Selon le Corriere della Sera, qui emploie cependant le conditionnel en se fondant sur des sources libyennes, l’agent étranger qui aurait infiltré le groupe ayant capturé Mouammar Kadhafi était un agent des services secrets français, un barbouze, un sicaire, chargé, sur ordre de Nicolas Sarkozy, d’assassiner l’ex-dirigeant libyen afin de le faire taire à jamais… La presse internationale répercute. « Sarkozy avait toutes les bonnes et mauvaises raisons de tenter de faire taire le Colonel au plus vite, » rapporte un informateur tripolitain. 

On se souvient que le convoi de Kadhafi fuyant Syrte s’étirait sur des centaines de mètres et que ce sont des appareils de l’armée de l’air français qui l’ont « intercepté » et « traité ». Selon l’une de mes sources a priori autorisée, j’avais signalé que, pour arriver à de telles destructions de véhicules, en fonction des munitions censées être embarquées, deux passages et deux largages de bombes avaient été nécessaires. Soit, selon d’anciens de la chasse, il ne s’agissait pas seulement de stopper le convoi, mais de tenter de détruire autant de cibles que possible.

Mais dans cette hypothèse, cela n’avait pas suffi et Kadhafi avait survécu… Pas longtemps car il aurait été attendu au sol… par une équipe française.

Ce n’est pas la première fois que des officiels libyens mettent en doute la version de la mort de l’ancien dirigeant reprise par la presse internationale, remémore le Corriere della Sera. Mahmoud Jibril, alors Premier ministre du CNT, l’avait indiqué, et il l’avait répété devant les caméras d’une télévision égyptienne : « c’est un agent étranger mêlé à la brigade révolutionnaire qui a tué Kadhafi. ».

D’autres sources diplomatiques, depuis Tripoli, redevenue la capitale administrative libyenne, auraient été plus loquaces sur les mobiles, ce qui permet à Lorenzo Cremonesi, du Corriere, d’estimer que Kadhafi ou son fils n’affabulait pas vraiment lorsqu’ils affirmaient que Nicolas Sarkozy avait bénéficié de fonds présidentiels libyens pour soutenir sa campagne électorale en 2007.

Et ce serait « avec quasi certitude » un agent des services français (ou un contractuel embauché pour l’occasion, peut-être, mais supervisé) qui aurait exécuté Kadhafi. L’envoyé spécial du Corriere à Benghazi estime que cette thèse est « renforcée » par une enquête sur place de trois jours.

Rami El Obeidi a narré que l’ex-dirigeant libyen aurait été localisé à Syrte grâce à l’écoute de ses conversations avec des proches réfugiés en Syrie. Il aurait joint Youssouf Shakir. Ce seraient les services de Bachar el-Assad (autre « ami » de Sarkozy, invité à présider un défilé du 14 juillet à Paris) qui aurait trahi l’ancien invité officiel de Sarkozy devenu un adversaire à abattre.

Syrte aurait ensuite été massivement bombardée pour débusquer Kadhafi et le forcer à fuir, puis il aurait été doublement guetté, depuis le ciel et par une équipe à terre.

L’assassinat de Kadhafi avait été attribué à un jeune homme de 22 ans, Ben Omran Shaaban, qui s’en était publiquement vanté, et qui fut bizarrement localisé (ou vendu) à des présumés nostalgiques du Rais. Grièvement blessé, au lieu d’être évacué sur Malte ou vers l’Allemagne ou une autre destination, il fut acheminé à Paris, mais pour succomber à ses blessures dans un hôpital parisien, lundi dernier. Ce serait Mohamed Youssef el-Mgaryef, l’actuel président libyen, qui aurait favorisé la libération du jeune homme, le 13 septembre dernier, blessé au cou et au ventre, après une cinquantaine de jours de séjour forcé à Bani Walid, ancien fief kadhafiste.

Peter Allen, du Daily Mail, aurait tenté de joindre, hier dimanche, Nicolas Sarkozy, en vain. La presse internationale rappelle que Sarkozy avait démenti avoir reçu la moindre aide financière du régime libyen, mais que diverses enquêtes le visent pour des faits relatifs à des financements électoraux.

Tunisie Numérique remémore : « il est opportun de rappeler que la France était le premier pays à “dépêcher” ses chasseurs dans la campagne visant la chute, et pourquoi pas, le meurtre de Kadhafi. ».

The Telegraph titre « Bashar al-Assad a trahi le colonel Kadhafi pour sauver son régime ». Rami el-Obeidi aurait en effet estimé que la France aurait accordé au président syrien une période de grâce à la suite de l’information reçue sur la localisation de Kadhafi. Le Telegraph a contacté le Quai d’Orsay, mais n’a pu obtenir des précisions.

Britanniques et Turcs auraient été informés, à Benghazi, mais l’attaque contre le convoi de Kadhafi aurait été totalement menée par des forces françaises, selon diverses sources.

Le site hongrois Jutarnji reprend l’information en l’assortissant d’une photo de la réception parisienne de Kadhafi en 2007 avec pour hôte Nicolasa Sarkozyja.