il ne peut y avoir d’économie forte sans industrie forte.

 

 

Tout à fait, et ce qui est extraordinaire c’est que ce soit un premier ministre de gauche qui l’écrive, après 10 années de gouvernance à droite. Quand on parcourt le pacte pour la compétitivité de l’industrie Française, plus communément appelé le rapport Gallois on reste stupéfait de voir la situation de notre industrie au terme de 10 années de droite. On peut chercher, on ne trouve pas ce que Sarkozy a fait pour nos entreprises au terme des cinq années de son mandat. «Le rapport Gallois est d’une sévérité sans précédent sur la dégradation de notre économie a clamé Jean-Marc Ayrault à TF1 le 06 novembre 2012».

 

Patrick Artus directeur de recherches de Natixis, qui n’est pas un économiste de gauche, déclare sans nuance «si on ne fait rien on va vers un désastre industriel». Et pour enfoncer le clou, depuis longtemps les signaux sur le recul de l’activité manufacturière sont au rouge, et rien n’est fait pour renverser la vapeur. «Restera-t-il un socle industriel suffisamment dynamique pour relancer la machine ?». Pas sûr. Et d’exprimer que les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont une industrie forte.

 

Faisons un petit bilan de notre industrie manufacturière, nous ne fabriquons plus de motos, le marché est Japonais, Allemand, et un peu Italien, les Britanniques reprennent. Nous ne fabriquons plus d’appareils photo, le marché est principalement Japonais et un peu Allemand. Dans l’électronique des composants et industrielle, l’informatique domestique et les logiciels le marché est Microsoft et Apple. Dans l’internet et la communication le marché est dominé par les Américains, Google, Twiter, et Facebook. Dans la téléphonie portable, les tablettes le marché est Samsung et Apple. Dans la mécanique industrielle, machines outils et autres, nous achetons Allemand, et Italien. Dans l’électroménager le marché est principalement Allemand, et Italien. Dans l’habillement nous achetons Italien dans la chaussure, dans les tissus et les produits de luxe. Dans les voitures haut de gamme nous achetons Allemand et Italien. Dans l’alimentaire nous sommes dépassés par les produits Italiens, en dehors de nos vins et fromages. Dans le desing et le luxe nous sommes dépassés par le chic Italien. Ce n’est qu’une parabole qui n’est pas exhaustive mais qui donne une image de ce que nous ne faisons pas ou plus.

 

Comment pouvons-nous avoir une balance commerciale positive, nous achetons presque tout. La valeur ajoutée de ces domaines n’est pas pour nous, mais pour ceux qui fabriquent. Bien sur cela ne signifie pas que nous ne faisons rien, mais seulement que nous avons perdu les marchés de la grande consommation, nous avons privilégié le service à la créativité et à la production, ce qui ne nous donne pas de puissance industrielle, mais des chômeurs. Si l’on regarde le nombre de dépôts de brevets, nous constatons que nous sommes derrière l’Allemagne, la Chine et la Corée. L’Allemagne dépose trois fois plus de brevets que nous. Mais surtout nos brevets sont dans les transports, l’énergie, les appareillages électriques et la pharmacie, des domaines qui ne sont pas manufacturiers et de grande consommation.

 

Louis Gallois évoque page 9 de son rapport un décrochage qui s’est amorcé dans les années 70 et s’est accéléré au cours des dernières décennies, c’est tout à fait exact. Il cite l’Allemagne, la Suède et l’Italie, et donne comme conclusion que notre balance commerciale est passée de plus 3,5 milliards en 2002 à moins de 71,2 milliards en 2011, mais ces chiffres tiennent compte du paramètre énergétique. Hors énergie, notre balance commerciale positive à 25,5 milliards d’euros en 2002 devient négative à moins 25,4 milliards d’euros en 2011. De 2002 à 2011 les gouvernements ont été exclusivement à droite, et la masse salarial fut contenue, et pour ce qui me concerne, retraité, j’ai énormément perdu en pouvoir d’achat. L’emploi industriel en France a perdu 2 millions d’emplois en 30 ans. Cela confirme clairement le panoramique industriel présenté ci-dessus qui marque pleinement la faiblesse de notre patronat à innover et à construire.

 

Le rapport Gallois donne page 65 un tableau qui montre bien l’importance de notre valeur ajoutée dans l’industrie manufacturière par rapport aux autres pays Européens.

 

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On peut constater que la France à un ratio industrie manufacturière dans valeur ajoutée totale de 10,1 % juste devant la Grèce, le Luxembourg et Chypre. L’Allemagne obtient 22,6 %, l’Italie 16 % et l’Espagne 13,5 %. On voit que la richesse que nous produisons dans l’industrie manufacturière est plus deux fois moins élevée que celle de l’Allemagne. Cela signifie que nos coûts de production sont trop élevés eu égard au prix de vente des produits de nos entreprises. La marge est trop étroite. La conclusion qui s’impose est simple, pour la vente les prix sont soumis à la concurrence, donc forcements tirés vers le bas, il ne reste donc que le paramètre de la production sur lequel nous pouvons jouer. Un abaissement des charges patronales réduira les coûts de production mais n’aura aucun effet sur la production elle-même, or c’est là que nous sommes mauvais.

 

Sans entrer dans le détail des 22 principales mesures du rapport, elles sont maintenant bien connues, le problème est que peut faire le gouvernement ? La réduction des charges patronales n’apportera qu’un souffle, et de plus pour qu’elles soient significatives il faut qu’elles soient importantes. Or ce rapport donne des masses monétaires de transfert mais aucun chiffre significatif. Louis Gallois préconise un choc de confiance pas choc de compétitivité. Pour lui, il faudrait transférer une partie significative des charges sociales, de l’ordre de 30 milliards d’euros, soit 1,5 % du PIB, vers la fiscalité et la réduction des dépenses publiques. Et ce transfert serait réparti en 2/3-1/3 sur les cotisations patronales, prestations familiales et une partie des prestations maladie, et salariales. Et, il ajoute, il conviendrait que le transfert de charge porte sur les salaires jusqu’à 3,5 fois le SMIC dégressivité autour de ce niveau. Dans ces conditions, 35 % de l’avantage créé irait directement vers l’industrie et les services à haute valeur ajoutée associés. Bien, mais de combien précisément en % de réduction des charges patronales ? Tout cela est flou, sans consistance.

 

J’ai publié un article le faux problème des charges patronales, par ce qu’il est devenu le sujet à la mode, qui fait clamer l’opposition et le patronat, alors que l’opposition n’a rien fait de positif pour réduire ces charges. Je concluais que les charges patronales Allemandes étaient 3,2 % moins élevées qu’en France. Et j’avais montré sur l’exemple que les salaires Allemands étaient plus élevés que les salaires Français. Pour 35 heures hebdomadaires le salaire Allemand est plus élevé de 32,2 % que le salaire Français. Cela suffit à comprendre que les charges patronales ne sont qu’un moyen de masquer le manque de dynamisme de nos entreprises, et une arnaque de la droite.

 

A la suite de la remise du rapport le 05 novembre, le gouvernement s’est réuni à Matignon pour définir sa réponse aux propositions de Louis Gallois. Le gouvernement a bien comprit qu’il y avait un problème du coût du travail ce qui est contesté par la gauche. Louis Gallois a préconisé un transfert des charges sociales vers la fiscalité et la réduction des dépenses publiques de l’ordre de 30 milliards, Jean-Marc Ayrault donne un chèque aux entreprises sous forme d’un crédit d’impôt de 20 milliards étalés sur trois années, dont 10 milliards dès la première année, au titre de l’exercice 2013, donc pour l’impôt payé en 2014, puis de 5 milliards sur les deux années suivantes. C’est donc 10 milliards de moins. La baisse des cotisations sera indexée sur la masse salariale déclarée et s’appliquera sur les salaires compris entre 1 et 2,5 SMIC.

 

Le crédit d’impôt est une somme qui est déclarée à l’administration fiscale, et qui peut être remboursée si les conditions d’applications sont satisfaites. Cela permet au gouvernement d’en être maître, c’est dons un chèque de remboursement des charges patronales payées sous condition. Les comités d’entreprise seront chargés de la surveillance et devront être régulièrement informés de son utilisation. «Un comité de suivi du pacte associant l’État et les partenaires sociaux sera mis en place pour dresser à intervalles réguliers un constat partagé sur le bon fonctionnement de ce dispositif» a été précisé.

 

A cela s’ajoute une hausse de la TVA malgré qu’il fût déclaré qu’il n’y aurait pas de hausse. Cette hausse a pour but la compensation du crédit d’impôt. Elle s’appliquera en 2014 pour le taux principal et les taux réduits. Le taux de 19,6 % passera à 20 %, et les taux de 7 % à 10 %. Quand au taux réduit de 5,5 % il passera à 5 %. Globalement ces hausses sont mineures, et n’ont rien à voir avec la TVA sociale. Les 0,4 % ne devraient pas trop affecter la consommation, quand au taux intermédiaire de 7 à 10 %, c’est surtout la restauration qui accusera le coup et les artisans. La restauration a bénéficié d’un avantage énorme sous Sarkozy, sans qu’elle le restitue sous forme de coût, et sous forme d’embauche, un emploi dans la restauration rapporté à la réduction de la TVA, revient à l’État 60.000 €. Sarkozy avait fait une manœuvre politique qui nous a coûté plusieurs milliards, et cela au détriment de nos finances. La baisse de 5,5 % à 5 % vise essentiellement les ménages modestes, puisqu’elle s’appliquera sur les produits de l’alimentation, sur le gaz, l’électricité, et les cantines scolaires.

 

Par ailleurs Jean-Marc Ayrault a annoncé la création d’un fond de 500 millions d’euros pour les PME en difficultés de trésorerie.

 

L’autre objectif concerne les jeunes. «Nous devons offrir aux jeunes et aux salariés des formations tournées vers l’emploi et l’avenir», a-t-il affirmé. Le système éducatif doit former plus de jeunes qualifiés pour les besoins de notre économie à horizon de dix ans. «Le pacte comporte plusieurs mesures en la matière, et nous porterons à 500 000 le nombre d’apprentis».