La télévision est une amie chère pour des millions de foyers. Depuis des années elle s'installe comme un membre réel du foyer.
La rentrée fut riche en nouvelle saison et émergence de nouveaux concepts télévisuels. Arrêt sur image sur Vendredi, si ça me dit proposé et présenté par Christophe Hondelatte. Journaliste et ex présentateur de la matinal sur RTL, entouré de ses chroniqueurs propose une émission culturelle sur France 2 tous les vendredis soir vers les 19h. Oui, mais voilà c'est le flop. Seulement un million de téléspectateurs, environ 7% de part de marcher.
Patricia Boutinard-Rouelle, patronne des magasines déclara dans le Parisien brièvement mais qui a tout son sens: « Il ne sert à rien de se chercher des excuses. La première (5 septembre) a montré des faiblesses. On est pas le nez dans les audiences. […] On va en discuter, mais sur le fond comme sur la forme, il y a des ajustements réels à apporter ». Et ce n'est rien de le dire.
Très critiqué par les uns par les autres… revenons sur le concept qui semble clair et avoir un sens.
Parler de la culture en s'adressant au plus grand nombre. Le site officiel de l'émission évoque les propos: la culture « jubilatoire », culture plaisir, culture bonheur.
Le problème c'est que lorsqu'on voit l'émission on ne sent pas la culture « jubilatoire » ou culture plaisir. Mais inutile de faire la critique de l'émission. Comme le dit le présentateur, le premier numéro était une sorte de pilote, un test. Les choses doivent se mettre en place. Et parce que le concept est vraiment innovant, respectueux de la culture, l'émission a toute sa place sur France 2.
L'influence de la déco du plateau
Le journaliste se dit content du ton général et emballé par le décor.
En effet, le concept du décor est assez sympa. Un salon d'un loft. Le salon est l'endroit par essence où l'on reçoit. On irait pas prendre le café dans sa chambre à coucher ou dans la salle de bain. Le salon est donc tout à fait légitime. D'autant plus qu'il s'agit d'une émission culturelle. Le lien est donc tout fait puisque dans un salon on trouve notre bibliothèque, notre télévision.
C'est pourquoi le salon du présentateur ne serait que le prolongement de notre salon. On nous invite à prendre notre fauteuil et s'installer au près des journalistes afin de pousser des «ah, mais oui » ou des «Ô!!!! mais ça n'a rien à voir… » etc.
En effet le concept est vraiment bon.
Alors pourquoi cela ne marche pas?
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le décor en lui même trop design ne respire pas la chaleur et la convivialité. Moderne, tendance tout ce que l'on veut, n'est-il pas moins vrai qu'entrer dans un appartement design (l'idée serait de dire disaïïïïnnnnnnnnnnne) tout de suite dénote une volonté de paraître. Donc de superficialité!
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Le décor planté pour la première, dans la soirée pour l'enregistrement. Et cela se sent! (« ça se sent que c'est toi! » téléphone) Un meuble, des lumières, deux vases et faux livres et hop on dit que c'est un loft!
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L'emplacement des fauteuils! A première vue lorsqu'on évoque des fauteuils on parle de hiérarchie. Contrairement au plateau de vivement dimanche avec ce fameux canapé rouge nous avons là des fauteuils blancs qui semblent inconfortables. Chacun dans sa petite case, prêt à intervenir si et seulement si c'est son tour.
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Le chaos des objets et la disposition des meubles en général. Il n'y a rien de rassurant de voir des objets sans les voir, de deviner les formes et surtout les fonctions. Nous n'avons pas besoin d'aller voir dans les placards pour savoir ce qu'il y a dedans; nous savons juste qu'un buffet a sa place dans la pièce ou non! Chaque objet a une mission. Une table basse pour mettre les journaux, tasses à café, télécommande; un fauteuil pour entrer dans une conversation, se relaxer; un vase même, les objets déco pour donner une ambiance. Encore faut-il que chaque chose soit à sa place. Et malheureusement quelques objets sont, sur le plateau, incongrus.
L'idée étant alors de créer l'illusion que le décor soit vivant, comme on le voyait dans l'émission Apparté sur canal+.
Prenons les séries tv comme Friends. Nous savons tous que si on ouvre un placard du décor il n'y a rien. C'est fictif. Les valises sont vides, les armoires le sont aussi. Bref, nous savons que c'est un décor, un plateau et pourtant, on pense vraiment que l'appartement des personnages sont bel et bien habité. Ce qui manque alors au plateau de l'émission c'est de la chaleur et permettre à notre cerveau de croire que les chroniqueurs mettent les livres lus dans la bibliothèque.
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Le décor semble alors fabriqué, fictif, faux, sans nuance, aucune vie. Le décor est pourtant l'enveloppe du sujet. Si cette enveloppe est superficielle, le contenu l'est peut être.
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Dans le concept: « je prends du plaisir, je donne du plaisir » nous y sommes bien loin. Les chroniqueurs semblent faire bide sur bide et ne se sentent pas à l'aise. Et pour cause le cadre ne met pas à l'aise. Les dossiers par exemple des fauteuils ne sont pas assez haut. Le chroniqueur se sent alors fragile. D'autant plus qu'avant chaque enregistrement ou direct, on entend: « Silence, ça tourne »! Ils ne prennent pas de plaisir, ne donnent pas de plaisir
Culture et déco
Nous l'avons bien compris, Vendredi si ça me dit parle de la culture en général. Accessible, proposer ce qui se fait pour offrir un panel de choix aux français. Théâtre, livre, cinéma, dvd, musique, exposition pour les grands et les petits bref, tout est passé au crible excepté la déco, j'en suis bien malheureuse! (gros éclat de rire).
Or, sur le plateau rien nous laisse soupçonner qu'il s'agisse de la culture: en effet il n'y a pas de symbole culturel (pas de masque pour le théâtre, pas de bibliothèque, pas de télévision, pas de chaine hi-fi…)!
Le blanc très mauvais choix
Le blanc en excès rappel curieusement l'hôpital, l'antiseptique, l'angoisse, vibration du vide, insatisfaction intérieure et amène une distance.
Les lumières trop fortes (lumière sur la table basse, sur un fond derrière le présentateur) montrent une volonté de perfection. Il est impossible de se laisser aller dans ces conditions. Le juge au dessus de la tête de chacun prêt à bondir, critiquer, voire blesser plane. Une ambiance donc à couper au couteau, plombante, lourde qui ne donne pas envie de regarder la télévision le vendredi soir avant de préparer son week end; même si le concept est vraiment intéressant et suscite un intérêt majeur sur les ondes des radios ou presse écrite.
Le petit truc en plus
Le petit truc en plus, serait de proposer des couleurs dynamiques, des objets déco qui auraient leur place (en rapport avec la culture, même moderne, disaïïïïnnnnne), de supprimer l'escalier en arrière plan qui n'a pas sa place sur les plateaux télé. En effet, il est le symbole de variation, des montagnes russes. Inutile quand une émission s'installe sur les ondes. Voire dangereuse. L'idée est pourtant bonne et intéressante, mais trop sensible à l'heure où l'émission a tant à prouver sur le fond!
Le vendredi soir, nous sommes un peu K.O. non ?
Le vendredi soir, nous sommes un peu K.O. non ?
C’est vrai qu’en ce début de mois, de rentrée et « d’automne », je n’ai pas encore vu cette émission.
Du coup, votre article la rappelle à ma mémoire….mais d’ici vendredi..
😉 A ++++