Christine Taubira de marbre devant les vociférations de l’UMP.

Peut-on admettre qu’elle soit si injustement attaquée ?

 

 

Quand-on réfléchit à la situation de la justice sous l’ère de la présidence Sarkoziste, on se demande comment est-il possible que des membres de l’UMP n’aient pas honte de ce qu’ils ont fait ? Rachida Dati sous les ordres de Sarkozy a détruit ce qu’il y avait encore de possible pour que justice soit rendue à de simples justiciables. Avant son démantèlement, j’avais obtenu réparation contre une entreprise par l’intermédiaire d’un juge de proximité dans un délai de quelques semaines, maintenant c’est impossible, ce qui fait le bonheur des arnaqueurs et autres entreprises de moralité douteuse. Dernièrement, deux années durant, je me suis dépensé auprès d’une entreprise et d’un juge de proximité pour que justice me soit rendue envers elle qui, payée, n’a pas terminé son travail. Cette affaire fut si retardée, que finalement j’ai tout perdu. Deux années je n’ai cessé d’intervenir par lettres recommandées, auprès de l’entreprise et du juge au point que j’appris, au terme de ces deux années, que l’entreprise venait d’être liquidée, et que, de ce fait, je n’avais rien à espérer. L’engorgement de la justice fait le bonheur des malfrats par le fait qu’elle n’exerce plus son rôle de protection du citoyen.

 

Voilà la justice que Sarkozy a faite pour les honnêtes citoyens qui se font rouler par d’autres profitant de ses lenteurs !

 

Rien d’étonnant que Christine Taubira soit si maltraitée par ceux là même qui ont détruit ce qu’il y avait encore de justice en France.

 

Christine Taubira une femme charismatique, document United Fashion for Peace, cliquez sur l’image.

 

Ils ne se rappellent pas qu’elle fut approchée, lors de la campagne des législatives de juin 2007, par l’entourage de Nicolas Sarkozy «avant la fin de la présidentielle» pour faire partie du gouvernement Fillon déclaration faite sur Radio Guyane Le Monde.fr du 14/06/2007. Elle déclina l’offre. C’était il y a cinq années et ce fut Rachida Dati qui prit la tête du même ministère. Serait-ce une vengeance pour qu’à peine nommée dans le gouvernement Ayrault elle soit si ouvertement attaquée avant même qu’elle ne s’exprime sur ses intentions ? Rappelez-vous aussi l’intox révélée par Le Lab sur les drapeaux brulés le 06 mai 2007 pour lesquels elle aurait déclaré le 19 mai, «bruler des drapeaux Français, c’est un geste pardonnable» sur son compte Twiter ! Le Lab a donc cherché trace de ces propos en vain, la rédaction de RFI, déclara ne pas se souvenir que Christine Taubira ait tenu de tels propos sur son antenne.

 

Il est donc manifeste que l’on cherche à nuire à cette femme qui prend des positions politiques à l’inverse de celles qu’imprimait Nicolas Sarkozy. Et sans contrainte, en tant que femme de conviction, elle s’exprime librement allant même à froisser son collègue au ministère de l’intérieur ! Rien d’étonnant, les responsabilités ne sont pas les mêmes, la police est chargée d’arrêter les délinquants et la justice de les juger en fonction des lois, ce qui pose problème quand ils sont relâches. C’est le conflit permanent, puisque ce n’est pas un ministère de la justice connexe de celui de l’intérieur.

 

Sa nomination répond à une politique pénale indépendante, sans vantardise, mais qui se veut efficace. L’incarcération à tout va et quand c’est possible ne mène nulle part, sinon à cultiver la délinquance, les prisons sont archi-pleines, beaucoup de condamnés ne sont pas emprisonnés faute de place. Chacun sait que «la prison nourrit la prison» de sorte qu’elle devient une école de la délinquance pour ne pas dire du crime. Cette tendance s’est aggravée depuis l’instauration des «peines planchers» en 2007, qui a rendu automatique le prononcé de peines d’emprisonnement ferme en cas de récidive, même pour la petite délinquance.

 

On ne comprend donc pas l’argumentation de cette droite sectaire, qui connait bien ces problèmes et qui devrait coopérer pour une meilleure justice. La délinquance n’est ni de droite ni de gauche elle est la délinquance, avec tout ce qu’elle conditionne, les dernières émeutes d’Amiens-nord, par exemple.

 

Christine Taubira, Pierre Joxe et la justice des mineurs. Le 20 mai elle se rend au palais de justice de Paris pour une visite symbolique dans son nouveau domaine. C’est le tribunal pour enfants qui l’intéresse. Elle s’y entretient avec une juge pour enfants, et tombe sur Pierre Joxe reconvertit en avocat commis d’office. À sa sortie du Conseil constitutionnel, il se consacre, devenu avocat, à la justice des mineurs, et milite pour le respect de l’ordonnance du 2 février de 1945 sur l’enfance délinquante, dont l’application fut malmenée sous le gouvernement précédent. Pour la nouvelle garde des Sceaux c’est la réaffirmation de la «primauté de l’éducatif sur le répressif», l’individualisation et l’atténuation de la peine liée à la minorité, et la suppression des dispositions de la loi du 10 août 2011 créant un tribunal correctionnel pour mineurs, c’est pour elle de tenir les engagements du président de la République, François Hollande, exprimés en 2012 dans une lettre adressée à la présidente de l’Association Française des magistrats de la jeunesse et de la famille, Catherine Sultan. Cette démarche fit clamer l’opposition par l’argumentation qu’il y a des mineurs qui sont de vrais délinquants qu’il faut maintenir en prison, ce qui est exact, mais elle ne voulu pas faire de distinction entre les mineurs et les mineurs hautement délinquants. Pour Christine Taubira «les mineurs sont des citoyens en devenir, il est nécessaire de redonner à la justice des mineurs sa spécificité», mais elle aurait dû développer son argumentation afin d’éviter tout amalgame. Pour elle il faut recréer une politique pénale qui, sur la base de la lutte contre la récidive, fait de la pédagogie autour de la sanction, et de dire comment elle s’applique ?

 

Sur ce point, il est à craindre qu’elle se casse les dents, il est bien évident qu’il y a des délinquants irrécupérables, et cela d’autant plus s’ils sont rejetés par la société à leur sortie de prison, ils ne trouvent pas de travail. Christine Taubira a certes de bonnes intentions, mais on ne peut traiter tous les délinquants par de la pédagogie, il faut pour certains être fermes et intransigeant. Seule la prison dans une justice responsable du citoyen permet d’éviter dans l’application de la peine que ces hauts délinquants nuisent de nouveau à la société. Tout le monde comprend que notre situation économique favorise la délinquance et qu’il convient que la répression soit adaptée si l’on veut protéger les citoyens.

 

Le 18 mai elle assiste à un tournoi de basket entre détenus et surveillants au palais omnisports de Bercy, ce qui lui vaudra les foudres de Marine Le Pen, d’Éric Zémour et de Christian Jacob. Et Jean-François Copé de dire pour «les gens qui ont voté Marine Le Pen, on a Taubira à la justice», honteux ! En fait pour ces politiques, la gauche n’aurait d’autres buts que de laisser les criminels en liberté !

 

Dans un récent interview au journal Libération.fr, Christine Taubira exprime sa politique des courtes peines. Voulant rompre avec le tout répressif des années Sarkozy, elle revient sur l’affaire du procureur Courroye qui fut muté avocat général à Paris par décret. À la question, qu’est-ce qui a motivé votre décision, elle répond, le CSM ne s’est pas contenté de ne pas s’y opposer, il l’a validé. «Bon, soyons très clair, le parquet de Nanterre», ce n’est pas moi qui fait l’actu dessus. Cela fait combien de temps que ça dure le cirque ? «Moi, j’ai un dossier de presse épais comme ça, rien que sur le parquet de Nanterre». Dans la foulée, elle clame une réforme du CSM afin que cesse les soupçons qui pèsent sur cette institution.

 

Sur les centres éducatifs fermés, CEF, une polémique s’est développée. L’engagement du président vaut, et ma responsabilité de garde des Sceaux, c’est de lui apporter des éléments indiscutables pour lui dire, «voilà ce que produit le milieu ouvert, voilà ce que produisent les CEF. Nous sommes aujourd’hui à 42 CEF». L’héritage de la précédente mandature prévoyait la transformation de 18 foyers supplémentaires en CEF. «J’ai arrêté ça et j’ai lancé une inspection devant évaluer ces centres. Combien de places ? Quelle répartition territoriale ? Quel public y met-on ?» Aujourd’hui, on place en CEF des jeunes car, parfois, il n’y a pas d’autres offres de placement. «On ne va quand même pas construire d’autres CEF pour légitimer ce contresens». Et puis, il faut sortir du fantasme CEF. «Il faut arrêter de se dire que c’est la solution. Je ne l’ai jamais pensé ni hier, ni aujourd’hui, ni demain».

 

Le problème est, s’il s’avère que les jeunes qui étaient placés en CEF, ne se justifie pas, qu’en fait-on ? Il est évident que c’est une question de financement et quand on n’a pas d’argent on fait ce que l’on peut. Sur ce point, elle a déclaré qu’elle consacrerait ses efforts budgétaires au développement des services d’insertion et de probation, et qu’elle augmenterait le nombre de juges d’application des peines.

 

Rien ne l’arrête, elle préparerait une petite révolution qui devrait vider les prisons en grandes parties des courtes peines. Elle se prépare à de sérieuses attaques. Pour elle la prison ne doit être que l’extrême solution obéissant à une recommandation adoptée par le Conseil de l’Europe le 11 janvier 2006 de ne placer en détention les délinquants, pas les criminels, «qu’en dernier recours», et de leur infliger une peine «dans la communauté», c’est-à-dire dans la société. Le condamné aura des devoirs et des obligations, mais aussi un suivi intense pour permettre sa réinsertion et s’attaquer à la récidive.

 

Globalement de bonnes intentions qu’il convient d’ajuster en fonction des situations, mais sans travail au retour dans la société ces intentions risquent de faire pschitt.

 

Cette charge UMP ne se justifie pas, de plus, elle est néfaste ne faisant que braquer. Ce gouvernement n’a que quelques mois, et il découvre des situations carcérales pour les mineurs qu’il convient de modifier. 55 textes depuis 2002 qui ont tous poussé à l’incarcération ou alourdi le quantum des peines. En 2001, 20 837 personnes ont été écrouées, et 88 058 en 2011, la durée moyenne de détention a augmenté 8,1 mois en 1999 contre 9,8 mois en 2011, les peines de plus de vingt ans sont passées de 1. 252 en 2000 à 2.291 en 2011, ce qui en dit assez sur le prétendu laxisme des juges. Un vaste programme de construction de prisons a par ailleurs été lancé, 57.000 places à ce jour, 80. 000 prévues. Un coût faramineux pour le contribuable, 95 millions d’euros de loyer en 2010, mais 567 en 2017, a prévenu la Cour des comptes, et sans réussir pour autant à contenir la surpopulation carcérale, lire l’article du Monde.fr édition d’abonnés, La révolution Taubira contre la récidive.

 

Sur ce dossier, gauche et droite devraient coopérer et non se confronter.

 

 

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