Tout commence par une brise. C’est toujours ce même vent, celui qui souffle depuis Southampton. Le brin de l’Angleterre qui vole au dessus de la Manche jusqu’à l’Estuaire. Celui de la Seine et son port d’entrée dans les terres du camembert et des bocages normands : Le Havre !

La ville n’a fait qu’hésiter, toujours. Le plateau  Normand, ses vaches, ses villages, ses falaises ! La magnifique côte : on longe vers le nord en passant par Etretat, Fécamp. Une pointe jusqu’à Dieppe ?

Ou alors la mer, l’appel lointain des terres Grandes-Bretonnes ou celui plus près de la Basse-Normandie. Les deux sœurs jumelles : Deauville/Trouville, mais il faut passer par un pont, lequel ? Il y a celui de Bretonne, Tancarville, et le petit dernier : Normandie ! Je vous conseille ce dernier, il vous mènera à Honfleur.

Mais laissons-nous guider par la brise, comme si nous débarquions au Havre par le ferry-boat venant de Portsmouth. A peine vos pieds foulent le quai qu’à dix minutes de marche vous arrivez déjà au Bassin du Commerce. Si vous arrivez de nuit, avec un peu de chance vous pourriez le voir ainsi :

Le pont relie le quartier St François (ses restaurants, ses bars…) au Casino du Havre, anciennement Palais de la Bourse jusqu’en 2006. Un p’tit coup d’œil à gauche ?

Là, c’est le Volcan. Nous, les Havrais, on appelle ça le pot d’yaourt (respectez l’apostrophe). Plus précisément, il y en a deux : le grand et le petit. Ne vous laissez pas abuser, le grand est une salle de spectacle, le petit abrite des locaux (associations, salles de danses, plein d’autres choses qu’on ne sait pas bien vraiment).

Vous avez repéré, la pointe ? C’est l’église St Joseph (107 m), elle n’est pas très jolie mais la nuit, elle brille de mille feux. C’est déjà ça.

Si vous voulez bien, on va tourner à droite. On remonte la rue de Paris (vengeance, à Paris St Lazare en sortant de la gare, on arrive Place du Havre) et on fait face à l’Hôtel de Ville :

À la belle saison, c’est magnifique. Le reste de l’année, il est préférable de passer son chemin sans regarder. Il ne faut pas se faire du mal : le béton gris, ça pique les yeux. Ensuite, y’a plusieurs options. Vous prenez à gauche (mais pour cela il faudra contourner toute la place de l’hôtel de ville, les rues sont à sens unique). Ou vous prenez à droite et on va vers la gare (boulevard de Strasbourg). Comme vous ne voulez certainement pas partir tout de suite, on va faire le tour. Et puis on se partagera l’essence.

A gauche donc (vous pouvez prendre l’Avenue Foch, c’est tout pareil, mais je préfère l’Avenue du Général Leclerc, ça fait moins de chemin) vous allez passer à coté du Square St-Roch. C’est joli, ça ne mange pas de pain. Evidemment si vous voulez vraiment en profiter, courrez-y dès maintenant, parce que les feuilles commencent déjà à tomber.

Après, reprenez la voiture et poursuivez jusqu’au bout de l’avenue. Vous voyez, au bout ? Mais oui, c’est la mer !

C’est une plage de galet. La côte haut-normande n’est faite que de ça. Vous verrez, on s’habitue. La pointe, au bout, c’est St Adresse. Une agglomération aisée de la ville du Havre (comprendre : ses habitants sont riches et vivent dans de belles baraques). A l’origine, pas comme sur la photo, il y avait deux antennes paraboliques au sommet de la pointe. Cause : un camp militaire qui y est toujours. Depuis plusieurs années, les « oreilles de Mickey », comme on les appelait, ont été démontées.

Venez l’été, ainsi vous pourrez marcher le long du bord de mer, sur la promenade aménagée, le long des restaurants fruits de mer (moules-frites autour de 11€) et des cabanes de plage. Sur la grande pelouse, des saltimbanques distraient les passants de leurs tours.

Après cette petite balade, peut-être voudrez-vous vous reposer un peu ? Alors revenez vers le centre ville, mais pas trop ! Arrêtez-vous dans le quartier St Vincent, près de l’église du même nom, et prenez un café dans la rue de la soif.

Vous êtes prêts à repartir ? Alors on monte un peu et on arrive au Fort. Celui de St Adresse, bien sûr. Il a été aménagé et depuis septembre 2008, les jardins suspendus et ses 17 hectares de végétation (ainsi que ses serres) offrent une vue imprenable sur les plantes et… sur le Havre !

Mais nous voilà maintenant dans le quartier de Sanvic ! (Ha ! ma jeunesse !) Avec notre petite montée, nous sommes en ville haute ! Pour repartir, il faudra donc redescendre. Voila trois solutions : pour les aventuriers, il y a les marches (tout un circuit, à pied évidemment). Pour ceux qui le sont moins, le funiculaire. Enfin, si vous tenez à garder la voiture, vous pouvez emprunter le tunnel Jenner. Comme nous sommes un peu fous, on va faire les trois !

Dans le chapitre Comment relier ville basse et ville haute, voici les marches ! C’est un peu la solution du pauvre. Comptez entre 10 minutes si vous suivez le trajet du funiculaire (équivalent 200 marches, soit beaucoup de gouttes de sueur), jusqu’à près d’une heure si vous montez de St Adresse jusqu’à Sanvic-Bléville. Remarquez que les efforts sont comptés en ascension. Pour descendre, roulez-vous en boule et laissez-vous tomber (port du casque conseillé).

Le funiculaire est moins fatiguant. Payez le prix d’un ticket de bus (tarif 1h) pour un voyage, et après cinq minutes d’attente, vous glissez sur les rails posés depuis 1890. Il y a un moteur, donc si vous êtes assez lourd, on vous fera quand même monter.

Notez qu’une fois sorti du funiculaire en ville basse, vous arriverez devant le centre commercial Coty (du nom de René Coty, ancien Havrais). Ouvert en 1999 pour relancer le commerce Havrais qui endurait une grave crise, il a dans le même temps signé l’arrêt de mort des zones piétonnes du Volcan qui tentent doucement de s’en remettre, ainsi que des Galeries Lafayette qui ont depuis déserté le Havre. La place Thiers, c’est aussi celle du Printemps. Le célèbre magasin est une figure du Havre, que l’on reconnait bien dans ce fameux film :

Avec 50.000 véhicules par jours dans chaque sens, 2.000 bus et 40.000 voyageurs chaque jour, le tunnel Jenner est depuis 1956 le principal trait d’union entre la ville basse et la ville haute.

Il mène directement dans le quartier du Rond-Point (quelle imagination !). En descendant le Cours de la République, vous passerez devant l’université du Havre et le conservatoire de musique Honegger.

Enfin nous arrivons devant la gare, où il est temps de se dire adieu. Mais ne pleurez pas, vous aurez le privilège d’emprunter la plus ancienne ligne de chemin de fer de France (et ses inconvénients : ralentissements, pannes…) avant de rejoindre Paris en 2 heures (Corail Intercités).

A très bientôt !