Englué dans une situation économique très critique, le Portugal pourrait de nouveau appeler au secours et demander une nouvelle aide européenne.
La chute des cours des obligations portugaises ainsi que la hausse des rendements à des niveaux incroyablement élevés vont à contresens des tendances que suivent les autres pays de la zone euro. L’Espagne, l’Italie et même la France souffrent de problèmes économiques et sociaux plus ou moins graves mais ont bénéficié de l’embellie des marchés depuis le début de l’année. Ces pays ont émis de la dette à court, moyen et long terme à des taux en baisse, atteignant même parfois des records à la baisse. La France, par exemple, qui empruntait à 3,4% avant la dégradation de sa note par Standard & Poor’, emprunte désormais à 3%. Beaucoup de spécialistes estiment que l’opération exceptionnelle de financement réalisée par la Banque Centrale Européenne (BCE) fin 2011 a permis aux banques de réinvestir dans les dettes souveraines. Et même si certains restaient sceptiques sur ce point, craignant que les banques préfèrent augmenter leurs dépôts à la BCE pour atteindre leurs objectifs de financement, les chiffres ne trompent pas. Les 489 milliards de liquidités ont permis aux cours des obligations italiennes, espagnoles et françaises de grimper, les investisseurs acceptant des rendements en baisse. L’argent emprunté à la BCE à bas coût (1%) a permis à ces pays d’acheter de la dette. Et pourquoi n’ont-elles pas alors acheté de la dette portugaise ? Tout simplement car le pays a une très mauvaise image et combine manque de compétitivité et gros problèmes budgétaires. Même les investisseurs qui possèdent de la dette portugaise commencent à douter, notamment après la décision de S&P de réduire sa note de crédit en catégorie spéculative.
Le Portugal ne se fait pas aider par ses voisins européens, mais le plus inquiétant, c’est que mêmes les établissements bancaires du pays ne le font pas non plus. Les banques portugaises ont dans un premier temps très peu emprunté à la BCE par rapport à ses collègues européennes. Alors que ces dernières empruntaient deux fois plus que ce dont elles avaient besoin pour rééchelonner leurs emprunts venant à échéance, ce qui leur a permis de garder de l’argent de côté pour acheter de la dette, les banques portugaises n’ont pas suivi cette tendance. Et le très peu qu’elles ont emprunté n’a pas été injecté pour acheter de la dette souveraine, les banques préférant augmenter leur capital pour parer à des crédits défectueux. Ainsi, elles mettent de côté, et prêtent moins. C’est tout le pays qui en souffre. Mais les banques ne font que respecter les conditions du plan de sauvetage obtenu l’an dernier par le FMI et l’UE.
La deuxième opération de financement pourrait peut-être changer la donne. Mais des spécialistes en doutent, estimant que le marché portugais a atteint un point de non retour. L’événement le plus inquiétant est l’écart qui se creuse entre la valeur de l’achat de papier portugais par les banques et leur valeur de vente. Plus cet écart est important, plus il est difficile de gagner de l’argent sur un actif financier. Ainsi, peu d’investisseurs achètent de la dette grecque à part la BCE. L’institution européenne en a déjà d’ailleurs acheté sur le marché secondaire pour tenter de faire baisser les rendements sur la dette grecque qui ont atteint 17% ce mercredi. Le Portugal pourrait être contraint de demander de nouveau une aide européenne, ou bien de restructurer sa dette, comme la Grèce…
Le Portugal va suivre la Grèce dans la restructuration de sa dettes à moins que la Banque centrale européenne (BCE) intensifie les achats de ses obligations en détresse, a déclaré Paul De Grauwe, professeur à l’Université catholique de Louvain en Belgique.
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