Une nouvelle carte politique pour le Cameroun

 

En démocratie, les élections ont généralement constitué pour les spécialistes une occasion idoine pour apprécier le degré de  représentativité des différents acteurs politiques à travers un territoire donné. Au Cameroun, bien que la culture démocratique ne soit pas encore suffisamment ancrée dans les mœurs, on note pratiquement après chaque consultation électorale une reconfiguration de la carte politique du pays. Surtout que les mentalités ont changés et que certains préjugés sont brisés.

Il est vrai que les élections présidentielles du 09 octobre dernier ont été jugées par de nombreux observateurs ni transparentes et ni crédibles. Mais, il est tout de même à noter que le parti de Biya a une fois encore réalisé une nouvelle percée significative dans les bastions qui jusqu’ici étaient la chasse gardée de l’opposition. C’est ainsi que les régions du Sud-ouest, du littoral et de l’Ouest qui sont traditionnellement  acquises à l’opposition,  sont totalement tombées dans l’escarcelle de monsieur Biya ;  même s’il faut nuancer à certains niveaux. Car, dans la région de l’ouest, le département du Noun est resté fidèle à Ndam Njoya. Aussi, certains candidats qui étaient pourtant présentés comme des outsiders ont plutôt opéré une avancée surprenante. C’est le cas de Me Jean de Dieu MOMO qui a quasiment  battu le RDPC dans sa Menoua natale et surtout Paul Aya Abine du PAP qui a bien lui aussi soutiré de précieuses  voix à la fois à monsieur Biya et à Fru Ndi dans la région anglophone du Sud – Ouest. Cependant, la région du Nord ouest est restée très fidèle  à l’opposant historique John Fru Ndi qui a battu une fois encore l’actuel président Biya dans cette région avec un score de plus de 52 %.

Enfin, contrairement à ce que redoutaient  de nombreux camerounais, la diaspora s’est révélée plutôt très favorable à Monsieur Biya, notamment la diaspora camerounaise sur le continent. Un soutien qui contraste totalement avec les « attaques » dont sont souvent victimes les autorités de Yaoundé,  de la part de ces camerounais de l’étranger, notamment sur internet et d’autres medias internationaux.

En conclusion, on constate que la politique est restée pour les camerounais une histoire ethnico – tribale même plus de cinquante ans après les indépendances. Car une fois encore pour ce scrutin présidentiel, plus de ¾ des candidats à cette élection ont remporté dans leurs localités d’origine. Même le président candidat Paul Biya n’a véritablement été plébiscité que dans son Sud natal. A quand le vote rationnel au Cameroun ?