et prudhonien du vrai Camus, dans Marianne.

Ce titre philosophique n’est pas de moi, mais de Aude Lancelin journaliste à Marianne qui écrit dans l’hebdomadaire du 30/12/11 au 06/01/12 sur «Le vrai Camus» que Michel Onfray sort de sa légende. Le temps efface aussi la légende mais, il est une chance que des philosophes écrivent sur des grands écrivains disparus pour les faire renaitre de leurs cendres.

2Pour Michel Onfray, qui apparaît «proudhonien et libertaire» dans un livre de 602 pages livrant ses réflexions sur Albert Camus qui l’a ébloui.

Pourquoi dans un blog écrire à partir de textes journalistiques sur des réflexions philosophiques de nos philosophes d’aujourd’hui, tout simplement par ce qu’ils nous permettent de la réflexion. Ce qui est curieux c’est que plus l’âge avance plus les plaisirs communs de la vie s’estompent pour faire place à la lecture et à l’écriture, qui pour les vieux comme moi sont des moyens d’évasion. Et puis la philosophie, moi qui n’avais rien d’autre que le travail du soir après celui du jour pour apprendre, devient est une source de connaissances que la vie n’a pas pu me donner. Pour cela l’ordinateur est un outil merveilleux qui en plus de la communication permet de se cultiver. Bien plus que la lecture d’un livre entre ses mains, la lecture virtuelle par l’ordinateur rend plus réceptif. Le plaisir du livre qui instaure une communion avec l’auteur n’y est pas, mais c’est plus vivant, voir Le livre papier, le livre numérique et l’internet.

2Et puis les 602 pages de «L’ordre Libertaire», la vie philosophique d’Albert Camus, Éditions Flammarion du 04/01/12 demandent du temps pour analyser, alors que la version électronique d’un texte acheté à Delivery manager, vous donne, pour pas cher, ceux qui ont analysés le texte en n’ont retenus.

Le 25 novembre 2009 à l’occasion des 50 ans de sa mort en 1960, j’avais publié Albert Camus au Panthéon à la suite du projet de Nicolas Sarkozy d’y transférer ses cendres.

2Il s’agit maintenant de politique, Onfray ne le voit plus comme Sartre le ressentait, un social démocrate, mais comme proudhonien et libertaire. Cette légende d’un Camus pour une gauche soft la seule qui fonctionne pour une majorité nationale contraint cette gauche libertaire au vote utile. Comment faire autrement dans une confrontation globalisée droite gauche ? Celle d’un Camus «philosophe pour classes terminales», pour reprendre ce qui est écrit partout, Michel Onfray écrit «c’était au nom de l’anti marxisme que l’on a longtemps interdit l’existence en France de toute la gauche non libérale». Repentir de ne pas avoir bien lu le grand homme, reconnaissant que lui même, maintenant, a été ébloui par la qualité du personnage ce qui modifie son opinion, allant jusqu’à écrire nous en payons aujourd’hui les conséquences avec le phénomène Le Pen.

Rien n’est moins sûr, la gauche non libérale fortement divisée n’est pas sans paradoxe. Pour lui, elle a été bâillonnée disons plutôt qu’elle n’a pas su se faire valoir, faut-il qu’elle ait l’audace de se référer à Camus pour exister ? Pourquoi ne pas de reconnaitre que si elle ne s’impose pas dans une majorité démocratique c’est qu’elle n’est pas à la hauteur des enjeux. La majorité démocratique est un combat dont le vainqueur est désigné par le peuple. Le peuple ne peut être fautif si cette gauche libertaire n’est pas comprise.

Mais qu’est-ce qu’une gauche libertaire, un anarchisme de gauche ? On peut y mettre à la fois les autogestionnaires, les anti-étatistes, les mouvements révolutionnaires ? Les rêveurs en somme tel le NPA et les partis de gauche qui accusent les sociaux démocrates de connivence libérale.

Sur cette gauche qui n’est toujours pas représentée politiquement aujourd’hui, Onfray en donne l’explication, la gauche communarde, le proudhonisme, «la propriété c’est le vol», «l’anarchie c’est l’ordre sans le pouvoir», a été calomnié par Marks, la révolution Russe venant terminer le travail. Ce n’est pas tout à fait l’avis de François Noudelmann qui écrit dans Libération qu’elle à subi un laminage idéologique depuis deux décennies. Son éviction s’est exercée d’abord par son côté gauche, où elle a été renvoyée à l’anarchisme de l’ultra gauche. Mouvance indéfinissable car le drapeau noir, c’est encore le drapeau que déployait Léo Ferré en Mai 68.

D’abord journaliste à Monaco puis poète chanteur compositeur libertaire. Il n’était pas un anarchiste de salon mais un pur il le revendiquait. Ses chansons de vrais poèmes du Piano du pauvre en 1954, à Avec le Temps en 1972, Léo Ferré aura bercé une partie de notre existence.

Facile à écrire quand sur un même palier d’immeuble «les voisins» n’arrivent à se sentir ! Il serait bon que ces philosophes dont j’admire l’intelligence fassent un petit bout de chemin dans les usines, comme moi adolescent après la seconde Grande guerre, pour se rendre compte de la condition humaine. Ou est le pragmatisme dans cette philosophie de l’anarchisme ? L’homme en lui même est un capitaliste qui s’ignore, et sans gouvernail il dérive. La tradition anarchiste, qui paraît si chère à Michel Onfray, n’est-elle pas une forme de capitalisme, je fais ce que je veux, qui s’exprimerait dans une société sans domination, mais ou les individus s’autogestionnaireraient, une vue de l’esprit qui serait un monde parfait.

A la question que pose Aude Lancelin sur les révolutions musulmanes, il répond, qu’il ne faut pas croire une seconde comme BHL que la fin d’une dictature signe de facto l’avènement d’une démocratie. Et là, il reconnait que l’anarchie c’est le bordel, quand il n’y a plus de chef. Mais comment le suivre quand il écrit que l’Islam est en pleine force alors que notre religion est décadente. C’est oublier que nous avons démocratisé la religion pour la laïcité la séparant de l’État. Le profit de l’un s’est fait au détriment de l’autre et c’est tant mieux par ce que l’État, bien que non parfait, c’est mieux que les imams et le clergé. C’est oublier aussi que l’islamisme comme le panarabisme se cultivent dans la misère des populations par leur ignorance et la domination du mâle qui se propage depuis des millénaires. Ou est la supériorité de l’Être chez les musulmans c’est plutôt celle du mâle qui conduit sa politique dominatrice. Revenant sur Camus il dit qu’il considérait que la colonisation n’aurait dû avoir lieu et qu’il savait qu’avec le FLN, c’est un impérialisme pour l’autre. Qui ne sait pas qu’une fois que le chef est parti, ceux qui restent se battent pour le pouvoir ?

Comparant Sartre, dont le projet originaire était la célébrité, à Camus qui ne supportait pas viscéralement l’injustice, on a dans la construction d’une carrière à répondre de choses pas terribles, Sartre n’aurait cessé d’écrire sa biographie de son vivant pas Camus !

A la question qu’il ne faudrait pas faire de Camus un saint, il répond qu’il n’a rien trouvé qui le déplaise chez lui. Sur ce qui le distance de lui, il pense qu’il a passé trop de temps à se justifier n’ayant pas le cuir assez dur. Il comprend ce sentiment d’illégitimité constant par ce que lui, à des lecteurs, et des auditeurs qui lui apportent la satisfaction que Camus n’a peut être pas eue. Chaque fois qu’il entre dans son amphi à Caen il y a près 1.000 personnes, et il vérifie encore qu’il y a du monde. La gloire de son vivant pour un philosophe est quelque chose d’inhabituel, c’est après leurs morts que leur pensée fait son chemin.