En Equateur, Vilcabamba, un petit village au sud du pays, abrite une population inhabituellement âgée. Une longévité exceptionnelle qui intrigue les scientifiques et donne à ce microcosme sud-américain des allures d’Eden terrestre.

 

Située à 1 565 mètres d’altitude, cette cuvette andine de la province équatorienne de Loja a vu sa réputation grandir à travers le monde après un article du National Geographic dans les années 1970. Loué pour la longévité de ses habitants, ce petit bourg de 3 200 habitants attirait déjà un nombre considérable d’hippies et de célébrités venues en quête du « graal » de la vie éternelle. Devenue une destination touristique des plus prisées, Vilcabamba a su conserver une certaine mystique autour de sa particularité. Ainsi, l’âge exact des habitants est toujours soumis à certains doutes, certaines controverses. La légende- véridique ou non – raconte notamment que José David Toledo s’est éteint à l’âge de 140 ans ou encore que Miguel Carpio ne quitta son village qu’après 136 années d’existence. Les deux hommes seraient décédés dans les années 1960. Aujourd’hui, nonagénaires et centenaires sont encore bien nombreux à Vilcabamba sans que personne n’en sache le chiffre exact. Mais depuis une quarantaine d’années, scientifiques, chercheurs et médecins refusent de croire au hasard ou à la magie. Beaucoup se relaient donc afin d’expliquer et de comprendre les secrets de cette terre qui rend invincible. Tous les aspects passent à la loupe tant sur le plan géographique que sociologique.

Ainsi, le japonais Kokichi Otani s’est penché sur l’eau du village. Provenant de trois petites rivières (Yambala, Capamaco et Chamba) ainsi que du sous-sol, cette eau recèle de qualités intrinsèques divines pour le corps humain. Après analyse, le scientifique nippon y a découvert 22 minéraux, du potassium, du calcium, du fer, du sodium, et surtout du magnésium, élément minéral prépondérant dans la prévention de l’artériosclérose. Même les us et coutumes des habitants furent observés et étudiés. Tout semble permettre une vie saine et donc une longévité assurée. Le régime alimentaire- pauvre en viande – basé sur la spécialité locale : le repe, une soupe au lait avec des haricots rouges, de la banane et autres végétaux, contient la dose juste de nutriments et très peu de graisses. La population, essentiellement agricole, passe ses journées à exercer et donc à pratiquer une activité physique, ce qui, là aussi, les aiderait grandement à garder force et vitalité. Surtout, le climat, toujours doux et peu varié (entre 18° et 24° toute l’année) ne fait jamais souffrir ni tomber malade.

Un village au centre des attentions scientifiques

Le nombre croissant de chercheurs, intrigués par le phénomène, commence même à modifier la vie du village. Sous microscope permanent, le bourg compte actuellement près de 200 étrangers pour 3200 habitants et semble être devenu une destination touristique des plus prisées. Hôtels, pensions, restaurants et même cybercafés ouvrent peu à peu dans les rues afin de recevoir plus agréablement les « simples mortels ». La preuve que le petit village a conscience du monde dans lequel il existe et ne refuse pas la modernité. Certes, les centenaires sont peut-être moins nombreux- « il en est mort plusieurs d’un seul coup » confirme un chauffeur de taxi – mais la population compte encore une part importante de personnes entre 80 et 90 ans.

Finalement, les raisons d’une telle longévité ne sont pas forcément celles que les scientifiques supposent et s’entêtent à découvrir. Les habitants de Vilcabamba ont peut-être simplement tout compris : vivre avec son temps et surtout prendre le temps de vivre.

Antoine Ginekis