A l’heure où la brume blanche et fraîche participe du réveil difficile de la nature grelottante, à l’heure où les sous bois se parfument d’humus pour mieux attirer les champignons de saison, où la nature se vêt d’ocre et de vermillon sertis de dentelle dorée, notre moral, à l’image des arbres qui peuplent nos forêts , perd ses feuilles et se déplume.
Cette saison transitoire durant laquelle notre organisme est mis à mal par l’humidité, les premières grippes, bronchites et autres gastros, est également pénible pour notre moral et pour nos nerfs, puisque c’est sous la bruine, la pluie, le vent et les premières gelées que l’on doit, les doigts et les lèvres gercées, aller se recueillir sur la tombe de nos disparus . L’automne est la saison des pluies, celles qui proviennent du ciel et celles qui sortent de l’âme et des souvenirs.
Pour autant, et je ne sais pourquoi, j’affectionne particulièrement ces mois douloureux, pour la simple et unique raison que derrière tant de peines ostensiblement visibles , les petits plaisirs qui s’y attèlent semblent particulièrement appréciables. L’automne, c’est la saison du cocooning, des soirées devant la télé emmitoufflée dans une couverure polaire douce et chaude. L’automne , c’est l’instant gustativement sublime. L’automne, c’est l’instant qui réunit les sens dans leur globalité.
La vue, tout d’abord avec ses paysages perturbés, méandres de couleurs, explosions de dégradés si la saison est belle, un arc en ciel à la Tim Burton, construit et élaboré dans une déclinaison de jaune ocre, terre de Sienne, orange, vert, vert soutenu, rouge, vermillion , marron, beige…
L’ouïe, ensuite… Plus de brame, un silence presque religieux, qui succède à l’invasion estivale dans les champs, aux petites fêtes entre amis en plein coeur de la nature, au parties de pêches nocturnes, aux barbecues sonores arrosés de rosé… La rosée apporte avec elle silence, nuée de condensation et calme, le seul bruit rythmant le quotidien étant peut-être le "floc floc" des gouttes de pluie dégoulinant de nos gouttières ou de nos parapluies.
L’odorat ensuite… Quel plair que l’automne pour les narines!!! un parfum particulier qui s’évapore au dessus des fôrets , l’odeur des champignons sur les marchés, la senteur particulière des chataîgnes ramassées dans les bois, chataîgnes qui auront une odeur singulière lorsqu’elles seront cuites dans le ventre de la cheminée. Cette odeur particulière de l’automne qui colonise les villes, qui vous assaille les narines sitôt sorti de chez vous le matin. L’automne c’est aussi l’odeur des légumes qui frisent sous la chaleur d’un feu pour un plat familial, choucroute, potée, soupe faite maison… Ces odeurs qui nous font penser que l’hiver est à nos portes et qu’il utilise un cheval de Troie pour nous convaincre…Celui qui est caché dans nos marmite.
Ce qui me vient à vous parler du goût…Les premières clementines, le raisin, les oranges , qui seront bientôt maltaises ou sanguines…Le plein de vitamines avec les kiwis, le plein de bonheur avec les premières fondues, tartiflettes , raclettes et autres plats qui tiennent au corps , figues et autres fruits riches et nécéssaires…
Quant au toucher…Besoin de douceur, de chaleur, l’automne est la saison des calins. Profitez-en!
un article qui sent bon !
🙂 😉 ;D
c’est donc de là que me vient l’envie de… ne pas sortir !