peut-elle être maintenant possible ?



Cette nuit le Conseil de sécurité a voté la résolution que nous attendions tous par 10 voies dont 5 abstentions sur 15, la résolution autorise à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l’armée Libyenne, y compris des frappes aériennes, mais précise qu’il n’est pas question d’occupation militaire. Elle prévoit aussi une zone d’exclusion aérienne pour empêcher l’aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants. C’est un fait sans précédent qui ouvre la voie à une géopolitique différente au Moyen-Orient. La Chine et la Russie se sont abstenues et n’ont pas utilisé leur droit de veto pour bloquer le texte. L’Allemagne et le Brésil et l’Inde se sont également abstenus. La situation pressait aux portes de Benghazi, les forces Libyennes commençaient à bombarder la ville, et la France avait annoncé auparavant des frappes aériennes dès l’annonce de la résolution. Il s’agit de la protection des civils, après le vote, l’ambassadeur Britannique à l’ONU Mark Lyall Grant qui a souligné que la Grande-Bretagne était «prête à prendre ses responsabilités pour mettre fin aux violences». Quand aux autres Russes et Chinois, ils regrettent que l’usage de la force ait prévalu, mais ils n’hésitent pas à l’appliquer à leur pays lorsque cela est nécessaire. C’est donc une arme à deux tranchants, que ferait le Conseil de sécurité si Russes ou Chinois bombardaient leur peuple comme ce fut le cas en Tchétchénie lors de la guerre menée contre les indépendantistes de cette petite république du Caucase ?

C’est donc la guerre entre l’Occident et le monde arabe si les comportements dictatoriaux continuent à s’opposer par la force de leur armée au développement d’une liberté que réclame leur peuple. C’est la voie ouverte à une humanité différente tout pour les puissants rois ou dictateurs et rien ou presque pour leur peuple.

L’impuissance des démocraties Occidentales à influer pour une géopolitique différente au Moyen-Orient avait marqué ses limites le 15 mars à la suite du sommet du G8 des ministres des affaires étrangères à l’Élysée. Les Occidentaux et les Russes avaient montré leurs divisions au sujet d’une intervention militaire défendue par la France et mollement par la Grande Bretagne mais fortement condamnée par l’Allemagne. Ils n’avaient pas réussi à convaincre leurs partenaires de l’urgence de la situation, les forces de Kadhafi étant aux portes de Benghazi ou les insurgés s’étaient regroupés. Au final, ils avaient reporté la décision d’une intervention sur le Conseil de sécurité à qui ils avaient demandé d’accroître les pressions économiques sur Mouammar Kadhafi avait précisé Alain Juppé. «Les ministres s’étaient réjouis que le Conseil de sécurité des Nations Unies examinait de toute urgence une large gamme de mesures visant à assurer la protection des populations Libyennes contre les attaques des forces de Mouammar Kadhafi», le texte final ne mentionnait pas l’option d’une zone d’exclusion aérienne. Alain Juppé reconnaissait n’avoir pas réussi à convaincre ses partenaires.

Voyant le flop du G8 Kadhafi montra ses muscles déclarant à ses partisans rassemblés dans sa demeure de Bab-al-Aziza dans le centre de la capitale, «attaquer la Libye ? Ce sera nous qui vous attaquerons ! Nous vous avons battus en Algérie, au Vietnam. Vous voulez nous attaquer ? Venez et essayez, avait-il lancé» contre la France qui désormais montrait son vrai visage. La Grande Bretagne n’était pas en reste «quel droit avez-vous ? Est-ce que nous partageons des frontières ? Êtes-vous notre tuteur ?». Assurant que les Libyens se battraient jusqu’à la mort. La Ligue arabe qui avait apporté son soutien au Comité National Libyen reconnu par la France le jeudi 10 mars à l’Élysée par Sarkozy d’une façon impromptue, voire que faut-il faire pour la Libye, puis ensuite par le parlement Européen par 584 voix n’était pas en reste, «la Ligue arabe est finie. Il n’existe plus de Ligue arabe. Le Conseil de coopération du Golfe est fini. Il s’agit en fait du Conseil peu coopératif du Golfe». Néanmoins il reste le peuple arabe.

Les Compagnies pétrolières furent rassurées, le gouvernement Libyen honorera ses contrats a déclaré le vice ministre des affaires étrangères Khaled Kaim qui avait rencontré le 16 mars M. Shukri Ghanem, le président de la commission pétrolière nationale, «et il lui aurait dit qu’il était toujours en contact avec le président d’ENI et certaines compagnies Américaines», a-t-il indiqué à l’Agence Reuters à Tripoli. Pour une révision éventuelle des contrats il aurait répondu qu’à ce stade il ne le pense pas, mais pour l’avenir ce qui s’est passé pourrait avoir une influence sur la future coopération avec les pays étrangers.

On pouvait penser que le Conseil de sécurité attendait l’attaque sur Benghazi ou sont plus de 670.000 Libyens non compte tenu des réfugiés pour se prononcer. Le sort de Kadhafi devrait se jouer dans cette ville d’opposition au régime du guide.

Tobrouk Est sur la frontière Égyptienne prise par les insurgés serait reprise par les pro-Kadhafi ainsi que les villes de Ras Lanouf Est et Misrata Ouest, mais les rebelles contestaient et des journalistes de L’AFP présent à Ras Lanouf le 6 mars confirmaient les propos des insurgés. Mais, c’était le 6 mars. Depuis, la télévision Libyenne de Seif Al-Islam fils de Kadhafi annonçait avoir repris le contrôle des villes de Misrata et de Ras Lanouf quand à Tobrouk les bandes terroristes en auraient été chassées, annonces suivie par des manifestations de joie à Tripoli.

A Bahreïn les opposants au régime du roi Al-Khalifa sunnite ont été délogés mercredi 16 mars au matin, par la force de la place de la Perle dans la capitale Manama. «C’est une guerre d’anéantissement», a déclaré Abdel Jalil Khalil, qui dirige le principal parti chiite d’opposition. Des centaines de policiers de la force anti-émeutes à Bahrein avaient lancé un assaut mercredi matin contre les manifestants qui campaient sur une place de Manama pour réclamer des réformes, selon un journaliste de l’AFP. Venus à bord de tanks, de véhicules de transport de troupes et de bus, les policiers avaient lancé des dizaines de grenades lacrymogènes tout en avançant en direction des manifestants massés sur la place de la Perle. Les protestataires qui campaient depuis le 19 février sur cette place réclamaient des réformes politiques, voire pour certains le départ de la dynastie sunnite des Al-Khalifa gouvernant ce pays depuis 1975 dont la population autochtone est en majorité chiite.

En 1973, l’émir Sheikh Issa bin Salman Al Khalifa fonda ses réformes sur une constitution qui soulignait le caractère héréditaire de la domination du clan et créait une assemblée nationale de 44 membres, dont 30 étaient élus et 4 nommés. Cette assemblée fut dissoute en 1975 après qu’un décret relatif à la sécurité nationale, qui, violant les droits individuels fut la source d’intenses débats. Cette assemblée fut restaurée quand Sheikh Hamad bin Isa Al Khalifa prit le pouvoir après son père. Le parlement est composé de deux chambres, Majlis an-Nouwwab, chambre des députés et Majlis ach-Choura, de 40 sièges chacun, depuis la proclamation de la nouvelle Constitution par le roi Hamad Al Khalifa le 14 février 2002.

Les dignitaires chiites Bahreïnis avaient appelé dans la nuit la communauté internationale et le monde musulman à intervenir pour éviter un «massacre» dans le royaume, où le roi avait proclamé l’état d’urgence mardi au lendemain de l’arrivée des troupes Saoudiennes, un millier de soldats avec des véhicules militaires sont venus l’aider à contenir la contestation, et sont arrivés lundi 14 mars via le pont qui relie l’Archipel à l’Arabie Saoudite.

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À la télévision Bahreïnienne, lundi, les images de l’arrivée de troupes du Golfe franchissant le pont qui sépare l’Arabie Saoudite de l’émirat. Crédits photo : -/AFP, document Le Figaro.fr

Ces soldats font partie de la force commune du Conseil de coopération du Golfe, CCG, qui regroupe outre l’Arabie et Bahreïn, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et Oman. En fait les troupes Saoudiennes devraient se limiter à protéger des infrastructures stratégiques, comme les installations pétrolières et électriques ainsi que les banques, a précisé un conseiller Saoudien.

L’assaut aurait fait deux morts et une dizaine de blessés parmi les manifestants et deux morts parmi les policiers renversés par des véhicules. D’autres parlent de 5 morts plus de 200 personnes ont été blessées par balles selon une source médicale locale et 20 autres hospitalisées après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Il ne semble pas que les forces étrangères appelées en renfort aient participé à ces opérations. Craignant de nouveaux troubles, les autorités avaient décrété un couvre-feu de 16 heures à 4 heures du matin, heures locales, dans le secteur de la place de la Perle. Ils avaient également annoncé une interdiction des marches et rassemblements à travers l’archipel. «La solution ne viendra pas des canons», s’était insurgé le chef du Al-Wefaq sur la chaîne de télévision Al-Jazira.

Le Al-Wefaq est un groupe politique du Bahreïn, et le plus grand parti, tant sur ​​le plan de sa composition qu’au parlement. Bien qu’il soit de loin le plus important parti avec 18 représentants des 40 membres du Parlement, il a souvent été mis en minorité par des blocs de coalition de partis d’opposition sunnite et de députés indépendants. Le 27 Février 2011, les 18 membres d’Al-Wefaq du Parlement avaient présenté des lettres de démission pour protester contre les violences et contre le régime.

Au Yémen, près de 200 manifestants ont été blessés, dont dix par balle, lors de la dispersion mercredi 16 lors d’un sit-in hostile au régime à Hodeïda, dans l’ouest du Yémen, selon des sources médicales. La police a ouvert le feu et lancé des grenades lacrymogènes sur les protestataires rassemblés dans cette ville portuaire de la mer Rouge, alors que des partisans du régime les attaquaient à l’arme à feu, à coups de bâtons et de pierres, ont indiqué ces sources. Près de 200 personnes ont été blessées parmi lesquelles dix par balle, une vingtaine par des armes blanches et une trentaine par des pierres, ont précisé des médecins qui gèrent un centre d’urgence sur le lieu du sit-in. Selon des organisateurs du rassemblement, certains ont été intoxiqués par les gaz lacrymogènes, tirés par les forces de l’ordre. Une quarantaine de personnes furent tuées dans les troubles au Yémen depuis le début fin janvier du mouvement de contestation appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Dans la ville de Jouf, au nord-est de Sanaa, les combats se sont poursuivis pour la troisième journée consécutive entre des partisans du parti au pouvoir, le Congrès Populaire général, CPG et des sympathisants de l’opposition, selon un responsable local. Trois partisans du CPG ont été blessés.

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Document Le Parisien.fr.

Jeudi encore des heurts avec des partisans du président Ali Abdallah Saleh, soutenus par la police, à Sanaa et au sud de la capitale, au moins 20 manifestants ont été blessés, selon des sources médicales et des témoins. L’opposition a par ailleurs appelé à des manifestations massives à travers le pays vendredi, a indiqué un communiqué. A Taëz, à 270 km au sud-ouest de Sanaa, au moins 15 personnes ont été blessées dans des affrontements avec les forces de police et des partisans du parti au pouvoir, le Congrès populaire général CPG du président Saleh.

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Jeudi 17 mars document Al-Oufok

On croyait que le monde arabe ne pouvait évoluer et qu’il était écrasé par ces dictateurs éternels jusqu’à leur mort auxquels succédaient leurs fils perpétrant ainsi la poursuite de leur domination. 40 années de règne sans partage juste ce qu’il faut pour assurer leur pouvoir par la force des armes. Instaurant une sorte de parlement fantôme tout à leur dévotion ils n’ont pas vu venir le souffle de cette jeunesse qui s’émancipe par cette mondialisation des communications et qui voit, qu’eux sont restés dans le noir, et que le monde Occidental manifeste, alors qu’eux plus miséreux, mais cultivés restaient tranquillement à subir la domination in-vitam de ces dictateurs. Certes les régimes n’ont pas été emportés par cette jeunesse mais ont subit un choc qui a conduit au départ de Ben Ali et de Hosni Moubarak ce qu’il était impensable il y a quelques mois. Ce n’est que le début, manquant de structures de commandement cette révolte désordonnée n’en restera pas là. Elle n’était pas comme cette droite Française qui voyait partout des barbus, gouvernée par des groupes islamiques, elle était spontanée.

Elle demande qu’on l’aide sans lui retirer sa révolution comme elle l’appelle. Ben Ali dégage, Moubarak dégage, écrit en Français c’était un appel à nous. Nous n’avions pas le droit de les décevoir, ils nous prenaient en exemple. Bien sûr ce n’est pas gagné, la base de ces régimes est encore en place, tout ne peut se faire en même temps c’est difficile dans des pays écrasés depuis si longtemps. Maintenant tout peut changer par l’exemple de Kadhafi qui, il faut le reconnaître n’hésite pas à bombarder une partie de son peuple pour assurer sa dynastie. Tout espoir n’est pas perdu, des élections en Tunisie, en Égypte peuvent modifier la donne politique des ces pays et conduire à une géopolitique au Proche-Orient et au Moyen-Orient différente. Un effet boule de neige peut s’instaurer qui devrait faire réfléchir les pouvoirs en place trop habitués à monopoliser les leviers de leur pays. Il est certes trop tôt pour juger de ce qui vient de se passer, il nous faut attendre et la France pour une fois est en tête, elle marque ainsi au monde son désir de démocratie, nous ne pouvons que nous en réjouir, cela nous change de ses connivences avec le régime de Ben Ali.