Le partenariat public-privé (PPP), ce mode de financement grâce auquel une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public, est depuis plusieurs années plébiscité par les Etats désireux de se doter d’infrastructures. Cet exemple pourrait-il être suivi par l’Afrique, continent ayant particulièrement besoin de développer de meilleures infrastructures? Plusieurs événements comme le New York Africa Forum initié par Ali Bongo et Richard Attias et la Conférence ministérielle sur l’économie verte à Oran cherchent à prendre le problème à bras le corps.

 "Toutes les analyses économiques le disent. Le temps de l’Afrique est arrivé, mais à condition que les infrastructures soient améliorées". Elham Mahmoud Ibrahim, commissaire aux Infrastructures de l’Union africaine, n’hésite pas à mettre en garde les plus optimistes. Sans un développement massif de ses infrastructures, l’Afrique ne pourra avoir de croissance durable. 

 

C’est pourquoi les experts commencent à réfléchir à la question et essayent de trouver des façons innovantes de financer ces travaux d’envergure. Les chantiers ne manquent pas : le pont route-rail Brazzaville-Kinshasa sur le fleuve Congo, le projet de navigation fluviale du lac Victoria vers Alexandrie, le barrage Inga III au nord de Matadi, en RD Congo, le projet de gazoduc transsaharien entre l’Algérie et le Nigéria, le corridor nord-sud Le Caire-Le Cap, le réseau de fibres optiques des Grands Lacs, la Grande Muraille verte… Le New York Forum Africa qui aura lieu du 21 au 23 mai prochain à Libreville devrait permettre de voir annoncer d’autres importants projets. Car cette question des infrastructures est actuellement dans tous les esprits.

 

Les 22 et 23 février, l’Algérie a ainsi réuni plus de 800 décideurs économiques et politiques, dont plusieurs Ministres Africains de l’Environnement et du Développement Durable à Oran dans le cadre de la Conférence ministérielle sur l’économie verte. L’idée était de discuter « des modalités de mobilisation financière et de transfert des technologies pour soutenir la transition des économies africaines » et la question des PPP a été largement abordée. Cependant, l’un des principaux obstacles réside dans la corruption qui sévit toujours dans certains pays africains. 

 

A cause de cette corruption, les pays africains se traînent en queue de peloton du classement Doing Business de la Banque Mondiale. Le Congo, par exemple, pointe à la 185e place sur 189 pays. Comme l’explique le Nigérian Olatunde Ayeni, président de la banque Skye Bank : "La solution pour l’Afrique est de mettre en place de bons gouvernements et de bonnes politiques, c’est la seule manière de résoudre complètement le problème. Sinon, quelle que soit la solution que vous trouvez, c’est une solution temporaire". Compte tenu de la très longue relation (plusieurs dizaines d’années) qui va se construire entre les sponsors (développeurs et investisseurs), l’État et les banques, les PPP ne peuvent être efficaces dans des pays où règne encore une importante corruption.

 

Les PPP peuvent donc être une solution d’avenir pour développer les infrastructures dans les pays africains, qui en ont terriblement besoin, à condition que la lutte contre la corruption soit efficace.{mosimage}{mosimage}{mosimage}{mosimage}{mosimage}