Difficile, en l’état actuel des choses dans une Afrique où la dictature s’est officialisée de donner librement son opinion sans courir de graves risques.  Les journalistes sont régulièrement assassinés, les leaders d’opinions et opposants jetés en prison ou tout simplement contraints à l’exil. Dans cet environnement, avoir une attitude critique vis-à-vis du régime en place constitue presque un suicide. Ainsi, en l’absence d’une presse libre et d’une opposition forte, la musique est devenue en Afrique l’un des meilleurs canaux pour dénoncer les nombreuses dérives des pouvoirs en place. Ils sont nombreux, ces  artistes, qui  se sont risqués dans cette entreprise à la fois délicate et courageuse. Au rang de ces valeureux enfants d’Afrique se trouve et en bonne place, Tiken Jah Fakoly. Ce reggeaman ivoirien qui est devenu au fil des années un véritable porte-parole pour les jeunes africains.

Descendant de la famille des guerriers et de son vrai nom Moussa Doumbia, Tiken Jah Fakoly est né un 23 juin 1968 à Odienné, une ville à majorité musulmane située au nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Fan de Bob Marley et U.roy, Tiken a réussi a donné au reggae francophone une autre dimension, dans un contexte où l’on a longtemps pensé que la langue du reggae restait l’anglais. Aussi, a-t-il fait du terrain politique sa source d’inspiration. Dans ses chansons, il dénonce, condamnent les déboires des dirigeants africains non sans proposer des solutions qui pourront aider l’Afrique à sortir de l’impasse actuelle. Egalement, Tiken s’oppose à toute forme de néocolonialisme sur le continent. Récemment, il a même intitulé l’une de ses  chansons « Ouvrez les Frontières » ; une façon pour lui de s’en prendre à la fameuse « immigration choisi » de Nicolas Sarkozy. De ce fait, Tiken est perçu par certains africains comme un pur  africaniste, et pourtant !

L’an dernier, dans une Afrique où presque tous les enfants sérieux d’Afrique soutenaient un Laurent Gbagbo sacrifié par les puissances occidentales, l’on a été très surpris de voir  Tiken Jah Fakoly apporter son soutien aux français. Toute chose qui a choqué plus d’un africain. Et même jusqu’aujourd’hui, Monsieur Fakoly continu de traiter Laurent Gbagbo de dictateur. Ce dimanche 19 Février, sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI) dans les éditions matinales de l’information (Afrique Matin), il l’a réitérer et dit être pour Alassane Ouattara. Il est vrai qu’il peut s’agir d’une « solidarité musulmane », quand on sait que Alassane Ouattara comme lui est du Nord musulman. Mais un leader d’opinion de sa trame devrait réfléchir au moins par deux fois avant de prendre position dans de telles histoires.