Délinquance et immigration : la police redresse la barre ?

 

Intéressante émissionInfrarouge présentée par John Paul Lepers (sans doute un Français issu d’une famille immigrée de longue date ? Euh, non…) et dont Rue89 rend compte : elle était consacrée aux ratios populations immigrées/délinquantes. Contrairement à ce qu’il serait (notamment par d’autres) communément admis, fort bien reçu et transmis à l’envie, le lien n’est pas si évident. Cela étant, selon le confrère, les immigrés sont majoritaires en détention car « la police en fait sa cible prioritaire… ». En faisait, car comme pourrait l’énoncer le site parodique Brave Patrie, la police du pouvoir « socialo-bolchévique » pourrait avoir entrepris de redresser la barre en s’en prenant plus fortement aux « souchiens ».

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Aïssa Lacheb ne s’en remet pas plus aux dieux qu’aux diables (vauvert)

Dieu en soit garde, septième « roman » d’Aïssa Lacheb – dont un polar glacial, enfin, plutôt un « noir » crépusculaire-zé-ténébreux, Le Roman du souterrain, remarquable, que l’association 813 couronnera un jour d’un trophée, si elle renaît –, au Diable vauvert, s’était un temps assorti d’un sous-titre : « une enfance rémoise ». Il a disparu, mais feues les éditions du Coq à l’âne, auxquelles j’avais suggéré ce projet, l’auraient conservé. Ce même si Aïssa Lacheb ne s’appesantit pas sur les décors, les anecdotes du cru. Reims, la Champagne marnaise, sont considérées au travers de prismes allogènes, destinés à le rester, ceux des vies en « cités », à part, incrustées, indurées. Sauf pour Aïssa Lacheb et de trop rares autres, ayant pris autrement le large ; parfois, comme lui, en voyageurs immobiles, revenus en barres ou tours d’origines.

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Les peines plancher, la bonne fausse loi de la droite,

qui ne résout rien sur la récidive.

 

Vendredi 30 août, le président de la république équilibra entre Christiane Taubira et Manuel Valls, les peines plancher sont supprimées, et seront remplacées par une «contrainte pénale» sans incarcération mais restrictives de liberté pour des peines d’emprisonnement inférieures ou égales à cinq ans, mais aussi 6.500 places de prison supplémentaires de 2014 à 2016, voir Réforme pénale à quoi ressemblera une peine de probation ? Le Monde.fr

 

Les deux semaines de vacance du pouvoir, ou la politique fut mise en veilleuse, virent le président Français Hollande faire la promotion des emplois francs et de son optimisme sur la fin de la sinistrose pour laquelle on doit reconnaître que l’annonce des 0,5 % de croissance du PIB, au second trimestre selon l’INSEE, réconforte de façon inattendue la stratégie du gouvernement, et l’obstination du président à déclarer que la France était sortie de la récession. Certes ce n’est pas gagné d’autant que le chômage, pour lequel il s’est engagé d’inverser la croissance, par l’effet de sa boite à outils pour la fin de l’année, ce que de nombreux économistes et l’opposition veulent ignorer, ne montre pas une inflexion significative, tout juste un frémissement. Pour l’opposition il faudrait au moins 1, 5 % de croissance pour que l’emploi redémarre ignorant les emplois aidés, qui, en période de récession, permettent de donner aux plus précaires un emploi sous conditions, apportant aussi de la croissance par la consommation et les rentrées fiscales.

Au pouvoir, la droite ne se gêna pas pour promouvoir des emplois aidés en défiscalisant les heures supplémentaires pour ceux qui pouvaient en faire, ainsi que la prime à la casse de 1.000 € pour l’achat d’une voiture neuve, qui favorisa la vente des voitures étrangères moins chères, le tout dans un chômage croissant.

Mais ce qui fit l’effet d’une bombe fut la déclaration de Manuel Valls sur la politique pénale de sa collègue Christiane Taubira.

Pour Manuel Valls la période estivale fut la promotion de sa politique se déplaçant à la rencontre des vacanciers, à Marseille et ailleurs, pendant que ses collègues étaient au repos. Son omniprésence salua, dans ses discours, le travail de ses policiers, montrant que sa politique se justifiait pour sa fermeté à combattre l’insécurité, à faire respecter la loi par les gens du voyage, à condamner les incidents de Trappes, voir Trappes comme toute ville de banlieue à ses quartiers islamophobes, et islamiques, à détruire les camps de Roms, et en prenant une position d’interdiction du voile à l’université, il ouvrait ainsi une autre polémique avec la ministre de l’enseignement supérieur Geneviève Fioraso. Il n’hésita même pas à tirer dans le dos à ses collègues au gouvernement qui, n’ont informés, furent mis en cause, donnant ainsi à l’opposition du grain à moudre.

Se servir de l’impact médiatique de ses déclarations pour montrer son opposition sur des sujets politiques sensibles, qui mobilisent l’attention des Français, sans au préalable en discuter avec les responsables, montre le peu de respect qu’il leur accorde, ce qui fut intolérable de la part d’un ministre de l’intérieur, si médiatiquement apprécié. Ces déclarations firent dire à Mélenchon que Manuel Valls est l’extrême droite du PS, et que Marine Le Pen l’a contaminé.

On sait qu’il voulut débaptiser le parti socialiste jugeant que le mot socialiste ne lui était plus adapté.

Tout vient du fait que le parquet de Chartres n’incarcéra pas trois condamnés par ce que la prison était surpeuplée. Ce fait fut extrêmement sensible, les policiers arrêtant trois délinquants que le parquet de Chartres remit en liberté. Incompréhensible pour eux et pour le ministre de l’intérieur. La droite avec Eric Cotti monta au créneau et jugea que Taubira mettait en péril le pacte républicain ? Christiane Taubira prise à revers, demanda au parquet de Versailles de bien vouloir lui rendre compte des conditions dans lesquelles le parquet de Chartres fut amené à prendre cette décision. Or, Christiane Taubira avait maintes fois affirmé dans sa politique pénale qu’un dialogue entre le parquet et l’administration pénitentiaire est recommandé. En d’autres termes, si les prisons sont pleines, l’administration pénitentiaire doit informer le parquet. Comme nul n’est censé ignorer la loi, et ce d’autant plus qu’il s’agit du ministre de l’intérieur et d’un député de l’opposition toujours prêt à dégainer sans réflexion, on se rend bien compte qu’ils auraient mieux faits de se taire. Quant à Christiane Taubira, son étonnement surprend, mais pensait-elle qu’il y eut un autre motif ?

Le problème reste entier, que fait-on des délinquants, d’où la nécessité de réformer la loi pénale !

Depuis la loi Dati de 2009, l’incarcération est devenue le dernier recours. La loi impose aux magistrats d’aménager les peines de moins de deux ans, si la situation et la personnalité du condamné le permettent. Le juge d’application des peines doit alors, après la condamnation, trouver des alternatives fiables à la prison, «bracelet électronique, assignation à résidence», ce qui n’empêche pas, lorsque des places de prison se libèrent, que les condamnés soient incarcérés. Ce n’est qu’un délai d’attente sans plus dans le cas d’une assignation à résidence. Pas de quoi en faire une polémique nationale.

Pour le président de l’Union Syndicale des Magistrats, le fait que le parquet ait remis les trois délinquants de Dreux en liberté n’a rien d’exceptionnel. «C’est même très fréquent, assure-t-il. C’est le rôle des policiers d’interpeller les gens qui sont inscrits sur le fichier des personnes recherchées. Mais avant de le faire, ils doivent appeler les services du parquet pour s’assurer qu’il y a de la place», tiré du Point.fr.

Il est évident que le surpeuplement des prisons va à l’encontre de l’incarcération, et ne pas en tenir compte, dans ce cas précis, comme le fit Manuel Valls pour raison politicienne montre son hypocrisie.

La politique pénale ne pouvant être dissociée de la sécurité, il est tout à fait normal et même souhaitable que le ministre de l’intérieur ait à donner son avis. Mais, de là à critiquer ouvertement la politique de la ministre de la justice en envoyant une note au président de la république pour contrer sa réforme, il y a, là, un irrespect d’autant plus qu’il ne lui aurait rien dit ! Rien d’étonnant que l’opposition se tape sur le ventre de joie. Ce n’est donc pas un simple désaccord, mais un couac majeur, c’est franchement une attaque qui contraignit le président à une prise de position.

Des oppositions dans le même parti c’est le paradoxe de ce ministère, comment trancher sans vexer l’un ou l’autre, en fait le président équilibra les deux positions qui ont toutes deux des points positifs.

Après cette polémique, le président de la commission des lois du sénat Jean-Pierre Sueur, s’est réjoui que le premier ministre annonça que le projet de la réforme pénale serait présenté courant septembre en Conseil des ministres.

On sait que Christiane Taubira veut supprimer les peines plancher qui n’apportent peu sur la récidive, mais remplissent les prisons. Les peines plancher ou peines incompressibles font parti de la loi Dati sur la récidive du 10 août 2007. Les peines minimales en cas de récidive sont de,

  • 1 an de prison pour un délit passible de 3 ans ;

  • 2 ans de prison pour un délit passible de 5 ans ;

  • 3 ans de prison pour un délit passible de 7 ans ;

  • 4 ans de prison pour un délit passible de 10 ans.

Pour les crimes, elles sont de,

  • 5 ans si la peine maximale est de 15 ans ;

  • 7 ans si la peine maximale est de 20 ans ;

  • 10 ans si la peine maximale est de 30 ans ;

  • 15 ans si la peine maximale est la perpétuité.

On constate tous les jours que ces peines ne sont pas un obstacle à la délinquance. Cela montre bien qu’elles ne font pas leurs effets.

N’est-il pas préférable de laisser aux juges le choix des peines à appliquer en fonction des délits, et de favoriser la réinsertion ? Continuer à vouloir remplir les prisons ne peut conduire qu’à rendre nul leurs effets. Il importe d’avoir recours le plus largement possible à aider à l’insertion, mais aussi le plus possible à des peines alternatives, bracelet électronique ou autre, avec un suivi.

Récidive égale insécurité, la prison doit être l’extrême recours. Elle détruit plus qu’elle fait comprendre au délinquant qu’il doit respecter la loi. Le tout carcéral est la solution de facilité qui va jusqu’à un certain point, mais lorsqu’il est franchi, il faut revoir la politique pénale. La solution du tout carcéral est divergeante, en fonction de l’état de la société.

 

Il faut traquer et employer les biens mal acquis.

 

Le vocable de « biens mal acquis » est apparu dans les conversations lorsque quelques juges courageux se sont mis à traquer les biens en général luxueux possédés en France notamment par des dirigeants (ou membres de leur famille) de pays africains, visiblement acquis avec de l’argent obtenu illégalement (spoliation de leurs concitoyens ou détournement d’aides ou subventions émanant d’autres pays ou organisations).

 

Dans notre pays existent d’autres biens mal acquis : propriétés, voitures de luxe, biens mobiliers divers, achetés avec le fruit du commerce de la drogue, de la prostitution, d’escroqueries diverses et variées.

 

Un dispositif législatif et réglementaire existe depuis 2005 et des lois de 2010 (loi 2010-768 du 9 juillet 2010) et 2012, permettant aux juges de saisir ces biens et d’en confier la gestion provisoire à l’AGRASC (Agence de gestion et de recouvrement des avoirs criminels saisis et confisqués), jusqu’à ce que leur acquisition est jugée licite (et ils sont dans ce cas restitués à leur propriétaire) ou illicite, auquel cas ils sont vendus et leur produit revient à l’Etat ou à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

En moins de trois ans, l’AGRASC a traité près de 20 000 affaires et saisi plus de 34 000 biens pour une valeur d’un demi milliard d’€uros.

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Immigration : l’imposture des partis politiques

La plupart des partis politiques disent vouloir prendre des mesures pour réduire l’immigration, surtout clandestine, et des formations comme le Front national ou l’aile copéiste de l’UMP, clament qu’elles juguleront l’immigration non-communautaires. Avec surtout des mesures inspirées de celles en passe d’être adoptées au Royaume-Uni, mais absolument pas en rendant non-rentable l’emploi d’un clandestin, ou en imposant l’embauche de « nationaux » comme en Arabie saoudite.

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Quand Laurent Obertone (Orange mécanique) faisait ses débuts sur Come4News

Voilà une cohabitation dont je me serais dispensé, même si, ayant œuvré dans la presse quotidienne régionale, j’ai eu l’habitude de côtoyer – assez harmonieusement – nombre de consœurs et confrères n’ayant pas les mêmes opinions (voire des idées opposées) que moi. Or donc, Laurent Obertone, alias L’Ubiquiste, a fait, en 2008, ses débuts sur Come4News. L’auteur de France Orange mécanique (éds Ring), vanté par Marine Le Pen, s’est fait aussi les dents (et la plume) ici-même (dommage que Tardi… non plus). Et c’est sur Mediapart que je l’apprends. On nous cacherait tout, on ne nous dirait rien ? Pas du tout ! Tout est ici dicible sous réserve de conformité aux usages régissant la presse.

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La prison des Baumettes : urgence !

Après avoir passé une quinzaine de jours avec son équipe dans la prison des Baumettes à Marseille, Jean-Marie Delarue, contrôleur général des centres d‘enfermement, y dénonce dans un rapport, les déplorables conditions de détention. 

Interpellant la Garde des Sceaux, la ministre de la santé, ce haut responsable y est allé fort en lançant une procédure d’urgence devant le tribunal administratif de Marseille pour mettre un terme dans les plus brefs délais, aux "atteintes graves et illégales infligées aux détenus". 

Révulsé par ce lieu macabre jonché d’ordures, où 1800 détenus dégradés, humiliés, cohabitent de nuit comme de jour avec rats et cafards, où coupures d’eau, de chauffage, de courant  sont monnaie courante, le contrôleur se prend à rêver d‘une touche d‘humanité. 

Il ne veut plus qu’on accepte de tolérer, qu’à défaut de robinet dans une cellule, certains détenus en arrivent à puiser l’eau dans les toilettes. 

Ne plus tolérer ouïr des souffrances odieuses dans l’enceinte de prisons insalubres où règlements de comptes, viols et toute une ribambelle d’horreurs règnent sans partage. 

Ne plus tolérer de voir jeter dans des cachots des profils incompatibles, où se croisent pêle-mêle auteurs de délits de tous les acabits. 

Ne plus tolérer que l’incarcération continue de se confondre avec un passage en enfer où sévit une épidémie de maltraitance à haut pouvoir de nuisance, fragilisant  tous ceux atteints de déficit de leur système de défense. 

Repenser la méthode de la mise sous écrous de manière à ne pas en faire un élevage intensif de délinquants récidivistes avec une nette tendance à la hausse de la dangerosité lors de la sortie de prison, réduisant de ce fait à néant toute capacité de réinsertion. 

Vingt deux ans déjà que  la sonnette d’alarme avait été tirée auprès des pouvoirs publics sans que survienne la moindre avancée dans quelque domaine que ce soit dans l’établissement pénitentiaire des Baumettes : surpopulation carcérale, baisse de crédits, vétusté, encadrement insuffisant, etc.

L’Observatoire International des prisons, l’OIP, a déposé ce jeudi un autre référé qui sera examiné dans trois semaines, réclamant la fermeture de trois bâtiments des Baumettes, en attendant la réalisation de travaux. 

Christiane Taubira quant à elle, attend toujours les retombées lentes à émerger, de la circulaire de politique pénale sur les peines alternatives comme moyens de désengorgement des prisons. La reconstruction de trois nouveaux lieux de détention aussi est prévue… 

Même si en renversant ainsi la table, Jean-Marie Delarue ne parviendra pas véritablement à toutes ses fins, il aura incontestablement rendu un énorme service à ces détenus, en mettant la lumière sur leur calvaire. 

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Christine Taubira de marbre devant les vociférations de l’UMP.

Peut-on admettre qu’elle soit si injustement attaquée ?

 

 

Quand-on réfléchit à la situation de la justice sous l’ère de la présidence Sarkoziste, on se demande comment est-il possible que des membres de l’UMP n’aient pas honte de ce qu’ils ont fait ? Rachida Dati sous les ordres de Sarkozy a détruit ce qu’il y avait encore de possible pour que justice soit rendue à de simples justiciables. Avant son démantèlement, j’avais obtenu réparation contre une entreprise par l’intermédiaire d’un juge de proximité dans un délai de quelques semaines, maintenant c’est impossible, ce qui fait le bonheur des arnaqueurs et autres entreprises de moralité douteuse. Dernièrement, deux années durant, je me suis dépensé auprès d’une entreprise et d’un juge de proximité pour que justice me soit rendue envers elle qui, payée, n’a pas terminé son travail. Cette affaire fut si retardée, que finalement j’ai tout perdu. Deux années je n’ai cessé d’intervenir par lettres recommandées, auprès de l’entreprise et du juge au point que j’appris, au terme de ces deux années, que l’entreprise venait d’être liquidée, et que, de ce fait, je n’avais rien à espérer. L’engorgement de la justice fait le bonheur des malfrats par le fait qu’elle n’exerce plus son rôle de protection du citoyen.

 

Voilà la justice que Sarkozy a faite pour les honnêtes citoyens qui se font rouler par d’autres profitant de ses lenteurs !

 

Rien d’étonnant que Christine Taubira soit si maltraitée par ceux là même qui ont détruit ce qu’il y avait encore de justice en France.

 

Christine Taubira une femme charismatique, document United Fashion for Peace, cliquez sur l’image.

 

Ils ne se rappellent pas qu’elle fut approchée, lors de la campagne des législatives de juin 2007, par l’entourage de Nicolas Sarkozy «avant la fin de la présidentielle» pour faire partie du gouvernement Fillon déclaration faite sur Radio Guyane Le Monde.fr du 14/06/2007. Elle déclina l’offre. C’était il y a cinq années et ce fut Rachida Dati qui prit la tête du même ministère. Serait-ce une vengeance pour qu’à peine nommée dans le gouvernement Ayrault elle soit si ouvertement attaquée avant même qu’elle ne s’exprime sur ses intentions ? Rappelez-vous aussi l’intox révélée par Le Lab sur les drapeaux brulés le 06 mai 2007 pour lesquels elle aurait déclaré le 19 mai, «bruler des drapeaux Français, c’est un geste pardonnable» sur son compte Twiter ! Le Lab a donc cherché trace de ces propos en vain, la rédaction de RFI, déclara ne pas se souvenir que Christine Taubira ait tenu de tels propos sur son antenne.

 

Il est donc manifeste que l’on cherche à nuire à cette femme qui prend des positions politiques à l’inverse de celles qu’imprimait Nicolas Sarkozy. Et sans contrainte, en tant que femme de conviction, elle s’exprime librement allant même à froisser son collègue au ministère de l’intérieur ! Rien d’étonnant, les responsabilités ne sont pas les mêmes, la police est chargée d’arrêter les délinquants et la justice de les juger en fonction des lois, ce qui pose problème quand ils sont relâches. C’est le conflit permanent, puisque ce n’est pas un ministère de la justice connexe de celui de l’intérieur.

 

Sa nomination répond à une politique pénale indépendante, sans vantardise, mais qui se veut efficace. L’incarcération à tout va et quand c’est possible ne mène nulle part, sinon à cultiver la délinquance, les prisons sont archi-pleines, beaucoup de condamnés ne sont pas emprisonnés faute de place. Chacun sait que «la prison nourrit la prison» de sorte qu’elle devient une école de la délinquance pour ne pas dire du crime. Cette tendance s’est aggravée depuis l’instauration des «peines planchers» en 2007, qui a rendu automatique le prononcé de peines d’emprisonnement ferme en cas de récidive, même pour la petite délinquance.

 

On ne comprend donc pas l’argumentation de cette droite sectaire, qui connait bien ces problèmes et qui devrait coopérer pour une meilleure justice. La délinquance n’est ni de droite ni de gauche elle est la délinquance, avec tout ce qu’elle conditionne, les dernières émeutes d’Amiens-nord, par exemple.

 

Christine Taubira, Pierre Joxe et la justice des mineurs. Le 20 mai elle se rend au palais de justice de Paris pour une visite symbolique dans son nouveau domaine. C’est le tribunal pour enfants qui l’intéresse. Elle s’y entretient avec une juge pour enfants, et tombe sur Pierre Joxe reconvertit en avocat commis d’office. À sa sortie du Conseil constitutionnel, il se consacre, devenu avocat, à la justice des mineurs, et milite pour le respect de l’ordonnance du 2 février de 1945 sur l’enfance délinquante, dont l’application fut malmenée sous le gouvernement précédent. Pour la nouvelle garde des Sceaux c’est la réaffirmation de la «primauté de l’éducatif sur le répressif», l’individualisation et l’atténuation de la peine liée à la minorité, et la suppression des dispositions de la loi du 10 août 2011 créant un tribunal correctionnel pour mineurs, c’est pour elle de tenir les engagements du président de la République, François Hollande, exprimés en 2012 dans une lettre adressée à la présidente de l’Association Française des magistrats de la jeunesse et de la famille, Catherine Sultan. Cette démarche fit clamer l’opposition par l’argumentation qu’il y a des mineurs qui sont de vrais délinquants qu’il faut maintenir en prison, ce qui est exact, mais elle ne voulu pas faire de distinction entre les mineurs et les mineurs hautement délinquants. Pour Christine Taubira «les mineurs sont des citoyens en devenir, il est nécessaire de redonner à la justice des mineurs sa spécificité», mais elle aurait dû développer son argumentation afin d’éviter tout amalgame. Pour elle il faut recréer une politique pénale qui, sur la base de la lutte contre la récidive, fait de la pédagogie autour de la sanction, et de dire comment elle s’applique ?

 

Sur ce point, il est à craindre qu’elle se casse les dents, il est bien évident qu’il y a des délinquants irrécupérables, et cela d’autant plus s’ils sont rejetés par la société à leur sortie de prison, ils ne trouvent pas de travail. Christine Taubira a certes de bonnes intentions, mais on ne peut traiter tous les délinquants par de la pédagogie, il faut pour certains être fermes et intransigeant. Seule la prison dans une justice responsable du citoyen permet d’éviter dans l’application de la peine que ces hauts délinquants nuisent de nouveau à la société. Tout le monde comprend que notre situation économique favorise la délinquance et qu’il convient que la répression soit adaptée si l’on veut protéger les citoyens.

 

Le 18 mai elle assiste à un tournoi de basket entre détenus et surveillants au palais omnisports de Bercy, ce qui lui vaudra les foudres de Marine Le Pen, d’Éric Zémour et de Christian Jacob. Et Jean-François Copé de dire pour «les gens qui ont voté Marine Le Pen, on a Taubira à la justice», honteux ! En fait pour ces politiques, la gauche n’aurait d’autres buts que de laisser les criminels en liberté !

 

Dans un récent interview au journal Libération.fr, Christine Taubira exprime sa politique des courtes peines. Voulant rompre avec le tout répressif des années Sarkozy, elle revient sur l’affaire du procureur Courroye qui fut muté avocat général à Paris par décret. À la question, qu’est-ce qui a motivé votre décision, elle répond, le CSM ne s’est pas contenté de ne pas s’y opposer, il l’a validé. «Bon, soyons très clair, le parquet de Nanterre», ce n’est pas moi qui fait l’actu dessus. Cela fait combien de temps que ça dure le cirque ? «Moi, j’ai un dossier de presse épais comme ça, rien que sur le parquet de Nanterre». Dans la foulée, elle clame une réforme du CSM afin que cesse les soupçons qui pèsent sur cette institution.

 

Sur les centres éducatifs fermés, CEF, une polémique s’est développée. L’engagement du président vaut, et ma responsabilité de garde des Sceaux, c’est de lui apporter des éléments indiscutables pour lui dire, «voilà ce que produit le milieu ouvert, voilà ce que produisent les CEF. Nous sommes aujourd’hui à 42 CEF». L’héritage de la précédente mandature prévoyait la transformation de 18 foyers supplémentaires en CEF. «J’ai arrêté ça et j’ai lancé une inspection devant évaluer ces centres. Combien de places ? Quelle répartition territoriale ? Quel public y met-on ?» Aujourd’hui, on place en CEF des jeunes car, parfois, il n’y a pas d’autres offres de placement. «On ne va quand même pas construire d’autres CEF pour légitimer ce contresens». Et puis, il faut sortir du fantasme CEF. «Il faut arrêter de se dire que c’est la solution. Je ne l’ai jamais pensé ni hier, ni aujourd’hui, ni demain».

 

Le problème est, s’il s’avère que les jeunes qui étaient placés en CEF, ne se justifie pas, qu’en fait-on ? Il est évident que c’est une question de financement et quand on n’a pas d’argent on fait ce que l’on peut. Sur ce point, elle a déclaré qu’elle consacrerait ses efforts budgétaires au développement des services d’insertion et de probation, et qu’elle augmenterait le nombre de juges d’application des peines.

 

Rien ne l’arrête, elle préparerait une petite révolution qui devrait vider les prisons en grandes parties des courtes peines. Elle se prépare à de sérieuses attaques. Pour elle la prison ne doit être que l’extrême solution obéissant à une recommandation adoptée par le Conseil de l’Europe le 11 janvier 2006 de ne placer en détention les délinquants, pas les criminels, «qu’en dernier recours», et de leur infliger une peine «dans la communauté», c’est-à-dire dans la société. Le condamné aura des devoirs et des obligations, mais aussi un suivi intense pour permettre sa réinsertion et s’attaquer à la récidive.

 

Globalement de bonnes intentions qu’il convient d’ajuster en fonction des situations, mais sans travail au retour dans la société ces intentions risquent de faire pschitt.

 

Cette charge UMP ne se justifie pas, de plus, elle est néfaste ne faisant que braquer. Ce gouvernement n’a que quelques mois, et il découvre des situations carcérales pour les mineurs qu’il convient de modifier. 55 textes depuis 2002 qui ont tous poussé à l’incarcération ou alourdi le quantum des peines. En 2001, 20 837 personnes ont été écrouées, et 88 058 en 2011, la durée moyenne de détention a augmenté 8,1 mois en 1999 contre 9,8 mois en 2011, les peines de plus de vingt ans sont passées de 1. 252 en 2000 à 2.291 en 2011, ce qui en dit assez sur le prétendu laxisme des juges. Un vaste programme de construction de prisons a par ailleurs été lancé, 57.000 places à ce jour, 80. 000 prévues. Un coût faramineux pour le contribuable, 95 millions d’euros de loyer en 2010, mais 567 en 2017, a prévenu la Cour des comptes, et sans réussir pour autant à contenir la surpopulation carcérale, lire l’article du Monde.fr édition d’abonnés, La révolution Taubira contre la récidive.

 

Sur ce dossier, gauche et droite devraient coopérer et non se confronter.