Espagne : crise bancaire et récession

Cette journée du 17 mai ne restera pas dans les annales espagnoles. En tout cas, pas dans le bon sens du terme. L’adjudication espagnole a vu le pays consentir à des taux d’emprunt à moyen terme très importants, en moyenne de 5% pour les obligations à échéance 3 ou 4 ans, contre 3,37% lors de la précédente opération en mars dernier. Sur le marché secondaire, les taux à 10 ans s’élevaient à 6,3%, plus très loin des 7% qui ont vu la Grèce, le Portugal ou encore l’Irlande faire des appels du pied aux bailleurs de fonds internationaux en vue d’obtenir des plans d’aide de grande envergure. Plus tôt dans la journée, le gouvernement de Mariano Rajoy a du démentir l’existence de retraits panique des banques espagnoles, et particulièrement à propos de la banque Bankia, nationalisée la semaine dernière. Selon le quotidien El Mundo, les clients de la banque auraient retiré un milliard d’euros de leurs comptes. Bankia s’est rangée du côté du gouvernement en annonçant que ces retraits n’étaient que saisonniers et habituels à cette période de l’année. Sa nationalisation marque la volonté du pays de rassurer les marchés quant à la stabilisation du secteur financier rendu fragile par la crise immobilière. Madrid a également imposé aux banques d’augmenter leurs provisions pour se protéger de prêts toxiques dans l’immobilier.

Mais il en faudra bien plus pour rassurer les investisseurs dans un pays marqué par l’officialisation d’une nouvelle récession. Le PIB espagnol a en effet reculé de 0,3% au premier trimestre 2012 après une baisse de même ampleur au dernier trimestre 2011. Même le secteur des exportations, qui se portait plutôt bien au cours des deux derniers trimestres, a ralenti, conséquence des difficultés de ses principaux partenaires économiques. 

 

Le retrait des banques en Europe

Ce n’est pas encore un bank run, terme utilisé pour désigner une panique bancaire caractérisée par des retraits de la part des clients. Mais on n’en plus très loin, et notamment en Grèce. Depuis le début de la crise en 2009, les Grecs ont retiré 70 milliards d’euros de leurs comptes bancaires. C’est un tiers du PIB grec. Les cinq plus grandes banques du pays ont perdu 37 milliards de dépôts sur l’ensemble de l’année dernière, 12 milliards ont été enregistrés par EFG Eurobank et entre 8 t 9 milliards pour National Bank of Greece, Piraeus, ou encore Alpha Bank.  Après l’annonce de nouvelles élections législatives, et rien que sur la journée du 15 mai, 700 millions d’euros ont été retirés. Les Grecs craignent la dévaluation qui suivrait une sortie de la zone euro, ce qui les appauvrirait encore plus. Par conséquent, ils souhaitent récupérer leurs dépôts en Euro.

Ce phénomène ne concerne pas seulement la Grèce.  Plus de 120 milliards d’euros ont ainsi été retirés de banques belges et notamment Dexia, 30 milliards pour les établissements italiens. En France, c’est plus marqué : 90 milliards d’euros, 30 milliards rien que pour la BNP et le Crédit Agricole. C’est le Royaume-Uni qui en profite le plus. 140 milliards ont été déposés dans seulement quatre grands établissements britanniques. Le Royaume profite de sa position (il est hors de la zone euro) et de son exposition importante en Inde (HSBC, Standard Chartered). L’or, l’immobilier ou d’autres établissements (Barclays, Deutsche Bank, Credit Suisse…) sont d’autres placements privilégiés.