Abstention les yeux!

 On le sait tous : dimanche prochain, ce n’est ni l’UMP, ni le FN, ni les écologistes, ni les sympathiques listes citoyennes et encore moins les socialistes qui remporteront les élections européennes, mais bien l’abstention. La France fait depuis quelques années cette amère expérience, et le précédent scrutin a encore battu bien des records (36% au second tour des municipales à l’échelle nationale), et ce, quoiqu’ait pu en dire un Bruno Le Roux, député PS de Seine Saint Denis et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, brandissant fièrement l’argument de l’intérêt des Français pour leur commune et leur vie locale. En vain. Le triomphe de l’abstention est assuré : on l’entend déjà fanfaronner. Reste à savoir si l’incroyable record de 2009, 59.5%, soit 6 Français sur 10 qui ne se sont pas déplacés jusqu’aux urnes, sera battu ou non. De telles perspectives sont peu réjouissantes, d’autant plus que l’enjeu est de taille. A l’heure de la mondialisation, les instances européennes prennent, qu’on le souhaite ou non, une importance considérable. Le très controversé traité transatlantique (TAFTA), qui repose sur un renforcement des liens économiques entre le Vieux Continent et l’Amérique du Nord, aura, s’il se concrétise, d’importantes répercussions sur le système économique français. Et c’est à Bruxelles et à Strasbourg que se feront les jeux, pas à Paris. De plus, les listes citoyennes sont nombreuses, elles s’ajoutent à la palette classique du paysage politique français. L’excuse « Tous pourris » n’est pas valable. Chacun devrait y trouver son compte. Mais quoiqu’il arrive, que l’on ne fasse guère d’illusion : le non-vote gagnera. Il s’agit de comprendre les raisons d’une telle abstention, dont on aperçoit déjà l’imposante silhouette, à l’heure où, paradoxalement, l’UE attise les passions les plus effrénées.

Opacité de la vie politique :

Bruxelles n’est pas loin : trois bonnes heures suffisent à relier Paris à la capitale belge. Autoroute tout le long, TGV pour les plus écolos. « La Belgique, c’est la France », qu’on entend dire, parfois. Une approximation qui, loin de prêcher une sorte de néocolonialisme, souligne l’importance de l’esprit français au sein de la nation voisine : on parle la langue de Molière à Bruxelles. Rien de dépaysant. Strasbourg, siège officiel du Parlement européen (seules quelques séances pleines se déroulent à Bruxelles), l’est encore moins. Pourtant, aux dires des Français, l’Union Européenne présente les caractéristiques de quelque instance supérieure, en laquelle est concentré tout ce qu’il y a de plus lointain aux yeux des électeurs. C’est tout près, mais c’est trop loin. Demandez-donc à votre voisin s’il connaît ne serait-ce qu’un seul des députés français qui siège au Parlement européen, vous constaterez à quel point elle nous est étrangère. Bruxelles, c’est cet ennemi que l’on pointe du doigt, mais qu’on ne pourra jamais toucher. C’est cette île mystérieuse et inquiétante que l’on voit de la côte, d’où viennent tous les malheurs, mais que la mer déchaînée rend inaccessible. C’est ce dieu malfaisant, qui, du haut de son royaume, jette au hasard ses foudres sur les pauvres humains, dont on ne peut se venger que sur la statue. Il juge, il juge mal, mais on n’y peut rien, après tout. Transcendance oblige, la résignation est de mise. On le comprend bien : les Français ne se sentent pas proches des institutions européennes. Ce ne sont pas les leurs. D’où l’abstention massive. Mais comment en est-on arrivé là ? Pourquoi Bruxelles n’est-elle plus vue que comme une malédiction ou un enchantement, et non plus le siège d’organes représentatifs ? Comment est-on passé d’un véritable engouement pour ce qu’on imaginait l’horizon de la démocratie en 1979, date des premières élections européennes, à une sorte de classe silencieuse et à moitié endormie d’un lundi matin, déjà ennuyée par la question que lui pose le professeur ?

Il faut chercher du côté politico-médiatique. La première raison pour laquelle les institutions de l’UE restent étrangères aux français est la désinformation dont celles-ci font l’objet. Les journaux télévisés, qui se sont peu à peu substituer à la presse papier, n’évoquent que très peu la vie politique de Bruxelles. Les institutions restent profondément méconnues. TF1 et France 2 se contentent de la météo, et la compétition est rude entre les prétendants à une précieuse interview de Gégé, adepte de la pétanque, satisfait du retour du beau temps. L’Union Européenne n’est qu’une des nombreuses victimes des grands médias nationaux, sacrifiées sur l’autel de l’instantané et de l’intellectuellement-confortable. Faute à qui ? Parce qu’on peut tout aussi bien faire grief au Français moyen, avachi sur son canapé, tout fatigué par sa journée de travail passée derrière son écran d’ordinateur, de ne pas s’informer par lui-même. La manipulation politico-médiatique a ses limites, et il ne tient qu’à nous de trouver de meilleures sources d’informations, qu’on trouve sur internet ou tout simplement dans les bureaux de tabac/presse. Encore faut-il avoir la patience de lire. Les seules fois où la télévision aborde le thème de l’UE, elle ne le fait pas par la voie de ses journalistes, à part peut-être Arte, mais par celle des politiciens. « L’Europe c’est la paix » s’exclame avec enthousiasme François Hollande. C’est bien. Mais c’est quoi l’Europe ? Ou plutôt cette Europe dont il nous parle ? Gégé, lui, il n’en sait rien. C’est mauvais, c’est bon qu’à appauvrir les gens et faire venir des Roms qui mendient et qui volent dans les magasins. Autrement dit, le 25 mai, c’est Marine ou rien. Belle alternative. Kévin, lui, 20 ans, mécanicien, n’en sait rien non plus. Alors comme c’est « tous des pourris », et que la politique c’est chiant, autant faire la grâce matinée dimanche, et passer le reste de la journée à regarder Jean-Luc Reichmann, Drucker, ou les interminables rediffusions de séries américaines  de lendemain de soirée bien arrosée. Qui  ne s’informe pas ne sait pas. Et qui ne sait pas ne vote pas ou vote contre l’UE. Cinquante cinquante, sûrement.  Véronique, elle, 45 ans, doit s’occuper de ses filles, et n’a pas sa voiture pour aller au bureau de vote du centre-ville. L’Europe attendra, encore.

Questions importantes, listes abondantes :

Si les électeurs seront peu à se mobiliser ce dimanche, les potentiels élus, eux, n’ont pas chômé. Dans la circonscription Sud-Est, on compte pas moins de 23 listes. Parmi elles, les partis traditionnels, le PS et les virés du gouvernement (Vincent Peillon, candidat dans la circonscription Sud-Est), l’UMP et ses bêtes de foire (#nadine_morano @jefaismacrised’adosurTwitter), le FN, les Verts, Alternative (centre), le Front de Gauche, mais aussi et surtout des listes citoyennes, qui refusent de se situer dans l’échiquier politique, préférant le bon sens à l’éternel et stérile bipolarisme droite/gauche. On peut citer le Parti Pirate, qui milite pour une plus libre circulation de l’information et de la culture sur le net, Démocratie Réelle, Région et peuples solidaires, ou encore Nouvelle Donne. Les propositions sont nombreuses, les idées, bonnes ou mauvaises, prolifèrent dans un climat d’euroscepticisme. Il y en a pour tous les goûts. Et surtout pour ceux qui ne sont pas satisfaits : « Stop à l’Europe de la finance », « Non à Bruxelles, oui à la France » (pas besoin de préciser de qui il s’agit), « une autre Europe est possible », etc. Seuls l’UMP et le PS, qui n’arrivent (et essaient-ils au moins ?) décidément pas à se défaire du libéralisme, ne brandissent pas la bannière du « changeons-tout » ambiant. Il est regrettable que l’abstention reste la seule issue envisageable et que, malgré ce foisonnement d’idées, qui vont du retour sur la loi Taubira à la légalisation de la PMA, du sécuritarisme à outrance à l’anarchie quasi-revendiquée de la régularisation des sans-papiers, de la mise en place d’un fort protectionnisme à l’établissement d’un marché commun avec l’Amérique du Nord, jusqu’à l’autorisation du piratage sur internet et au retour du roi dans l’Hexagone, les français ne se bousculeront pas pour accéder aux urnes. Le buffet est servi, il est vaste, copieux. Il ne reste plus qu’à le dévorer. Quel gâchis.

A cela s’ajoute l’importance des questions auxquelles il nous faudra faire face d’ici peu. La mondialisation que nous vivons transforme nos modes de vie, jusqu’à notre quotidien. Concurrence exacerbée, disparition des petits commerces au profit de la grande distribution, des petites exploitations agricoles peu viables face à l’industrie agro-alimentaire… François Hollande avait beau prétendre redéfinir les règles de l’UE, il n’en a été que le pantin : Bruxelles pèse bien plus lourd que Paris sur les questions économiques. Le traité transatlantique, quoi qu’en pense notre beau pays, sera soumis au bon jugement des institutions européennes. Parlons-en tiens, de ce fameux traité ! Cet accord prévoit l’élaboration d’un marché commun entre l’Amérique du Nord et l’UE par une politique économique ultralibérale, qui, s’il se concrétise, aura de lourdes conséquences sur notre système : abaissement des tarifs douaniers, baisse des impôts sur les entreprises, libéralisation de certains services publics, etc. Sans louer ce traité ni le clouer au pilori, une chose est certaine : il est dans le droit du peuple français de décider de ce qu’il adviendra de son propre pays. Or, comment un pays peut-il garder sa souveraineté si son peuple ne se déplace pas pour s’exprimer sur son sort ? Notre système économique doit, quel qu’il soit, rester de notre ressort, c’est un des fondements de notre démocratie. La mondialisation se joue à Bruxelles, il faut bien le comprendre. Aller voter, c’est manifester sa satisfaction ou son contentement quant à elle et les effets qu’elle a sur nos vies. Ces effets ne sont pas uniquement d’ordre économique : ils peuvent concerner l’environnement. De nombreuses lois environnementales sont décidées au sein des institutions européennes. Bref, on le comprend, au vu de l’importance des enjeux auxquels nous faisons face aujourd’hui, il est primordial d’aller s’exprimer. Qui ne vote pas reste dans l’éternelle soumission. Et une démocratie ne peut s’accommoder d’un peuple soumis.

 Ainsi se termine ce plaidoyer –revendiqué autant que vain- pour la participation électorale ce dimanche 25. On en revient au triste constat du début de cet article, c’est bien l’abstention qui gagnera. Dommage. Parce que cela vaut la peine de se déplacer, vraiment. Surtout si l’Europe actuelle ne vous convient pas. Lorsqu’on vous donne l’opportunité de râler, on le fait. Question de principe. En particulier quand on est Français. On l’a bien vu, les listes qui réclament une « autre Europe » foisonnent, et ce dans n’importe quelle circonscription. La citoyenneté, on le sait, a besoin d’un nouveau souffle. Et ce n’est pas l’abstention qui va arranger son cas : essayez-donc de guérir un malade avec du poison. Bah, elle est costaude, cette citoyenneté, de toute façon. Peu sûr. Le silence d’un homme est gênant ; celui d’une nation, insupportable. Les valeureux chargés de bureau de vote dimanche en feront la délicieuse expérience. Marie, elle, elle sait qu’elle va aller voter, par principe. Elle se déplacera à pied, sous la pluie s’il le faut, et c’est avec conviction qu’elle glissera son bulletin dans la petite enveloppe, toute fière de son geste. Mais, lorsqu’elle la laissera tomber dans l’urne tristement vide, elle regardera d’un œil mélancolique, perdu dans cet horizon lointain de la liberté, son léger bout de papier tomber tranquillement dans ce cube dépeuplé, comme si une démocratie entière tenait dans sa chute, et elle entendra gémir une petite voix fragile, comme animée par un dernier soupir : « A quoi bon ? »

Lettre au président de la fédération française de football

A l’attention du président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët

87, boulevard de Grenelle, 75015 Paris 15

 

 

 

 

Objet : coupe du monde de football 2022

 

A Lyon, le 29 Septembre 2013

 

Monsieur le président,

 

Je m’appelle Thomas Porcheron, suis âgé de 19 ans et pratique le football depuis plus de dix ans. Toute ma vie, ce sport m’a suivi, j’ai toujours pris un grand plaisir à y jouer, et c’est aujourd’hui encore ma plus grande passion. Combien de fois ai-je rêvé, comme tant d’autres, de porter un jour le maillot bleu, assis devant mon poste de télévision, tremblant comme une feuille, vivant les rencontres au rythme du ballon rond ? Combien de fois me suis-je imaginé courant sur la pelouse du Stade de France, soutenu par un pays entier, poussé par son souffle ? Ainsi que tous les français, nous avons éprouvé mille joies et peines durant les grandes compétitions internationales, qui ont parfois fait la gloire de notre nation. La coupe du monde nourrit les rêves de chacun, elle fait battre les cœurs, elle passionne les hommes, pendant un mois rassemblés dans un même grand stade, abandonnant les querelles interminables qui les déchirent. Quatre-vingt-dix minutes d’émotion. Voilà ce qu’est le football à mes yeux, à vos yeux, et aux yeux de tous.

 

Mais depuis quelques années, l’argent a gangréné le milieu professionnel, et l’économique prévaut maintenant sur le sportif. Voyez donc ces riches propriétaires, qui n’hésitent à débourser les sommes les plus folles pour s’attirer les services d’un joueur. Néanmoins, si les championnats souffrent d’une image plus que mauvaises, les compétitions internationales semblent encore, aux yeux de l’opinion, échapper à ce poison. Du moins, jusqu’à maintenant. Nous savons tous deux que la nomination du Qatar comme organisateur du Mondial en 2022 est le fruit de la corruption. Mais l’absurdité du choix de la FIFA n’est pas le centre de mes préoccupations. Vous avez sans doute été informé de la mort de 44 ouvriers népalais, cet été, sur les chantiers des infrastructures dédiées à la coupe du monde, qui ne relève certainement pas de simples accidents, mais des conditions de travail des immigrés. Mais selon le quotidien anglais The Guardian, qui a révélé les faits, ce ne sont pas seulement 44 mais plus de 210 hommes qui ont vu leurs jours s’éteindre depuis le début du projet, du fait des conditions de travail indignes. Selon certaines estimations, ce sont plus de deux mille vies humaines qui pourraient être sacrifiées d’ici 2022. J’en arrive donc à ma requête : je vous demande, au vu des abominations qui se sont produites, de retirer la France de la liste des participants au Mondial. Au nom des millions d’enfants qui regardent les joueurs de l’équipe de France comme des héros, au noms des cris de joies que l’on pousse au premier but, au nom des moments magiques que nous avons vécu grâce à ce sport, au nom de ce lien irréductible qu’est le football dans le monde des hommes, je vous implore de boycotter ce tournoi, qui n’a plus rien de sportif. L’argent et la corruption en ont envenimé l’essence. Comment notre grand pays qu’est la France, amoureuse de la liberté, pourrait-elle accepter de fouler un sol qui fut le tombeau des martyrs, tombés sous le coup des fouets ? Comment dirons-nous à nos enfants, que nous avons sacrifié des milliers de vies humaines dans le seul et unique but de pouvoir s’asseoir devant un poste de télévision ? Comment croire au football après cela ?

 

Vous êtes comme moi un grand amoureux du ballon rond. Vous comprenez donc l’indignation et la colère qui m’animent. Je suis conscient qu’un tel acte aurait des conséquences plus que néfastes. Je sais que les français en seraient profondément troublés. Mais j’estime qu’il faut préférer à une terre stérile, desséchée et souillée, une pelouse verdoyante, fertile et respirant la vie. Décidez dès à présent d’être l’honnête perdant,  refusez le rôle du gagnant corrompu, et soyons enfin fiers de porter ce maillot bleu.

 

Sportivement,

 

Thomas Porcheron.

Génération identitaire: cette jeunesse enragée

 Depuis quelques mois, un mouvement d’orientation politique visant à rassembler la tranche jeune de la population est sous les feux de l’actualité : « Génération identitaire » aime-t-il à se désigner. Créé en 2002-2003, il connait un essor relativement important depuis 2009, et cette année même seront organisés, au cours du mois de décembre, de grandes manifestations dans les grandes villes de la région Rhône-Alpes (Lyon, Valence, Bourgoin-Jailleux) mais aussi dans la Nord, à Lille ! La notion d’identité est à la base du mouvement. C’est vague. Car une idéologie dite « identitaire », c’est quoi exactement ? Une génération qui veut faire connaître son identité dans le monde ? Des jeunes en recherche de qui ils sont ? Ou bien tout simplement des étourdis qui ont perdus leurs papiers ? Un peu des trois …

En jetant un simple coup d’œil au site internet, on est d’entrée frappé par une forte volonté d’impressionner le visiteur, qui vient ici par curiosité, par habitude, pour la première fois ou pour la centième fois de la journée. Ah non, il n’en ressort par indemne, dans tous les cas, alors prenez-en garde. On vous y impose une définition quelque peu bouleversante de l’identité, comme quoi quiconque n’est lui-même qu’en tant qu’il appartient à un sol, à un territoire donné et qu’il est issu de parents de ce même territoire. Tiens donc ! Déjà entendu ça ! Et ça a fait 20% aux élections présidentielles, en plus. Mais qu’est-ce donc, voyons ? … Une tête blonde peut-être ? Ah vraiment non, ça ne revient pas. Bah tant pis, après tout peu importe, ça ne devait pas être grand-chose. Ces premiers termes se heurtent à une erreur, et non des moindres : l’identité, nous en conviendrons, est relative à l’individu, en premier lieu et avant toute chose. Je ne peux me résoudre à me définir uniquement par le sol sur lequel je marche et « l’ethnie » à laquelle j’appartiens, je me réduirais en ce cas à me considérer sur les seules données extérieures. Et moi alors ? Où suis-je dans tout cela ? Au pire un bouton d’eczéma parmi d’autres. Au mieux un loup au milieu d’une meute. Oui, oui j’entends, ça manque d’intériorité. L’identité, c’est ce qui est propre à moi, mes affects, mes états d’âme, mes pensées. Et puis toutes ces petites choses. Et tout cela forme un tout : vous. En d’autres termes, vous n’êtes pas déterminés par le lieu que vous habitez, le sang qui coule dans vos veines, les mœurs sociales, … Vous êtes quelqu’un ; vous êtes tout court.

Ah mais attention, progrès ! On s’élargit à l’Europe, cette fois, on dépasse les frontières de l’hexagone, on a compris que la France avait des voisins pas si différents, finalement ! Les photos c’est mieux quand on enlève le cache… Bon, par contre, niveau pixels, c’est encore ça. Mais l’élan de la jeunesse, cela ne résout-il rien ? Un peu de crédibilité, éventuellement… Nouvelle contradiction que l’on rencontre après une lecture plus approfondie : le refus des conventions. Progressiste donc ? Non, non. Car la « génération identitaire » se veut profondément conservatrice en matière « d’ethnie » (vous aussi, vous trouvez étrange que l’on parle encore d’ethnie en France ?), de coutumes, de territoire… Si cela ne saute pas aux yeux, faites vous-mêmes l’expérience : dites d’abord que vous êtes communiste, puis que la mondialisation et ses effets ne vous dérangent pas ; affirmez votre penchant écologiste au volant d’un puissant 4X4 ; chantez votre passion pour la musique avec une place pour un concert de Rihanna dans les mains. Bref, vous voyez le principe. Exaspérant non ? Au moins. L’ethnie, qu’est-ce alors ? Des hommes et des femmes qui parviennent à un accord disant qu’ils font partie du même groupe. Le territoire ? Le fruit d’une longue négociation entre deux puissances politiques sur une limite donnée. Les coutumes ? Sincèrement, y a-t-il vraiment besoin…

Bref, on la sent, après avoir longuement parcouru la présentation du mouvement, cette haine profonde d’on ne sait quoi, ce fiel qui naît de la frustration, du souvenir irritant, cette névrose, cette colère que l’on extériorise parce que l’intérieur est tout détruit, ou n’est rien tout simplement. Car voir chez l’autre (parce que celui qui ne partage pas votre identité est autre, par définition) un danger, cela équivaut à ériger les barreaux de sa propre cage. Or, puisque l’identité n’est pas statique, et qu’elle ne se définit qu’en tant que le moi se transforme continuellement, nous conviendrons que l’enfermement de celle-ci conduit à sa perte. Coincé dans une bulle, on manque rapidement d’air…

Ainsi est la « génération identitaire », et je n’invente rien, c’est tout écrit ! Lycéen, Etudiant, jeune travailleur, toi qui regardes cet article en te demandant quel genre de demeuré a bien pu le rédiger, tu es convié à te rendre dès à présent sur le site internet de ce mouvement, et si tu habites en région Rhône-Alpes, peut-être auras-tu la chance d’assister à ces grands rassemblements qui auront lieu d’ici peu ; alors admire le spectacle, et la foule, et regarde ces jeunes gens, déjà tellement ridés ! Et si c’était ça « l’identité » ?

 

éclat

 néant

 

Pourtant retourné transporté brassé  

Ci et là

 

pointe sismique donne le

                                                                                                                                      

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Mais comment ?

Nébuleux voyage le long d’un courant

                                    

                                             c                                      e             e                                    g                  n                                    u                   t                                       f              r                                              i

                                                                              360 degrés

Entraîné

Entraînant

Traîné

Traînant

Ainé

Aimant

né ?

NAN !

 

éclat

Que retenir de l’Euro?

 Au lendemain de la splendide consécration de l’Espagne à Kiev, il est temps de dresser un bilan de ce championnat d’Europe des nations, à cheval sur la Pologne et l’Ukraine. Le football de notre continent est une classe, où chaque élève a sa particularité. 

 

L’Espagne: la meilleure

 

20/20, tout est dit. Après avoir remporté en 2008 leur second Euro, et la première coupe du monde de leur histoire deux ans plus tard, la roja entre dans la légende en signant un troisième succès international d’affilé: du jamais vu. Tout n’avait pourtant pas si bien commencé. Durant la phase des poules, on voyait une Espagne jouant au ballon, certes, mais ennuyeuse, manquant profondément de vitesse, de percussion, et de présence devant le but adverse. On croyait cette équipe à cours de solution, car trop prévisible, et la Croatie, lors de la dernière rencontre de la phase des groupes, a bien failli profiter de cette faiblesse. Arrivés aux quarts de finale, les hommes de Vincente Del Bosque ne firent pas meilleure impression face à une France impuissante, mais l’essentiel résidait dans la qualification. Les Portugais ,emmenés par un Christiano Ronaldo absent, par leur combativité, manquèrent de peu de renvoyer chez eux les voisins ibériques; les tirs aux buts profitèrent aux champions du monde, comme un coup du sort. Le réveil eut enfin lieu lors de la finale face à l’Italie, au meilleur moment du tournoi. Une défense quasi-irréprochable, un milieu de terrain omniprésent, rapide, délicieusement juste, et une attaque efficace (6 tirs cadrés, 4 buts), bref, le match parfait. Xavi et Iniesta nous régalent une fois de plus par leurs passes, tout droit sorties d’un jeu de playstation, Jordi Alba éclate sur son côté gauche, Torrès marque une nouvelle fois la finale de l’Euro par un but et une passe décisive. Toute-puissante, unie et tellement humble, à l’image des enfants des joueurs qui vinrent s’amuser sur le terrain qui avait vu leurs pères briller. Telles sont les qualités de cette équipe historique, qui sera probablement au rendez-vous au Brésil dans deux ans.

 

L’Italie: l’imprévisible

 

Parier sur la performance de la Squadra Azzura avant une compétition internationale relève de la folie. En 2006, vainqueurs du mondial, en 2010, éliminés dès premier tour, on était dans l’incapacité de prévoir où finirait l’Italie dans ce tournoi. Une fois de plus, elle est salie par les matchs truqués de son championnat, par ses joueurs qui eux mêmes participent aux paris sportifs dont ils sont l’objet. Mais au lieu de résorber l’esprit d’équipe, l’effet en a été décuplé, comme il y a six ans. Les habitudes ne changent pas: on commence doucement, très doucement, et on explose après. Les matchs de phase de poule ne sont pas glorieux, même si Andrea Pirlo régale le public par son élégance; la qualification est là néanmoins, et l’Italie n’est pas tombé dans le piège de la facilité contre une Croatie coriace, et une Eire valeureuse, mais faible techniquement. Le match contre l’Angleterre change tout. Les hommes de Cesare Prandelli, arrivé il y a à peine deux ans, montrent leurs qualités offensives, leurs capacités de jeu rapide; on n’est plus dans l’opportunisme habituel, où l’on se contente d’attendre l’erreur de l’adversaire passivement. Pas de but, mais une victoire tout de même, qui les envoie dans l’arène défier l’ogre allemand, LA favorite du championnat d’Europe des nations 2012. Mais sur la pelouse, c’est l’équipe transalpine qui mène la Gdansk (petit jeu de mot). D’abord dominée par une attaque germanique puissante et rapide, la Squadra marque dans la douleur par Super Mario (Balotelli), et se libère complètement de l’emprise adverse. Les italiens manquent le 3-0, mais domptent les joueurs de Joachim Löw, une fois de plus, et avec la manière. 2-1 score final. La finale s’annonce chaude. Au moment des hymnes, le chant des transalpins, bien qu’archifaux, fait chaud au coeur, Buffon, en tant que capitaine, montre l’exemple: la fierté nationale est là. Hélas, ils tombent sur plus forts qu’eux, la meilleure équipe du monde. 2-0 à la mi-temps, tout n’était pas encore fini; mais la blessure de Thiago Motta quelques minutes après son entrée, achevait les minces espoirs de victoire. 4-0. Lourde défaite, loin d’être méritée, car ce sont des hommes vaillants, forts mentalement qui se sont illustrés…

 

L’Allemagne: le prometteur

 

Elle était LA favorite de ce championnat d’Europe, devant l’Espagne. A l’inverse de l’Italie, totalement imprévisible, l’Allemagne offre dans ses performances des garanties. 2002, finalistes du mondial, 2006, 3e de la même compétition, 2008, finalistes de l’Euro et une nouvelle fois 3e de la dernière coupe du monde. C’est lors de ce tournoi Sud-Africain, pauvre en spectacle, que le jeu allemand avait ébloui le public par sa rapidité, sa discipline collective, son efficacité offensive. Dès les premières rencontres, ils se montrent fidèles à leur réputation, en collectant les 9 points, les seuls de l’Euro 2012. Le quart de finale disputé face à une Grèce revancharde ,de fait de l’austérité du pays due aux directives européennes du gouvernement allemand, illuminait les esprits. Lahm, Khedira, Klose et Reus inscrirent chacun un but. Le dernier, du jeune talent de Dortmund, une frappe somptueuse du coin de la surface dans la lucarne opposée, illustrait d’un instant toute la beauté du jeu germanique: direct, puissant, efficace, élégant. Une belle gifle, mais ceci dit, rien ne relève de l’exploit. Arrive la rencontre avec la Squadra Azzura, que l’Allemagne n’a jamais réussi à vaincre lors des tournois internationaux. Fin de la malédiction? On pouvait être optimiste, après la précédente performance, et la qualité de la jeune génération sur la pelouse, Özil, Khedira, Neuer, Reus, que de valeurs sûres! Mais leur manque d’expérience, de maturité se paya très cher face aux hommes de Cesare Prandelli. Incapables d’ouvrir le score durant leur période de domination, et de faiblesse de Buffon, ils encaissent un premier but à la première occasion adverse. Le second porte un coup de marteau derrière la tête de la Mannschaft, qui ne s’en remettra pas, car à cours de solution pour contrecarrer la tactique italienne. Une fois de plus, l’Allemagne échoue à la dernière marche… On les attend bien évidemment dans deux ans, où, on espère, cette génération de jeunes prodiges explosera.

 

Le Portugal: le combattant

 

Le groupe dans lequel se situait le Portugal pouvait donner des nausées. Mais les joueurs ne se sont pas laissé impressionner par leurs adversaires, et ont su se qualifier sans difficulté pour les quarts de finale. On retiendra une bonne performance défensive face à l’Allemagne, petite défaite 1-0, c’est peu, lorsque l’on sait le nombre de but qu’elle est capable d’inscrire en un seul match. Beaucoup de sang-froid face au Danemark, de même face aux Pays-Bas, où on retrouve un Christiano Ronaldo éblouissant. Certes deuxième de leur poule, les lusitaniens sont peut-être tombés sur le plus abordable des adversaires: la République Tchèque. Avec un Milan Baros fatigué, à l’image de toute une équipe incapable de faire face aux assauts portugais, celle-ci n’aura pas tenu longtemps. Ronaldo confirme son réveil en inscrivant un doublé. En demi-finale, l’enjeu est tout autre: c’est l’invincible Espagne qu’il faut battre. Au terme d’un match sans rebondissement, lent, fermé, le Portugal faillit sortir les champions du monde en les entraînant jusqu’aux tirs aux buts, exploit! Mais la sérénité n’est plus là, les joueurs de Del Bosque s’imposent. On notera l’énorme match des défenseurs, Coentrao notamment, qui pas une seule fois ne laissera passer Jordi Alba sur le côté gauche. Dommage que le Ballon d’Or 2008 ait raté le rendez-vous.

 

La France: le turbulent 

 

Le meilleur pour la fin. A croire que c’est une tradition française que de faire parler d’elle à travers le monde entier durant les compétitions internationales. Piteusement éliminée du mondial en 2002 après avoir remporté la coupe du monde et l’Euro, salie par le célébrissime coup de boule de Zidane en finale du mondial en 2006, GREVISTE (étrangers, riez!) en 2010 à Knysna, on est reparti pour un tour avec le cas Samir Nasri. Insulter un journaliste sur le terrain, quelle originale façon de fêter un but! Et le sélectionneur qui ne réagit pas… Le parcours avait pourtant bien commencé pendant les phases qualificatives, où Laurent Blanc avait enchaîné une belle série de 18 matchs sans défaite, la dernière datant de septembre 2010, ainsi que trois victoires lors des préparations. Mais on sentait déjà Philippe Mexès manquer de confiance, manquer ses performances, mettant ainsi la défense française en danger. Cet affaiblissement se confirme lors des phases de poule, notamment face à la Suède. Comment expliquer une (re)descente aux Enfers si brusque, alors qu’il avait été irréprochable durant toute l’ère Blanc? Mystère. Après un bon match face à l’Angleterre (1-1), et une victoire face a l’Ukraine (2-0), l’opinion se fait optimiste quant à ces Bleus. Mais c’est hélas la déroute qui s’ensuit: la Suède, pourtant déjà éliminée, nous donne une leçon de football, et Ibrahimovic se permet d’infliger à Lloris un ciseau-retournée, peut-être le plus beau but du tournoi. La défaite n’est pas le pire constat, c’est le comportement exécrable des joueurs, imbus d’eux-mêmes, inapte à penser collectivement, à représenter leur pays qui dégoûte. La France est sûrement la seule nation qui n’a pas su mouiller le maillot pour la patrie, avoir une réaction d’orgueil, lorsqu’elle en avait les moyens. Le quart de finale contre l’Espagne s’annonçait mal. Mexès suspendu, c’est Koscielny qui prend le poste de défenseur central. Il livre une très belle performance, et demeure, avec Cabaye, Lloris, Ribéry et éventuellement Clichy , une des seules satisfactions de ce championnat d’Europe. Benzema qui marche, au lieu de presser les défenseurs, symbole d’une équipe, ou plutôt d’une quantité d’individus, endormie. Au revoir, les Bleus; au revoir Laurent Blanc, trop déçu de son parcours. 2014? Encore faut-il se qualifier…

 

Voilà donc les principaux points que l’on retiendra de cette édition 2012. D’autres équipes comme la Croatie ou la Suède auraient bien mérité d’aller plus loin, mais les poules dans lesquelles elles étaient plongées ne le  leur auront  pas permis. Bravo, donc, à toutes ces nations, qui nous auront offert un très plaisant tournoi.

Le Pen / Mélenchon : ROUND 2!

Tiens, tiens, ça sent la poudre dans le Nord de la France. Hé non! Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon n’ont pas fini de se chamailler. Après la bataille de la campagne présidentielle, place à celle des législatives. On n’en a pas fini…   
Esprit de revanche:   Il semblerait que la pilule ne passe pas du côté du Front de Gauche. Les sondages, trop optimistes sur le score de Jean-Luc Mélenchon le 22 Avril, l’annonçaient entre 13 et 17 %, et même battant sa rivale d’extrême-droite selon les derniers réalisés avant le premier scrutin.
Ouïe, la chute fait mal !
De son côté, la présidente du Front National a créé la surprise en réalisant l’historique et triste résultat de 17.9%. De quoi appuyer la douleur. Scandalisé, le candidat du Front de Gauche entend bien prendre sa revanche et faire perdre pour de bon Marine le Pen. Cette dernière prend avec mépris ce nouveau défi, et n’ose pas -ou ne daigne pas, comme vous préférez- regarder ne serait-ce qu’un instant son adversaire, ainsi qu’une brute ne porterait aucune attention au gamin turbulent qu’elle vient de frapper… L’adversaire, c’est Philippe Kemel, du PS. Du coup, vieille tradition politique, on s’attaque. Steeve Briois, secrétaire général du Front National, dénonce le changement de campagne de Jean-Luc Mélenchon: "ce n’est plus l’humain d’abord, c’est ‘les caméras d’abord’". Paradoxal, quand on connait la lutte qu’entretient chaque jour le candidat du Front de Gauche face aux médias… De l’autre côté, on s’appuie sur le côté fasciste du parti d’extrême-droite. Facile, mais efficace…

Une lutte nationale?

Hénin-Beaumont. Nord-Pas-de-Calais. 125 000 habitants. Osez donc prétendre que vous connaissiez le lieu avant l’annonce du duel ( à moins bien sûr que vous n’y résidiez). Paumé dans le Nord, en plus… Vous conviendrez donc que l’obsession de Jean-Luc Mélenchon à vouloir faire de cette bataille législative une bataille nationale relève soit de l’absurdité, soit d’une profonde nostalgie de la campagne présidentielle – ou bien encore des deux! Mais il est vrai que revoir ces deux grandes têtes d’affiche aux médias, ça attire du spectateur. Le changement qu’il y aurait? Au niveau local, dans la circonscription d’Hénin-Beaumont, pas grand chose; au niveau national, rien, sinon quelques polémiques de courte durée. Quoique, peut-être un message: celui qui commence à gagner au Nord finira par conquérir toute la France. La politique, ou le délire des empereurs déchus…

Score Final:

Ainsi, la candidate d’extrême-droite serait donnée gagnante au premier tour, car jouissant du soutien de la classe populaire, laquelle dut faire beaucoup de sacrifices sous Sarkozy. Mais il n’est plus là. Argument toujours valable? Bref, 34% Pour le FN contre 29% pour le Front de Gauche. Mais Mélenchon gagnerait au second tour. Et voilà. Point final. Elu, puis on n’en entend plus jamais reparler. Car un député sur 577, je pense ne pas être dans l’erreur si j’affirme que ce n’est pas énorme… 

Fin du suspens les 10 et 17 juin prochains. D’ici là, ne vous étonnez pas si vous entendez des coups de canon venant du Nord; rien de bien méchant.   

Al-Assa(d) sin!

Sous le plaisant jeu de mot du présent titre, se cache une réalité toute autre: depuis treize mois maintenant sévit sur le sol syrien une répression sans fin. Le régime ne semble pourtant pas faiblir. L’opposition, la différence de la situation avec celle de la Libye, l’absence d’intervention militaire étrangère, le point de vue international… Retour sur plus d’un an de contestation.

 

Les débuts de l’opposition:

 

C’est le 16 Mars 2011, à Damas, que commencent véritablement cette triste partie de l’histoire de la Syrie. Il s’agit d’une manifestation de parents, d’amis proches des prisonniers politiques détenus par le régime. Tout se passe sans la moindre violence du côté des manifestants. Pourtant, les forces de l’ordre, qui visiblement ignorent toute signification du mot "pacifisme" commencent à tirer sur la foule innocente et se rend coupable de la mort de quatre personnes et de dizaines de blessés. La contestation gagne ensuite Dehra’a, puis tout le sud du pays. Au bout d’une semaine, on compte déjà près de 100 morts. A la mi-avril, les soldats tuent d’un coup 80 personnes lors d’une manifestation. La situation se calme quelque peu jusqu’à fin mai.

 

Pas comme en Libye:

 

A la même époque, souvenez-vous, la Libye était le théâtre de grands affrontements entre les forces pro-Kadafi et les rebelles, qui très vite montèrent l’opposition et contrôlèrent la moitié du pays. Le printemps arabe étant à son apogée, on pensait que la situation allait être similaire en Syrie, et que le régime finirait par tomber aux mains du peuple. Seulement, voilà, l’opposition est restée très divisée. Le conseil national syrien, qui constitue l’opposition extérieure, est peu crédible vis-à-vis de la population. En effet, s’affichant auprès de figures politiques étrangères, notamment Hilary Clinton ou bien Allain Juppé, ils se discréditent, et perdent en appui au sein du peuple syrien. De plus, exclus du territoire, ils n’ont pas le pied sur le terrain et donc un regard objectif de la situation. A l’intérieur, la contestation se fait dans les villes, mais de façon indépendante: on n’a pas encore vu l’opposition de deux villes différentes s’allier pour vaincre l’armée. Faute de moyen, aussi, car les armes n’affluent pas du côté des manifestants… 

 

Pas d’intervention militaire:

 

Encore une fois, on note une différence entre la situation libyenne et syrienne. En Libye, la France, le Royaume-Uni, et même les Etats-Unis avaient porté leur soutien à l’opposition libyenne. Ici, ce n’est pas le cas. Plusieurs facteurs empêche les grandes puissance d’opérer à quelque intervention. Le régime syrien n’est pas isolé du monde, comme l’était celui de Kadafi. Il compte en effet parmi ses alliés l’Iran, la Chine et la Russie, dont deux sont des puissances nucléaires sûres. On est donc vite dissuader d’y envoyer le moindre soldat. Ensuite, bien que bien moins habile que son père, Bachar Al-Assad ne se montre pas aussi agressif et borné que l’ex dictateur libyen. En effet, il propose au mois d’avril 2011 un plan d’apaisement des affrontements au sein du pays, organise un référendum "démocratique", accepte sans condition l’obligation de cessation des violences de la ligue arabe, et demande même son accession au conseil des droits de l’homme de l’ONU. Bien entendu, ce ne sont que des mots; loup, tu montres trop tes dents pour que l’on ne te reconnaisse pas derrière ton masque de mère-grand. La supercherie est trop grosse pour ne pas voir la fourberie. Néanmoins, toujours pas d’attaque étrangère à l’encontre du régime, preuve que la minable stratégie d’Al-Assad fonctionne plutôt bien, jusqu’à présent.

 

Du côté international:

 

Dès le mois d’avril commençaient les condamnations morales, inaugurées par la France avec Allain Juppé, ministre des affaires étrangères. La ligue arabe, qui au début de la contestation soutenait le régime dictatorial, a fini par le suspendre, suite au non-respect de l’obligation de la cessation des violences, évoquée précédemment. L’ONU, de son côté, a tardé à exprimer une condamnation morale. Il y a quelques mois, souhaitant envoyer des casques bleus afin de protéger les civils en Syrie, elle a réuni le conseil de sécurité. Résultat: la Chine et la Russie ont exprimé leur droit de veto à l’encontre de toute intervention. En tant qu’alliés de la Syrie, leur geste n’est pas inattendu, bien qu’il suscite beaucoup de colère à l’encontre de ces deux puissances, elles-même sous le joug de dictatures… Les Nations Unies ont enfin réussi à obtenir un cessez-le-feu de la part du régime de Bachar Al-Assad, et à envoyer des observateurs, afin de vérifier si les accords sont tenus. Espérons pour eux qu’ils sont toujours en vie, car les bombardements ont repris sur Homs, ville martyr de cette révolte, symbole de tout un peuple, pris dans un étau infernal par ses dirigeants.

 

Ainsi, on ne sait trop la façon dont cette contestation va se terminer. Elle risque de durer encore longtemps. Depuis treize mois, la situation ne fait qu’empirer pour la population, qui a vu entre 9500 et 11000 d’entre les opposants perdre la vie lors des affrontements avec les forces de l’ordre. 

Mohamed Merah, presque toujours en vie…

Voilà une semaine que l’ennemi public français numéro 1 n’est plus de ce monde. En effet, jeudi 22 mars, alors bloqué dans son bâtiment par les forces du RAID, Mohamed Merah subissait, lors d’un ultime assaut, le prix du meurtre, la riposte de la République: la mort. Cependant, même mort, le tueur de Toulouse parvient à faire parler de lui et à attirer les médias, lesquels semblent se sentir dépendants du sort du meurtrier. 

L’origine: TABOU!

Avouons que nous ressentions tous un immense besoin d’être instruit de l’origine de Mohamed Merah, allons, allons. D’où pouvait bien venir cette incarnation du mal? D’Algérie. Etait-ce primordial de le mentionner? Alger a aussi fait savoir son mécontentement quant à cette insistance des médias sur la nationalité du tueur. Déjà en très mauvais termes depuis la guerre d’Algérie, la relation entre le pays maghrébin et la France ne devrait pas s’arranger suite à cette affaire, dont toute la population a eu vent. Nous sommes là confronté à une faiblesse de la démocratie. Comme le dénonce Tzvetan Todorov, dans un entretien accordé à "Philosophie magazine", nous souffrons de la pression médiatique, qui a remplacé le despotisme. En ce sens, la liberté d’expression, dont chacun de nous jouit chaque jour, est un danger pour la démocratie elle-même: qui a la parole a le pouvoir, et nuit ainsi à la liberté de ceux qui sont visés. Or, en l’occurrence, ce n’est plus Mohamed Merah seul qui est la cible des médias, mais toute une nation, voire tout une religion ( car l’esprit humain est si futé qu’il associe automatiquement Algérie à islam), qui récolte les crimes d’un seul homme. Un coup du sort. Comme si Ben Laden, Al-Qaïda et toutes les minorités extrémistes musulmanes n’avaient pas assez enfoncé l’image de l’islam dans le monde…

L’enterrement

Ainsi qu’on ne peut oublier Hitler, Mao ou Staline, qui meurtrirent l’humanité entière, durant leur vivant, on ne peut oublier un criminel comme celui-ci. La comparaison est exagérée, j’en conviens. Une analogie apparaît cependant: l’homme ne peut oublier celui qui a fait le mal, bien que le mépris et l’indifférence soient les meilleures peines qu’on puisse lui infliger. La haine perdure chez ceux qui restent. Inconsciemment, ceci dit. Aussi, l’on s’occupe de savoir ce dont il advient, même lorsqu’il s’agit de la chose la plus banale que subit un défunt: l’enterrement. Est-ce un scoop? Le lieu où se situera sa tombe changera-t-elle nos vies? Si l’on en suit le raisonnement des informations, sans aucun doute. Allons, rentrons dans la grande valse… C’est au pays natal que le corps du meurtrier devrait reposer pour l’éternité. Alger aurait tout de même souhaité plus de discrétion quant à ce sujet; le contraire survenant, le gouvernement a opté pour un refus catégorique: Merah ne sera officiellement (officieusement, on n’en sait trop rien) pas enterré sur le sol algérien. L’image prime, avant la loi. Car celle-ci stipule pourtant que le corps du meurtrier doit y être transféré. Quel chemin choisir entre l’opinion publique (qui s’identifie de plus en plus à la morale), et la loi? Décidément, l’auteur de la tuerie de Toulouse n’a pas fini d’embêter le monde…

L’argument politique

Nicolas Sarkozy, en tant que chef de l’Etat, s’était rendu sur les lieux, pendant et après la recherche du criminel, afin d’exprimer son soutien aux familles des victimes, et sa détermination quant à l’arrestation de Mohamed Merah. L’opinion publique semble avoir été satisfaite de ce geste, car on considère que le président a rempli son rôle. Seulement, le facteur élection est là, et l’on ne peut s’empêcher de penser à l’argument électoral dans les moindres faits et gestes du président-candidat. C’est certainement chez François Hollande que cet argument saute aux yeux. Car la couche apparente de compassion est trop fine pour ne pas dévoiler l’intérieur, pas toujours très noble. Les réactions politiques suites à cette affaire ont essentiellement tourné autour du manque d’efficacité des services de renseignements, lesquels suspectaient Mohamed Merah dès son tout premier meurtre, mais qui ont tardé à le faire savoir. François Bayrou a été le premier à les blâmer, et à dénoncer la cruelle faille de la France dans le secteur de la sécurité. Marine Le Pen, elle, en bonne nationaliste, pointe du doigt l’immigration non contrôlée, qui serait, selon elle, la cause première des sept vies enlevées injustement: "Regardez ces bateaux chargés de Mohamed Merah, qui chaque jour, envahissent nos côtes!" s’exclame-t-elle lors de l’un de ses récents meetings. Encore une fois, la situation profite à l’extrême droite.  

 

En tout cas, une chose est sûre: si l’auteur de la tuerie de Toulouse et de Montauban avait pour objectif de faire parler de lui, c’est réussi. Et cela promet de durer quelques temps encore…

je suis…

Plongé dans mon sommeil j’existe

Je suis la pierre

Au bord du ruisseau calme

L’eau coule sur moi je suis insensible

Je suis réservé à mon intérieur de pierre

Le Monde

Je ne suis que matière renversée 

Ci et là

Intacte.

L’éveil me prend je suis l’animal

Mes limites demeurent je sens

La lumière pénètre lentement dans mon corps animal animé

Je suis l’instant mouvant

Le Monde n’est qu’extérieur il passe je tente de l’attraper en vain.

Je suis l’homme

Conscient je m’envole

Le Monde est matériel et immatériel

Je suis une chose pensante et pense les choses qui sont

Le temps s’arrête et se crée l’Histoire

Je vois, le Monde

J’étends mon être dans la totalité des systèmes raz-de-marée de moi

Je m’imprègne

Je sens 

Tout

Je suis

Dieu. 

Douces Chimères

 Quoi? Vis-je? Spectacle onirique de mes yeux;

Monde éternel je te touche; ô sensation!

Une suave dryade attire mes passions:

Tantôt je perds mes sens en ce bois délicieux,

Tantôt les arbres fiers frissonnent sur ma peau.

Voilà Idylle. Holà! S’entremêlent alors

Un faune et une fleur, ou bien peut-être encore

Le fiel et le frimas. Que de beau! Que de beau!

Symphonie coule doucement parmi les pierres

Tombales passées sous le joug du temps. Que n’ai

Je pas trépassé sans ses limbes. Beauté n’est 

Point perdue. Perdue? Qu’importe. La clairière 

Est si fraîche: Chantons sous le dais de feuillage,

Ombre bénéfique. Lala! "C’est un mirage!"

Entends-je de là-bas. Une voix de lumière

Surgit dans mes oreilles. "Viens à moi mon prince!"

Epars sont les sons: je me disperse dans la 

Folie luxuriante; une bouchée de lila:

Rassasiées papilles égarées. Jardin, ce 

N’est pas le mien. Allons, songeons encore un peu!

Naïade me plonge et attise mes ardeurs;

Sauvage je le suis: animal destructeur.

Réalité est là: rêver plus je ne peux.