Woerthgate : bombe à fragmentation et sous-munitions

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Est-ce l’article de France-Soir d’hier, « Police : des millions d’euros jetés à la poubelle », qui a inspiré les éditorialistes de la presse régionale ? Toujours est-il que Woerthgate rime désormais avec fadette (facture détaillée de téléphone) et que la bavure policière du choix des munitions des armes de poing porte aux métaphores : il y a, dans le Woerthgate, des bombes à retardement, des munitions blindées, d’autres à fragmentation, à ogives plastiques, et quelques leçons de balistique à en retirer.

Aucun fait véritablement nouveau, du moins pour celles et ceux qui suivent cette chronique du Woerthgate, n’est à relever dans l’actualité de ce mardi matin 14 septembre. Si ce n’est celui-ci : selon Philippe Waucampt, du Républicain Lorrain, « l’affrontement, désormais, ne pourra plus cesser au premier sang ». Cela finira au « croc de boucher », et Dominique Galouzeau de Villepin semble bien désormais le réserver au locataire de La Lanterne (résidence présidentielle). Certes, il joue les arbitres impartiaux dans le conflit désormais quasi-général qui oppose la presse et le pouvoir actuel, mais ses députés s’abstiendront lors du vote sur les retraites, et c’est véritablement offensif.

Un mot sur cette histoire de munitions destinées aux Sig Sauer, les armes de poing de la police et de la gendarmerie. Tandis que la police optait pour des balles blindées, la gendarmerie leur préférait « des balles avec une ogive plastique, qui limite leur pouvoir de pénétration, » indiquait hier Brendan Kemmel dans France-Soir. Je vous épargne les détails techniques, mais les faits remontent à 2003, et la Gendarmerie nationale avait encore une certaine autonomie de décision par rapport au ministère de l’Intérieur. La « rupture » est depuis passée par là, et comme nous le remémore le livre de Jean Galli-Douani, Clearstream-Eads, la « bombinette » de cette rentrée, en matière d’affaires judiciaires très surveillées par le pouvoir (mitterrandien, chiraquien, balladurien, sarkozyen), l’autonomie de la Gendarmerie fit souvent figure de garde-fous (de leurs pouvoirs quasi-régaliens). Bref, 5,8 millions d’euros seront consacrés à réparer la bavure, et lorsque Gérard Boulanger, conseiller (FG) régional d’Aquitaine dénonce « l’amendement Copé qui exonère les ventes de filiales des entreprises françaises coûte 12 milliards d’euros au fisc ! Plus que ce qu’il faudrait annuellement pour équilibrer le budget des retraites », AgoraVox embraye sur le même thème en titrant « Quand Sarkozy vide la caisse, l’État ne peut plus payer ». La fronde déborde du Ouaibe pour gagner la PQR (presse quotidienne régionale).

Les lectrices et lecteurs de presse quotidienne, de Paris ou des régions, consultent parfois un titre de presse nationale ou locale, sans trop se soucier de ce que véhiculent la presse étrangère ou de régions voisines. Avec le Woerthgate, le fait nouveau est qu’à l’exception notable du Figaro, de peut-être Valeurs actuelles ou de quelques autres titres, c’est que ce vocable fait florès, et que l’affaire des fadettes du Monde sert de prétexte à des déclarations de conflit larvé. Revenons au Répu qui estime : « le parallèle avec l’épisode des plombiers du Watergate, qui coûta sa présidence à Richard Nixon, a été trop souvent établi à propos de tout et n’importe quoi pour qu’on ne se méfie pas de ce qui, avec le temps, est devenu une facilité de langage. Pour une fois, cependant, la comparaison est juste. Non sur le fond, qui reste à prouver. Ni sur l’issue, qui est encore à écrire. Mais sur son déroulement, qui transforme une affaire de droit commun en une bombe à fragmentation dispersant ses sous-munitions sur un périmètre tellement étendu que les victimes se multiplient largement au-delà du point de largage initial. ». Pour moi, le parallèle ne s’établit pas avec l’épisode, mais avec sa déflagration, et la perte totale de crédibilité de Richard Nixon, de son administration, du Parti républicain. Le Watergate, c’était aussi Spiro Agnew, vice-président, poursuivi pour évasion fiscale, démissionnaire le 10 octobre 1973, et l’enquête du Washington Post porta aussi sur le financement occulte de la campagne présidentielle de Nixon en 1972. Je n’emploie absolument pas le terme Woerthgate par « facilité de langage ». Le Woerthgate remonte à l’époque Balladur, voire bien auparavant, quand Éric Woerth et « la Cassette » roulaient encore pour Jacques Chirac. Le livre de Jean Galli-Douani aurait pu s’intituler Clearstream, Eads, le passé antérieur du Woerthgate.

L’Alsace et la Nouvelle République ont aussi estimé que la métaphore des « sous-munitions » s’imposait aux esprits. L’Alsace réclame que l’affaire Bettencourt soit confiée à un juge d’instruction, La Nouvelle Rép’ se joint de fait au SNJ, à Reporters sans Frontières et au Forum des sociétés de journalistes pour dénoncer « la mobilisation de l’appareil d’État à des fins anti-démocratiques » (communiqué du Forum rassemblant 32 rédactions). Mais cela déborde avec ce titre de la Nouvelle Rép’ : « Clearstream en appel devant une chambre ad hoc : la cour persiste et signe ». C’est la reprise chou pour chou du titre de l’AFP. Il fut un temps où l’AFP était moins explicite, et où, à l’instar du JDD qui titre « Clearstream : des juges “indiscutables” promis », la PQR édulcorait quelque peu ce genre de titre légèrement « rentre dedans ». Il n’y a guère que Le Progrès de Lyon à inciter à calmer un peu le jeu de « bourre-pif permanent ». La Charente Libre et Jacques Guyon s’inquiète aussi, mais en de tout autres termes : « Jusqu’à quel tréfonds de compromission, jusqu’à quel degré de concussion le pouvoir politique va-t-il se retrouver éclaboussé et la France du même coup affaiblie, ridiculisée, humiliée aux yeux du monde par ce mauvais feuilleton qui depuis des mois occupe notre scène hexagonale ? ». Et Jacques Guyon de faire fi des démentis de l’Élysée au sujet de la menace de suspendre les aides de l’État au Monde si les « mauvais » actionnaires étaient retenus pour sa recapitalisation.

Hubert Coudurier, pour le Télégramme, considère qu’« il s’agit moins d’intimider la presse, comme lorsqu’un directeur de Libération fut interpellé à son domicile pour un prétexte futile, que de soumettre les fonctionnaires à un devoir de réserve. ». L’auteur d’Amour, ruptures et trahisons (Fayard) n’en estime pas moins que « Big Brother a de beaux jours devant lui. ». Certes, dans le Woerthgate, tout se mélange, et on finira par lire en ligne que Jean-Luc Delarue, placé en garde à vue pour trafic de stupéfiants, pourrait « balancer » jusque dans la cour de l’Élysée (ou plutôt de ses annexes). Mais dans cette affaire de fadettes, il n’est guère que le très prudent, voire cauteleux, Ouest-France, et ses multiples filiales (Courrier de l’Ouest, Maine Libre…), pour ne pas mettre le nez hors de ses tranchées, en compagnie, est-ce étonnant ? de Nice Matin (qui a de quoi faire avec ses pompiers au bourre-pif avec les policiers du cru). Var Matin risque une question sur « la politique sécuritaire du gouvernement » à Carole Bouquet (réponse : « j’aurais été moi aussi sous les fenêtres de monsieur Éric Besson pour entonner Les P’tits Papiers… ») mais rien à propos des écoutes dont elle fut l’objet. Parfois, c’est beaucoup plus feutré, comme dans la Voix du Nord qui relate qu’un agent de la DDE réplique qu’il n’a pas le droit de communiquer avec la presse : « Voilà, c’est comme ça partout maintenant, comme le confirmait encore voici peu un pompier par exemple. Dormez en paix braves gens, la communication veille sur vous, » relève le localier de Bettignies. Le Courrier Picard, en pointe sur le dossier Woerth, revient sur les attributions de la Légion d’honneur en relevant au passage : « les soupçons de copinage et d’opacité, alimentés par l’affaire Woerth, sont plus que jamais d’actualité. ».

À l’inverse, L’Union, avec Philippe Le Claire, n’y va pas par quatre chemins : « Enfin, le journal Le Monde, n’a semble-t-il pas attendu d’être totalement vendu au triumvirat Niel-Pigasse-Bergé, grands bourgeois de gauche, pour faire du zèle ? ». C’est un argument à double tranchant : cela veut-il signifier que L’Union attend de nouveaux propriétaires pour adopter une nouvelle ligne éditoriale ? Ou qu’il n’est pas possible de se joindre au concert de la PQR tant que la Société du journal L’Union, dirigé par Jacques Tillier, ancien de l’hebdomadaire Minute (proche de la droite du FN) aura quitté le giron d’Hersant Média ? Faudra-t-il attendre que son ex et peut-être future succursale, Planète Amiens, change de galaxie ?

Voici donc que le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, demande à la DRCI des précisions techniques sur les fadettes. Voila que Xavier Bertrand s’exclame que Le Monde accuse « sans aucune preuve ». Bah, une info suivie d’un rectificatif, c’est toujours deux infos. Merci Xavier Bertrand. Commentaire d’Apathie sur RTL : « Rarement sinon jamais autant de moyens n’auront été usité, usé, employé, pour défendre un ministre. Faut-il qu’il soit bon, ou précieux, pour que la République le défende ainsi. ». Entendez : pour que les contribuables soient ainsi mis à contribution…C’est d’ailleurs l’argument de Jeanne-Marie Le Pen : « Les moyens de l’État sont détournés au bénéfice d’un parti politique, c’est le cas dans l’affaire du Monde, c’était le cas dans l’affaire Rachida Dati où on a fait faire une enquête pour savoir qui avait envoyé des SMS sur la vie privée du président. » Pour sa part, Le Monde relève que la DGPN arguerait faussement avoir contacté préalablement la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité : « afin de “vérifier le bien-fondé et le respect des obligations légales”. Une désignation démentie au Monde par le délégué général de la CNCIS. ». Une info, puis un démenti, font deux. Merci la Direction générale de la Police nationale.

Rue89 s’est aussi intéressé aux fadettes et relève : « À l’inverse, l’affaire du sabotage des caténaires de la SNCF a montré qu’aux yeux des policiers chargés de l’anti-terrorisme, l’absence de portable suffit à faire de n’importe qui un suspect en puissance. » Quitte d’ailleurs, pour cette affaire visant Julien Coupat et ses amis, à faire dire tout et son contraire par la presse, sur la base d’enquêtes se contredisant et jugées fortement orientées et fantaisistes par Le Canard enchaîné. Il se trouve que l’affaire Coupat a laissé des souvenirs dans les rédactions. Lesquelles, surtout à la base, évidemment, s’estiment de plus en plus en état de légitime défense de la profession. Yves Thréard, du Figaro, s’inquiète, sur France Info, de la « mode de la diabolisation de Nicolas Sarkozy », mais l’oppose à Pierre Haski, de Rue89. « Acheteriez-vous une voiture d’occasion à cet homme ? », lui remémore Pierre Haski, par allusion à Richard Nixon. Et une réforme des retraites, alors ? Ce n’est pas un autre débat…

Terminons avec un fait vraiment nouveau de l’actualité de ce mardi après-midi… La juge Isabelle Prévost-Desprez voit valider, en appel, la décision du tribunal de Nanterre de conduire un supplément d’enquête sur l’abus de faiblesse présumée de Liliane Bettencourt par François-Marie Banier. Kiejman, l’avocat de Liliane Bettencourt (ou de Banier et de Maistre ? parfois, on hésite), se pourvoie en cassation, comme on pouvait s’y attendre. Ah, non, cette fois, ce n’était pas Kiejman, évidemment, mais Me Matthieu Boccon-Gibod, avoué du cabinet Lissarague-Dupuis, qui a fait savoir : « Cette décision me parait contraire à la jurisprudence de la Cour de cassation. C’est une décision décevante…». Immensément décevante, même, car le pourvoi ne stoppe pas les investigations. Bon, TF1, où il compte un homonyme haut placé, va peut-être permettre à l’avoué de développer ses thèses. Là, j’avoue que la jurisprudence de cassation en l’espèce m’est hermétique… ou alors, nous n’avons pas les mêmes références.Moi, ce n’est pas Bordeau Chesnel, mais Monique Ranou, la « tradition du goût ». Et pendant ce temps où le budget de la Chancellerie pâtit du traitement de toutes ces affaires, on restreint la dotation en Ferrero Rocher au Quai d’Orsay. Dura lex, sed lex.

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

18 réflexions sur « Woerthgate : bombe à fragmentation et sous-munitions »

  1. Et [i]France-Soir[/i], au fait ? Rien de la part de ses éditorialistes sur les fadettes ?
    Cela tient peut-être au fait que PPDA a préféré, fidèle à son habitude, le sensible, en évoquant Natacha Mougel et que Gérard Carreyrou a voulu, avec sa « Lettre d’Italie au PS », prendre de la hauteur.
    « [i]À un moment où se déroule la bataille cruciale de la réforme des retraites entre Nicolas Sarkozy et les socialistes, il est enrichissant pour la réflexion politique de lire l’ouvrage d’un grand intellectuel de la gauche italienne, Raffaele Simone. Dans son essai intitulé[/i] Le Monstre doux, [i]Raffaele Simone analyse la montée de la droite, notamment au travers des gouvernements de Silvio Berlusconi et de Nicolas Sarkozy.[/i]
    [i]Sa critique du sarkozysme est au vitriol :[/i] “ Il est exemplaire de cette nouvelle droite refusant d’imposer les plus riches, flirtant avec le populisme et certaines thèses d’extrême droite. ” [i]Mais après cette critique cinglante, M. Simone assure que[/i] “ cette droite nouvelle est plus proche des intérêts immédiats des gens, plus adaptée à l’ambiance générale de l’époque, plus naturelle en quelque sorte. Et c’est pourquoi elle gagne ”. »
    Cela étant, petite confrontation à la une entre la juge Prévost-Desprez, la Lilloise ([url]http://www.francesoir.fr/faits-divers-justice-politique/isabelle-prevost-desprez-la-lilloise-qui-ecrit-des-polars.22185[/url]), et le procureur Courroye, le Lyonnais ([url]http://www.francesoir.fr/faits-divers-justice-politique/philippe-courroye-le-lyonnais-qui-manie-lironie.22205[/url]). Remarque assassine : « [i]Le 24 avril 2009, le chef de l’État l’a promu officier de l’ordre national du Mérite. Certains y voient une récompense après le classement sans suite de l’enquête sur les conditions dans lesquelles Nicolas Sarkozy avait acheté un appartement sur l’île de la Jatte, à Neuilly-sur-Seine, ville dont il était alors l’édile.[/i] »

  2. Les jours se suivent et se ressemblent : l’interface de Come4News m’indique encore et encore que le traitement des images est inaccessible (restricted access). C’est Joombla ou quoi ? Bon, je finirai bien, ultérieurement, par illustrer cet article, mais si vous le citiez ailleurs, vous pouvez toujours utiliser :
    [img]http://medias.lepost.fr/ill/2010/09/14/h-20-2220425-1284464048.png[/img]

  3. Il n’y a pas que la presse à s’agiter. Lu sur Le Monde réel :
    En allant investir, à force ouverte, la permanence du député Louis Giscard d’Estaing, fils de l’autre, et seul parlementaire UMP à avoir refusé sa solidarité à Jacques Chirac dans l’affaire de corruption à la mairie de Paris, ce sont les militants CFDT du centre de la France – et non des métallos ou des cheminots “rouges” de la région parisienne, qui ont donné le coup d’envoi de la nouvelle étape de la BATAILLE DES RETRAITES: à l’approche de l’échéance cruciale de ce 15 septembre, dont le succès, ou non, pèsera sur le 23… – Pour faire grandir encore un mouvement social syndical approuvé par un nombre chaque jour croissant de Français, mais peinant à prendre la forme, sans doute convenue, et peut-être archaïque, d’une “grève générale nationale”, “FAIRE QUELQUE CHOSE, C’EST NON PAS RESISTER, MAIS ATTAQUER”, selon le mot de ce vrai spécialiste de la “guerre populaire prolongée” que fut le grand aristocrate “rouge” et “bleu-blanc-rouge” de l’Ardèche, Emmanuel D’Astier de la Vigerie, altière figure de la LUTTE ARMEE DE LIBERATION NATIONALE ET SOCIALE d’où naquirent, avec la mise en œuvre du programme du CNR, nos actuels systèmes de Sécurité Sociale et de Retraites – récit, histoire, analyses , et portrait superbement illustré dans les colonnes du site Le Monde Réel, accessible par simple clic ici: [url]http://www.lemondereel.fr/[/url]

  4. Pour qui veut entrer dans les détails, [i]Le Post[/i], filiale du Monde interactif, présente l’aspect fadettes de manière très journalistique mais pour une fois techniquement fouillée.
    [url]http://www.lepost.fr/article/2010/09/14/2220319_affaire-le-monde-woerth-la-version-de-l-elysee-contredite_0_4565883.html?#reaction_4565682[/url]

  5. Un peu gonflé, [i]Le Parisien[/i], qui indique « exclusif » une info qui va dans le sens du [i]Monde[/i]. Ce n’est pas l’info qui est exclusive ([i]Le Monde [/i]l’avait sortie), mais l’entretien… Mais, bon, c’est loin d’être inintéressant.
    Extrait :
    « [i]Interrogé ce mardi par le [/i]Parisien-Aujourd’hui en France, [i]Rémi Recio, le délégué général de la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), contredit Frédéric Péchenard, le patron de la police, au sujet des conditions de l’enquête des services secrets sur les fuites dans l’affaire Bettencourt.
    Selon Rémi Recio aucune demande n’a été formulée à la commission. Créée en 1991, la CNCIS est chargée de veiller à la légalité des[/i] «interceptions de sécurité» [i]c’est-à-dire des interceptions de communications téléphoniques ou électroniques.[/i] »

  6. Rien à voir avec le Woerthgate, ou alors, vraiment très peu. Mais comme je l’ai lu ailleurs :
    « Lisa David, journaliste à RFO-Martinique, syndicaliste et militante bien connue, se retrouvera bientôt devant le Tribunal correctionnel de Fort-de-France où elle a été traduite par sa direction et un rédacteur en chef, d’origine hexagonale, le dénommé René Lataste.
    Motif : « Diffamation ».
    En fait, L. David n’a cessé de dénoncer les dysfonctionnements bien connus de la station de Clairière et le règne de la lâcheté, du larbinisme et de la propagande assimilationniste.
    Elle avait aussi pointé du doigt le traitement scandaleusement partial de la grève générale de février 2009.
    Cela fait déjà un certain temps que Lisa David gène à cause de ses prises de position courageuses au sein d’une station vouée à l’abrutissement, au décervelage, du peuple martiniquais. L’objectif a toujours été clair : discréditer la journaliste, la décrédibiliser de façon à la pousser à la démission.
    Faute d’avoir réussi, c’est par le biais d’un procès en diffamation que la direction de RFO cherche à obtenir une condamnation pour se débarrasser d’elle. ».
    Une pétition circule. J’attendrai de me faire une opinion avant de la signer.

  7. Peu à voir mais quand même. Lu sur Groupe Événements :
    1) Une rentrée très politique pour Match Event. Le prestataire audio qui a assuré le plateau TV à l’occasion des Universités d’été du Medef (organisées par Iris Création au Campus Hec de Jouy-en-Josas) a également été en charge du son & lumière des Universités d’été de l’UMP aux Pyramides de Port Marly.
    2) Ex-directrice marketing et communication de France Galop, Nathalie Desaix prend les mêmes fonctions à 20 Minutes France…
    Aurait-on reproché des fuites woerthiennes à Natalie Desaix ? Non, je rigole. N’empêche, France Galop et le Woerthgate, c’est aussi un peu tout un…
    C’est marrant, ces histoires de fournisseurs du Medef et de l’UMP. Il y aurait d’autres exemples ?

  8. Commentaire rigolo d’un magistrat interrogé par Rue89.
    Extraits :
    « Interrogé sous couvert d’anonymat par Rue89, un magistrat antiterroriste très au fait de ces textes législatifs est formel :
    [i] « La défense des intérêts nationaux ne peut en aucun cas intégrer la résolution d’une affaire de fuites, du moment que ces fuites ne menacent pas la défense nationale ou l’intégrité du territoire national.
    Cette loi ne peut être utilisée pour défendre un parti politique, ou même un ministre. Ce n’est pas parce qu’un ministre est visé par des révélations de la presse que l’intérêt national est menacé.
    A l’extrême limite, on pourrait considérer que des intérêts économiques fondamentaux sont visés, mais est-ce le cas pour un groupe qui fabrique surtout du shampooing ?[/i] »
    L’UMP, un groupe se livrant au lavage des têtes, voire des cerveaux ?
    Oh ! On comprend que ce magistrat soit resté anonyme…

  9. Henri Moreigne sur [i]AgoraVox[/i] :
    « [i]En seulement trois ans on aura assisté à l’usage à des fins privées par Nicolas Sarkozy des services de police pour des histoires de couple ou de règlement de compte politique, à l’extension anormale du secret défense et désormais, à la chasse aux sources des journalistes par le contre-espionnage. Il y a bien du Nixon chez le locataire de l’Élysée.[/i] »
    C’est l’effet aile de papillon. Tout à coup, les mêmes souvenirs remontent un peu partout à la surface. Woerth en Spiro Agnew, ce n’est pas tout à fait exagéré.

  10. Très bon entretien de Bakchich avec Jean Garrigues. Trop court extrait, mais allez voir…
    « [i]Encore une fois, les campagnes de discrédit des journalistes ne sont pas nouvelles. Mais les références aux années 30 ne sont qu’amalgames, anachronismes et contre-vérités. Un seul exemple : certains ont comparé l’affaire Woerth à l’affaire Salengro. C’est la preuve d’une méconnaissance de l’histoire. Lors de l’affaire Salengro, les documents publiés dans la presse d’extrême-droite ont été inventés, les témoignages manipulés. Or je trouve la presse aujourd’hui d’une grande prudence et d’une grande rigueur par rapport à certaines feuilles de l’époque.[/i] »
    J’avais fait aussi un parallèle, mais pour le réfuter, entre l’affaire Salengro et le Woerthgate. Avant que Claude-Marie Vadrot émette l’hypothèse, dans [i]Politis[/i], d’un suicide de Woerth. En revanche, les « éléments de langage » des shampouineurs (voir plus haut) de l’UMP créent l’amalgame. Ce n’est pas la preuve d’une méconnaissance, mais d’une falsification de l’historiographie.

  11. J’aime beaucoup ces « belles âmes » parmi les consœurs et confrères qui évoquent les opérations de mercatique de [i]Mediapart[/i], du [i]Monde[/i], de [i]Libération[/i], de [i]Marianne[/i], &c., et reprennent peu ou prou les éléments de langage de l’UMP à propos du soutien aux ventes de ces titres faisant leurs choux gras du Woerthgate.
    Comme si leurs propres titres et employeurs n’en profitaient pas aussi !
    Dans certains cas, trop d’info ne tue pas l’info, et je dirais même plus, comme Dupont à Dupond, au contraire. La lectrice ou le lecteur du [i]Figaro[/i] (qui achètera aussi tel ou tel jour [i]Le Monde[/i] ou pas), ne va pas forcément renoncer à son quotidien de déférence préféré. Ou à fréquenter son site. Ces arguments sont parfois un peu recevables (quand les titres en rajoutent sur les détails, les à côtés, l’inessentiel), mais en général, désolé de n’être pas grégaire et en attente de renvois d’ascenseur, putassiers.
    Il est même évident, pour [i]Le Fig'[/i] en tout cas, que chaque jour, les hauts fonctionnaires et les patrons qui ne bénéficient pas d’abonnements payés par l’administration ou l’entreprise (donc, par nous, ou partiellement, par leurs salariés qui créent leurs plue-values), achètent ce journal ne serait-ce que pour vérifier que, ouf, leur patronyme n’est pas publié.

  12. Haussons le niveau avec Jacques Attali, sur Slate :
    « [i]La droite n’ose pas expliquer pourquoi son plan peut être considéré comme injuste. La gauche n’ose pas donner le détail du sien, parce qu’il exige des hausses d’impôts et de durée de cotisations.[/i] »
    C’est le genre de résumé vulgarisateur assez trompeur. Parce que les « hausses d’impôts » pourraient être interprétées différemment : le tout est de savoir si le financement par des taxes ou tout autre dispositif oblitérera le pouvoir d’achat des uns ou des autres. Augmenter la durée des cotisations n’est pas inéluctable, en revanche, on pourrait fort bien mettre à contribution les retraités les plus aisés. Mais cela, il n’en est pas trop question : les caciques de « gôche » veillent à préserver leurs propres intérêts.

  13. Me Olivier Metzner (partie civile pour Françoise Bettencourt-Meyers) envisage de poursuivre d’autres protagonistes, comme Patrice de Maistre : « [i]Il était là comme protecteur mais il s’est rendu complice de tous les abus de M. Banier et il en a lui-même profité[/i] », a-t-il estimé. Woerth poursuivi aussi pour abus de faiblesse ? Ou verra-t-on Woerth, Éric, poursuivre Woerth, Florence, pour incitation au laxisme ?
    Mais il faut stopper tout cela. Certes, Renaud van Ruymbeke a été saisi de soupçons d’entrave à la justice et de faux témoignage consécutifs à une plainte des familles des victimes de l’attentat de Karachi, mais pas de quoi ébranler la conviction du procureur Jean-Claude Marin, pour lequel il n’y a plus rien à voir dans le dossier.
    Au fait, il était où, de Maistre, en 2OO2 (année de l’attentat de Karachi) ? À Singapour pour ouvrir des comptes ? C’est quoi la distance entre les deux villes ? Non, pensez donc, tout cela est de l’histoire ancienne. Et franchement, cela ne tient pas la route, ni même la voie aérienne. N’empêche, aller revoir comment de Maistre se comportait au cours de la campagne Balladur, cela pourrait réserver des surprises.

  14. « [i]Même quand on est journaliste on ne peut pas être juge de tout et responsable de rien. C’est facile d’écrire sans preuve[/i], » aurait dit Nadine Morano du [i]Monde[/i] dans les couloirs de l’Assemblée nationale, selon l’AFP. Ben, si elle n’accorde aucune foi à la DGPN et à la Direction du Renseignement, qu’elle le dise plus clairement. Quelles autres preuves veut-elle ? Elle met en doute les services d’Hortefeux ? Elle met en doute les dires du porte-parole de MAM qui a estimé que, bien sûr, David Sénat avait demandé sa mutation, mais qu’il aurait été limogé après les révélations des services de police et de contre-espionnage. Faudrait accorder les violons.

  15. J’avais présumé que la presse étrangère reprendrait largement l’affaire. Slate.fr confirme en estimant qu’elle lui accorde plus de place que la presse française. C’est assez faux si l’on prend en compte la presse régionale, et le fait qu’on en est au second jour pour les « locaux » (la presse française) et au premier pour les « visiteurs ».
    Or donc, titre d’un long article de [i]The Independent[/i] :
    « [i]Sarkogate: All Le President’s men?[/i] »
    [i]The Guardian[/i] a récidivé avec un second article titré de manière très factuelle, comme le précédent, mais [i]The Telegraph[/i] n’est pas revenu sur son article de la veille (lundi).
    En revanche, on peut peut-être compter sur [i]The Financial Times[/i] pour suivre l’affaire ce mercredi matin, et reprendre le sondage BVA dont Reuters se fait l’écho :
    « [i]La politique économique de Nicolas Sarkozy et du gouvernement est jugée mauvaise par 71% des Français, un chiffre record depuis son élection à l’Élysée…[/i] »

  16. Tiens, on ne l’avait pas remarquée, cette critique très mezzo voce de l’Amiral Pierre Lacoste (le 13 sept. dernier) sur un blogue-notes des [i]Échos[/i] :
    « [i]Il existe bien un service à composition interministérielle créé en 1993, le « Service Central de Prévention de la Corruption » (SCPC) placé auprès du Garde des sceaux, ministre de la justice, pour traiter de la prévention de la corruption et de la transparence de la vie économique et des procédures publiques. Ses missions, précisées par décret, ont donné lieu à des rapports d’activité publiés chaque année par la Documentation française, mais rares sont les Français, y compris dans la politique et la haute administration, qui en connaissent l’existence. Pourtant, en 2006, Noël Pons, ancien membre du service, a publié chez Odile Jacob un essai intitulé « Cols blancs et mains sales » dont l’énoncé des têtes de chapitres suffit à montrer la diversité et l’ampleur des pratiques de la corruption dans l’économie criminelle. Cet inventaire à la Prévert montre que la corruption sous ses divers aspects mériterait d’être prise en compte par les spécialistes du Renseignement car le sujet est en cohérence avec leurs études transdisciplinaires sur les stratégies de la Défense et de la Sécurité et parce qu’il constitue en outre un des principaux modes d’action des mafias criminelles qui sévissent dans le monde contemporain. Pour cette simple raison, le SCPC mériterait d’être admis à part entière dans la communauté française des services de renseignement…[/i] ».
    Avec mes respects, Amiral, vous recommanderai-je de lire le livre de Jean Galli-Douani, [i]Clearstream-Eads[/i], dans lequel il est fort question du SCPC ?
    En tout cas, effectivement, au lieu d’écouter les journalistes et les magistrats, les Renseignements ont certes mieux à faire… Merci de l’avoir remémoré.

  17. J’ai enfin découvert le site original (mouton-noir.net : [url]http://www.mouton-noir.net/moutonneries/37-ump/50-sarko-ou-la-france-dapres[/url]) d’où provient l’affiche ci-dessous :
    [img]http://www.mouton-noir.net/images/imagespost/france-d-apres-458ae.jpg[/img]
    C’est sur info-quotidienne.com que j’ai trouvé ce commentaire :
    « [i]Ce photomontage réalisé par nos soins en 2007 (création R-Mike) s’est propagé sur la toile grâce à son double sens. En effet; Chacun peut y voir ce qui lui plait. Les détracteurs du Président Nicolas Sarkozy peuvent y voir l’état présumé de la france suite au mandat de ce gouvernement. Les fidèles de L’UMP et du Président y verront le résultat de tant d’efforts et l’épuisement d’un Président actif ou hyper-actif[/i]. ». Beau boulot graphique…

  18. Sarkozy, comme Woerth (ou Hortefeux et Besson, par exemple), ne ment pas, mais par omission, il sait se pose là.
    Selon [i]Le Monde[/i], Sarkozy, en visite le 14 à Villeneuve-le-Roi, se voit poser une question sur l’affaire des fuites par une journaliste de France-Inter. Puis peut-être par d’autres. Il esquive une fois, deux fois, trois fois, bottant en touche, parlant d’autre chose…
    Quant à Vaillant, dans [i]Le Parisien[/i], il considère la vérification des fadettes a été effectuée hors du cadre réglementaire.
    Reste une interrogation de taille : combien de fonctionnaires, conseillers, secrétaires, affidés, ont fait l’objet de tels contrôles ? Si seul David Sénat était visé, pourquoi ?
    Il n’y a pas que les journalistes du Monde qui travaillent sur le Woerthgate, ni qu’un « sachant » comme David Sénat qui soit en rapport téléphonique épisodique, voire plus fréquent, avec eux.
    N’aurait-on pas voulu « vider » David Sénat sous un prétexte qu’il se serait bien gardé de divulguer, et dans ce cas, il faudrait enquêter sur les fuites sur les fuites. C’est sans fin…

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