L'agrément n'est-il qu'une simple formalité administrative ?
Passé ce cap et une fois obtenu, certains postulants peuvent en effet oublier les difficultés qu'ils ont rencontrées à ce stade de la procédure. Mais faire une demande d'agrément n'est pas simplement remplir un formulaire. Après avoir adressé votre demande initiale au Président du Conseil Général de votre département de résidence, vous serez d'abord invités à prendre contact avec un(e) assistant(e) social(e) et avec un(e) psychologue. En même temps, on vous demandera de compléter un questionnaire sur lequel vous devrez indiquer votre situation familiale, celle de vos parents et de vos frères et soeurs, votre niveau d'études, votre situation professionnelle, les coordonnées de votre employeur, vos ressources, vos dépenses… Que pensent les membres de votre famille de votre projet ? Pourquoi désirez-vous adopter un enfant ? Depuis quand ? Avez-vous envisagé d'autres possibilités ? A qui en avez-vous parlé ? Avez-vous des hésitations concernant l'adoption ? Avez-vous déjà vécu au milieu d'enfants ? Quels sont vos projets à l'égard de cet enfant que vous désirez adopter ? Etc…
Au cours des semaines qui vont suivre, vous allez ensuite avoir quatre entretiens, c'est-à-dire deux avec chacun des travailleurs sociaux, qui dureront environ une heure chacun (l'un de ces entretiens au moins se déroulera obligatoirement à votre domicile). Lors de ces entretiens, on va vous demander de raconter tout votre parcours personnel, votre enfance, votre couple (si tel est le cas), vos valeurs éducatives, une partie de votre intimité… Vous allez parcourir de nouveau tout ce qui fait souffrance dans votre vie… une grossesse impossible, le deuil d'un enfant…
Voici quelques-une des questions essentielles qui vous seront posées : Pourquoi je désire adopter ? Quel sens je donne à l'accueil d'un enfant venu d'ailleurs ? Comment je pense le faire accepter par ma famille ? Comment je réagis par rapport à ma propre histoire ? Ai-je des souffrances personnelles ? Avoir un enfant adopté est-il la même chose que si je l'avais eu naturellement ? Est-ce que je connais les risques de l'adoption ? Quel parent je pense pouvoir être pour un enfant qui aura peut-être beaucoup souffert ? L'origine de l'enfant m'indiffère-t-elle ? Sa couleur ? Comment je compte défendre mon enfant contre le racisme ambiant ? Quel regard ai-je sur les parents de naissance qui confient leurs enfants en adoption ? Comment je pense lui parler de son histoire si je n'ai aucun élément ? Quelles valeurs est-ce que je me sens prêt(e) à lui transmettre ? Quel place prend l'enfant dans mon projet ?
Si donc vous avez un projet d'adoption, vous poser toutes ces questions avant même d'aborder ces entretiens vous permettra d'une part de faire le point sur votre désir d'adoption en évitant de l'idéaliser, et d'autre part vous permettra d'envisager ces rendez-vous avec plus de sérénité. En effet, sachez qu'au cours de ces conversations avec les travailleurs sociaux, vous serez évalués, mais aussi parfois déstabilisés, désarçonnés par certaines des questions qui vous obligeront à remettre en cause un certain nombre de vos préjugés ou de vos idées fausses. Il faut comprendre que ces investigations ont pour but de déterminer la capacité des postulants à accueillir un enfant dont l'histoire est parfois déjà lourde de souffrances. Et les travailleurs sociaux chargés de ces entretiens font aussi parfois de l'excès de zèle et usent de leur "toute puissance" pour déstabiliser les personnes qu'elles reçoivent. Il n'est donc pas inutile de se poser les bonnes questions avant.
A l'issue de ces rendez-vous, deux rapports seront établis : un par l'assistant(e) social(e) et l'autre par le(la) psychologue. Vous serez invités à en prendre connaissance et à y apporter vos observations. Vous pourrez même, en cas de désaccord, demander que tout ou partie des investigations initiales soient accomplies une deuxième fois par d'autres personnes que celle que vous avez rencontrées.
C'est au terme de toute cette première étape que vous allez recevoir, ou non, le "sésame", qui n'est en fait que le début d'une autre aventure.
un parcours difficile…
j’attends la suite de vos explications avec intérêt : ma soeur vient de faire une demande d’adoption… MERCI BEAUCOUP !
Article concis factuel et clair;
Certains vivent la procédure d’agrément comme une ingérence dans leur vie privée. Mais il s’agit du futur intérêt de l’enfant. Personnellement, j’ai trouvé la procédure trop légère, aucune formation, pas assez d’informations données aux postulants. A ma connaissance, il y a peu de dossiers rejetés. Les choses se corsent après l’agrément, c’est la traversée du désert. Des OAA qui refuseraient des candidatures car les candidats parents sont trop vieux, l’AFA qui semble débordée, l’adoption nationale que certains futurs parents n’étudient même pas, alors qu’il y a des enfants adoptables en France. Et une fois l’adoption terminée, pas de suivi post adoption, sinon une petite visite de l’assistante sociale. On est très peu informé des ressources que nous disposons pour la post adoption. Comme je l’ai déjà commenté dans cette revue, pas de statistiques sur les adoptants qui ré-abondonnent leurs enfants. Mais ça exsite et à qui la faute?
Aventure? L’adoption ne doit pas être une aventure. La définition de l’aventure est une entreprise dont l’issue est incertaine. C’est vrai qu’aujourd’hui on associe l’adoption à une aventure, mais au bout il y a une enfant. Je suis pour la planification, le suivi et l’encadrement.
:o?
p/Thierry :
et pour faire l’amour… par cohérence, je suppose que tu es aussi pour la planification, le suivi et l’encadrement ?
parce que, parlant en tant que femme, je te signale à tout hasard que, naturellement, c’est normalement encore compris dans le « kit » pour faire un enfant !
une maman de 2 enfants qui n’a jamais rien programmé, mais qui est bien heureuse de voir ses 2 enfants grandir et devenir « responsables ».
maternellement !
p/Tintin
excellent article qui va permettre de débroussailler et de clarifier un peu ce système de l’adoption d’un enfant, un véritable parcours du combattant en effet très jalonné…
Prendre soin, adopter, mettre au monde un enfant, est une superbe aventure !
Le monde aussi, est notre aventure !
plein de pensées positives !
@ Cat Lef : Il y a certaines différences entre la parentalité biologique et la parentalité adoptive qu’on ne peut nier. Avoir son enfant qui grandir dans son ventre , le mettre au monde (même si la conception est accidentelle) et le voir grandir n’est pas la même chose qu’accueillir et faire sien un enfant (qui n’est pas forcément un BB) qui a sa propre histoire avant celle qu’on consitruira en commun. En tant que parents adoptants nous avons le devoir pour nos enfants de nous y préparer au mieux, de comprendre tous les enjeux que celà implique.
Tu devrais lire quelques ouvrages sur l’adoption avant de sortir des réflexions comme : « et pour faire l’amour… par cohérence, je suppose que tu es aussi pour la planification, le suivi et l’encadrement ?
parce que, parlant en tant que femme, je te signale à tout hasard que, naturellement, c’est normalement encore compris dans le « kit » pour faire un enfant !
une maman de 2 enfants qui n’a jamais rien programmé, mais qui est bien heureuse de voir ses 2 enfants grandir et devenir « responsables ».
maternellement ! »
Gibie en attente de son ‘tit bout thaï de – de 5 ans
rép.p/gibie
il y a malentendu sur mon commentaire.
J’aurais du mettre la dernière phrase de Thierry à laquelle j’ai réagi : « Aventure? L’adoption ne doit pas être une aventure. La définition de l’aventure est une entreprise dont l’issue est incertaine. C’est vrai qu’aujourd’hui on associe l’adoption à une aventure, mais au bout il y a une enfant. Je suis pour la planification, le suivi et l’encadrement »:
Je pense que dans l’article, la signification du mot « aventure » vue par Tintin, n’est pas celle que lui a prêtée Thierry.
J’ai aussi réagi principalement, je pense, à ces mots de « planification », « encadrement », « suivi »… qu’il est possible, qu’il sera possible d’utiliser sur tout être humain, de la procréation à la fin de vie, jugeant qu’il n’est pas digne ou apte à procréer ou à s’occuper de ses enfants… Beaucoup d’abus et de « déresponsabilisations » peuvent sortir de tous ces mots mis en application…
Je ne confonds pas adoption et conception biologique. Je n’ai pas vécu le parcours de l’adoption, mais j’ai eu l’expérience de proches et d’amis qui l’ont tenté. Tous m’ont parlé de la lenteur et de la difficulté d’une procédure d’adoption. alors que notre 1er enfant est arrivé sans prévenir, cela a pris 7 ans avant que notre 2ème enfant ne naisse.
Néanmoins, je suis certaine qu’il y a à l’origine, un point commun indispensable entre les deux, et si vital pour tout et tous : un grand mystère et l’amour, qui, pour moi, en tous les cas, est sans aucun rapport avec une planification, un encadrement, un suivi. Et je pense que c’est ce sentiment premier qui motive ces personnes pour choisir d’adopter et de s’occuper d’un petit d’homme, où et quel qu’il soit né, quelque âge qu’il ait.
Alors vous imaginez combien ces mots de planification, d’encadrement et de suivi m’ont fait réagir, même en matière d’adoption.
Je vous prie de m’excuser si j’ai choqué qui que ce soit (ainsi que Thierry, 1er concerné par mes propos) dans ma manière d’écrire ce commentaire.
@micalement et bon courage dans votre attente.
bonne chance les c… 😛