Sous le plaisant jeu de mot du présent titre, se cache une réalité toute autre: depuis treize mois maintenant sévit sur le sol syrien une répression sans fin. Le régime ne semble pourtant pas faiblir. L’opposition, la différence de la situation avec celle de la Libye, l’absence d’intervention militaire étrangère, le point de vue international… Retour sur plus d’un an de contestation.

 

Les débuts de l’opposition:

 

C’est le 16 Mars 2011, à Damas, que commencent véritablement cette triste partie de l’histoire de la Syrie. Il s’agit d’une manifestation de parents, d’amis proches des prisonniers politiques détenus par le régime. Tout se passe sans la moindre violence du côté des manifestants. Pourtant, les forces de l’ordre, qui visiblement ignorent toute signification du mot "pacifisme" commencent à tirer sur la foule innocente et se rend coupable de la mort de quatre personnes et de dizaines de blessés. La contestation gagne ensuite Dehra’a, puis tout le sud du pays. Au bout d’une semaine, on compte déjà près de 100 morts. A la mi-avril, les soldats tuent d’un coup 80 personnes lors d’une manifestation. La situation se calme quelque peu jusqu’à fin mai.

 

Pas comme en Libye:

 

A la même époque, souvenez-vous, la Libye était le théâtre de grands affrontements entre les forces pro-Kadafi et les rebelles, qui très vite montèrent l’opposition et contrôlèrent la moitié du pays. Le printemps arabe étant à son apogée, on pensait que la situation allait être similaire en Syrie, et que le régime finirait par tomber aux mains du peuple. Seulement, voilà, l’opposition est restée très divisée. Le conseil national syrien, qui constitue l’opposition extérieure, est peu crédible vis-à-vis de la population. En effet, s’affichant auprès de figures politiques étrangères, notamment Hilary Clinton ou bien Allain Juppé, ils se discréditent, et perdent en appui au sein du peuple syrien. De plus, exclus du territoire, ils n’ont pas le pied sur le terrain et donc un regard objectif de la situation. A l’intérieur, la contestation se fait dans les villes, mais de façon indépendante: on n’a pas encore vu l’opposition de deux villes différentes s’allier pour vaincre l’armée. Faute de moyen, aussi, car les armes n’affluent pas du côté des manifestants… 

 

Pas d’intervention militaire:

 

Encore une fois, on note une différence entre la situation libyenne et syrienne. En Libye, la France, le Royaume-Uni, et même les Etats-Unis avaient porté leur soutien à l’opposition libyenne. Ici, ce n’est pas le cas. Plusieurs facteurs empêche les grandes puissance d’opérer à quelque intervention. Le régime syrien n’est pas isolé du monde, comme l’était celui de Kadafi. Il compte en effet parmi ses alliés l’Iran, la Chine et la Russie, dont deux sont des puissances nucléaires sûres. On est donc vite dissuader d’y envoyer le moindre soldat. Ensuite, bien que bien moins habile que son père, Bachar Al-Assad ne se montre pas aussi agressif et borné que l’ex dictateur libyen. En effet, il propose au mois d’avril 2011 un plan d’apaisement des affrontements au sein du pays, organise un référendum "démocratique", accepte sans condition l’obligation de cessation des violences de la ligue arabe, et demande même son accession au conseil des droits de l’homme de l’ONU. Bien entendu, ce ne sont que des mots; loup, tu montres trop tes dents pour que l’on ne te reconnaisse pas derrière ton masque de mère-grand. La supercherie est trop grosse pour ne pas voir la fourberie. Néanmoins, toujours pas d’attaque étrangère à l’encontre du régime, preuve que la minable stratégie d’Al-Assad fonctionne plutôt bien, jusqu’à présent.

 

Du côté international:

 

Dès le mois d’avril commençaient les condamnations morales, inaugurées par la France avec Allain Juppé, ministre des affaires étrangères. La ligue arabe, qui au début de la contestation soutenait le régime dictatorial, a fini par le suspendre, suite au non-respect de l’obligation de la cessation des violences, évoquée précédemment. L’ONU, de son côté, a tardé à exprimer une condamnation morale. Il y a quelques mois, souhaitant envoyer des casques bleus afin de protéger les civils en Syrie, elle a réuni le conseil de sécurité. Résultat: la Chine et la Russie ont exprimé leur droit de veto à l’encontre de toute intervention. En tant qu’alliés de la Syrie, leur geste n’est pas inattendu, bien qu’il suscite beaucoup de colère à l’encontre de ces deux puissances, elles-même sous le joug de dictatures… Les Nations Unies ont enfin réussi à obtenir un cessez-le-feu de la part du régime de Bachar Al-Assad, et à envoyer des observateurs, afin de vérifier si les accords sont tenus. Espérons pour eux qu’ils sont toujours en vie, car les bombardements ont repris sur Homs, ville martyr de cette révolte, symbole de tout un peuple, pris dans un étau infernal par ses dirigeants.

 

Ainsi, on ne sait trop la façon dont cette contestation va se terminer. Elle risque de durer encore longtemps. Depuis treize mois, la situation ne fait qu’empirer pour la population, qui a vu entre 9500 et 11000 d’entre les opposants perdre la vie lors des affrontements avec les forces de l’ordre.