Un joint sinon rien


Il existe des ritournelles venant et s’en allant à tire d’ailes, des marronniers faisant les choux gras des canards, des arlésiennes alimentant les débats une fois que tous les autres sujets de conversation ont été épuisé. Ce sont également de bons moyens pour étouffer les affaires embarrassantes aux yeux des gouvernements qui aiment replacer ces questions sur la tables des discussions. Parmi ceux-ci, la question de la dépénalisation, voire de la légalisation, du cannabis fait à chaque fois grand bruit. Assez de remous pour noyer, un moment durant, les problèmes liés au chômage et à la faible compétitivité économique.


Pourtant quand on voit cette charmante petite plante verte, comment s’imaginer qu’elle puisse être à l’origine de tous les maux du monde ? Comment a-t-elle fait pour être un némésis gouvernemental ? Les hommes politiques aiment en faire la plus terrible de toutes les drogues, la ranger au sein des substances si terribles qu’elles aliènent tous les individus la consommant. Une plante ayant le maléfique pouvoir de transformer des personnes saines d’esprit en des esclaves accrocs dès la première bouffée. Croire cela, c’est céder aux sirènes alarmistes et infondées.


Pourquoi donc se focaliser sur elle alors que la cigarette et l’alcool font autant de dégâts ? Pourtant ces derniers sont tolérés par le gouvernement, une quelconque explication économique serait-elle derrière cette hypocrisie ? Allez savoir.


Certes, des études ont montré que cela pouvait nuire aux capacités intellectuelles des adolescents. Toutefois, le cannabis n’est pas la seule chose crétinisant l’esprit des adultes en formation, il suffit de jeter un œil aux programmes télé, aux films et aux autres médias qui leur est destinés pour se rendre compte de la faible teneur en intellect.


Au début du mois dernier, Vincent Peillon a soumis l’idée de dépénaliser le cannabis. Qu’est ce qu’il n’avait pas fait là ? Une cascade d’indignations de tous bords, de sarcasmes en série, de mauvais jeux de mots, se sont déchainés sur lui. Même le fantomatique Premier Ministre, adepte des bourdes, est sorti de son mutisme pour le tacler. En y réfléchissant bien, Vincent Peillon n’a pas tort. Peut être que changer son fusil d’épaule dans la lutte contre le cannabis ne serait pas une mauvaise chose. Mettre au placard la répression, qui a fait plus de mal que de bien, afin d’opter pour la dépénalisation. Une expérience à tenter afin de voir si les résultats seront probants ou non.


Mais au fait dépénaliser, c’est quoi ? C’est quand l’usage n’est plus puni par la loi mais quand la culture et la vente dans des lieux publics restent interdits. La légalisation, étape supérieure dans la tolérance, c’est quand l’usage, la culture et la vente dans des lieux spécifiques sont permises, notamment dans les pharmacies. Notons en plus que, 500000 personnes en fument quotidiennement dans notre pays et que 12,4 millions d’individus ont, au moins une fois, tiré un taffe sur un joint. Il faut savoir qu’en France, la loi du 31 décembre 1970, prévoit des peines maximales d’un an et des amendes records de 3750€ pour toute personne prise en train de consommer de l’herbe. Depuis quelques années, cette sentence peut être accompagnée d’un stage facultatif de sensibilisation. Les peines sont plus lourdes si on en détient et si on en fait le commerce.


Plusieurs pays ont déjà dépénalisé le cannabis, même légalisé, prenons nos valises et envolons nous pour faire un tour des différentes législations internationales. Tout d’abord les plus stricts, aux côtés de la France, se trouvent la Finlande et la Suède, des états ne faisant pas la différence entre drogue douce et drogue dure, les deux sont punies de la même façon. En Espagne, on dénote juste des sanctions administratives, pas pénales, et la consommation est tolérée si on ne trouble pas l’ordre public. L’usage, la détention et la culture sont autorisées dans des lieux privés et la vente de graines est légalisée. Au Portugal, la consommation a été dépénalisée. Les autorités ont abandonné la répression pour l’ acceptance, tout en tentant de dissuader les portugais d’en fumer. Les toxicomanes sont victimisés et pour ne pas les accabler d’avantage, on les prend en main. Seuls ceux considérés comme des consommateurs irréguliers peuvent être punis de sanctions administratives et par des amendes s’échelonnant de 25 à 150€.


En Belgique, les personnes majeures peuvent avoir sur elles 3g de cannabis, en Allemagne, on peut fumer des joint sans se soucier d’être corrigé, au Danemark, on peut en avoir 10g, par contre la vente et la livraison sont prohibées, puis en Italie, très généreuse, on peut en avoir 500g pour sa consommation personnelle, au delà, on passe dans le trafic, ce qui est sanctionnable. Chez nos voisins helvètes, cela peut surprendre, selon les cantons, il est acceptable d’avoir du cannabis comme plante ornementale ou pour parfumer son intérieur, toute autre utilisation est interdite. Cependant, il n’est pas difficile d’imaginer que des dérives existent. Au pays de sa Majesté, depuis 1928, le cannabis est illégal. La possession et l’usage sont assortis d’une peine de 2 ans de prison. La consommation est de moins en moins punie, les bobbies préférant s’occuper de problèmes plus graves. Autre royaume, autre mœurs, aux Pays-Bas, la prise et la vente de cannabis sont encadrées par des règles. Cela doit se faire dans des coffee-shops possédant une licence. Les néerlandais ont le droit de posséder 5g pour leur consommation personnelle et ils peuvent également avoir 5 plants chez eux au maximum.


En Australie, seuls les états d’Australie Méridionnale et celui de Camberra ont permis aux citoyens de fumer. Au Japon, cela est très durement puni, depuis 1948 et dans la constitution co-rédigée avec les américains, le simple fait d’en détenir peut vous valoir 5 ans de prison, pour les « gaijin », les étrangers, cela peut signifier un bannissement à vie du territoire. En Chine, cela est illégal sauf pour la médecine. En Russie, on a le droit d’en détenir 6g, plus et ce sera la case prison.


Outre Atlantique, chez nos cousins américains, 13 états sur 50 autorisent la vente de marijuana pour une utilisation médicale, comme en Californie, pour mieux supporter le cancer. Au Canada, on ne rigole pas, la culture de cannabis équivaut jusqu’à 7 ans de prison, le trafic, perpétuité si cela dépasse les 3kg, et la possession, 5 ans si elle est supérieure à 30g, le tout agrémenté d’une amende de 1000$. En Jamaique, pays où l’on penserait la fumette comme un vrai art de vivre tellement l’image d’Epinal d’un rasta fumant sa petite roulée est ancrée dans notre inconscient collectif, la marijuana est interdite. Or, l’administration étant ce qu’elle est et la corruption également, fumer n’est pas si répréhensible que cela.


Pour finir, intéressons nous au cas de l’Uruguay dont la démarche va à l’encontre de celle dela France. En effet, le président José Mujica souhaite la légaliser et en faire une composante à part entière de l’économie nationale. L’Etat perd chaque année 75 millions de dollars en ne controlant pas ce trafic ayant plus de 300000 clients réguliers. Le nationaliser ce serait mettre la main sur cet argent et ce serait également lutter contre les règlements de comptes entre narco-trafiquants et la corruption policière. Concrètement, la culture et la vente seraient confiées à des entreprises privées qui écouleraient leur marchandise dans des lieux spécifiques désignés par le gouvernement. Une nouvelle idée à soumettre au gouvernement français pour enrayer les effusions de violence perpétrées dans le sud du pays. La question est, quel ministre pour soumettre cette hypothèse ?

Une réflexion sur « Un joint sinon rien »

  1. – On va instaurer la journée internationale du cannabis, paraît-il…
    – Ha ? Et ce sera quand ?
    – Bin, le premier juin…
    ;D

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