Vœux 2011 : les derniers carats

Ce qui suit est libre de toute intention publicitaire… Quoique… Il m’arrive encore de recevoir des vœux de nouvelle année (santé, bonheur… pipe à toute heure, alors que je tente une nouvelle fois d’arrêter de fumer…) tant bien (ou mal) même que, depuis des années et des années, je n’en souhaite pas plus que je n’en adresse ou n’y réponds. Parfois, j’ai honte, car j’en réceptionne de magnifiques que je conserve précieusement. Mea culpa décennal.


Dring-dring, qui frappe à ma porte en ce pénultième jour de janvier 2011 ? C’est le facteur, ou un coursier, qui m’apporte les vœux, non sollicités, de L’Atelier Chévara etc. Plutôt somptueux et originaux ; jugez-en : une très belle affichette qui, sous la forme d’un photo-montage très léché, met en scène les principales collaboratrices et les principaux permanents de cette agence de com’, un joli petit bouquin d’une centaine de pages démontrant aussi le savoir-faire de l’imprimerie Edips à Quetigny, une cinquantaine de cartes postales soignées mettant en scène l’équipe et ses associés, voire des clients et néanmoins amis. Je me doute que je dois cet envoi à une ou un infographiste-typographe ex-complice (j’ai quelque peu passé la main), voire au fichier des Rencontres de Lure. Ou à celui de la galerie parisienne Anatome (Galerie Anatome), la librairie-galerie des arts graphiques et donc typographiques. L’Atelier Chévara etc. se déclare « très sensible à l’expression typographique » et le démontre amplement. Il est peut-être stratégiquement idoine de n’adresser ses vœux qu’au dernier carat du mois de janvier, surtout lorsqu’il s’agit de tels diamants : cela surprend, et leur vaut de ne pas rejoindre la pile des autres, mais celle des objets graphiques de collection, en compagnie des vœux d’Éric Angélini et de quelques rares talents qui se reconnaitront.

J’allais oublier de remercier l’expéditeur, ou plutôt omettre, comme je le fais, depuis… oh, sans doute plus d’une décennie, pour ceux d’Éric Angelini. Ils sont, quand c’est possible, car Éric est très, très inventif, et varie les formats quasi à l’infini (du mini-livre au contenu d’une bobine de film 8 mm à dérouler), évoqués et commentés par l’ami Alain Hurtig sur son site. En fouillant bien et sans repasser par le sommaire (ayez plutôt recours à un moteur pour dénicher les plus anciens), vous trouverez des merveilles d’ingéniosité et des splendeurs qui se dispensent d’épithète. L’adresse réticulaire d’Éric, qui comporte cinquante signes, est sise (ou localisée) à Bruxelles. Auteur du Bestiaire ébloui des lexies tératoïdes, il serait assez bien indiqué pour un fauteuil d’académicien français tel celui de Jean Dutourd (dont la facétie était certes fort faible comparé à celle d’Éric, mais les fauteuils d’humoristes étant rares, le choix est vraiment très limité). Ce n’est pas de la flagornerie, c’est de la reconnaissance : une fois tous les deux lustres, j’estime que mes remerciements peuvent être brossés et luisants. Éric Angélini est un vétéran de la Liste typographique francophone et sans doute son orthotypographe le plus tarazimboumant. Je vous cite un très court extrait, extirpé d’une phrase interminable (dans mes bras, Éric !), admirablement ponctuée (embrassons-nous, FolAnge !), de ses vœux 2001. Avalez une gorgée, inhalez une bouffée… Allez, c’est parti : « entrons, tel Apollinaire, par l’unique cordeau des trompettes marines, dans le millénaire trois, au nom pompeux, ou le siècle vingt et un, déjà plus banal, et posons-nous les seules questions qui vaillent quant à cette ligne de vie — cette strie, cet alignement de signes qui courent sous l’œil et le pouce, évocation peut-être d’un Piero Manzoni — là ça fulgure, oui ! — ou long pilastre chu de portor entaillé (du Brancusi lyrique ?), lourd locomotiv en tout cas, qui traînerait sur sa voie rase des wagons de mots gras, parures de lettres serrées juste, à l’horizon borné… ». Ce qui précède et suit agrémente son site. Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites, et celles mêmes des divers centres Beaubourg-Pompidou ne sauraient convenir aux vœux passés, présents, et à venir d’un Angelini (et de quelques talentueux autres que je remercie aussi ici, à grandes brassées de moulinaux et balayages de sol en moulinets de panache et plumet, tel Achille Talon s’adressant à Virgule de Guillemet).

Puisque j’en suis aux vœux, passons à de plus généraux. Pour 2011, et plutôt son premier trimestre qu’ultérieurement, je souhaiterai que la version 1.05 de kbdfrac.exe soit suivie d’une 1.1 qui fonctionne avec un systèmes MS Windows 7 64 bits. Ma version, la dernière, la 1.05 donc, s’installe, mais par la suite seul est accessible le clavier qwerty, dit « anglais ». J’ai donc dû installer puis désinstaller ce gestionnaire de clavier dit « français enrichi » qui fonctionnait très bien sous la version 7 32 bits. Et comment ce fait-ce ?

Franchement, je n’en sais trop rien, car au long de 30 ans de pratique, voici cinq-six années que je répugne de mettre la main dans le cambouis des codes informatiques et même dans les entrailles des unités centrales. Ce qui fait que j’aurais plutôt tendance à souhaiter peste, scorbut, malaria, écrouelles et tant nouage sinusal que nouement de l’aiguillette à divers techniciens de Surcouf (les supermarchés parisiens supposés proposer « le meilleur de l’informatique et du aïe-tèk »). Première étape, à la faveur (là, c’est un oxymore) du trépas de mon alim’, je me vois conseiller d’acquérir et faire poser (c’est 9 euros en sus) un ventilateur plus puissant pour mon processeur (alias CPU, soit sans doute conseiller principal d’utilisation). Ce sera donc un Zalman croate, à fines ailettes en couronne. Quelques mois plus tard, c’est, lors de l’initialisation, de rares messages du bios signalant une surchauffe du processeur. Puis ils deviennent plus fréquents, sans que j’y prenne trop garde (le ventilo ronronne correctement), et se succèdent de temps à autres puis plus fréquemment maints arrêts intempestifs. Lesquels, à force de récurrence à intervalles rapprochés, provoquent une dégradation du secteur d’amorçage du disque système (généralement C:\). Tout sera tenté, y compris diverses manips depuis Windows 7 32 bits localisé sur son DVD. Bref, impuissant, ayant sauvegardé depuis le « prompt » (l’invite de commande) mes données essentielles (XCOPY *.* vers le répertoire de sauvegarde), je me rends de nouveau au « Village des techniciens » de Surcouf. Ayant moi-même quelque peu débroussaillé le diagnostic, j’indique donc les symptômes au réceptionniste qui n’en tient aucun compte mais a la bonté de m’indiquer que son diagnostic « express » sera un tiers plus cher que le normal (19 euros alors qu’un bon technicien de quartier ne vous en prend que dix), qui peut s’étaler sur cinq jours. Tant pis. Nous patienterons, optant pour l’économie. Tant que j’y suis autant acquérir une carte « fille » supplémentaire (de connectique actualisée) et la faire poser. Le lendemain, surprise, on me téléphone que le diagnostic est déjà établi et qu’une barrette de mémoire a trépassé. Surprise, surprise, car à la dépose de la bécane entre les mains techniciennes, les quatre fonctionnaient parfaitement. Je suggère donc qu’on m’en installe une autre, plus puissante. En revanche, rien à faire pour le système, il faut réinstaller total (en « montant » donc une nouvelle base de registre, ce qui va obliger à tout revoir, tour réinstaller, donc, notamment kbdfrac.exe et une grosse cinquantaine de logiciels divers). Je retrouve ma machine, la carte supplémentaire en place (pas la meilleure des deux compte tenu de la configuration), la pose de la barrette ayant été négligée.

De retour au logis, je m’arme de mes tournevis et fixe-vis en tige, pinces et brucelles, et j’opère. Là, je m’aperçois que pour justifier un diagnostic fantaisiste, facturé indument en « express », « on » avait vaguement desserti une barrette de mémoire (parfaitement saine comme les trois autres) et tout simplement omis d’alimenter la nouvelle carte. Tant qu’à faire, j’installe MS Windows 7 64 bits. Et le cauchemar reprend. Cette fois, je vais dans le bios pour constater que mon processeur surchauffe à 126° C. Finalement, ce sera un jeune fournisseur de quartier qui, pour dix euros, ayant testé le plus récent ventilateur (plus cher), me posera de nouveau l’initial (fourni avec le processeur), et depuis, mon système est stable, avec un processeur ne dépassant jamais une fièvre modérée (dans les 30° max.). J’allais taire les faits pour ne pas provoquer la fin prématurée d’un stage ou diverses éventuelles retenues sur salaire, mais je me ravise : à un tel degré de je-m’en-foutisme et de laxisme, je doute très fort que l’exposé des faits entraîne la moindre attention ou la plus petite sanction. Cela dit, si un marabout mécontent de Surcouf vient à lire ces lignes, il sait ce qu’il lui reste à faire… dosim repetatur. Précision : j’étais déjà client au Surcouf-Nation (qui précéda celui de Daumesnil), circa 1992. On ne m’y reprendra plus.

Quel rapport entre ces divers vœux ? Eh bien, je vais vous l’écrire : coexistent encore en cette deuxième décennie du présent siècle des praticiens et artisans de très haut-niveau, qui cultivent l’excellence et se perfectionnent constamment, et des gougnafiers rances et crasse. Qui croyez-vous qu’on emploie, valorise à la longue, élit, distingue, décore, récompense ou promeut davantage ? Généralement, et cela s’est accentué au siècle dernier, les seconds. L’âge a sans doute quelque peu à voir à l’affaire, mais je peux imaginer que mon jeune technicien de quartier ne ferait pas carrière chez Surcouf. Trop compétent, trop attentif à la clientèle, trop peu gourmand, sans doute trop peu servile. Le dernier carat est une expression qui désigne tant la dernière limite que la perfection. J’espère que 2011 verra un peu s’infléchir la tendance et qu’entre les opérateurs, manœuvres, employés ou décisionnaires ou dirigeants et politiques à 4 ou 6 carats et ceux à 24, nous aurons collectivement le discernement d’opter pour les seconds. C’est en tout cas ce à quoi je nous et vous voue (aux gémonies pour les unes et d’aucuns, au Capitole pour les autres), avec ou sans hiatus, bémol ou dièse, à pied, à cheval, en vélo et fusée spatiale.

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

2 réflexions sur « Vœux 2011 : les derniers carats »

  1. Dans le genre bonnes arnaques, le passage de MS Windows 7 32 bits à la version 64 bits permet à certains éditeurs de tenter de vous obliger à l’acquisition d’une mise à jour (payante).
    Passe encore que le classique Jezzball (petit jeu que j’affectionne), 32 bits, vendu initialement avec Windows 98 (voire 95) ou que le graticiel Kbdfrac 1.5 ne fonctionne plus avec un SE Windows 64 bits (ouf, la v. 2 s’installe bien). Mais que penser de, par exemple, PhotoStudio 5.5, qui, selon les instances, va fonctionner ou non, mais toujours en vous affichant que cette version est incompatible avant de vous diriger vers le site de l’éditeur, Arcsoft, qui vous incite à régler une mise à jour ?
    C’est rigolo : cela n’arrive pas avec la plupart des logiciels libres du genre Gimp ou autres…

  2. [b][i]sourire[/i][/b]

    euh.. t’as pas du feu: ô feu follet – luminescence joyeuse
    – suis en rade… pas de Toulon, d’illuminescence dans mon obscure envie de m’en rouler une

    bien à toi

    [u]encor[/u]…

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