« Tartufitude » et politique

Mais qui est la dupe de l'opération? François Bayrou qui pour exister tente de s'imposer dans le deuxième tour ou Ségolène Royal qui accepte ce débat inutile? Car en effet un débat tel que celui-ci n'a pas lieu d'être, c'est bien par ailleurs ce que Nicolas Sarkozy est allé déclarer: au deuxième tour, on ne fait pas de débat avec le troisième, ni le quatrième, ni les suivants, tous perdants au premier tour…

Sur le plateau une certaine détente, ce qui n'a rien d'étonnant, puisque les jeux sont faits, François Bayrou n'étant plus dans la course. Et pourtant, Ségolène Royal parle de définir des thèmes communs pour faire un bout de chemin ensemble tandis que François Bayrou déclare que "rien n'est plus nécessaire que de faire bouger les lignes et les attitudes". Nicolas Sarkozy, auquel il avait proposé une rencontre également, l'a déclinée.

Ce n'est un secret pour personne, Ségolène Royal a plutôt intéret à ratisser large, puisque son rival est en tête, et les voix de François Bayrou seraient les bienvenues, malgré les attaques envers sa positions durant le premier tour, mais là tout a changé… "On pourrait faire un bout de chemin ensemble", allons, et pourquoi pas avec DSK, Delors, même agé! Romano Prodi lui-même est de la fête en soutenant la dame du Poitou, emblématique d'un gouvernement d'union large, gouvernement qui a connu une petite instabilité, mais oublions cela… L'union, il n'y a que ça de vrai! de quoi douter tout de même en cas de victoire d'une franche collaboration…

Il y a bien sûr quelques petits désaccords, sur les domaines économiques, sur les drapeaux de la candidate socialiste. Etonnantes élections, dans lesquelles les candidats les plus européistes brandissent le drapeau tricolore, entonnent la Marseillaise, tout en envisageant d'intégrer plus largement l'Union, avec son referendum assorti d'un ministre des affaires étrangères communs à tous les pays de l'Union. Mais la France partage peut-être les valeurs de souveraineté du Québec? Pourquoi dans ces conditions ne pas afficher la couleur, et brandir les douzes étoiles sur fond bleu, en chantant en coeur l'Hymne à la joie?

 

De même pour Nicolas Sarkozy, allant pour sa part jusqu'à exalter Jeanne la pucelle à Rouen, non loin de l'emplacement de son bucher, évoquer cette jeune femme et les racines chrétienne de la France, mais pas de l'Union européenne, "le peuple Français est un grand peuple dit-il, qui veut écrire lui-même son histoire", pour avancer plus tard: "Si je suis élu, est-ce que vous croyez que je pourrai dire au pays : j’ai encore besoin d’avoir votre opinion ?" (concernant le referendum…). L'identité nationale oui, mais dans un univers supranational. Il serait peut-être bon que chacun affiche la couleur pour de bon!

Pour François Bayrou, "la France…ce sont des valeurs". Etrange réponse de françois Bayrou également pour qui la France ne semble exister qu'à travers des valeurs, qu'est ce qu'une valeur? Les droits de l'Homme, comme de nombreux pays du monde, ou alors la valeur financière, morale, religieuse? Bref, aucune identité spécifique finalement… C'est tout le talent d'un Nicolas Sarkozy d'avoir mis le sujet sur la table, tandis que ses adversaires s'embourbaient dedans!

Pour comble, au sortir du débat entre François Bayrou et Ségolène Royal, alors que tous deux avaient hurlé à la manipulation des media, pour un débat qui finalement a bien eu lieu, François Bayrou s'est fendu d'un "nous sommes coresponsable de la France qui vient" à l'attention de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal… à se demander si les résultats du premier tour lui ont été communiqués! Nicolas Sarkozy pour sa part les a bien vu! Il envisagerait même de créer un nouveau parti centriste à l'ombre de l'UMP.

Cette campagne électorale menée à grand coup de symboles nationaux se clorera bientôt. En quelle mesure ces déclarations auront influencé les électeurs? Les voix des urnes sont impénétrables!

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