Le dernier numéro du magazine l'Express a été interdit de parution au Maroc, ce que révèle le journal lui-même. C'est l'objet du dossier proposé qui a conduit à cette censure. Son titre : Le choc Jésus-Mahomet. Le dossier était prévu en vue de la rencontre au Vatican entre dignitaire catholiques et musulmans, prévue pour perpétuer le dialogue installé après le discours de Ratisbonne .

Le ministère marocain de la Communication a tout simplement interdit la parution, déclarant du dossier qu'il porte "atteinte à l'islam", en vertu de l'article 29 du Code marocain de la presse" qui permet d'interdire les parutions "lorsqu'elles portent atteinte à la religion islamique, au régime monarchique, à l'intégrité territoriale, au respect dû au roi ou à l'ordre public".

Mais les dirigeants du magazine sont pris au dépourvu et ne semblent pas comprendre ce qui est reproché au dossier. Des précautions avaient été prises : pour ménager les sensibilités marocaines, le visage de Mahomet avait été voilé, conformément à l'usage en islam de ne pas montrer son visage.  Aucun article précis n'est mis en cause. C'est donc tout le dossier qui peut être suspecté.

Le dossier de l'Express n'apporte pourtant rien de nouveau. Il s'inspire plus particulièrement d'un livre de Christian Makarian, le directeur adjoint de la rédaction. Le titre du livre est "Le choc Jésus-Mahomet", avec pour sous-titre "Jésus et Mahomet ne parlent pas du même Dieu". Parmi les dossiers, plusieurs titres, "Jésus, le messager rebelle" et "Mahomet, prophète et guerrier", ou encore, "Jésus-Mahomet, ce qui les sépare".

Selon un court article du site algérie-dz , ce serait la partie intitulée "Mahomet, prophète ou guerrier" qui serait à l'origine de l'interdiction, ce qui serait assez paradoxal, puisqu'aussi bien la Sira que le Coran décrivent les activités guerrières de Mahomet, dans la tradition musulmane elle-même, allant jusqu'à définir les parts de butin.

Le dossier, revenant sur le Coran, rappelle également qu'il y est écrit au sujet des livres dits "précédents", aussi bien la Thora que les évangiles, qu'ils auraient été falsifiés, et que, toujours selon le Coran, les chrétiens joindraient à Dieu et à Jésus, Marie elle-même, au sein de la Trinité.  De fait, la comparaison entre Bible et Coran, est rapidement difficile, les bases étant mal établies.

"Les textes fondateurs du judaïsme, du christianisme et de l'islam ne sont pas comparables" affirme également l'auteur, comparant l'effort d'exégèse moderne dans la Bible et les difficultés à le faire dans le Coran, qui se veut incréé et révélé par l'ange Gabriel, là où la Bible ne se veut qu'inspirée. Il serait aussi écrit, selon l'islam, en lettre d'or au ciel où seuls les anges pourraient le consulter. Les passages appelant à la violence dans le livre saint de l'islam sont aussi évoqués. Un peu de tout cela a sans doute joué dans l'interdiction.

Il ne sera pas surprenant si d'autres pays du Maghreb, Algérie et Tunisie en tête, interdisent à leur tour la parution du magazine… sans être blasphématoire, le dossier de l'Express a quelque chose d'un peu embarrassant pour l'islam, rappelant la violence de ses extrémistes et les différences avec le christianisme, dont il prétend être la continuité.

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