Hier, jeudi 13 décembre, Yvan Colonna a été condamné à la réclusion à perpétuité. Quelques heures après le verdict de la cour d'assises spéciale de Paris, la villa de Flavie Revillon, une amie de Dominique Erignac, la veuve du préfet assassiné, a été entièrement détruite par un attentat à Casa Longa près de Bonifacio dans le sud de la Corse. L'explosion fut suivie d'un incendie qui s'est propagé au maquis.
La gendarmerie de Zicavo dans le sud de la Corse a été mitraillée. Un autre attentat a endommagé une seconde villa à Casa Longa. En tout, cinq explosions ont été entendues dans cette région de Corse en réaction à la condamnation d'Yvan Colonna.

 

Yvan Colonna va faire appel de ce jugement. RAPPEL: Le 6 février 1998, le plus haut représentant de l'État en Corse, le préfet Claude Erignac, était exécuté de trois balles dans la nuque. Le Réveil des Marmottes, dans sa version imprimée, avait vivement condamné cet assassinat. Les indépendantistes corses ont été désignés comme les coupables et un berger corse, appartenant à un groupe nationaliste, Yvan Colonna, fut vite accusé d'être l'auteur des coups de feu.


Claude Erignac et son épouse Dominique se rendaient à pied à un concert à Ajaccio lorsque le préfet fut sauvagement abattu. Yvan Colonna a pris la fuite dans le maquis corse et fut arrêté en juillet 2003. Colonna a toujours nié être l'auteur des coups de feu et clame son innocence. Le lundi 12 novembre 2007,le procès d'Yvan Colonna, 47 ans, s'est ouvert à la cour d'assises spéciale de Paris. Le nationaliste corse est soupçonné d'avoir exécuté le préfet Claude Erignac. Depuis juillet 1998, le Réveil des Marmottes s'interroge: Qui avait intérêt à supprimer ce préfet réputé comme intègre ? Qui avait des intérêts en Corse de 1993 à 1995 ?

Claude Erignac était défendue par Me Philippe Lemaire et avait déclaré «Je vis forcément mal le fait que les débats s'attardent sur les rivalités entre les services de police ayant émaillé l'enquête…» Les six complices présumés de Colonna sont en prison, ils ont été condamnés en juillet 2003 à 15 ans de réclusion à perpétuité. Deux autres nationalistes, considérés par les enquêteurs comme les "cerveaux" ayant organisé l'assassinat, ont été acquittés en appel. Yvan Colonna a comparu seul au procès. La chanteuse Patrizia Gattaceca a été mise en examen pour avoir hébergé Yvan Colonna. Patrizia Gattaceca avait déclaré: «Si j'ai hébergé Yvan Colonna, je l'assume totalement… D'abord, parce que c'est ma conscience qui m'a dicté de le faire, aussi parce que j'ai obéi à une règle d'or en Corse, celle de l'hospitalité, et enfin, c'est parce que je suis intimement convaincue qu'il est innocent…»

Yvan Colonna affirme avoir pris la fuite parce qu'il semblait condamné d'avance. «Le soir du drame, je cherchais dans la montagne des chèvres égarées de mon troupeau…». Le berger a un casier judiciaire vierge. Son avocat, Me Gilles Simeoni, a fait citer des policiers pour accréditer la thèse d'une enquête biaisée, où les témoins auraient été intimidés. Des membres du commando ont chargé Yvan Colonna en le désignant comme un des leurs, lui plaçant même l'arme du crime entre les mains avant de se rétracter en expliquant avoir dénoncé Colonna suite à des pressions policières. Pierre Alessandri, un ami d'enfance de Colonna, s'accusera même du meurtre en septembre 2004. Ses aveux seront jugés "confus et imprécis" par les enquêteurs. L'arme du crime a été retrouvée près du corps du préfet. Coup monté ou stupidité de Colonna ? L'arme avait servi lors d'une attaque en septembre 1997 selon la gendarmerie de Pietrosella. Le berger corse devra aussi répondre de cette accusation.

Les défenseurs de Colonna soulignent «l'absence de preuves matérielles». Selon la cour d'assises, «C'est l'intime conviction qui a compté…» Les aveux tardifs d'Alessandri, l'ami de Colonna, furent jugés «ridicules»…