Une journée pour la gente féminine

Le 8 mars a été décrété comme étant la journée de la Femme. Partout à travers le monde, le sexe dit « faible » est célébré. Un adjectif complétement inapproprié pour désigner l’autre partie de la population, plus importante numériquement. Les femmes sont loin d’être dépourvues de force, elles sont souvent plus combatives et plus résistantes que les hommes. Ne survivent elles pas, la plus part du temps, à leur époux ? Dans les maisons de retraite, le nombre de mamies est plus conséquent que celui des papis. Cette journée existe depuis plusieurs décennies et résulte d’un combat de longue haleine pour la promotion de la femme au sein de la société.

Dans la Grèce Antique, déjà, une femme s’était levée contre l’ordre établi pour revendiquer une place plus importante au sein des polis dominées par un ordre patriarcal animé par une misogynie exacerbée. En tapant sur le point faible des hommes, le sexe, elle a tenté de leur faire entendre raison. Plus proche de nous, dans le temps et dans l’espace, n’oublions pas la fameuse Olympe de Gouge, symbole du féminisme révolutionnaire qui mourut guillotinée.

Il faut attendre le début de l’ère moderne avec l’industrialisation massive, l’explosion des industries dans le paysage urbain, pour que les mœurs changent. De plus en plus de femmes mettent la main dans le cambouis, manient la clé anglaise et la déboulonneuse. Le parti socialiste américain, dans un geste de reconnaissance envers les ouvrières, instaure une journée nationale dédiée aux ouvrières.

L’idée fait des émules et l’année suivante, lors d’une réunion de l’Internationale Socialiste à Copenhague, les différents partis socialistes plébiscitent le projet, reste à en définir la date. Encore une année plus tard, le 19 mars, en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, des millions de femmes descendent dans les rues pour se rassembler et, dans la bonne humeur, militer pacifiquement afin d’obtenir une reconnaissance politique, professionnelle et la fin des discriminations.

En 1917, le mouvement s’étant au sein d’un empire russe vacillant dont l’existence arrive à échéance. Aux côtés de leurs camarades masculins, elles décident de faire grève. Les machines s’arrêtent et les usines sont occupées. Le soulèvement porte ses  fruits et, par décret impérial, il leur est reconnu la possibilité de donner leur voix lors des élections. Progressivement, les femmes gagnent des combats et participent d’avantage à la vie de la société.

 

Cependant, la bataille est loin d’être finie. Les femmes sont encore trop ostracisées, victimes de clichés et ne sont pas assez respectées. Le constat peut se faire tout le temps, pas besoin de faire des études statistiques ou de s’agiter les méninges pour s’en rendre compte.

 

On allume la télévision, on regarde des publicités insipides et que voit-on ? Globalement, les spots vantant les mérites de produits de beauté ou de ménage sont destinés aux femmes et ceux promouvant les qualités des voitures, sont pour les hommes. Autre chose, quand une annonce publicitaire met en scène un couple, la femme apparaît toujours comme une gourde, « Chantal, tu n’as pas oublié le cantal ? »

 

Au bureau, dans les entreprises ou dans les usines, la Femme gagne moins qu’un homme, pour des travaux autant pénibles. En outre, Elle est souvent plus diplômée car les petites filles, puis les étudiantes par la suite, sont plus intelligentes que leur camarade de cours.

 

Concernant les tâches ménagères, ce sont toujours les femmes qui s’y collent. Même si la part des hommes a augmenté, très faiblement depuis dix ans, elle est reste si infime qu’elle en devient invisible. Le balai, la serpillère, le liquide vaisselle, la balayette, les éponges grattantes, la machine à laver, etc. sont des mots absents du dictionnaire Larousse pour les hommes.

 

Mais le mal se trouve aux racines, dès l’enfance et depuis la nuit des temps, l’homme est éduqué de telle sorte qu’il se croit supérieur à la femme. La partie reptilienne du cerveau influe irrémédiablement sur le comportement des mâles, les faisant souvent agir de façon incorrecte avec leurs semblables féminines. Les filles sont abonnées à recevoir comme cadeaux des poupées, des bébés à cajoler, des dinettes, des plans de travail pour faire la cuisine tandis que les garçons reçoivent des armes à feu, des outils et des voitures.

 

Une journée de la Femme, ça ne sert à rien, car les journées mondiales sont des piqures de rappel utiles pour évoquer un sujet mais une fois l’aiguille des heures ayant fait le tour du cadran de l’horloge, on y pense plus. Il faudrait, pour que les choses changent de façon irréversible, modifier l’éducation, faire plus de place aux dames et que les mâles aient moins cet esprit phallique remplit d’orgueil. Une vanité masculine piquée au vif dès qu’une femme les surpasse.

 

Vivre la vie d’une femme n’est pas une chose aisée et c’est avec admiration que les hommes devraient les regarder. Hasard du calendrier, ou peut-être pas, le 8 mars est également la journée nationale de l’audition, une coïncidence qui laisse réfléchir.