Le système financier iranien cloué au pilori

 

Si l’allègement des sanctions économiques et le changement de Gouvernement avait fait naître un espoir en Iran, il fut de courte durée. L’économie iranienne reste en proie à de graves difficultés. Les deux plus grandes banques iraniennes, Saderat et Mellat sont toujours blacklistées par l’UE et les USA et le système SWIFT est toujours bloqué pour l’Iran.



 

 L’accord de Genève sur le nucléaire iranien signé en novembre 2014 allège une partie des sanctions économiques qui minent l’économie iranienne depuis 1979. Mais selon les termes de cet accord, seuls les avoirs gelés sont concernés, 7 milliards de dollars placés à l’étranger seront restitués à l’Iran en plusieurs tranches.

Les systèmes pétroliers et bancaires, eux, restent sous le régime des sanctions jusqu’à un accord définitif. En février dernier, le Gouvernement d’Hassan Rohani a présenté son budget pour l’année 2014-2015. Selon le journal Les Echos, le déficit budgétaire est considérable. La croissance économique est négative de – 5,8 %, l’inflation officielle de 42 % et le  chômage touche plus de  30 % de la force active du pays. Ce nouveau budget ne pourra pas régler la crise économique endémique de ce pays. En prime,  alors que les revenus pétroliers avaient rapporté 70 milliards de dollars par an pendant les 8 années précédentes, ils sont estimés à seulement 30 milliards de dollars dans le nouveau budget. 

Les banques iraniennes dans la tourmente

Le pétrole ne pourra donc pas aider à sortir l’économie iranienne du marasme et le blocage du système bancaire continue à paralyser les échanges. En septembre 2006, l’administration Bush à mis à l’index une des plus grandes banques de l’Iran, la Saderat, alléguant que cette banque, nationalisée en 1980 et disposant de 3400 agences de par le monde, était utilisée pour transférer de l’argent à des organisations terroristes.

En 2010, l’Union Européenne a placé cette banque ainsi que la plus grande banque commerciale iranienne, la banque Mellat, sur la liste noire arguant que ces deux institutions financières collaboraient au programme nucléaire iranien. En février 2013, le Tribunal de l’Union Européenne, basé à Luxembourg, a ordonné le retrait des sanctions car l’UE n’avait pas fourni suffisamment de preuves pour démontrer que ces deux banques étaient impliquées dans le programme nucléaire iranien. L’UE a fait appel de cette décision, en attendant ce recours deux grandes institutions financières iraniennes restent clouées au pilori.

Déjà fragilisée par les sanctions financières internationales, les banques iraniennes ont été secouées par un scandale financier sans précédent dans l’histoire de l’Iran. En 2011, une fraude bancaire portait sur 2.6 milliards de dollars a été mise à jour. Elle avait été orchestrée, selon le journal Kayan, par Amir Mansour Aria, un financier qui pourrait être lié à Mahmoud Ahmadinejad. Amir Mansour Aria aurait utilisé de faux documents pour obtenir un crédit de sept banques publiques et privées iraniennes pour acheter des entreprises publiques privatisées. Au cœur de ce détournement de fonds, se trouvait la banque Saderat. Ce n’est pas la première fois, que cette institution financière fait face à un scandale. En 1997, déjà des dizaines de milliards de dollars avaient été détournés par deux frères Daoud et Hassan Afrashtehpour. Selon le journal iranien Roozno, ces deux personnages aurait été arrêté dans la ville de Tabriz et condamnés à respectivement 20 et 25 ans de prison. Une fois de plus, dans cette affaire de corruption plusieurs responsables de la République islamique auraient été impliqués. Pour preuve, l’argent détourné se trouverait encore à l’étranger et Hassan Afrashtehpour a sauté la case prison. Il est aujourd’hui gérant d’une société de trading dénommée Tejarat Aria GostarIranianNavid Co et fait tranquillement des affaires à Téhéran et ailleurs, notamment aux Emirats Arabes Unis.

Les problèmes des banques iraniennes ne s’arrêtent pas là, elles sont confrontées  à un autre problème majeur. Celui de l’interdiction au  faire des transferts bancaires avec le réseau SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Télécommunication.) En effet, depuis mars 2012, l’UE a interdit à l’Iran l’accès à ce réseau aux institutions iraniennes qu’elle sanctionne. Ces sanctions concernent 116 individus, 442 sociétés dont les banques Saderat et Mellat et la Banque Centrale. Or, c’est par l’intermédiaire de ce réseau que tous les secteurs financiers du monde effectuent leurs transactions. Cette nouvelle interdiction oblige l’Iran à contourner ce système soit avec des paiements en cash, en or, soit en passant par des pays peu regardant qui assurent leurs paiements.

Ce qui laisse encore plus de place à des possibilités de fraudes, de corruptions ou de détournements de fonds… 

Une réflexion sur « Le système financier iranien cloué au pilori »

  1. Aucun étonnement quant à cette situation ! Une dictature quelque soit son masque reste une dictature et engendre des excès (litote) comme cet exemple.

Les commentaires sont fermés.