Aujourd’hui, une amie m’a téléphoné.
Elle habite en ce moment en Belgique, près de Liège.
Son avenir, semble enfin lui sourire.
Ce ne fut pas toujours le cas.
C’était en septembre 2007, plusieurs cars de CRS qui font une descente dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Revin.
Dans un appartement surpeuplé, se trouve là un couple et ses 4 enfants.
C’est pour eux que ce déploiement de force est mis en place.
Ils ont commis un crime impardonnable ;
Ils ont demandé protection à
Le père et la mère ont été battus plusieurs fois, nécessitant des hospitalisations très lourdes.
Mon amie, une enfant de 15 ans, a été violée. Son grand frère laissé pour mort.
La maman gardera des séquelles psychologiques à vie.
En toute légalité ils avaient déposé, depuis plusieurs mois, une demande d’asile.
Les enfants avaient été scolarisés au collège et à l’école primaire.
Au dire des enseignants, ils n’avaient jamais vu des enfants aussi motivés.
Mon amie avait, en un an, acquis un niveau scolaire bien supérieur à celui de son âge.
Les parents prenaient des cours de français au centre social.
Mais voilà, les raisons d’état commandent ;
Il faut remplir les objectifs d’expulsion, fixés par le nouveau gouvernement.
Alors on se donne les moyens, pour cueillir en une fois 6 « clandestins ».
Sans même avoir le temps de rassembler leurs affaires, tous ces dangereux criminels sont conduits en prison, pardon… en centre de rétention.
Quelques jours plus tard, me voilà en région parisienne, aux portes de ce centre de rétention.
Dans mes bras, leurs quelques affaires personnelles rassemblées.
Sous couvert d’une association humanitaire, je parviens à entrer dans cette prison.
Comment nommer autrement cet endroit, aux murs surmontés de fil de fer barbelé.
A l’intérieur, sous surveillance de leurs gardiens, arrivent dans une pièce sans fenêtre, toute la famille.
Les regards hagards, ne comprenant pas ce qui leur arrive, mes amis arrivent entrelacés les uns aux autres.
Comme pour se raccrocher à un repère connu et amical, le père en larmes me saute au cou.
Les policiers leur dit surtout de ne pas se révolter, ne pas résister à leur expulsion.
Leur bonne conduite leur permettrait de déposer une nouvelle demande d’asile en arrivant au Kossovo.
Quelques semaines plus tard, malgré une mobilisation de tous ceux qui les ont connus, ils seront expulsés.
Le gouvernement, ne mégotant pas sur les dépenses, affrétera spécialement un avion pour convoyer dans leur pays d’origine.
Bien évidemment, après quelques jours de leur arrivée, leur maison sera incendiée et la famille agressée.
Confiants dans la parole des représentants de l’état, ils se présentent à l’ambassade de France pour renouveler leur demande d’asile.
Qu’imaginez-vous de la réponse qui leur a été faite ?
« Vous ne pouvez pas faire de nouvelle demande avant 5 ans ! »
Pas le choix, à nouveau le chemin de l’exil !
Aujourd’hui, mon amie est en fac de commerce international. Son grand frère a trouvé un travail pour la municipalité de sa commune. Ses petites sœurs sont à nouveau scolarisées. La maman est prise en charge pour des soins psychologiques.
J’allais oublier ;
A l’époque de ces évènements, une journaliste d’un grand quotidien national m’a appelé.
Elle avait l’intention d’écrire une série d’articles sur cette expulsion.
Elle souhaitait l’appeler « chroniques d’une expulsion annoncée ».
Mais, voilà le rédacteur en chef a considéré que « cette situation ne correspond pas aux valeurs que nous défendons ».
Mes amis vivent aujourd’hui en Belgique, ils sont dans l’attente de leur naturalisation.
C’est une grande chance pour eux et pour
Pendant ce temps, en France, aujourd’hui, les expulsions continuent au dépend des valeurs essentielles de notre nation.
Vive nos amis belges.
Une belle leçon d’intelligence et de coeur; les petits pays ne sont pas ceux qu’on croient
[quote][quote]les petits pays ne sont pas ceux qu’on croient[/quote][/quote]
au contraire,c’est dans « les petits pays » qu’on trouve encore la chaleur humaine!
Oui, chères Isa3 et Mozarine, la grandeur est dans le coeur!
Ce soir, je me sent Belge est royaliste. 🙂
Bravo la Belgique!!! Si Sarko ou Le Pen passe, je demande la nationalité belge! 😉
Lettre à Guéant : Le crachat et le rêve français, par Amine El Khatmi
(1ère partie)
Lettre à monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration
Monsieur le ministre,
La sous-direction de l’accès à la nationalité française du ministère que vous dirigez vient de signifier à madame S. Boujrada, ma mère, le classement de son dossier et un refus d’attribution de nationalité. «Vous ne répondez pas aux critères», est-il écrit dans un courrier sans âme que l’on croirait tout droit sorti de l’étude d’un huissier ou d’un notaire.
Ma mère est arrivée en France en 1984. Il y a donc vingt-huit ans, monsieur le ministre, vingt-huit ans ! Arrivée de Casablanca, elle maîtrisait parfaitement le français depuis son plus jeune âge, son père ayant fait le choix de scolariser ses enfants dans des établissements français de la capitale économique marocaine.
Elle connaissait la France et son histoire, avait lu Sartre et Molière, fredonnait Piaf et Jacques Brel, situait Verdun, Valmy et les plages de Normandie, et faisait, elle, la différence entre Zadig et Voltaire ! Son attachement à notre pays n’a cessé de croître. Elle criait aux buts de Zidane le 12 juillet 1998, pleurait la mort de l’abbé Pierre.
Tout en elle vibrait la France. Tout en elle sentait la France, sans que jamais la flamme de son pays d’origine ne s’éteigne vraiment. Vous ne trouverez trace d’elle dans aucun commissariat, pas plus que dans un tribunal. La seule administration qui pourra vous parler d’elle est le Trésor public qui vous confirmera qu’elle s’acquitte de ses impôts chaque année. Je sais, nous savons, qu’il n’en est pas de même pour les nombreux fraudeurs et autres exilés fiscaux qui, effrayés à l’idée de participer à la solidarité nationale, ont contribué à installer en 2007 le pouvoir que vous incarnez.
(2ème partie)
La France de ma mère est une France tolérante, quand la vôtre se construit jour après jour sur le rejet de l’autre. Sa France à elle est celle de ces banlieues, dont je suis issu et que votre héros sans allure ni carrure, promettait de passer au Kärcher, puis de redresser grâce à un plan Marshall qui n’aura vu le jour que dans vos intentions. Sa France à elle est celle de l’article 4 de la Constitution du 24 juin 1793 qui précise que «tout homme – j’y ajoute toute femme – né(e) et domicilié(e) en France, âgé(e) de 21 ans accomplis, tout(e) étranger(e) âgé(e) de 21 ans accomplis, qui, domicilié(e) en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse un(e) Français(e), ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout(e) étranger(e) enfin, qui sera jugé(e) par le corps législatif avoir bien mérité de l’humanité, est admis(e) à l’exercice des droits de citoyen français». La vôtre est celle de ces étudiants étrangers et de ces femmes et hommes que l’on balance dans des avions à destination de pays parfois en guerre.
Vous comprendrez, monsieur le ministre, que nous ayons du mal à accepter cette décision. Sa brutalité est insupportable. Sa légitimité évidemment contestable. Son fondement, de fait, introuvable. Elle n’est pas seulement un crachat envoyé à la figure de ma mère. Elle est une insulte pour des millions d’individus qui, guidés par un sentiment que vous ne pouvez comprendre, ont traversé mers et océans, parfois au péril de leur vie, pour rejoindre notre pays. Ce sentiment se nomme le rêve français. Vous l’avez transformé en cauchemar.
Malgré tout, monsieur le ministre, nous ne formulerons aucun recours contre la décision de votre administration. Nous vous laissons la responsabilité de l’assumer. Nous vous laissons à vos critères, à votre haine et au déshonneur dans lequel vous plongez toute une nation depuis cinq ans. Nous vous laissons face à votre conscience.
Quand le souffle de la gifle électorale qui se prépare aura balayé vos certitudes, votre arrogance et le système que vous dirigez, ma mère déposera un nouveau dossier.
Je ne vous salue pas, monsieur le ministre
Amine EL KHATMI, 23 ans, étudiant en droit (master 2), Français
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Bravo la Belgique!!! Si Sarko ou Le Pen passe, je demande la nationalité belge! [/quote]
Je vous l’accorde ma fille:soyez Belge! 🙁 ;D
Très belle lettre qui résume bien l’inanité du régime mis en place par Sarkozy!
Merci,Amine et merci Joaq08!
Quand on a honte d’être français…
Merci pour ces 2 partages (je suis heureuse d’apprendre qu’ils vont bien !)
Situation insupportable mais biensur pas inédite !!
Et puis…l’empire controle, et meme le media dans lequel travaillait cette journaliste.