À travers les années, nombreuses sont les personnes qui ont marqué l’histoire grâce à leur bonté, leur persévérance et leur volonté d’aider l’humanité. Wangari Maathai est l’une de ces personnes mémorables. Cette femme n’a pas hésité à faire valoir sa façon de pensée dans le domaine de l’environnement, de la politique et du social. Ce texte présente sa vie mouvementée et son exploit le plus cher : le projet de la ceinture verte.
Biographie
Wangari Maathai, aussi connue sous le nom de Wangari Muta, est née le 1er avril 1940 à Nyeri, au nord du Kenya, au sein d’une famille paysanne. Toute jeune, elle a pu bénéficier d’un enseignement scolaire à l’école primaire Ihithe ensuite au Couvent Loreto (collège pour filles Limuru). Wangari Maathai, étant une élève brillante, elle a obtenu une bourse d’études pour étudier au « Mount St Scholastica College » d’Atchison au Kansas (États-Unis). En 1964, elle y décroche un bac en biologie et entame par la suite des études universitaires en sciences biologiques et de médecine vétérinaire. En 1971, elle fut la première femme d’Afrique à obtenir un doctorat en biologie. Ensuite, Wangari Maathai enseigne l’anatomie animale et la médecine vétérinaire à l’Institut universitaire de Nairobi, capitale du Kenya, où elle dirige le département de biologie vétérinaire. Lorsqu’elle travaillait là-bas, elle raconte : «J’ai alors eu le sentiment que les droits des enseignantes au sein de l’université n’étaient pas respectés parce qu’elles étaient des femmes. J’ai donc milité pour revendiquer ces droits! » Dès 1976, elle a milité activement au sein du Conseil national des femmes et plus tard elle devient l’une des dirigeantes de cette association. C’est à ce moment qu’elle a commencé à se poser des questions à propos des Droits de l’Homme (tous les humains) et aussi à propos de la gouvernance. Wangari Maathai s’est engagée dans le mouvement de la démocratie afin de réclamer un espace politique pour assurer les libertés de pensée et d’expression. Ardente avocate des Droits de l’Homme, elle dénonçait la corruption, les dérives autoritaires et elle manifestait pour sauver des forêts. Durant les années 70-80, elle a été harcelée, dénigrée et emprisonnée par le régime autoritaire de l’ancien président Daniel Arap Moi. Cette mère de trois enfants qui a durement été brutalisée par la police déclare : «L’État croit qu’en me menaçant et en me frappant, il peut me réduire au silence mais j’ai une peau d’éléphant. Et il faut bien que quelqu’un parle haut et fort ». Ces paroles nous dévoilent son optimisme et sa volonté de vouloir changer le cours des choses, son courage et sa persévérance tout simplement honorable.
Le grand projet
En 1977, Wangari Maathai abandonne sa carrière universitaire pour fonder le plus grand projet de reboisement d’Afrique, le Mouvement de la Ceinture Verte (GMB). Très engagée dans la lutte féminisme, elle fait planter plus de trente millions d’arbres grâce à la collaboration de nombreuses Kenyanes. Son projet a été lancé dans le but de promouvoir la biodiversité afin de prévenir la déforestation et l’érosion de sol qui sont des facteurs de sécheresse et de pauvreté. Ce mouvement a permis aux femmes de travailler et d’acquérir ainsi plus d’autonomie. L’objectif premier était de faire comprendre aux gens qu’il fallait protéger l’environnement par la plantation d’arbres. De plus, dans un pays très pauvre comme l’Afrique, le manque de forêt peut ruiner la santé de la population. Dans certaines régions du Kenya, les femmes doivent marcher des kilomètres pour aller chercher du bois de chauffe en forêt puisque près de chez elles il n’y a plus d’arbres. Comme le bois est rare, les repas cuits sont moins nombreux, l’alimentation se détériore et la faim gagne du terrain. De ce fait, Wangari Maathai a le reboisement à cœur parce que cette ressource naturelle doit être disponible afin d’assurer la paix entre les citoyens. Elle a dit : « L’environnement et les ressources naturelles sont un aspect important de la paix parce que, lorsqu’on détruit nos ressources, lorsque nos ressources se raréfient, nous nous battons pour nous les approprier ». En effet, si l’on ne protège pas les ressources que l’on possède, un jour elles seront plus rares et nous nous ferons la guerre pour nous les procurer. Un autre gros problème menace l’Afrique, le désert du Sahara pourrait s’étendre vers le sud comme un fleuve en crue. Elle manifeste contre la déforestation puisque ce sont les arbres qui empêchent l’érosion des sols par la pluie et le vent. En outre, en défrichant les bouts de forêt qui reste en Afrique ceci crée des micros-Sahara. Wangari Maathai veut changer le sort de leur pays avec le mouvement de la ceinture verte, il est grand temps d’agir! Aujourd’hui, il y a plus de 3000 pépinières au Kenya qui fournissent du travail à plus de 80 000 personnes, pour la plupart des femmes rurales. Le Mouvement de la ceinture verte a créé un réseau panafricain et les méthodes de Wangari ont été enseignées dans d’autres pays comme la Tanzanie, l’Ouganda, l’Éthiopie, le Zimbabwe ou encore le Lesotho. Ce réseau met en place des services de « planning familial », de nutrition et d’information visant à améliorer le statut de la femme noire africaine.
En 2004, Wangari Maathai a reçu le Prix Nobel de la Paix et ce fut la première femme africaine de l’histoire et la septième personne du continent à recevoir la distinction déjà centenaire. Mme Maathai accède à une nouvelle reconnaissance internationale pour son action écologiste et son travail dans le domaine du social. Le comité Nobel la distingue pour sa contribution en faveur du développement durable qui est en lien avec la démocratie, la paix, les droits de l’Homme en général et les droits des femmes en particulier.
Pour conclure, Wangari Maathai ne s’est pas gênée pour faire changer les choses et elle a accompli de nombreux débats importants dans le milieu de la politique, des Droits de l’Homme en générale et dans celui de l’environnement. Avec son initiative de reboisement, elle a sensibilisé beaucoup de gens à propos de l’état de l’environnement. Cette femme en a inspiré plusieurs, comme par exemple, le projet de la grande muraille verte qui est actuellement en action en Afrique. Celui-ci consiste à une ceinture de végétation multi-espèces d’une largeur de 15 kilomètres reliant Dakar à Djibouti, soit la largeur du continent (environ 7000 km). La question est : sommes-nous tout prêts à faire des efforts? L’argent des dirigeants du pays africain est toujours plus difficile à obtenir lorsque c’est pour l’environnement que pour le « développement » économique. C’est d’ailleurs un autre point que Mme Maathai dénonçait à propos des injustices de son pays.