est un jeu imprévisible. Attendez-vous au pire. Soyez prêts pour le meilleur. »
merci pour ce texte
[b]c’est une fiction ou une histoire vraie?[/b]
C’est une histoire vraie;