Sfax tient sa revanche

Jamais, même dans ses rêves les plus fous, Slaheddine Zahaf n’aurait imaginé être à pareille fête. Appelé à la rescousse en juillet 2002 à la présidence du Club sportif sfaxien (CSS), une institution du football tunisien, pour sauver un club au bord du gouffre, cet expert-comptable au verbe haut et au caractère bien trempé vient de réaliser l’exploit de remporter trois titres majeurs en une année. Commencée en fanfare avec une victoire surprise en finale de la Coupe arabe, en juin 2004, la saison 2004-2005 du CSS s’est achevée en apothéose le 21 mai dernier avec l’attribution du titre de Champion de Tunisie, après une polémique juridico-sportive qui a tenu le pays en haleine pendant deux semaines.

Ce titre, le premier depuis dix ans pour l’équipe au maillot rayé noir et blanc, inspiré de celui de la célèbre Juventus de Turin italienne, a une saveur particulière. Il met fin à l’hégémonie de l’Espérance sportive de Tunis, le club phare de la capitale, longtemps chouchouté par le pouvoir, et dirigé jusqu’en novembre 2004 par l’omnipotent Slim Chiboub, le gendre du président Zine el-Abidine Ben Ali. L’Espérance, qui avait remporté les huit dernières éditions du championnat, au point d’ôter beaucoup de son intérêt à la compétition, a clos sa saison sur une année blanche.

Sacré Champion au terme d’un final rocambolesque, le CSS a cependant failli être privé de son titre sur tapis vert, après le dépôt, par l’Étoile sportive du Sahel, le club de Sousse, d’une réserve technique sur le résultat du match l’ayant opposé, le 6 mai, au Club africain (CA). L’Étoile, qui avait fait la course en tête et semblait promise au titre, avait ce jour-là concédé une défaite inattendue face au CA, défaite qui avait permis au CSS de s’installer dans un fauteuil de leader qu’il allait conserver jusqu’à l’ultime journée. Prétextant qu’un joueur était entré en cours de jeu alors qu’il ne possédait pas de contrat valable, l’Étoile avait demandé, et dans un premier temps obtenu, que le résultat du match soit annulé et la rencontre rejouée le 25 mai. Cette décision du Haut Comité d’arbitrage sportif avait suscité un tollé tant à Sfax que dans le milieu du football tunisien et a finalement été annulée par la Fédération tunisienne de football, après consultation de la Fifa.

Slaheddine Zahaf, qui avait fait un malaise à l’annonce de la décision privant son club du titre, avait menacé de démissionner s’il n’obtenait pas gain de cause. Aujourd’hui, alors que son club doit disputer, le 24 juin, la finale de la Coupe arabe face aux Saoudiens de l’Ittihad de Djeddah, il savoure : « Ce titre sonne comme une réponse pour les trente années pendant lesquelles les instances du football national ont servi les intérêts de nos adversaires : l’Espérance de Tunis en premier, l’Étoile du Sahel et le Club africain… » Si ce trophée a un goût de revanche, c’est aussi parce qu’entre Sfax, la deuxième ville du pays (850 000 habitants), austère, commerçante et industrieuse, et les deux autres grandes métropoles du littoral, Tunis et Sousse, les choses n’ont jamais été simples.

La rivalité sportive n’est que le « prolongement autorisé » d’un lourd antagonisme régional et culturel. Les Sfaxiens, éternels mal-aimés du pouvoir central, ont le sentiment que la politique est le domaine réservé des Sahéliens et des Tunisois. Selon l’adage, un Sfaxien ne deviendra jamais président en Tunisie… De leur côté, « les autres », s’ils reconnaissent aux Sfaxiens le goût du travail, leur reprochent leur mainmise sur le monde économique, leur tendance à se serrer les coudes en toutes circonstances, notamment en affaires, ainsi que leur avarice et leur goût prononcé pour l’endogamie. Car les Sfaxiens, toujours selon l’adage, se marient entre eux…

Sfax tient sa revanche

Jamais, même dans ses rêves les plus fous, Slaheddine Zahaf n’aurait imaginé être à pareille fête. Appelé à la rescousse en juillet 2002 à la présidence du Club sportif sfaxien (CSS), une institution du football tunisien, pour sauver un club au bord du gouffre, cet expert-comptable au verbe haut et au caractère bien trempé vient de réaliser l’exploit de remporter trois titres majeurs en une année. Commencée en fanfare avec une victoire surprise en finale de la Coupe arabe, en juin 2004, la saison 2004-2005 du CSS s’est achevée en apothéose le 21 mai dernier avec l’attribution du titre de Champion de Tunisie, après une polémique juridico-sportive qui a tenu le pays en haleine pendant deux semaines.

Ce titre, le premier depuis dix ans pour l’équipe au maillot rayé noir et blanc, inspiré de celui de la célèbre Juventus de Turin italienne, a une saveur particulière. Il met fin à l’hégémonie de l’Espérance sportive de Tunis, le club phare de la capitale, longtemps chouchouté par le pouvoir, et dirigé jusqu’en novembre 2004 par l’omnipotent Slim Chiboub, le gendre du président Zine el-Abidine Ben Ali. L’Espérance, qui avait remporté les huit dernières éditions du championnat, au point d’ôter beaucoup de son intérêt à la compétition, a clos sa saison sur une année blanche.

Sacré Champion au terme d’un final rocambolesque, le CSS a cependant failli être privé de son titre sur tapis vert, après le dépôt, par l’Étoile sportive du Sahel, le club de Sousse, d’une réserve technique sur le résultat du match l’ayant opposé, le 6 mai, au Club africain (CA). L’Étoile, qui avait fait la course en tête et semblait promise au titre, avait ce jour-là concédé une défaite inattendue face au CA, défaite qui avait permis au CSS de s’installer dans un fauteuil de leader qu’il allait conserver jusqu’à l’ultime journée. Prétextant qu’un joueur était entré en cours de jeu alors qu’il ne possédait pas de contrat valable, l’Étoile avait demandé, et dans un premier temps obtenu, que le résultat du match soit annulé et la rencontre rejouée le 25 mai. Cette décision du Haut Comité d’arbitrage sportif avait suscité un tollé tant à Sfax que dans le milieu du football tunisien et a finalement été annulée par la Fédération tunisienne de football, après consultation de la Fifa.

Slaheddine Zahaf, qui avait fait un malaise à l’annonce de la décision privant son club du titre, avait menacé de démissionner s’il n’obtenait pas gain de cause. Aujourd’hui, alors que son club doit disputer, le 24 juin, la finale de la Coupe arabe face aux Saoudiens de l’Ittihad de Djeddah, il savoure : « Ce titre sonne comme une réponse pour les trente années pendant lesquelles les instances du football national ont servi les intérêts de nos adversaires : l’Espérance de Tunis en premier, l’Étoile du Sahel et le Club africain… » Si ce trophée a un goût de revanche, c’est aussi parce qu’entre Sfax, la deuxième ville du pays (850 000 habitants), austère, commerçante et industrieuse, et les deux autres grandes métropoles du littoral, Tunis et Sousse, les choses n’ont jamais été simples.

La rivalité sportive n’est que le « prolongement autorisé » d’un lourd antagonisme régional et culturel. Les Sfaxiens, éternels mal-aimés du pouvoir central, ont le sentiment que la politique est le domaine réservé des Sahéliens et des Tunisois. Selon l’adage, un Sfaxien ne deviendra jamais président en Tunisie… De leur côté, « les autres », s’ils reconnaissent aux Sfaxiens le goût du travail, leur reprochent leur mainmise sur le monde économique, leur tendance à se serrer les coudes en toutes circonstances, notamment en affaires, ainsi que leur avarice et leur goût prononcé pour l’endogamie. Car les Sfaxiens, toujours selon l’adage, se marient entre eux…

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